vendredi 30 septembre 2022

Cours d'eau, nappes phréatiques/Sécheresse en Charente-Maritime : certains minima jamais observés…

Le Trèfle à Usseau (entre Pons et Jonzac) : une grande avenue sablonneuse jonchée de cailloux

Ici coulait une rivière. Pont ancien d'Usseau dont l'origine remonte à l'époque romaine

A Usseau, le Trèfle, affluent de la Seugne, est à sec sur plusieurs kilomètres. Cette situation, qui se renouvelle chaque année, est accentuée par le réchauffement climatique puisque durant des mois, il n’est pas tombé une goutte d’eau. Chargé de l’environnement à la ville de Jonzac, le constat de Pierre-Jean Ravet, maire adjoint, est réaliste : « les débits de la Seugne sont faibles. C’est à Lijardière, près de Pons, que sont situés les repères servant à gérer la Seugne amont. Nous devrions avoir un indicateur autour de Saint-Germain de Lusignan par exemple »… 

Côté nouveau pont d'Usseau. L'herbe a envahi le lit du cours d'eau


Pont d’Usseau avant les pluies des jours derniers. Pas une goutte d’eau dans le Trèfle. Le lit sablonneux de la rivière ressemble à une avenue jonchée de cailloux où poussent, de-ci de-là, des parterres herbus. Bien décidée à profiter de l'opportunité, la menthe, à l’odeur exquise, fait oublier la triste réalité. Les arbres dévoilent leurs racines qui s’étendent le long des berges, telles des sculptures contemporaines dédiées à Dame Nature. Bientôt, le tronc d’un gros arbre barre la marche. Un autre penche sur cette cour des miracles improvisée. Le spectacle est saisissant : bienvenue dans un milieu aquatique dont les eaux se sont retirées. Certes, nous ne sommes pas dans la Mer Rouge au temps de Moïse !

Depuis des années (une vingtaine), les observateurs alertent l’opinion sur le problème de l’eau et ces questions deviennent cruciales. Quid de l’état des sources dans la région ? « Elles devraient être répertoriées, curées, débouchées. Et si elles ne sont pas alimentées, elles tarissent. Pour preuve, certains puits de Jonzac, qui servent à l’arrosage, sont à sec depuis quelques mois » souligne Pierre Jean Ravet.

Les arbres dévoilent leurs racines qui s’étendent le long des berges
Le lit de la rivière transformé en avenue sablonneuse

En ce qui concerne le Trèfle, la situation s’aggrave : « en période estivale, il est à sec, mais il n’est pas le seul. Les têtes de ruisseaux sont aussi privées d'eau puisqu’il n’y a pas de réserve en raison du manque de pluviométrie. Il faudrait que la pluie tombe abondamment en hiver et au printemps pour reconstituer les nappes ». La Seugne à Jonzac ne semble pas souffrir de ce phénomène de par sa position géologique. Par ailleurs, elle reçoit les rejets des eaux des Antilles, de la station thermale, de la station d’épuration, etc. « Autrefois, dans le secteur, nous avions deux mois d’assèchement, maintenant six, voire sept en certains endroits. La consommation des usagers est également plus importante. Que faire ? Il faut préserver les zones humides, créer des méandres, nettoyer les berges. Il y va de la survie des têtes de ruisseaux, de la faune et de la flore. Ça fait des décennies qu’on dénonce les mêmes choses ! ». La balle est dans le camp du Syndicat Mixte du Bassin de la Seugne (SYMBAS).

Des dispositions quant aux usages de l'eau ont été prises par les services de la Préfecture de Charente-Maritime : « La situation hydrologique en Charente-Maritime continue de se détériorer. Du fait des conditions météorologiques, avec plusieurs périodes de canicule intense, la baisse du niveau des nappes et des cours d’eau se poursuit, certains d’entre eux atteignant des minima jamais observés. Alors que la période d’étiage n’est pas achevée, il est nécessaire de limiter plus encore les usages de l’eau pour préserver au maximum la ressource pour ses usages prioritaires. De nouvelles mesures de restriction des usages de l’eau ont été prises le 28 septembre ».

Problème à Antignac

Arbres à l'horizon

Manifestement, il n'y a pas que la sécheresse qui inquiète les habitants. A Saint-Georges Antignac, des riverains se plaignent du manque d’entretien des berges. « L'état de cette rivière devient de plus en plus préoccupant » remarque l’un d’eux. A sec actuellement, son lit permet de découvrir les embâcles qui le jonchent. De là à craindre des inondations lorsque la rivière aura retrouvé son débit normal...

En 1988, cette situation avait fait l’objet d’un courrier à Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Le préfet avait alors fait intervenir le directeur départemental de l’Agriculture et de la Forêt. Un octogénaire se désespère : « ce n'est quand même pas à moi, à 85 ans, d'intervenir sur la remise en état de ce cours d'eau » dit-il. A suivre...

• D’une longueur de 47 km environ, Le Trèfle prend sa source en Charente, à Condéon. Il conflue avec la Seugne en rive droite, après les communes de Saint-Grégoire-d'Ardennes et Saint-Georges-Antignac, à la limite de la commune de Mosnac.

jeudi 29 septembre 2022

Académie de Saintonge : Cérémonie de remise des prix dimanche 9 octobre à Royan

La traditionnelle cérémonie de remise des prix de l'Académie de Saintonge aura lieu le 9 octobre prochain à partir de 14 h 30 à Royan, salle Jean Gabin. Seront reçus deux nouveaux académiciens, Emmanuel de Fontainieu et Christophe Lucet. Le public est cordialement invité à cette rencontre

A noter la naissance de la chaîne de télévision de l'Académie sur : https://www.youtube.com/channel/UClPIFuAfNd75yjl7m4AliHg

L'an dernier déjà, la rediffusion (à titre d'expérimentation) de la cérémonie sur Youtube a rassemblé 450 téléspectateurs grâce à Blake Jones, ses caméras et son talent technique qu'il a gracieusement mis au service de l'Académie. C'est lui qui vient de créer la chaîne "Académie de Saintonge". Il viendra d'Allemagne cette année pour enregistrer et diffuser la séance publique sur cette nouvelle chaîne.

La première émission diffusée le 9 octobre sera en effet la retransmission en direct de la cérémonie des prix. Comme l'an dernier, ce programme restera visible au fil des mois.

Programme du 9 octobre :

• Discours d'ouverture par la directrice de l'Académie Marie-Dominique Montel

• Réception d'Emmanuel de Fontainieu au 13ème siège de l'Académie

• Réception de Christophe Lucet au 18ème siège de l'Académie

• Grand Prix 2022 de l'Académie de Saintonge décerné à Mickaël Launay et André Deledicq, pour "le Dictionnaire amoureux des mathématiques" (Plon)

• Prix de littérature à Elsa Fottorino "Parle tout bas" (Mercure de France)

• Prix Royan Atlantique à Charline Bourgeols-Tacquet, cinéaste, pour son film "Les amours d'Anaïs"

• Prix Champlain à Joël Selo "L'étonnant destin de Samuel Champlain" (La Geste)

• Prix La Rochelle Université à Benoit Lebreton (CNRS) pour ses cinq films didactiques sur les vasières

 Prix Aunis Sud à Pierrick Aupinel (INRAE) et ses travaux pour contrer les interactions chimiques néfastes aux abeilles

• Prix de I'lle d'Oléron à Pascal Zavaro et Julien Masmondet pour l'opéra "Le coq Maurice"

• Prix de la Haute Saintonge à Jean-Charles Chapuzet pour "Du bleu dans la nuit" (éd. Marchialy)

• Prix de Royan à Marie-Anne Bouchet-Roy et Jean-Christophe Ledoux "Si Aigue-Marine m'était contée" (éd. Bonne Anse)

• Prix Jacques et Marie-Jeanne Badois à l'Association des amis de l'Abbaye de Bassac qui restaure cet endroit magnifique

• Prix Jehan de Latour de Geay à Jean-Marie Digout "L'affaire Dreyfus" (éd. l'Homme en noir)

• Prix de Marennes à Benjamin Caillaud pour ses photographies du littoral

• Prix de la ville de Saintes à David Pacaud et Aurélie Allavoine, restaurateurs de tableaux

• Prix Claire Belon à Manuel Audigé pour son école de musique et l'organisation de concerts en vals de Saintonge.

Pons : Les songes d'une nuit au jardin !

Dernièrement, l'Association de Promotion du Patrimoine Pontois présentait "les songes d'une nuit au jardin", spectacle déambulatoire poétique animé par L'Ilot Théâtre, la troupe Nymané et Arts aux Villages Productions. Lieu de rencontre, l'hôpital des pèlerins et le jardin médicinal où des musiciens et Laure Huselstein, conteuse, ont conduit le public à travers une histoire peuplée de rêves, de chants, de danse, de lumières et de magie. Un clin d'œil aux vertus curatives des plantes qui poussent en cet endroit ! Lieu à découvrir et visiter


« Cette création a pu être réalisée grâce à l'aide de la Communauté de communes de Haute Saintonge, de la Ville et du Département. C'est l'association de promotion du patrimoine pontois qui a lancé l'idée début 2022, relayée par Rémy Ribot. Trois représentations ont eu lieu cet été » souligne Nadine Julliard.

Un rendez-vous à renouveler en 2023 !

Voûte de l'Hôpital des Pèlerins

Rivière Le Trèfle : une grande avenue sablonneuse jonchée de cailloux

Cours d'eau, nappes : certains minima jamais observés…

Ici coulait une rivière...

A Usseau, le Trèfle, affluent de la Seugne, est à sec sur plusieurs kilomètres. Cette situation, qui se renouvelle chaque année, est accentuée par le réchauffement climatique puisque durant des mois, il n’est pas tombé une goutte d’eau. 

Chargé de l’environnement à la ville de Jonzac, le constat de Pierre-Jean Ravet, maire adjoint, est réaliste : « les débits de la Seugne sont faibles. C’est à Lijardière, près de Pons, que sont situés les repères servant à gérer la Seugne amont. Nous devrions avoir un indicateur autour de Saint-Germain de Lusignan par exemple »… 

Plus d'eau à Usseau (ici le pont ancien dont l'origine remonte vraisemblablement
à l'époque romaine)
Une grande avenue...
Pont d’Usseau avant les pluies des jours derniers. Pas une goutte d’eau dans le Trèfle. Le lit sablonneux de la rivière ressemble à une avenue jonchée de cailloux où poussent, de-ci de-là, des parterres herbus. Bien décidée à profiter de l'opportunité, la menthe, à l’odeur exquise, fait oublier la triste réalité. Les arbres dévoilent leurs racines qui s’étendent le long des berges, telles des sculptures contemporaines dédiées à Dame Nature. Bientôt, le tronc d’un gros arbre barre la marche. Un autre penche sur cette cour des miracles improvisée. Le spectacle est saisissant : bienvenue dans un milieu aquatique dont les eaux se sont retirées. Certes, nous ne sommes pas dans la Mer Rouge au temps de Moïse !

Depuis des années (une vingtaine), les observateurs alertent l’opinion sur le problème de l’eau et ces questions deviennent cruciales. Quid de l’état des sources dans la région ? « Elles devraient être répertoriées, curées, débouchées. Et si elles ne sont pas alimentées, elles tarissent. Pour preuve, certains puits de Jonzac, qui servent à l’arrosage, sont à sec depuis quelques mois » souligne Pierre Jean Ravet. 

En ce qui concerne le Trèfle, la situation s’aggrave : « en période estivale, il est à sec, mais il n’est pas le seul. Les têtes de ruisseaux sont aussi privées d'eau puisqu’il n’y a pas de réserve en raison du manque de pluviométrie. Il faudrait que la pluie tombe abondamment en hiver et au printemps pour reconstituer les nappes ». La Seugne à Jonzac ne semble pas souffrir de ce phénomène de par sa position géologique. Par ailleurs, elle reçoit les rejets des eaux des Antilles, de la station thermale, de la station d’épuration, etc. « Autrefois, dans le secteur, nous avions deux mois d’assèchement, maintenant six, voire sept en certains endroits. La consommation des usagers est également plus importante. Que faire ? Il faut préserver les zones humides, créer des méandres, nettoyer les berges. Il y va de la survie des têtes de ruisseaux, de la faune et de la flore. Ça fait des décennies qu’on dénonce les mêmes choses ! ». La balle est dans le camp du Syndicat Mixte du Bassin de la Seugne (SYMBAS). 

Des dispositions quant aux usages de l'eau ont été prises par les services de la Préfecture de Charente-Maritime : « La situation hydrologique en Charente-Maritime continue de se détériorer. Du fait des conditions météorologiques, avec plusieurs périodes de canicule intense, la baisse du niveau des nappes et des cours d’eau se poursuit, certains d’entre eux atteignant des minima jamais observés. Alors que la période d’étiage n’est pas achevée, il est nécessaire de limiter plus encore les usages de l’eau pour préserver au maximum la ressource pour ses usages prioritaires. De nouvelles mesures de restriction des usages de l’eau ont été prises le 28 septembre ».

Problème à Antignac

Manifestement, il n'y a pas que la sécheresse qui inquiète les habitants. A Saint-Georges Antignac, des riverains se plaignent du manque d’entretien des berges. « L'état de cette rivière devient de plus en plus préoccupant » remarque l’un d’eux. A sec actuellement, son lit permet de découvrir les embâcles qui le jonchent. De là à craindre des inondations lorsque la rivière aura retrouvé son débit normal... 

En 1988, cette situation avait fait l’objet d’un courrier à Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Le préfet avait alors fait intervenir le directeur départemental de l’Agriculture et de la Forêt. Un octogénaire se désespère : « ce n'est quand même pas à moi, à 85 ans, d'intervenir sur la remise en état de ce cours d'eau » dit-il. A suivre...

Côté nouveau pont d'Usseau

Sans commentaires !
Les racines des arbres s'étendent, telles des sculptures contemporaines...

Attention, obstacle !
                                          Le lit du Trèfle est obstrué par des arbres 

• D’une longueur de 47 km environ, Le Trèfle prend sa source en Charente, à Condéon. Il conflue avec la Seugne en rive droite, après les communes de Saint-Grégoire-d'Ardennes et Saint-Georges-Antignac, à la limite de la commune de Mosnac.

Limitation provisoire des usages de l'eau

Compte tenu de l’état de la ressource en eau, le préfet de la Charente-Maritime prend les mesures de limitation des usages de l’eau suivantes :






mardi 27 septembre 2022

Le patois saintongeais a-t-il un avenir ? par Pierre Péronneau (Maît’ Piârre)

Point de vue de Pierre Péronneau sur le patois saintongeais publié dans "Le Boutillon des Charentes", journal en ligne des Charentais d'ici et d'ailleurs
« Si l’on me demande dans quel endroit, actuellement, on parle le patois saintongeais, je répondrai : nulle part. On ne parle plus la langue saintongeaise. Certes, on peut encore l’écouter en se promenant à la foire de Saintes, le premier lundi du mois. C’est le lieu de rencontre des habitants de la campagne qui se retrouvent pour y parler de leur vie quotidienne : c’est là où le dessinateur Jean-Claude Lucazeau trouvait son inspiration. On la trouve également lors des foires de Rouillac, Matha et Pont-l’Abbé-d’Arnoult. Il suffit de s’arrêter et d’écouter. Mais ce que l’on entend, ce n’est pas la vraie langue saintongeaise, c’est un mélange de français et de saintongeais : heureusement il reste l’intonation, la tournure de phrases et l’humour si caractéristique.
La question qu’il faudrait se poser est celle-ci : où parlait-on le saintongeais autrefois, au temps où c’était la langue courante des gens de la campagne ? Je pense que la carte édifiée par Raymond Doussinet est toujours d’actualité, même si certains puristes la remettent en cause.
Et faut-il considérer que le saintongeais est une langue, un patois, un dialecte, un parlange ? Qu’importe le nom qu’on lui donne, c’est la notion qu’il recouvre qui est importante. Cela ne me gêne pas d’utiliser le mot « patois ».

Un peu d’histoire

Autrefois, on parlait le saintongeais dans l’Aunis, la Saintonge, une partie de l’Angoumois, et le nord Gironde.
Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Beaucoup pensent que dans des temps anciens, une partie importante du sud de la Saintonge faisait partie du pays d’Oc. Ils en veulent pour preuve les noms de ville ou de village se terminant en « ac » : Pérignac était « d’oc », alors que Périgny était « d’oïl ». Le suffixe gaulois « acos », latinisé en « acus », indique le fonds possédé. Ainsi l’origine de « Juliac » est la propriété d’un dénommé Julius. Sur la carte, Raymond Doussinet a tracé une ligne qui part de Confolens à Marennes pour montrer la délimitation entre « oc » et « oïl ».
Des noms de lieux gardent encore la trace de la langue d’oc, tels « La Pouyade », au sud du département de Charente-Maritime (pouye est une forme occitane de puy), ou « La Tremblade » (lieu planté de trembles). De même, certains mots du patois saintongeais ont une connotation « oc » : par exemple « l’aigail », la rosée, venant du mot latin « aqua ».
Au Moyen âge, lorsque la reine Aliénor quittait sa cour ensoleillée et festive de Bordeaux pour se rendre à celle, beaucoup plus terne et fermée, de Poitiers, elle emmenait dans ses bagages des troubadours, et l’on entendait chanter en occitan dans la capitale du Poitou.
Après la guerre de Cent ans et la période de la grande peste, la dépopulation de notre région entraîna un afflux important d’habitants du Bas-Poitou, qui repoussa la langue d’oc plus au sud. C’est certainement à cette époque que les ancêtres d’Évariste Poitevin (le nom signifie « qui vient du Poitou »), alias Goulebenéze, s’implantèrent en Saintonge. Tous ces « immigrés » apportèrent leur langue, leur culture, mais se mélangèrent sans problème à la population locale : Évariste Poitevin est considéré comme l’un des Saintongeais les plus populaires de tous les temps.
Plus tard, au XVIème siècle, des colons saintongeais de la Gavacherie poussèrent jusqu’en pays gascon, et c’est pour cette raison que dans la région du nord Gironde, autour de Blaye, Guîtres, Coutras, on parlait saintongeais : c’est le pays Gabaye.
Le patois saintongeais, c’est un langage qui s’est forgé au fil du temps, qui s’est transformé et s’est nourri du vocabulaire apporté par tous les peuples qui ont envahi notre région.
Et maintenant, qu’en est-il ?

Le patois saintongeais est-il devenu une langue morte ?

Le patois saintongeais a perdu de son importance. On ne le parle plus comme au XIXe siècle, au temps de la naissance et de la jeunesse de Goulebenéze : à cette époque, on l’entendait dans toutes les campagnes saintongeaises, et le français n’était appris qu’à l’école.
Je peux certifier qu’on le parlait également dans la bonne société. Dans la famille de Goulebenéze, famille aisée et riche à la fin du XIXème et au début du XXème, lors des réunions de notables (Marc-Eugène Poitevin, père de Goulebenéze était maire de Burie et vice-président du Conseil Général), on m’a raconté qu’on parlait patois de temps en temps, et que ce n’était pas pour se moquer du « bon peuple » mais parce que c’était naturel.
Mais déjà, en son temps, Goulebenéze écrivait, juste avant la guerre de 1940 : « Pendant ce-temps-là, qu’est devenu le patois charentais ? Il n’a pas profité, le patois charentais, il est mort. Des réfugiés, des étrangers sont au pays, il est né des générations nouvelles qui n’ont jamais su le vieux langage des pères ».
Certes le patois a encore quelques braises, mais pour ma part, je suis pessimiste sur sa pérennité. Dans quelques années, quand tous nos anciens qui le parlent encore auront disparu, que restera-t-il ? Un ersatz de patois, raconté avec l’accent pointu par des personnes qui n’auront jamais eu la chance de côtoyer les vrais patoisants.
L’obligation imposée par la loi d’apprendre et d’enseigner la langue de la République à l’école et d’interdire le patois est l'une des causes principales de l’extinction de la langue de nos anciens. Certes, cette décision commence à être remise en cause, car certains enseignants, à titre individuel, donnent des rudiments de patois à leurs élèves. Par ailleurs, le nom de Goulebenéze est maintenant attribué à des groupes scolaires, comme dans la commune des Gonds, à côté de Saintes, ou dans celle d’Écoyeux, un des berceaux de la famille : une belle revanche ! Et je connais plusieurs patoisants et patoisantes qui sont d’anciens professeurs des écoles.
Mais la langue française a pris le dessus. Pour certaines personnes, le patois est un langage vulgaire, à proscrire : elles considèrent que c’est le langage des gens sans culture. Il est perçu comme du mauvais français, alors que ce n’est pas le cas. Le patois a évolué parallèlement au français, mais actuellement il n’évolue plus.
L’évolution économique et sociale a également mis aux oubliettes un certain nombre de mots du vocabulaire saintongeais, qui étaient utilisés avant que le progrès technique ne modifie les habitudes de travail du monde agricole. Citons par exemple : l’arée (le labourage), le veursour (le versoir de la charrue), l’ambiet (l’anneau servant à assujettir le timon au joug), la forchine (le support de l’aiguillon, en forme de fourche), etc.
La disparition de la Sefco (Société d’Ethnologie et de Folklore du Centre Ouest), et avec elle des ouvrages qu’elle publiait (la revue Aguiaine et le Subiet) n’a fait qu’accentuer le phénomène. Heureusement, il reste la bibliothèque encore disponible à la « Maison de Jeannette » à Saint-Jean d’Angély.
Il faut bien le reconnaître, une langue qui n’est plus parlée devient une langue morte. Alors, continuons à la faire vivre !

Et le « poitevin-saintongeais » ?

Avec ce sujet, nous abordons un point sensible qui cristallise des ressentiments, surtout en Saintonge. Alors faisons le point.
Le poitevin saintongeais est d’abord une entité géographique. Cela ne me choque pas que l’on parle du poitevin-saintongeais, dans la mesure où, derrière cette formule, on désigne une entité géographique comprenant deux langues distinctes, mais qui ont des points communs. Le poitevin-saintongeais est un ensemble dialectal qui fait partie de la langue d’oïl, lui-même pouvant être subdivisé en deux sous-dialectes, poitevin et saintongeais. Dans la liste des langues de France, on trouve « le poitevin-saintongeais, dans ses deux variétés, le poitevin et le saintongeais ».
Un Saintongeais qui maîtrise sa propre langue doit être capable de comprendre celle des Poitevins. En son temps, Goulebenéze était applaudi en Poitou : il est venu plusieurs fois à Châtellerault (voir Boutillon n° 83). Et de nos jours, les textes poitevins de Raymond Servant et d’Ulysse Dubois me sont familiers.
Par ailleurs, je suis ravi qu’un Poitevin, Mathieu Touzot, et un Saintongeais, Dominique Porcheron, réunissent leurs talents pour enregistrer un CD de textes et de chansons de Goulebenéze. Quant à Yannick Jaulin, c’est un vrai régal de l’entendre sur Facebook ou de le voir sur scène.
Alors où sont les problèmes ? Pour quelles raisons certaines personnes, dès qu’on leur parle de « poitevin-saintongeais », montent-elles au créneau ? C’est la graphie normalisée qui pose problème. Le patois, saintongeais ou poitevin, étant une langue orale, il est nécessaire de l’entendre pour bien s’en imprégner. Lorsqu’on l’écoute, on y prend du plaisir. C’est lorsqu’on veut l’écrire que les problèmes surgissent parce qu’il n’existe aucune règle grammaticale digne de ce nom, si l’on excepte les indications données par Raymond Doussinet en qui concerne le saintongeais, mais qui ne sont appliquées par aucun patoisant.
Mais si l’on veut transmettre le patois, il faut l’écrire. Fixer des règles d’écriture ? C’est une bonne idée, et l’UPCP (1), à Poitiers, s’est attelée à la tâche. Malheureusement, le résultat n’est pas convaincant. On mélange les deux langues en méconnaissant la spécificité de chacune. C’est la « graphie normalisée » ou poetevin-séntunjhaes.
Les intellectuels de Poitiers définissent ainsi l’écriture qu’ils proposent : « Le poetevin-séntunjhaes ét de l’aeràie daus parlanjhes d’oéll, mé le cote l’aeràie de çhélés d’o. O fét que l’at daus marques daus deùs bords. Mé l’at étou daus marques rén qu’a li » (2).
À chacun, Poitevin ou Saintongeais, de prononcer cette phrase comme il l’entend, ce qui nécessite un véritable mode d’emploi, à moins de devoir suivre des cours de poetevin-séntunjhaes à l’université de Poitiers. Autrement dit : écriture unique, mais prononciations multiples. Comme la plupart des patoisants que je connais, je suis bien incapable de lire et d’écrire de cette façon la langue des anciens. Ce qui signifie que les universitaires poitevins ont créé une graphie qui, actuellement, ne peut être écrite et comprise que par un petit nombre de personnes.
Or, c’est cette façon d’écrire, le poetevin-séntunjhaes, qui figure dans la revue de la région Nouvelle Aquitaine, dans la page consacrée à la culture régionale. 
Pour ma part, j’ai décidé de ne pas m’intéresser à cette écriture, et d’écrire des textes en patois saintongeais au plus proche de la prononciation. Je ne suis pas certain que la graphie normalisée soit un bon moyen pour sauver notre langue.

Alors que faire pour sauver notre langue saintongeaise ?

Certains lecteurs vont penser que je suis trop pessimiste. Ils ont peut-être raison. Cet article ne reflète que mon opinion et je conçois que d’autres pensent différemment.
Le patois saintongeais a-t-il un avenir ? Je n’en suis pas certain, à moins d’une mobilisation importante des acteurs de notre culture. Mais il a un passé, et ce passé fait partie de notre patrimoine. Il faut le sauvegarder, à la fois par l’écrit et par l’oral.
Au Boutillon, nous apportons notre pierre à l’édifice, en préparant une grammaire audio visuelle, avec René Ribéraud, Annette Pinard puis Michèle Barranger. C’est un long travail qui est en cours et qui peut être consulté sur notre site :

L’idée est de proposer une écriture qui colle au plus près de la prononciation. Nous voulons donner une cohérence, sans aller trop loin. Que l’on écrive « soulail » ou « souleuil », « thyeu » ou « queu », ou encore « otout » ou « étout » ce n’est pas important. Nous voulons éviter les erreurs de la graphie normalisée poitevine-saintongeaise.
Par contre, il existe des règles grammaticales qu’il faut respecter, concernant notamment l’utilisation des articles ou des pronoms personnels (ce n’est qu’un exemple), pour éviter d’écrire n’importe comment et d’utiliser des liaisons ou des « z » qui polluent le texte. Notre objectif, avec cette grammaire, est de laisser une trace pour les générations futures.
Par ailleurs, on ne pourra pas sauver notre patois si on ne fait pas de la création de qualité (ne pas se contenter des écrits de nos anciens). Il faut rendre sa noblesse au patois en évitant d’écrire des textes « bas de gamme », car le patois ne supporte pas la vulgarité. Écrire en patois demande du travail et de la persévérance, en tenant compte des tournures d’esprit propres au langage de nos anciens. Il n’y a pas très longtemps, en lisant un texte écrit par une patoisante actuelle, j’ai trouvé la phrase : « les étèles brillant » (les étoiles brillent). La facilité consiste à prendre un mot français, par exemple « briller », et à le transformer en un mot patois. Il aurait été plus judicieux d’écrire : les étèles teurluzant.
Pour écrire en patois, les ouvrages de Raymond Doussinet, notamment « Le paysan saintongeais dans ses bots » et « Les travaux et les jeux en vieille Saintonge », constituent des documents de référence.
La transmission est possible, en organisant des spectacles de qualité et en incitant les jeunes à aller voir ces spectacles. Il est certain que le terrain est plus favorable quand les jeunes ont déjà des notions de base grâce à leurs parents ou grands-parents.
Quant à l’enseignement du patois, c’est une possibilité pour inciter les jeunes à aimer la langue des anciens. À condition d’éviter un apprentissage classique, comme pour les matières traditionnelles. Il faut que ceux qui apprennent y trouvent du plaisir : l’enseignement doit être ludique.
Et je voudrais rendre hommage aux troupes de théâtre et aux groupes folkloriques, qui accueillent un nombreux public au cours de leurs spectacles.
Un grand merci également à tous ceux qui agissent, individuellement, pour que notre patois continue à vivre. Je pense notamment à Jean-Luc Buetas (l’Ajhasse désencruchée) en pays Gabaye, et à Éric Nowak, injustement critiqué, qui effectue un travail considérable de recueil d’informations auprès des anciens qui parlent encore le patois, qu’il soit poitevin, saintongeais ou gabaye ».

(1) L’Union Pour la Culture populaire en Poitou-Charentes-Vendée, actuellement UPCP-Métive, est une association à but culturel, créée en 1969.

(2) Voici un essai de traduction (sous toutes réserves) : « Le poitevin-saintongeais fait partie des parlanges d’oïl, avec un peu de langue d’oc. Il y a donc des marques des deux côtés. Mais il a aussi des marques qui lui sont propres ».

Soutenez le suivi par balise GPS des cigognes blanches des marais de la Gironde

Depuis l’année 2019, les équipes de BioSphère Environnement et du Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (CNRS et Université de La Rochelle) animent un programme de recherche impliquant le suivi des cigognes blanches des marais de Charente-Maritime à l’aide de balises GPS. Depuis le début du programme, 13 cigognes blanches ont pu être équipées de ces balises. Certains de ces oiseaux ont été suivis jusqu’en Afrique subsaharienne (Sénégal, Mali, Niger, Nigeria, Tchad, Cameroun). Au-delà de son caractère scientifique ambitieux, ce programme séduit le grand public comme les scolaires qui sont aujourd’hui des milliers à suivre au quotidien les périples des cigognes équipées de ces balises via l’application Animal Tracker et les réseaux sociaux. Pour les deux années à venir, les équipes de BioSphère Environnement et du Centre d’Etudes Biologiques de Chizé ont décidé de développer ce projet en augmentant le nombre d’oiseaux suivis. Afin de faire face aux frais inhérents au développement de ce programme, une grande campagne de mécénat sera lancée prochainement au Zoo de La Palmyre. 

Renseignements : biosphere-environnement@orange.fr

MARTA RETROUVE ENFIN SYBELLE !

Au retour des beaux jours. les marais de Gironde sont des lieux de reproduction exceptionnels pour de nombreuses espèces d'oiseaux migrateurs, telles les majestueuses cigognes blanches. En fin d'été, lorsque les jeunes ont quitté le nid, certains adultes entament leur periple migratoire vers l'Afrique. D'autres se sédentarisent ou passent l'hiver moins loin comme en Espagne. L'une de ces cigognes se prénomme Marta. Elle a été équipée d'une balise GPS en avril 2020. Elle fait partie d'un vaste programme de recherche, dirigé par l'association BioSphère Environnement et le Centre d'Études Biologiques de Chizé. Ce programme a pour objectif d'analyser les stratégies de déplacements des cigognes blanches dans le contexte du changement climatique. Après avoir hiverné au Sénégal au cours de hiver 2020-2021, Marta a fait le choix de passer l'hiver suivant en Haute-Saintonge. Au printemps 2022, elle retrouve près de son nid, dans les marais de la Gironde, son amie Sybelle qui revient de son hivernage au Nigéria. Au printemps 2021, Marta avait convaincu Sybelle de se faire poser une balise GPS par les scientifiques...

UNE SITUATION INQUIETANTE

- Marta : Je suis contente de te revoir Sybelle. Comment s'est passé ton dernier hiver ?

- Sybelle : J'ai hiverné comme d'habitude au nord-est du Nigéria, à une centaine de kilomètres du lac Tchad. Les zones humides s'assèchent dans cette région et la nourriture y devient rare.

- Marta : Ah bon ? Là-bas aussi alors...

- Sybelle : Oui malheureusement ! C'est de plus en plus compliqué de se nourrir pour les oiseaux migrateurs en Afrique subsaharienne car les épisodes de sécheresse réduisent les étendues de zones humides. Et toi où es-tu allée cet hiver ?

- Marta : Je suis restée ici... L'hiver 2020-2021 avait été très éprouvant dans le delta du fleuve Sénégal ! Les pâturages alentours sont de plus en plus secs et les ressources alimentaires s'y raréfient aussi. J'ai donc passé cet hiver dans les marais de Gironde, mais la nourriture est beaucoup moins abondante qu'au printemps. Il faut marcher sans cesse pour en trouver.

- Sybelle : C'est un choix difficile à faire Marta, soit nous partons en Afrique, où l'hivernage est de plus en difficile, soit nous restons ici mais au prix de beaucoup d'efforts pour nous alimenter.

- Marta : J'ai l'impression que notre avenir est de plus en plus incertain. Le changement climatique affecte sévèrement les zones humides de la planète. Même au printemps, cela devient compliqué ici !

- Sybelle : Je crois que notre dernière chance serait un effort conséquent des humains pour sauver les zones humides dont nous avons besoin comme tant d'autres espèces. Les données collectées par les balises GPS vont être bien utiles pour les aider à visualiser les difficultés que nous avons pour nous alimenter et trouver des solutions. Nous devrions toutes en avoir une à la patte !

MIEUX COMPRENDRE POUR MIEUX AGIR

Tout comme Marta et Sybelle, onze autres cigognes blanches ont déjà été équipées de balises GPS, mais il faudrait suivre d'autres individus pour développer ce programme scientifique qui se construit entre l'Europe et l'Afrique. Les scientifiques ont besoin d'acquérir et de poser plus de balises GPS sur les cigognes des marais de Gironde afin d'améliorer les connaissances sur les enjeux des zones humides.

Dr Raphaél Musseau, directeur de Biosphère Environnement

Montendre : nous sommes tout ouïe…

Vendredi 23 septembre au cinéma de Montendre, avait lieu la projection du film "Sound of Metal" à l’initiative des associations A Donf, Clap et Rock en Tête. L’objectif ? Sensibiliser le public, les jeunes surtout, aux risques auditifs liés à des sonorités excessives et une exposition prolongée. Le débat était animé par Rémi Marquiseau et Magalie Brodu, secrétaire de l'association Clap

Un concert d'A Donf précédait la diffusion du film. Chanteuse et musiciens ont présenté les différents niveaux d'intensité sonore 

La prudence est de mise : à gober des sons trop forts et trop longtemps, on risque purement et simplement de devenir sourd. Le handicap commence généralement avec des acouphènes et si aucune protection n’est mise en place, l’oreille déguste. Au bout d’un quart d’heure de déchaînement musical (plus de 100 décibels), les dégâts commencent…

Le film de Darius Marder, « Sound of metal », met en scène Ruben et Lou. Ensemble à la ville comme à la scène, ils sillonnent les Etats-Unis entre deux concerts. Un soir, Ruben ressent des difficultés auditives. Il consulte un médecin qui lui annonce qu'il sera bientôt sourd. Son couple explose et il est accueilli par une communauté qui prend en charge les personnes communiquant par le langage des signes. Ruben s’insère, mais il veut reprendre sa vie d’avant. Il se fait opérer, retrouve sa copine à Paris et comprend bientôt que c’est dans le silence qu’il vivra des moments de paix. Outre le sujet traité, ce film diffuse aux spectateurs les bruits réels que perçoit Ruben à chaque étape de sa descente aux enfers. Un partage intense qui fait comprendre, en situation réelle, ce qu’éprouve une personne victime de ce type de problème.

L'oreille est composée du tympan, des osselets et de la cochlée

Faisant suite au film, le dr Bertin de Roux a présenté le fonctionnement de l'oreille interne. Elle est composée du tympan, des osselets (le marteau, l’enclume et l’étrier), de la cochlée qui précède le nerf auditif. En cas d’exposition sonore violente, le tympan peut se déchirer, les osselets se disloquer et la cochlée s’endommager. On se dirige alors vers la surdité. Une petite déchirure du tympan peut guérir toute seule. Les osselets et le tympan peuvent être réparés par opération avec la pose d’un appareil auditif qui essaie de reproduire les bruits habituels. Malheureusement, les prothèses sont encore à améliorer, comme on le voit dans le film. Le patient perçoit aussi des sons parasites, ce qui peut le gêner. En conséquence, les protections auditives sont à recommander (bouchons d'oreille) si vous allez à un festival ou le casque dans le milieu professionnel. Mieux vaut prévenir que guérir...

Cette rencontre s'est terminée par les questions du public.

Merci aux organisateurs pour cette soirée instructive, une autre séance d’information ayant eu lieu le matin auprès des élèves. 

Rémi et Magalie ont animé cette soirée

Fête du Patrimoine et des Traditions Populaires : de Cozes à Talmont !

Organisée par l’association SBT17120, la Fête du Patrimoine et des Traditions Populaires s'est déroulée le week-end dernier. Initiative saluée par le public, elle a rappelé de nombreux souvenirs !


 Samedi 17 septembre, près de cinquante véhicules se sont regroupés au domaine de Sorlut à Cozes pour un défilé-rallye-promenade. Ce rendez-vous était organisé par l’association « Sauvegarder et bien transmettre », plus connue sous l’abréviation SBT17120.

Après le café et les formalités d'usage, les bolides se sont partis tambour battant, encadrés par deux voitures avec gyrophare, pour un trajet de près de 50 km sillonnant une bonne partie du territoire de l’estuaire et son arrière-pays.

Il faisait un peu frisquet, mais le soleil brillait déjà dans le ciel et le cœur des participants, heureux de contribuer à la réussite de cette fête du patrimoine. Elle regroupait plus de vingt voitures anciennes, certaines plus que centenaires, suivies de tracteurs, le tout complété par des deux roues allant de la moto à la bicyclette en passant par des vélomoteurs... et même un motoculteur !

Quelques voitures particulières composaient le convoi et étaient chargées de la sécurité aux croisements jugés à risques, bien que l’essentiel du parcours ait été choisi pour son faible trafic ou danger par une commission ad hoc. 

La première étape était Epargnes. Le parc de stationnement, bien que vaste, débordait de véhicules ! Tout le monde ayant trouvé place, l’association « Les Grands Livres » donna lecture, sous le préau des boulistes, de deux extraits relatant près de 45 ans d’activité. La mise en route du système de sonorisation s’est rapidement avérée indispensable pour couvrir le bruit des tracteurs et celui de la foule.

Avec émotion, Brigitte Touzeau-Boutin détailla plusieurs étapes de la Fête du Pineau (son mari figure parmi les instigateurs de cette manifestation) tandis que Sylvie Paronneau résuma l’histoire d’un des plus anciens comités des fêtes de la région.

Après avoir salué la présence du maire, Jean-Pierre Longueteau, président de SBT17120, remercia publiquement les intervenants, les associations locales pour leur aide, les pensionnaires et encadrants des Ehpad et des établissements médico-sociaux du territoire pour leur précieuse collaboration dans la réalisation des éléments de décoration. Il rappela l’importance de l’unité intercommunale du territoire, de l’estuaire non-balnéaire et son arrière-pays, et son vivre ensemble.

La prochaine étape était la commune de Mortagne via Chenac où le premier magistrat, ceint de son écharpe, salua les participants du haut du perron de la mairie avant d’aller à leur rencontre. Au Petit Village, Cécile et Lilian Bernard, du Domaine des Princes, avaient préparé un terrain pour faciliter le stationnement des convives. Ils étaient aux côtés de leurs voisins producteurs, Domaine Jean Chevallier au Taillis et Domaine Imbert à Fontpâques. Différents pineaux et jus de raisin furent servis, accompagnés de toasts au pâté de faisan que Brijou, des Conserves du Presbytère, avait apportés sur le plateau de son triporteur.

Après cette halte agréable, le convoi repartit en direction de Boutenac après avoir traversé prudemment la route de Mortagne-sur-Gironde, ses virages et faux-plats ! Un garde-champêtre, parfaitement vêtu à l’ancienne, attendait sur la place de l’église avec moustache en guidon de bicyclette et tambour authentique.

Route de Bordeaux, le service de sécurité fut de nouveau mis à contribution pour traverser la chaussée et longer les anciennes carrières jusqu’à la rue de la mairie, condamnée préventivement. Après le stationnement des voitures à gauche et des tracteurs à droite de la rue, les cent premiers convives se dirigèrent vers le restaurant « Le Relais de Touvent », tandis que les retardataires furent orientés vers la salle polyvalente où Huguette Loiry avait confectionné un succulent repas.

Au bout de la rue, une surprise attendait le groupe. Le crieur était de nouveau là avec son tambour accompagné d’un important groupe de villageois dont certains portaient de magnifiques tenues à l’ancienne dont des quiichenottes.

Au début de repas, l’animateur Philippe Millegoules expliqua que le hameau de Touvent avait pris de l’importance au XIXème siècle avec l’arrivée, puis le croisement de deux lignes de chemin de fer, au point de dépasser, en nombre d'habitants, le vieux village de Boutenac où se situait initialement la mairie. Un moment plus tard, un coursier entra paniqué pour annoncer que le train de Royan venait de tomber en panne. Certains voyageurs, prévoyants, avaient emporté leur boutillon sachant que le voyage serait long jusqu’aux bains de mer ! D’autres, de la bourgeoisie bordelaise, étant totalement démunis, vinrent en tenue de la  Belle Epoque demander s’ils pouvaient partager le repas avec les autres convives. Lesquels acceptèrent. Un courant de sympathie traversa le groupe au point qu’ils furent invités à les accompagner sur tout l’itinéraire.

Un peu avant le café, le garde-champêtre réapparut, encadrant Mme le Maire et l’une de ses adjointes.

Elle exprima sa satisfaction de voir un tel défilé et l'exposition "Boutenac-Touvent d'hier et d'aujourd'hui" dans sa commune, félicita les organisateurs et rappela son désir d'une Maison du Patrimoine dans le Sud de la Cara.

Bientôt, les possesseurs de Lanz Bulldog s’activèrent à redémarrer leurs engins tandis que les autres visitèrent l’exposition sous le préau de l’ancienne école.

Le défilé reprit son cours. Une locomobile devait être présentée sous les halles de Brie sous Mortagne. Malheureusement, ce projet n'a pu aboutir. Au centre de Floirac, un tombereau décoré et tiré par un tracteur attendait le passage du convoi, des enfants issus des différents villages à son bord. Ils étaient déguisés en paysan tandis qu’une camionnette transportait des résidents de l’Ehpad. Le chauffeur du tracteur était le maire en personne.

Poursuivant sa route, le cortège se dirigea vers Mageloup, puis Le Pontet et La Gravelle sous la haute responsabilité d’un service d’ordre conduit par Alexia Vallée, présidente du comité des fêtes. 

Après une halte au port de Mortagne-sur-Gironde, tout le mond se retrouva sur le port de Saint-Seurin-d’Uzet. Le convoi repartit vers les Monards puis tourna vers Barzan pour passer ensuite près du Moulin du Fâ avant d’atteindre le croisement du Caillaud. Le défilé arriva finalement à Talmont-sur-Gironde pour envahir littéralement la place des Douves avec la quasi-totalité des véhicules... au grand plaisir des promeneurs.

Le retour au Domaine de Sorlut s’effectua en passant par Arces-sur-Gironde et près du Château de Théon.

La journée fut longue, parfois fatigante du fait du peu de confort de certains engins, mais l’ensemble des participants a apprécié cette journée au point de demander aux organisateurs la date de la prochaine sortie.

Un « debriefing » de ce défilé-rallye-promenade sera organisé « quand la poussière sera retombée » afin d’évaluer les initiatives à venir dans l’esprit de la mission que SBT17120 s’est donnée.

Le soir-même, avaient lieu à Mortagne-sur-Gironde, dans la Minoterie Parias, deux projections de rétro-cinéma avec casques, œuvres de notre regretté voisin, Jean-Marc Soyez. Les deux films, « Le Créa » ou « La vigne à Saint-Germain », ont été largement appréciés d'autant que les spectateurs locaux les plus âgés ont pu reconnaître nombre de figurants des années 70.

Dimanche 18 septembre était totalement dédié à Mortagne-sur-Gironde. L'après-midi, démonstration d'artisanats anciens - cardage, cannage, vannerie - et vente de spécialités de salaisons ou de produits à base de miel. En intérieur, dans le Dauphin Vert, conférences passionnantes sur la diversité du territoire : herbe des marais, abeilles, produits de l'estuaire, oiseaux migrateurs.

Ces deux magnifiques journées se sont terminées par une excellente prestation de danses folkloriques saintongeaises par les « Efournigeas ».

Saintes/Conférence lycée Desclaude : Derrière nos clics, des claques pour la planète ?

Comment faire converger transition environnementale et transition numérique ?

Activité à la croissance exponentielle, le numérique pose son empreinte carbone aussi cruellement que les transports aériens. Pour comprendre l’ampleur des impacts et proposer des alternatives, l’association Terre Habitat 17 s’associe à Big up 17 ! pour accueillir un enseignant chercheur à La Rochelle, précurseur dans le domaine. Vincent Courboulay est directeur scientifique de l'Institut du Numérique Responsable et expert numérique du Comité de Transformation Ecologique Expert Numérique de l'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. La conférence-débat se tiendra jeudi 6 octobre à 20 heures à l’auditorium du Lycée Desclaude à Saintes. L’entrée et la participation sont libres pour accueillir tous les publics.

• L’invité

Ingénieur et maître de conférences en informatique à La Rochelle Université depuis 15 ans. Vincent Courboulay se spécialise depuis dix ans dans le numérique responsable (NR) d'abord en créant des formations, puis en orientant ses recherches sur cette thématique. Il a co-créé en 2018 l'Institut du Numérique Responsable dont il est directeur scientifique. Il est également à l'origine de la charte, du label et d'un enseignement en ligne accessible à tous (mooc sur academie-nr.org), qui prennent un rayonnement international dès 2020. Actuellement, il travaille sur la notion d'intelligence artificielle responsable. Il intervient dans la diffusion du concept de numérique responsable tant au niveau de son enseignement et de sa certification que la diffusion auprès du grand public.

Chevalier de l'ordre des Palmes Académiques promotion 2017, il participait aux côtés de deux ministres, au lancement de la feuille de route numériques et environnement de l'Etat à Bercy en 2020. Il est nommé Expert numérique du Comité de Transformation Ecologique des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 afin d’accompagnera #Paris2024 dans sa stratégie climatique et environnementale sur l’ensemble du périmètre du projet, avec un rôle de conseil et de suivi de la mise en œuvre des engagements. 

Auteur de « Vers un numérique responsable: repensons notre dépendance aux technologies digitales » sorti aux éditions Actes Sud en 2021, il invite à réfléchir sur ce que l'on doit garder, ce que l'on doit faire évoluer et ce à quoi il faut renoncer au quotidien dans notre rapport au numérique et à ses outils. Pour lui, repenser nos usages est une nécessité démocratique, environnementale et sociale, tant dans notre relation à l'autre qu'à nous-mêmes.

« Derrière une image immatérielle, la révolution majeure qu'est le numérique a un impact considérable tant sur l’environnement qu’au niveau social. Aucun secteur d’activité n’a eu une incidence si systématiquement négative sur la planète tout au long de son existence, alors qu’il se présente drapé dans des habits de lumière. Pourtant le numérique en soi n’est ni bon ni mauvais. Il doit trouver sa place comme simple auxiliaire permettant aux citoyens de mieux vivre » remarque Vincent Courboulay.

• Terre Habitat 17 

Depuis sa fondation en 2008, l’association suit deux grands axes de ‘‘recherche-action’’ : la terre pour recueillir, expérimenter, partager et diffuser les savoirs et savoir-faire ; l’habitat pour donner à voir, échanger, s’informer sur l’habitat écologique, y compris l’économie de l’énergie et de l’eau. Basée sur une gouvernance partagée (conseil collégial), l’association collabore avec de nombreux acteurs locaux pour mettre en place des rendez-vous de sensibilisation à l’environnement, de réflexion autour d’alternatives écologiques, de création de prototypes, et complète cette démarche de terrain par l’organisation de séminaire à destination des élus. 

• Big Up 17 !

Est un tiers-lieux installé à Saint Sauvant (17) où se croisent fablab, atelier bois, écoconstruction, solutions numériques et matériauthèque. 

• Conférence-débat : jeudi 6 octobre 2022 à 20 h, auditorium du Lycée Desclaude à Saintes. Entrée et participation libres. Stands de livres et d’informations. Places de stationnement limitées : privilégier le covoiturage !


lundi 26 septembre 2022

ADAMA/ Excursion sur Le Saintongeais : A la rencontre de l'estuaire de la Gironde, le plus vaste d'Europe

Mercredi dernier, sur le bateau Le Saintongeais, les membres de l’ADAMA (association des anciens maires et adjoints) ont profité d’une balade ensoleillée sur l’estuaire de la Gironde. Mallory, guide touristique, a fourni moult explications sur le plus vaste estuaire d’Europe

Vitrezay accueille des œuvres d'artistes dans le cadre du Sentier des Arts

En début d’après-midi, le bateau passeur, propriété du Conseil départemental, attendait les passagers au ponton de Vitrezay pour les conduire en balade sur l’estuaire, des vignobles du Médoc à la citadelle de Blaye.

Les membres de l'ADAMA, prêts pour une balade sur l'estuaire
Le port de Pauillac en Gironde

Voguer sur l’estuaire, c’est entrer dans un autre monde, celui d’une nature sauvage, des cités portuaires, des grands crus, des créas et des crevettes que vous pouvez déguster en admirant un coucher de soleil... Avec, pour confidents, les carrelets juchés sur leurs hautes pattes. L’étroite conjugaison de la terre et de l’eau douce, partie à la rencontre de sa sœur marine, donne à cette région un caractère particulier. Les lumières y varient tout au long de la journée, claires comme un premier matin du monde, aussi dorées que la lueur d’une chandelle, obscures par gros temps, sauvages et rougeoyantes au crépuscule. Ressentir cette ambiance est une expérience extraordinaire. Par le dépaysement, l’estuaire chasse la mélancolie et les nuages ! On comprend pourquoi il attire artistes et amoureux de l’environnement...

• Le plus vaste d'Europe

Long de 75 km et large de 12 km à son embouchure, l’estuaire de la Gironde, le plus vaste et le mieux préservé des grands estuaires européens, s’étend du Bec d’Ambès, où se rejoignent la Dordogne et la Garonne, à l’océan Atlantique, entre la pointe du Verdon et Royan. À cheval sur les départements de la Gironde et de la Charente-Maritime, cet espace est un lieu d’exception où la nature préservée lui donne son caractère authentique et offre toute une mosaïque de paysages : îles énigmatiques, marais, côteaux plantés de vignobles, vasières et falaises.

La "route des Châteaux" en Médoc, la "route de la Corniche" en Haute Gironde ou encore la "route verte" en remontant vers Royan, jalonnées d’un riche patrimoine architectural, conduisent à des destinations insolites et mystérieuses.

Les fortifications de Vauban à Blaye
Escale du Viking Forseti (bateau croisière à la découverte des vignobles) à Blaye

Fort d’une longue tradition maritime, bordé de petits ports pittoresques avec des bateaux de pêche traditionnels et des cabanes typiques appelées "carrelets", le territoire se découvre aussi par la voie des eaux.

Dernier estuaire à abriter une population d’esturgeons européens (Acipenser sturio), les oiseaux (bécassine, héron, cendré, aigrette) et les poissons (lamproie, alose, anguille, maigre) y bénéficient de conditions idéales pour soit hiverner, se nourrir ou se reproduire.

L’estuaire possède aussi, grâce aux alluvions et aux conditions climatiques, des terroirs de qualité qui permettent des productions incomparables : vins, poissons, gibier, agneau, bœuf, asperges et autres spécialités…

La ville de Blaye

• La citadelle de Blaye, les forts Vauban et le phare de Cordouan sont classés au Patrimoine de l’Unesco. A voir, dans le secteur, les îles de la Gironde (Îles Verte, Nouvelle, Pâtiras, Margaux, forts Paté et Médoc). Tout un univers entre le ciel et l'eau !

• Le port de Vitrezay (Saint-Bonnet sur Gironde) : Il n’y a pas de constructions spectaculaires à Vitrezay, seulement une grande étendue sauvage que la Communauté de Communes de Haute-Saintonge a aménagée. Les plans d’eau attendent les pêcheurs, les sentiers fleurent bon la randonnée pédestre ou en carriole, les embarcations guettent les plaisanciers, Le Saintongeais est prêt pour une croisière, le restaurant (ouvert le week-end) propose des produits de la mer. Partout, la nature est accessible, loin de toute "sanctuarisation".

• Photos Nicole Bertin