mercredi 30 mars 2016

Conseil municipal de Saintes :
« Tout ça pour rien, c'est scandaleux »
remarquent Christian Schmitt
et Philippe Callaud au sujet du site Saint-Louis

Ces deux élus, qu'on sait de sensibilité différente, ciblaient le même projet, mais pas les mêmes responsables ! Explication : l'aménagement du site Saint-Louis traîne anormalement en longueur. Pour l'opposition, l'équipe de Jean-Philippe Machon, issue des urnes en 2014, ne fait rien à ce sujet depuis son arrivée au « pouvoir ».  Pour Christian Schmitt, l'ex maire Jean Rouger, malgré des annonces médiatiques, a bizarrement travaillé puisqu'il a présenté des plans avant que ne soient engagées les fouilles archéologiques préventives, pourtant obligatoires. Bref, pour les édiles, que les choses prennent ainsi du retard « est scandaleux » ! D'autant que les opérations menées ont coûté des sommes substantielles...

Période oblige, la question principale du dernier conseil municipal de Saintes, qui s'est tenu mardi, gravitait autour de l'adoption du budget primitif, lequel avait été détaillé lors de la précédente session. Pourtant, il fallut organiser un conseil exceptionnel avant 18 heures, les dernières délibérations n'étant pas conformes selon les observations de Michelle Cazanove, sous-préfète de Saintes. Les élus votèrent donc sur la tenue du DOB actée par un vote. Cette directive résultant de la loi NOTRe, la Gauche déclara qu'elle avait compris du premier coup et que la mairie faisait preuve « d'amateurisme ». Jean-Philippe Machon en resta au « questionnement sémantique ». Les premières salves entre les deux camps commencèrent en l'absence de Laurence Henry, bloquée devant la grille d'entrée en raison de l'état d'urgence (désormais, on accède à la mairie par les jardins).

Toujours une nombreuse assistance au conseil municipal !
Ce premier vote réalisé, suivit la présentation du budget par Frédéric Neveu : « les équilibres sont précaires en raison des baisses de dotation de l'Etat et de l'héritage de la dette. Recettes et dépenses s'équilibrent à 31 859 692 euros en section de fonctionnement (54% des dépenses), à 11 072 062 euros en section d'investissement ». Les charges de personnel, qui atteignent 15 760 000 euros, sont appelées à subir de nouvelles progressions, 0,6% en juillet 2016 et en février 2017. Soit 100.000 euros de plus par an. « Cette année, nous avons 30.000 euros supplémentaires » souligne Frédéric Neveu. S'ajoutent un certain nombre de dépenses de gestion courante. Quoi qu'il en soit, les taux des impôts locaux n'augmenteront pas. Si la taxe foncière, qui a largement augmenté à l'époque de Jean Rouger, rapporte 13.320.000 euros, la taxe d'habitation n'est que de 5.930.000 euros. Heureusement, les droits de stationnement atteignent 390.000 euros. Bien qu'ils fassent râler les automobilistes, ils participent au fonctionnement de la cité !
L'entretien des immeubles appartenant à la ville (607 810 euros) soulève des commentaires, d'où la vente dans un premier temps de la Villa Musso, puis de l'Ecole Pelletan (sera transformée en appartements) et la demeure de Charles Dangibeaud qui intéresse un particulier. Dans les deux cas, ces ventes soulèvent des remarques de l'opposition, d'une part sur le prix - pas assez élevé - et sur la baisse de l'immobilier. Quant à se séparer d'une école, les Radicaux de gauche, défenseurs de la laïcité, ne peuvent s'y résoudre sans pincement de cœur.
« Pour avoir capacité à investir, il faut restaurer l'épargne brute » explique Frédéric Neveu. Dans les dépenses, figurent les travaux sur la Passerelle sur la Charente : « l'essentiel des dépenses repose sur des projets engagés ».
Les budgets annexes mettent en lumière le site Saint-Louis pour lequel est inscrit la somme de 585940 euros en investissement (études et démolition). S'ouvre alors un grand débat. En effet, on s'est aperçu que malgré de grandes annonces médiatiques faites sur ce fort beau site, les procédures de base, dont les fouilles préventives, n'ont jamais été menées.
Une fois le budget voté (abstention de l'opposition), les échanges mettent en scène les "malheurs" du site Saint-Louis, non seulement les retards, mais aussi une évidence : pourquoi l'ex-municipalité conduite par Jean Rouger a-t-elle mis la charrue avant les bœufs en faisant plancher des architectures sur des aménagements alors que certaines obligations de base n'étaient pas remplies ? Question.

Jean-Philippe Machon : « Le site Saint-Louis 
est le projet prioritaire d'aménagement du centre ville »

Au centre, le maire Jean-Philippe Machon
Cette déclaration du maire est révélatrice de sa volonté d'avancer (il ne serait donc pas question de vendre ce site !). D'ailleurs, pour ceux qui participaient au départ d'Alain Debetz, directeur de l'hôpital, Philippe Marchand en personne, ministre de l'Intérieur de François Mitterrand, lui conseilla vivement de concrétiser ces travaux : « Faites le site Saint-Louis » lui avait-il dit devant l'assistance. Il n'en reste pas moins que Philippe Callaud, élu PRG, n'est pas totalement convaincu par la motivation de l'équipe en place. « L'investissement est en baisse. Est-ce rassurant ? Vous dites qu'il faut baisser certaines dépenses, sinon on va au clash, plutôt à de graves problèmes. La ville ne s'inscrit pas vraiment dans un projet et les dépenses que vous exposez sont obligatoires. Vos commissions ne sont pas dynamiques, elles sont devenues des chambres d'enregistrement. Quant au site Saint-Louis, tenez compte de ce qui a été fait avant vous, vous ne semblez pas l'exploiter. Le concours d'architectes n'aurait-il servi à rien ? C'est scandaleux ». Reprenant Michel Sapin qui s'exprimait le matin même sur France Inter, il préconise d'utiliser la "substantifique moelle" chère à Rabelais pour opérer à des choix. Les bons de préférence !

L'opposition s'est abstenue quant au vote du budget
L'élu chargé du projet Saint-Louis est Christian Schmitt, lequel dresse un état des lieux : « le site a été acquis par la municipalité en 2008 et l'on nous annonçait un aménagement effectué en 8 ans. C'est vrai qu'il y a eu un concours d'architectes. On en tiendra compte, mais il faut se rendre à une réalité, l'opération était déjà stoppée avant notre élection à la mairie ». Jean Rouger aurait-il débrayé ?  « Nous allons mener les études qui auraient dû être faites sous la précédente mandature : les fouilles préventives, car chacun sait que nous sommes sur l'ancien oppidum romain, les études géotechniques en raison de la fragilité de la falaise et le chapitre environnemental. Je comprends que l'opposition soit scandalisée du retard accumulé. Moi aussi, je le suis ! ».

L'ancien château du Gouverneur sur le site Saint-Louis
Vue panoramique !
Pour Jean-Philippe Machon, « il s'agit de concrétiser un projet réaliste. Saint-Louis est le projet prioritaire d'aménagement du centre ville ». Et d'ajouter : « nous ne pourrons pas mener de front tous les projets. Je souhaite assurer une gestion de bon père de famille ».
Christian Schmitt revient sur le site Saint-Louis : « Depuis 2014, ce projet est l'objet de nos attentions. Il reste des monuments antiques à retrouver sur ce promontoire. Bien sûr que nous regrettons le temps perdu. Passer six ans à faire des projets sans se préoccuper de savoir ce qu'il y a sous le site, c'est-à-dire sans pratiquer les fouilles préventives, est difficile à comprendre. Je l'avoue, je suis resté sur le cul ! Comme vous. Les archéologues préparent actuellement une campagne de fouilles ».
François Elhinger fait part de ses réticences quant au manque de réactivité de la mairie actuelle. Riposte immédiate de Christian Schmitt : « En médecine, vous ne pratiquez pas d'opération avant des radios préalables, je suppose ? ». Et Jean-Pierre Roudier de rappeler que l'entrée de Bellevue a été réalisée dans des temps très convenables...
 
« La ville s'en sortira si on l'embellit, si on la rend attractive par des animations. C'est que nous essayons de faire. Les projets ne manquent pas dont le site Saint-Louis, mais aussi Saint-Eutrope et le vallon des arènes, réhabiliter les friches dont la Trocante ou le cinéma Olympia »
conclut le maire sous le regard attentif de Laurence Henry et de ses collègues. Ils ne semblent pas vraiment croire à « ce beau discours ». La suite nous le dira…

 • Photos d'archives du site Saint-Louis 2009 : 

Présentation par le maire de l'époque, Jean Rouger (© Nicole Bertin)
Gérard Knowles, responsable des étudiants en architecture (© Nicole Bertin)
• En 2009, des étudiants de la School of Architecture, University of Southern California, venus quelques mois à Saintes peaufiner leurs connaissances, ont planché sur le site Saint-Louis. Ils ont passé quatre mois à Saintes avec leur professeur, Gerald Knowles, en poste depuis une quinzaine d’années dans la région. Les idées proposées ouvraient des pistes intéressantes : ce plateau n’avait laissé aucun élève indifférent. Les uns y voyaient une « vertébrale en vie » qui serait place de transition, d’observation et d’exploration ; les autres le lieu idéal pour tester les énergies renouvelables.
Shawn Swisher, par exemple, imaginait une palette réunissant piscine, auditorium, forum (renouant ainsi avec l’Antiquité), salles de sport, galeries. Un espace entièrement consacré à la vie intellectuelle, artistique et sportive. Ulises Gonzales privilégiait des écoles d’art et de cinéma (sorte d’Hollywood saintais !) tandis que Syndey Tang rendait à César ce qui est à Hippocrate en transformant cette sorte de “forteresse“ en école de médecine gériatrique de pointe du Poitou-Charentes. Pas mal, toutes ces idées !


• Charges de personnel : Philippe Callaud souhaite savoir combien coûte le cabinet du maire en masse salariale. « Vous ne cessez de dire que ces charges vous pénalisent, mais vous avez recruté. Par ailleurs, les fonctionnaires qui vous entourent ont des compétences hors pair. Vous ne les utilisez pas et vous préférez vous entourer de personnel nouveau ou demander des études. Il est compréhensible que dans de telles conditions, existent des tensions ». Le maire écoute avec attention les propos de l'opposition, sans pour autant dévoiler les chiffres de son "cabinet"…

• L'opposition "muette" : Les élus de gauche ont été surpris de ne pas voir apparaître leurs interventions respectives sur le compte-rendu officiel du dernier conseil municipal. « La raison ? Un problème technique d'enregistrement » répond Frédéric Neveu. « Vous avez reçu en temps voulu un mail vous demandant de résumer vos interventions » dit-il à Philippe Callaud. Laurence Henry regrette que le prix exorbitant du changement des membranes à l'usine de traitement d'eau ne soit pas mentionné et le dr Elhinger aurait aimé voir figurer les questions relatives à la santé et la qualité de l'air à Saintes. Céline Viollet déclare que ce compte-rendu présente à ses yeux un avantage : « il ne ressemble pas une pièce de théâtre, pour une fois». Sur les planches, l'opposition prend acte !

L'opposition réduite : absence de sa chef de file Isabelle Pichard et du "petit dernier" Jérôme Baron. La majorité était également clairsemée.

• Bye bye La Fenêtre : L'association est en liquidation judiciaire. Or, elle contribuait à la prévention du quartier. « Vous préférez les caméras de vidéosurveillance ? » lance l'opposition à Jean-Philippe Machon. Brigitte Favreau revient sur le sujet, Jean-Claude Landreau ayant parlé du maintien des jardins communaux dans ce secteur. Pour elle, les jardins, c'est bien, mais le centre, c'était encore mieux. Et Jean-Claude Landreau, qu'en pense-t-il ? Ce dernier conserve une extrême prudence : « No comment » dit-il.

Passerelle : Pas mal d'agitation autour de ce sujet. Laurence Henry, qui n'a pas sa langue dans sa poche, s'interroge tant sur l'état de la passerelle que sur les aménagements et les marches qui supprimeront des places de parking. « Je suis content que vous ne soyez pas passée à travers » rétorque Jean-Pierre Roudier qui ne semble pas apprécier les critiques de sa collègue : « si je cherche une responsable des travaux finis, je ferai appel à vous ». Il en faut plus pour émouvoir Laurence Henry ! Elle souligne que le marché n'est plus ce qu'il était, de nombreux commerçants ayant choisi de ne plus y venir, de même que des clients qui ne trouvent pas à se garer ou se prennent des prunes par la police municipale, y compris le dimanche ! Remarquez, il paraît que les intéressés sont vraiment mal stationnés… Point positif, la deuxième tranche de rénovation de la Passerelle va être réalisée.

• Golf : Son équilibre est souhaité par la mairie (déficit de 60.000 euros). Sinon « des idées seront recherchées »…

Péniche de la place Bassompierre : Futur restaurant de la cité santone, cette péniche fait couler de l'encre avant même son ouverture. Pourquoi ? Parce que la mairie va payer l'appontement 280.000 euros qui servira également à la gabare et au Palissy. La majorité assure que ces travaux, qui sont élevés, se justifient par une volonté de mettre à disposition une structure qui résistera au temps. Et puis la Péniche va payer un loyer (entre 1400 et 1500 euros/mois), des taxes foncière et d'entreprise. Point positif : cet établissement générera une animation sur la place Bassompierre. Et si la cuisine est de qualité, il contribuera au rayonnement de Saintes !

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