vendredi 4 juillet 2025

Humour et Vigne/Jonzac : 30 ans d'une passion partagée pour le dessin d'humour entre Nol et Bernard Cellou

Cette année, l'association Humour et Vigne, que préside Nol (et avant lui Bernard Cellou), a célébré célébrer 30 ans de passion partagée pour l'humour, la tolérance et la liberté d'expression. Selon la coutume, étaient exposés des dessins d'artistes de renommée internationale autour du thème du Spectacle. Carte blanche était donnée à l'invité d'honneur, Marco de Angelis, qui vit et travaille à Rome et dont les œuvres ont été publiées depuis 1975 dans 200 journaux en Italie et à l'étranger. A ses côtés, les œuvres de Antonio Antunes (Portugal), Angel Boligan (Mexique), Marina Bondarenko (Russie), Michel Bridenne, Karry Carrion (Pérou), Richard Chapman (Irlande), Jean-Michel Delambre, Bernard François, Jean Gouders (Pays-Bas), Guy Meunier, Marilena Nardi (Italie), Elena Ospina (Colombie), Zoran Petrovic (Serbie), Marlène Pohle (Argentine), Roland Sabatier, Cristina Sampaio (Portugal), Ralph Steadman (Angleterre), Constantin Sunnerberg Cost (Belgique), Christine Traxeler, Trax, Jugoslav Viahovic (Serbie). A découvrir au cloître des Carmes et dans certaines vitrines du centre ville.

Comme au cinéma ! Inauguration : Première prise de vue avec le discours
de Christel Brière, adjointe à la culture
L'équipe de tournage composée de Boris Lamot, Christophe Gadrat, Pierre Jacques Rambeaud

• Les réjouissances ont commencé vendredi avec une table ronde « Trois directions obstinées et contraires » animée par trois illustres dessinatrices Marilena Nardi (Italie), Trax (France) et Cristina Ssampaio (Portugal).

• L'inauguration avec lieu samedi aux Carmes. Elle était accompagnée d'un spectacle festif, danse en partenariat avec L'Ecole des Arts de Haute-Saintonge, animation musicale par le Groupe Sansgain, chanson de Pierre Jacques Rambeaud et dessins en direct par les artistes invités.

A gauche, Marco de Angelis, invité d'honneur
Séance de caricatures
Présence d'une quinzaine de dessinateurs et dessinatrices invités pour échanger,
dédicacer et croquer les caricatures des visiteurs en direct. Un moment unique  !

• Dimanche, séance de caricatures ; jeudi 3 juillet une Balad Humour, visite désorganisée du terroir culturel local.

Jean-Lou Savignac un habitué d'Humour et Vigne
L'album photo de l'inauguration : 

Scène romantique entre Nol et Marilena
• La danse

Bravo aux élèves de l'Ecole de danse et à leur professeur

Chant de paix par P.J. Rambeaud

mardi 1 juillet 2025

Jonzac/Bilan du stationnement de la zone bleue : Ecoute ce disque et il te dira...

La zone bleue remise en cause places de l'église et du marché ?

Les arrêts minute vont-ils passer de 10 à 30 minutes ? 

Comment partager l'espace public entre commerçants, clients et résidents ?

Réactivée par Christophe Cabri pour dynamiser le commerce de Jonzac, la zone bleue en centre ville (stationnement réglementé non payant) a débuté en novembre 2024, avec une période de sensibilisation, pour être effective en janvier 2025. Le maire, Christophe Cabri, avait annoncé un premier bilan fin juin. Il a tenu sa promesse en organisant une réunion lundi 30 juin aux côtés de Ludovic Chaleroux, directeur IDcité intervenant dans le cadre de Petites Villes de Demain, réseau auquel appartient Jonzac. Pour info, rappelons que la zone bleue est active tous les jours sauf les dimanches et jours fériés de 10 h à 18 h pour les places limitées à 2 heures et de 8 h à 19 h pour les « arrêts de 10 minutes »

Effective depuis 1984, la zone bleue n'est pas une nouveauté. Elle a été appliquée sur une courte durée avant d'être ignorée, selon le souhait du maire de l'époque Claude Belot. La période était alors plus propice à l'activité commerciale, les magasins étant nombreux en centre ville. Christophe Cabri, premier magistrat depuis 2020, n'est pas dans ce cas de figure. Jonzac, comme tant d'autres villes de France, souffre de la disparition de commerces en son bourg. Les causes sont généralement liées à la concurrence. La façon de consommer a changé avec l'essor des ventes en ligne sur internet et des grandes surfaces en pleine expansion. Devant le nombre de vitrines vides rue de Verdun par exemple, on mesure l'ampleur du phénomène. 

Que Christophe Cabri cherche à aider les boutiques ayant résisté à la vague relève du bon sens. Le client doit se sentir à l'aise, d'où la démarche entreprise en 2024 avec la réactivation de la zone bleue : « l’objectif est de mieux accéder au centre-ville et d’améliorer les déplacements du quotidien dans le cadre du programme Petites Ville de Demain. Il s’agit de rendre lisible la centralité par une amélioration des accès, une optimisation du stationnement et des parcours apaisés en cœur de ville » expliquait lors d'une précédente rencontre Ludovic Chaleroux, chargé d'élaborer une feuille de route pour les années à venir. Les craintes de l'assemblée se résumaient par cette interrogation : « à quelle sauce les automobilistes vont-ils être mangés ? ». Quelles seront les nouvelles normes en vigueur quant au stationnement en ville à partir du 14 novembre et quel sera le montant des amendes si infraction ? Réponse : 2 h gratuites avec disque sur le tableau de bord, arrêt de 10 minutes aux endroits sensibles, 35 euros d'amende en cas de non disque ou dépassement du temps imparti. 

Christophe Cabri et Ludovic Chaleroux

Christophe Cabri : « Je cherche un point d'équilibre »

Six mois après l'application de cette réglementation, où en sommes-nous ? Si l'on en croit l'ambiance qui régnait lundi soir dans la salle municipale, la population, non divisée jusqu'à présent sur un sujet aussi banal que le stationnement, l'est désormais. Plusieurs camps apparaissent, chacun tenant ses positions. Prenons la personne qui vient faire ses courses : elle a de la place pour stationner et peut flâner deux heures si le cœur lui en dit (sinon elle doit mettre son véhicule sur un autre emplacement en modifiant l'horaire d'arrivée). Certains commerçants (pas tous) sont pleinement satisfaits : leurs clients peuvent se garer n'étant plus en concurrence avec les voitures ventouses des salariés et des résidents. Quid de leurs chiffres d'affaires ? « Des baisses seraient liées au contexte économique et non à la zone bleue ». Venons-en aux résidents sans garage (réunis en collectif), que font-ils ? Fini la douce époque où ils pouvaient se garer devant chez eux. Ils doivent privilégier les espaces gratuits, parkings du 8 mai, Paul Bert, une partie du champ-de-foire, etc. Quelquefois, ils agissent « de manière sauvage » en trouvant refuge dans la rue descendant au parc des expos, partie engorgée par des voitures sans domicile fixe. Pour les personnes âgées (on peut avoir un handicap important sans carte de handicap) et les curistes logeant en centre-ville, ces dispositions peuvent devenir très contraignantes. Au point que certains curistes disent qu’ils ne reviendront pas. Pour une femme seule avec des enfants en bas âge, c’est le parcours du combattant : aller chercher à pied sa voiture à 300 mètres avec ses enfants pour faire quelques courses, se garer au retour à proximité du domicile pour laisser les paquets, repartir à 300 mètres place du 8 mai pour refaire dans l’autre sens les 300 mètres à pied avec les enfants... Une habitante de la rue Sadi Carnot résume clairement sa situation personnelle : « désormais mes amies me demandent de venir chez elles car elles estiment que stationner à Jonzac est trop compliqué. Elles ont peur d'écoper des fameux 35 euros »

François Perrogon, membre de l'association des résidents

Les intérêts des uns n'étant pas ceux des autres, le sujet est particulièrement délicat. A quelques mois des élections municipales, Christophe Cabri se trouve sur un échiquier. D'ailleurs, Claude Belot, premier adjoint et président de la CDCHS, n'était pas présent. Pas sûr qu'ils écoutent le même disque ! En face, le dr François Perrogon, dont l'épouse possède une galerie d'art place du château, n'entend pas s'en laisser conter. « Le matin, où dois-je stationner ? Je me dirige vers le parking du 8 mai, souvent plein. Alors je reviens en ville et je mets le disque deux heures. Lorsque ce temps est écoulé, je retourne vers le parking du 8 mai en espérant y trouver une place libre. Si je venais à rester devant la galerie sans disque, le montant de l'amende serait de 33.600 euros par an. Ce qui pose d’ailleurs une question : en cas de maladie - voire hospitalisation - rendant impossible le déplacement de son véhicule d’une place en Zone Bleue, serait-on dispensé des amendes qui, en 15 jours, culmineraient à 1.400 euros ? Le membre du Collectif des Résidents de Jonzac propose une partition de la zone bleue et de la zone blanche en ciblant sur toute la commune et non pas seulement le centre-ville, les besoins des commerçants et des résidents riverains ». Le fruit de ces amendes allant au Département, il aurait au moins la satisfaction de participer à la vie charentaise-maritime ! Les résidents sans garage ont-ils la possibilité d'obtenir un macaron (un par famille) moyennant une participation financière annuelle leur délivrant l'octroi d'une place libre de stationnement comme le font Royan, Saintes, etc ? Pour Christophe Cabri, ce n'est pas possible, d'une part parce qu'il n'y a pas de parking payant à Jonzac et d'autre part, les macarons dépasseraient le nombre de places disponibles dans le secteur. La distribution de kleenex, afin de consoler les esprits chagrinés par cette décision, sera-t-elle envisagée ? La question n'a pas été posée !

Globalement, les places Fillaudeau et de la République offrent une fluidité de rotation en raison de la zone bleue. Par contre, la situation est différente sur les places de l'église et du marché, lesquelles sont souvent vides. Depuis janvier, 85 procès-verbaux ont été dressés par mois pour absence de disque (90%) ou dépassement des deux heures. Les débats ont été fournis. Le calme a été maintenu grâce aux participants et au maire qui a conduit les échanges avec diplomatie, ce dernier voulant éviter que la réunion, déjà caniculaire, ne se termine en éruption. On a bien entendu des applaudissements quand l'intervenant était favorable à la majorité du conseil, mais sans plus. Ludovic Chaleroux a pris note des propositions et des ajustements auront lieu. Il en fera la synthèse d'ici une quinzaine de jours. Josée Couprie attend une compréhension mutuelle quant au partage de l'espace public. 

Pour son image, Jonzac, ville thermale, a tout intérêt à afficher son dynamisme et sa fraternité. « On va plancher. Il ne doit pas y avoir de divisions, on va chouchouter les habitants, c'est mon métier » assure Ludovic Chaleroux tandis que Christophe Cabri « cherche un point d'équilibre ». Dernière info : à l'avenir, les contrôles seront plus importants sur les zones de tension (République, Château, Fillaudeau)...

• L'info en plus

Rappel du contexte

• Avant le Test : 1045 places de stationnement dont 750 places sur parkings et poches. 265 places en Zone Bleue limitées à 1h30 de 9h à 12h et de 14h à 18h + Arrêts Minute. Une offre plutôt bien dimensionnée et un cadre réglementaire adapté, mais des lacunes de gestion et des habitudes de stationnement « au plus près » notamment les pendulaires.

• Test de réactivation de la Zone Bleue :

Lancement le 14 novembre 2024 avec verbalisation à partir de janvier 2025. Resserrement de la Zone Bleue du cœur de ville. Création d'une offre Zone Bleue sur des parkings non réglementés en tension. 216 places en Zone Bleue limitées à 2 heures de 10h à 18h, 34 Arrêts Minute limités à 10 minutes de 8h à 19h tous les jours sauf dimanches et jours fériés. 198 logements dans le périmètre de la Zone Bleue (source Insee)

Une première réunion a eu lieu avec les commerçants le 26 juin. Voici la synthèse des principales demandes d'ajustement

• Place du Marché / Eglise : Révision du périmètre de la Zone Bleue place du Marché/Eglise pour bénéficier d'une offre de stationnement longue durée non réglementée. Un participant souligne que ce secteur est le plus souvent vide (en dehors des marchés) « et que certains commerçants vont le quitter en raison de la zone bleue qui les pénalise ».

• Arrêt Minute : vers les 30 minutes

Allongement de la durée de stationnement des « Arrêt Minute » avec une majorité des participants favorables à 30 minutes

• Le lundi : Proposition de suppression du dispositif Zone Bleue les lundis, sauf pour les « Arrêt Minute »

• Verbalisation : Renforcement de la verbalisation pour « dépassement de la durée autorisée » sur les zones en tension (Fillaudeau, République)

• Information / Jalonnement : Développement de la communication sur le périmètre et les principes de fonctionnement de la Zone Bleue et sur les parkings non réglementés à vocation longue durée.

• Marquages au sol : Renforcement des marquages au sol de la Zone Bleue : n'en faites pas trop toutefois, le vélo devant la Porte de Ville classée n'étant pas une réussite picturale et patrimoniale...

• Rue Sadi Carnot (partie haute) : Mise en Zone Bleue des places situées en partie haute de Carnot (après l'intersection avec la rue du Four). 

• Méthode de collecte des données : Similaire à celle utilisée pour les enquêtes d'octobre 2023. Deux jours de collecte des données mardi 15 avril et jeudi 17 avril 2025. 10 à 15 circuits de collecte par jour de 8 h à 19 h, plus deux visites nocturnes

• 4 critères ont été retenus pour évaluer le dispositif : taux de rotation, d'occupation, part des véhicules ventouses, taux de respect de la Zone Bleue

dimanche 29 juin 2025

Jonzac/Université d'été : Attention début des conférences à 18 h 30 (au lieu de 21 h) au cloître des Carmes nouvellement doté d'un ascenseur

Voici l'été et avec la belle saison, le retour des conférences au cloître des Carmes proposées par l'Université d'été que préside Philippe Gautret. L'association et l'équipe de l'Espace culturel Jean Glénisson vous invitent à la première conférence jeudi 3 juillet sur le thème : "Habiter et construire à l'âge du bronze dans les Charentes et le Poitou (2200-800 av. J.-C.)" par Christophe Maitay, archéologue, chargé d'opérations et de recherches. Attention : le début de toutes les conférences est à 18 h 30 et non plus à 21 h. Par ailleurs, le cloître a été restauré et comporte un ascenseur qui permet d'accéder à la salle haute (en entrant dans le cloître, tourner à droite, l'escalier et l'ascenseur se situent au bout de la seconde galerie). Venez nombreux !

• En avril 2023, lors de l'inauguration de l'annexe des Archives départementales de Jonzac qui portent le nom de Jean Glénisson, l'historien Marc Seguin a rappelé la carrière de cet érudit qui a donné à l'Université d'été sa notoriété. Elle lui permet d'être aujourd'hui présente et de présenter un programme riche et varié plusieurs décennies après sa création : 

« Jean Glénisson était un très grand érudit ; il lisait beaucoup, très vite, avec des facultés d’assimilation étonnantes. Il lui suffisait aussi d’écouter un exposé pour en tirer tout de suite l’essentiel, poser la question la plus pertinente, souligner le mérite du conférencier et l’encourager à publier son travail. Il tenait à ce que ses ouvrages et ceux de ses collaborateurs fussent écrits dans une langue claire, accessible à tous. Il avait en horreur le langage convenu de certains historiens contemporains, qu’il appelait leur « jargon » et qui tend à faire de l’histoire une discipline hermétique. Avec lui, l’Histoire n’était jamais rébarbative. Il nous est arrivé de nous amuser, mais discrètement comme il convient, dans le silence d’un service d’archives. Nous avons pris un certain plaisir, à Bordeaux, au moment de la très célèbre Affaire Grégory où il travaillait comme expert en écriture, à transcrire la confession d’un notaire du début du XVIIe siècle qu’on qualifiait de « faussaire ordinaire ». Il était enchanté et il a copié pendant une journée, avec l’objectif de faire sourire un jour ses auditeurs. 

Jean Glénisson avait vu le jour à Jonzac le 25 janvier 1921, dans la Rue Basse comme il le rappelait volontiers. Etudes à Jonzac, puis à Cognac où il vécut chez sa tante, une institutrice du temps de la IIIe République qui maniait à merveille les subtilités de la grammaire et contribua à lui léguer le goût de la rigueur. Après une licence d’histoire à Poitiers, il entra à l’Ecole des Chartes et en sortit major en 1946, l’année de son mariage avec Paulette Fortin, de Saint-Martial de Vitaterne. Ce rang flatteur lui valut de devenir élève de l’Ecole française de Rome, son titre le plus cher. De 1948 à 1952, il travailla aux Archives nationales et participa à l’inventaire du « trésor des chartes ». 

Il partit pour cinq ans à Brazzaville où il fut responsable des archives de l'Afrique équatoriale française. Ce continent lui plut beaucoup. Il aurait aimé couvrir l’Afrique francophone de bibliothèques. L’un de ses maîtres, Fernand Braudel, qui lui manifestait une amitié dont il se montrait très touché, lui demanda d'assurer pendant deux ans la chaire d'historiographie à l'université de Sao Paulo. 

De retour à Paris, en 1960, il vint enseigner à l'École des Hautes Etudes en Sciences Sociales. En 1967, il prit la direction de l'Institut de recherche et d'histoire des textes, enseigna à l’Ecole des Chartes, anima des séminaires à l’Ecole des Hautes Etudes, dirigea des thèses, et fut nommé membre correspondant de l'Institut. L’histoire ne lui suffisait pas ; sa passion pour la « Littérature de jeunesse » ne s’est jamais démentie ; il dirigea en 1994 Le livre d‘enfance et de jeunesse en France.

Il ne négligeait pas sa Saintonge natale. Dès les années 70, il devint le maître incontesté de l’érudition locale. Il savait susciter les enthousiasmes et fédérer les énergies. Avec son sourire si amical, il disait à un interlocuteur qui n’avait jamais envisagé de se mettre au travail : « Mon cher ami, il faut que vous m’aidiez. Il n’y a que vous qui puissiez écrire cet article ; et avec vous, je sais que ce sera parfait ». 

L’aventure commença à Jonzac, en 1973 avec le concours d’historiens et d’archéologues réunis dans une association archéologique et historique, Francette Joanne, Jacques Gaillard et Jean Tutard. Il en résulta une exposition exceptionnelle, avec des documents dont on n’autoriserait plus la sortie aujourd’hui. Le catalogue "Jonzac, un millénaire d'histoire" reste comme l’ébauche d’une possible histoire de la ville. « J’aurais dû, me répétait-il, être organisateur de colloques et d’expositions ».

1975. Dans le premier numéro de la Revue de la Saintonge et de l'Aunis de la toute nouvelle Fédération des sociétés savantes de la Charente-Maritime qu’il a créée avec Camille Gabet, il écrivit un article novateur, mille fois cité depuis : « La Reconstruction agraire en Saintonge méridionale au lendemain de la guerre de Cent Ans ».

L’année suivante, il entrait à l'Académie de Saintonge dont il devint ensuite le directeur pendant dix ans, de 1982 à 1991. Un seul mot d’ordre : la culture, rien d’autre, sans sacrifice aux modes, et la plus grande rigueur dans l'établissement d’un palmarès réduit à l’essentiel.

En 1977, Claude Belot avait tout de suite réalisé de quel atout exceptionnel disposait sa ville. Avec Rémy Tessonneau, est fondée l'Université francophone d'été Jonzac-Québec, installée dans le centre culturel des Carmes. Jean Glénisson en devint le président. Bien épaulé par la ville et le département, il incarna cette Université dont la notoriété dépassa notre ville. Ce furent des années fécondes, avec beaucoup de travail et de soucis aussi. Deux ou trois conférences par semaine pendant tout l’été. Il réussit l’exploit de faire venir à Jonzac les grands noms de l'Université française. Je me suis efforcé de le seconder de mon mieux. Puis-je rappeler la mémoire de ceux qui ne nous ont pas ménagé leur appui, par exemple le doyen Jean Schneider, l’un des grands médiévistes de ce temps, qui nous est resté fidèle jusqu’à sa mort ? Des publications aussi : « ce sont les livres qui comptent, parce qu’ils resteront ».

1985 marque certainement un tournant avec l’exposition saintaise Agrippa d’Aubigné en son temps, inaugurée par le Président de la République François Mitterrand. Agrippa d’Aubigné, c’est le XVIe siècle, une écriture tenue pour détestable. Jean Glénisson était un excellent paléographe et il m’a fallu l’imiter et apprendre très vite. Nous avons vite constaté que cette époque n’avait jamais été sérieusement étudiée et je crois l’avoir entraîné sur cette voie lors d’un colloque à Agen et à Nérac, puis en 1994 à propos de la naissance de François Ier, enfin en 1998 avec la commémoration de l’Edit de Nantes. L’année suivante paraissait un très bel ouvrage, La Saintonge illustrée (1839-1843) René-Primevère Lesson composé avec l’aide de Pascal Even, Francette Joanne et Philippe Gautret. Il en était très fier.

Ce spécialiste de l’historiographie savait que l’histoire n’est pas une science et que chaque génération jette sur le passé un regard qui lui est propre. « Nous passons, disait-il, notre temps à modifier les jugements de nos prédécesseurs, et ceux qui viendront après nous souriront de nos certitudes ». Mais il savait aussi qu’il n’y a pas d’histoire sans documents parfaitement transcrits et qu’elle ne progresse qu’à partir de nouvelles découvertes. Naguère médiéviste, il s’intéressait maintenant au Grand Siècle. Il avait le plus grand respect pour Richelieu, à cause de la raison d’Etat et de ses chats ; il pardonnait volontiers ses écarts à Mazarin et manifestait la plus grande estime pour Colbert et le dirigisme. Son intérêt pour le Québec, où il s’est rendu à plusieurs reprises, était réel. En 1994, il a rédigé une magnifique biographie consacrée à Champlain : La France d'Amérique, voyages de Samuel Champlain. Sans doute devinait-il chez le Saintongeais une générosité comparable à la sienne ! Jamais Champlain n’a cherché à asservir « les Sauvages » ; il rêvait  d’en faire des sujets du Roi parmi les autres.

La dernière ambition de Jean Glénisson était de diriger une Histoire de l’Aunis et de la Saintonge en six volumes, l’équivalent local de l’Histoire de France d’Ernest Lavisse qu’il ne trouvait nullement démodée. Lui-même se réservait le XVIIe siècle. Trois volumes seulement sont parus à ce jour ; c’est un travail que nous avons le devoir de poursuivre, en même temps que les publications de documents, bien conscients pourtant du fait que les années qui viennent paraissent de moins en moins favorables à l’érudition, et que la notion de « culture » s’éloigne très vite des références qui étaient les siennes »...

samedi 28 juin 2025

Fortes chaleurs : Activation du numéro vert « Canicule info service » joignable au 0 800 06 66 66

Alors qu'une vague de chaleur s'installe durablement dans plusieurs régions de France métropolitaine à compter de ce vendredi 27 juin, le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles active samedi 28 juin à 8h, et ce jusqu'à la fin de l'épisode de canicule, le numéro vert Canicule info service au 0800 06 66 66. Il est joignable de 8 h à 19 h (appel gratuit depuis la France métropolitaine).


A compter de ce vendredi 27 juin, 4 départements sont placés en vigilance orange canicule. Cette vague de chaleur devrait s'étendre aux départements du centre et du nord d'ici la fin du week-end et le début de semaine prochaine et s'installer durablement. Cet épisode caniculaire nécessite une vigilance particulière, notamment pour les personnes sensibles ou exposées.

Les zones concernées par les vigilances canicule sont annoncées chaque jour par Météo France sur https://vigilance.meteofrance.fr/fr/canicule

Ce numéro vert permet d'obtenir des conseils pour se protéger et protéger son entourage, en particulier les plus fragiles et pour adopter les bons réflexes face aux fortes chaleurs :

• Rester au frais ou passer plusieurs heures par jour dans un lieu rafraîchi ;

• Boire de l'eau sans attendre d'avoir soif ;

• S'humidifier et se ventiler le corps plusieurs fois par jour ;

• Adapter votre pratique sportive en fonction de la météo et privilégier les activités douces ;

• Fermer les volets et fenêtres aux heures les plus chaudes et quand il fait plus chaud dehors qu'à l'intérieur ;

• Manger frais et équilibré ; éviter l'alcool ;

• Prendre des nouvelles des plus fragiles.

En cas de besoin d'une prise en charge ne relevant pas d'une urgence vitale :

1/ Appelez prioritairement votre médecin traitant ;

2/ S'il n'est pas disponible, recourez à une alternative à proximité, en consultant par exemple la carte des lieux de soins sur santé.fr (accessible en anglais)


3/ En cas de doute ou si aucune offre n'est disponible, appelez le 15

jeudi 26 juin 2025

Les cours d'été de la communication plurilingue et transfrontalière font leur retour

L'Eurorégion Nouvelle-Aquitaine Euskadi Navarre et la Région Nouvelle-Aquitaine lancent la 4 ème édition des cours d'été sur la communication plurilingue et transfrontalière mercredi 2 juillet à la Cité des arts à Bayonne 

Le thème central : « La communication plurilingue transfrontalière : enjeux, pratiques et perspectives »

Cette journée d'exception s'inscrit dans le cadre des cours d'été transfrontaliers 2025 , un projet ambitieux développé en collaboration avec les universités et institutions publiques de l'Eurorégion pour explorer les multiples facettes du plurilinguisme .

Un rassemblement unique d'experts et d' acteurs institutionnels, culturels et universitaires de Nouvelle-Aquitaine, d'Euskadi et de Navarre se réuniront autour de trois tables rondes ,​ afin d'échanger sur les :

• perspectives académiques , la recherche au service du plurilinguisme,

• outils institutionnels, les leviers d'action publique,

• pratiques de terrain, l'expérience concrète des acteurs

Les objectifs

• Offrir un panorama complet des défis de la communication multilingue en contexte transfrontalier,

• identifier des solutions concrètes pour renforcer la coopération,

• valoriser la diversité linguistique comme atout territorial.

L'euskara, langue partagée entre les trois territoires de l'Eurorégion, occupera une place d'honneur dans les échanges, symbole d'une communication commune authentique.

Des ateliers interactifs offriront aux participants un espace privilégié d'échange sur les pratiques multilingues concrètes dans leur environnement professionnel, seront organisés.

Cette approche permettra de dégager des pistes d'action pour dépasser les limites actuelles et maximiser l'impact des initiatives transfrontalières.

Les intervenants

Des personnalités telles que Javier Arakama Urtiaga, directeur d'Euskarabidea, Albert Branchadell, vice-président du comité d'expert de la Charte européenne des langues minoritaires, ou encore Eva Nossem, coordinatrice scientifique au Centre UniGR pour les études transfrontalières.

Des institutions telles que Euskampus, l'Etxepare Institutua, le GECT Eurorégion Pyrénées Méditerranée ou encore des entreprises et acteurs associatifs engagés dans la valorisation du plurilinguisme.

Pourquoi participer à cette journée ?

Cette journée permettra de découvrir des outils innovants de communication plurilingue, enrichir son réseau professionnel transfrontalier, partager des s expériences avec des experts reconnus, contribuer à l'avenir du plurilinguisme en Europe .

Informations pratiques/Informations et inscription gratuite à cette journée :

La communication plurilingue transfrontalière : enjeux, pratiques et perspectives | UIK

Toute la programmation des cours d'été transfrontaliers 2025 : https://www.uik.eus/fr/activites/programme-cours-dete-transfrontaliers

Bordeaux : Rencontre avec les centres LGBT+ de Nouvelle-Aquitaine pour poursuivre la lutte contre les discriminations

Catherine La Dune, vice-présidente du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en charge du handicap, de l'égalité et de la lutte contre les discriminations, et Laurence Valois Rouet, conseillère régionale déléguée à l'égalité femme-homme et à la lutte contre les violences, rencontreront les têtes de réseau associatif LGBT+ de Nouvelle-Aquitaine vendredi 27 juin à Bordeaux

Cette rencontre, organisée dans le cadre du Mois des fiertés, a pour objectif de réaffirmer le positionnement de la Région comme partenaire des politiques de lutte contre les discriminations, notamment en raison de l'orientation sexuelle, et de faire le point avec les acteurs de terrain sur leurs attentes.

Les centres LGBTI+ sont des structures associatives de proximité. Ils jouent un rôle crucial dans l'accueil, l'écoute, l'accompagnement, la prévention, la médiation et la défense des droits des personnes LGBTI+. En Nouvelle-Aquitaine, plusieurs centres sont adaptés à l'échelle régionale (notamment à Bordeaux, Limoges, La Rochelle ou Bayonne), et mènent des actions à destination de publics variés (jeunes, seniors, personnes migrantes, en situation de précarité). Leur mission s'inscrit dans les engagements de la Région en matière de lutte contre les discriminations, d'égalité et de cohésion sociale.

Ont été invités à cette réunion :

L'arc-en-ciel : situé à Limoges (87), le centre vient d'emménager dans de nouveaux locaux qui seront potentiellement inaugurés en septembre prochain (subvention régionale 2024 : 2 500 euros)

Le Girofard : situé à Bordeaux (33), ce centre bénéficie depuis 2 ans d'un local mis à disposition par la mairie de Bordeaux, rue du Loup. Il héberge et fédère nombre d'associations LGBT+ girondines (subvention régionale 2024 : 7 800 euros)

Adheos : situé dans plusieurs villes des Charentes et du Poitou (16,17,86), Adheos vient de fêter son 20ème anniversaire. Ce centre dispose également d'une structure d'accueil pour personnes LGBT+ victimes de violences (subvention régionale 2024 : 8 000 euros)

Collectif LGBT Dordogne : situé à Périgueux (24), ce collectif rassemble notamment 4 structures (aides, contact 24, planning familial, centre Informations jeunesse) réunies pour mieux accueillir, écouter, informer les gays et les lesbiennes, les personnes bi et transgenres périgourdins

Fiertés 47 : situé à Agen (47), ce collectif est né à la suite de la 1ère marche des fiertés du Lot-et-Garonne en 2023. Il rassemble 5 associations.

Les Basascos : situé à Bayonne (64), ce centre est extrêmement actif dans l'ensemble du sud de la Nouvelle-Aquitaine ( subvention régionale 2024 : 7 500 euros)

Nos Couleurs : situé à Saint-Vincent de Tyrosse (40), ce centre est une implantation récente et autonome issu du Centre Les Bascos

Centre entre LGBTI du Poitou : créé en 2018 à Poitiers, ce centre ne dispose pas de lieu d'accueil ou de permanence. Il intervient dans des festivals et événements.

Zoom sur l'action de la Région en matière de lutte contre les discriminations

En signant la Charte européenne pour l'égalité dans la vie locale le 8 mars 2017, la Région Nouvelle-Aquitaine s'est engagée à prendre toutes les décisions, pertinentes de son champ de compétence, pour combattre les effets des discriminations, les formaliser, les rendre publiques. La Région a également fait le choix de pérenniser l'engagement de la collectivité en matière d'égalité Femmes-Hommes et de lutte contre toutes formes de discriminations.

Le plan d'action « Réaliser l'Égalité en Nouvelle-Aquitaine », adopté en 2018 , matérialise la volonté de la Région de passer de l'égalité de droit à l'égalité réelle, que ce soit pour son propre fonctionnement, comme dans chacun des 4 piliers de l'action régionale : l'emploi, la jeunesse, l'aménagement du territoire, et l'environnement. Elle a ainsi mis en place un règlement d'intervention pour soutenir les initiatives de promotion de l' égalité femmes - hommes et de lutte contre toutes formes de discriminations . Et, dans ce cadre, la Région priorise quatre critères de discriminations : le genre, l'orientation sexuelle, le handicap et l'origine.

En 2024, les discriminations liées à l'orientation sexuelle sont également inquiétantes. SOS Homophobie indique dans son rapport annuel une augmentation des témoignages reçus de victimes de LGBTIphobies pour la 3ème année consécutive. Dans 11 % des cas, il s'agit d'agressions physiques. La majorité des cas de transphobie déclarés, le sont par de jeunes victimes (11 % ont moins de 18 ans).

Dans ce cadre, la Région soutien notamment :

Les permanences en direction des publics LGBT : ces permanences sont des lieux d'accueil, d'écoute, d'orientation et d'accès aux droits, notamment dans les centres LGBT du territoire : le Girofard à Bordeaux, le centre Lim'Bow à Limoges, Adhéos à Saintes et Angoulême.

Le travail d'évaluation et d'analyse des situations rencontrées avant d'envisager une action (orientation, soutien juridique, social, médical) : association Les Bascos/Euskal (64).

Des événements pour rendre visible et sensibiliser à la lutte contre l'homophobie : organisation de la 3ème marche des fiertés rurales (à Chenevelles dans le 86) ; Le Festival Lézart (Vicq-sur-Gartempe dans le 86) porté par l'association Arts et Perspectives.

Jonzac/Carrières d'Heurtebise /Témoignage de René Lanoue : « les Allemands nous ont donné l’ordre de monter un échafaud »

Parmi les témoins de l’explosion des carrières d’Heurtebise le 30 juin 1944 à Jonzac, se trouvait René Lanoue, qui fut maire de Clion durant trente ans (décédé en 2019). En 2014, nous avons recueilli son témoignage sur cette période tragique de l’histoire locale.

René Lanoue et son fils Philippe

René Lanoue a ce regard franc et cette générosité de cœur qui ne l’ont jamais quitté. Et pour cause, quand on a vécu la guerre et ses atrocités, on garde enfoui au fond de soi la fraternité nécessaire qui permet d’avancer en évitant les horreurs du passé.

 Fils d’agriculteur à Clion sur Seugne, sa jeunesse à lui a été frappée du sceau de la guerre, la deuxième, celle qui vit l’Allemagne envahir la France et l’occuper. « J’aurais du aller au STO à Nuremberg mais, par l’intermédiaire de Berthelot, le laitier, j’ai appris que la Kriesgmarine recrutait à Jonzac. Je me suis présenté et j’ai été embauché. Notre travail consistait à ramener des obus de la gare de Jonzac pour les entreposer dans les carrières d’Heurtebise. Ce n’était pas dangereux car ils n’étaient pas amorcés ».

Il a 23 ans et a pris pension dans un petit restaurant situé boulevard Denfert Rochereau. Sa journée commence tôt et se termine tard. Les Allemands sont « corrects » à l’égard des ouvriers. Sil ne connaît pas personnellement Pierre Ruibet - qui fera exploser le dépôt de munitions - il l’a croisé : « il était assez grand, costaud et très discret ».

Quand le jour J est arrivé, c'est à dire le 30 juin 1944, René Lanoue et ses collègues ignorent tout des événements terribles qui vont suivre : « jusqu’à présent, nous étions dans l’interrogation. Avant le débarquement, beaucoup croyaient que c’était foutu, que nous allions être allemands. De plus, nous ignorions totalement l’existence des camps de concentration. Le 30 juin, la journée a commencé comme à l’habitude. Nous n’étions jamais contrôlés et encore moins fouillés. Cela explique pourquoi Ruibet a réussi à dissimuler du matériel. La carrière était commandée par un vieux capitaine qui avait fait la guerre 14-18 ».

René Lanoue ne se doute de rien. Son chef d’équipe lui demande d’aller chercher un chevron pour caler des obus. C’est alors qu’il croise Claude Gatineau qui sort des carrières en courant. Il lui demande où il va, mais le jeune homme ne répond pas. « Je l’ai trouvé bizarre. C’est alors qu’a surgi un Allemand ensanglanté qui criait Sabotage Ruibet et Gatineau. J’ai tout de suite fait demi-tour et j’ai dit aux copains de s’en aller. A l’intérieur, on entendait des explosions ».

Ils sont sept ou huit à prendre la direction de la laiterie de Beauregard en direction de Champagnac. Le secteur est plein de fils barbelés et il est miné. « L’un des nôtres a sauté sur une mine, lui coupant la jambe. Nous l’avons placé dans une brouette, puis il a été conduit à l’hôpital chez le dr Peu-Duvallon. Fort heureusement, il a survécu. Finalement, nous aurions mieux fait de sortir par la porte d‘entrée. Les ouvriers qui l’ont fait n’ont pas eu de problème pour quitter les lieux ».

En fuite, René Lanoue et la troupe ne savent pas trop quoi faire. Des bruits persistants circulent. On parle d’otages qui seraient fusillés. « A part ceux qui étaient en permission, nous avons décidé de revenir à la carrière où les Allemands nous ont parqués dans la cour de Clerjaud. Malgré les événements, nous avons repris le travail. On nous a demandé de récupérer le cuivre des obus. Nous n’étions pas tranquilles car nous ignorions ce qui nous attendait. Nous avons vu arriver Claude Gatineau des baraquements où il avait été torturé. Il était soutenu par deux soldats. C’est alors qu’on nous a donné l’ordre de monter un échafaud ».

A cette évocation, René Lanoue est ému : « je n’oublierai jamais cet instant. Les mots me manquent. C’est le moment le plus terrible de ma vie. Nous ne savions pas à qui était destinée cette corde. A nous, à d’autres ? ». En effet, un Oradour-sur-Glane aurait pu se produire à Jonzac car le dépôt détruit était le plus important de la côte atlantique. Sa disparition était donc un véritable coup dur pour les Allemands. Claude Gatineau ne sera pas pendu, mais fusillé quelques jours plus tard, après un procès très discutable. « Nous avons entendu les coups de feu. C’était affreux ». 

Aux carrières, la vie a repris son cours après l’explosion. Toutefois, les choses ont changé : « comme il n’y avait plus rien à faire, nous ne sommes plus venus à partir du mois d’août ».

René Lanoue en Afrique du Nord

René Lanoue s’engage alors en Afrique du Nord où il reste huit mois. Un beau jour, la guerre s’achève, tirant un trait sur des années tragiques. « Nous avons créé l’association des carrières dont j’ai été le président. Balout en était vice-président et Henri Jean secrétaire. Nous nous réunissions tous les ans le 30 juin. Je suis allé me recueillir sur la tombe de Pierre Ruibet à Voiron. La commune a érigé un monument en son honneur ».

« Nous avons eu une bien mauvaise jeunesse » avoue René Lanoue. La guerre, l’occupation mais aussi les dénonciations, la collaboration, les résistants de la dernière heure, les femmes tondues inutilement. « Je voudrais que tout ça ne se reproduise plus » dit-il.

René Lanoue s’est marié à Clion où il a repris l’exploitation familiale. Il a eu deux fils Laurent et Philippe. Ce dernier, comme son père, a été maire de cette commune du canton de Saint-Genis.

Journée de témoignages. René Lanoue intervient

Jonzac/Le 30 juin 1944 aux carrières d’Heurtebise : témoignages sur l’organisation du sabotage « d'un dépôt équivalant à quinze jours de feux dans tous les blockhaus de l’Atlantique »

Le 30 juin prochain, la ville de Jonzac célèbrera l'anniversaire de l'explosion des carrières d'Heurtebise, fait marquant de l'année 1944. Des événements à la fois héroïques et tragiques qui entraînèrent la mort de deux résistants, Pierre Ruibet et Claude Gatineau. La destruction de cet important dépôt de munitions allemand comporte de nombreuses zones d’ombre. Grâce à l’ouverture des archives allemandes, l’historien jonzacais James Pitaud (disparu en 2023) avait apporté des éléments de réponse. 

Article publié en 2014

Sans Corinna Von List, une étudiante berlinoise qui se trouvait, à l’époque, être la correspondante de l’AREI, Association pour l’Etude de la Résistance Intérieure en Charente-Maritime, James Pitaud n’aurait sans doute jamais étudié les archives allemandes relatives à l’explosion des carrières d’Heurtebise. Si la mémoire demeure, des questions restent sans réponse. L’ouverture des archives allemandes, ainsi que les témoignages des Français survivants, ont une grande importance. L’un d’eux est apporté par René Marchadier, qui appartenait au groupe franc Alerte, à Bordeaux. Lors d’un colloque, il a expliqué comment ce sabotage était devenu « réalisable ».

En 1943, fonctionnaire à Saintes, il déjeunait dans une pension de famille, rue Saint Maur, aux côtés de Michel, fils de Marthe Robert, concierge au tribunal de Jonzac. Ensemble, ils échangeaient leurs impressions sur la guerre : « il m’avait dit que si un jour, j’avais besoin de quelque chose à Jonzac, je ne devais pas hésiter à aller chez sa mère ». En fin d’année, d’après les confidences d’un autre ami, il apprit que les Allemands s’activaient du côté de Jonzac, précisément, où ils entreposaient des armes. Il alerta son groupe qui lui demanda d’aller voir sur place. Il se rendit chez Marthe Robert où il fit la connaissance de Pierre Ruibet. Ainsi, la trame de l’opération se mit en place grâce à un hasard "conjoncturel"...

Cette entreprise n’aurait pas eu lieu sans l’implication d’un certain nombre de personnes dont le principal acteur fut Pierre Ruibet (originaire de Voiron) qui connaissait Michel Robert. En effet, étant tous les deux requis pour le STO, ils avaient échangé leurs identités respectives afin d’échapper aux contrôles. Ainsi Michel Robert s’installa en Isère (il eut une part active dans le maquis du Vercors) et Pierre Ruibet élut domicile à Jonzac. Il se fit embaucher par la Kriegsmarine après avoir travaillé pour une société installant des lignes téléphoniques. Tout naturellement, Marthe Robert accueillit chaleureusement Pierre Ruibet. Il se lia bientôt d’amitié avec sa fille, Mathilde, qui servit d’agent de liaison (c’est elle qui envoyait les télégrammes, en particulier).

Le témoignage de René Thuault - ancien responsable de la Poste de Jonzac - qui travaillait avec ses camarades en ce lieu (avec le père de Christian Balout, René Lanoue, Pierre Dumas) est intéressant : « En intégrant le personnel des carrières, au nombre de 120 environ, Pierre Ruibet ne passa pas vraiment inaperçu. Nous appartenions tous à la même classe et, curieusement, Ruibet était plus jeune que nous. A son arrivée, on s’est dit : « tiens, en voilà un autre ! Regulièrement, arrivaient des ouvriers, en fait des résistants, qui venaient faire l’inventaire du site, je suppose. Ils restaient en général quelques semaines avant de disparaître. L’un d’eux, baptisé Bernard Palissy, devait être Félix Gaillard. J’en suis presque certain ». 

Quelle était l’ambiance qui régnait aux carrières ? « Nous travaillions 70 heures par semaine, mais nous étions bien payés. Nous n’étions pas maltraités et les chefs d’équipe, des civils, n’avaient pas de fusil ». Ce dépôt, équivalant à « quinze jours de feux dans tous les blockhaus de l’Atlantique », était comparé à une « pétaudière » ! Et René Thuault d’évoquer les courses de bicyclette dans les galeries et un copain qui piquait un somme sur les caisses de munitions dès qu’il en avait l’occasion : « au moment de l’explosion, il voulait à tout prix récupérer le vélo de son amie Denise. Nous avons tout faut pour l’en dissuader ».

Les conséquences de l’explosion auraient pu être catastrophiques pour la population. L’officier, du nom de Schmidt, fit preuve d’une évidente tolérance. Il fut d’ailleurs « couvert » par son supérieur qui commandait la grande Région. Seul un rapport classé secret déplore son « manque de rigueur » et son « attitude regrettable ». Il est vrai que le jour du sabotage, le 30 juin 1944, une partie des soldats allemands faisait des exercices de tir, route d‘Allas.

Une enquête fut demandée au sujet de Schmidt qui avait 59 ans à l’époque des faits. A-t-il été jugé par ses pairs pour faute ? Pour le savoir, il faudrait retrouver sa trace. Or, c’est difficile puisqu’on ne connaît pas son numéro de matricule. Pour Philippe Gautret, fils de René Gautret, ancien maire de Jonzac, cet homme, qui a tenu le destin des Jonzacais entre ses mains, aurait pu échapper à une punition et au fameux Front de l’Est. Vers 1955, il se souvient qu’un Allemand a sonné chez lui et demandé à voir son père : « il l’a rencontré. Il s’agissait peut-être de lui »...

Retour sur le jour de l’explosion 

Le premier sabotage échoua, le second se heurta à des difficultés. Après avoir récupéré les explosifs à Bordeaux auprès de René Marchadier, Pierre Ruibet envisageait de faire sauter le dépôt le 30 juin aux environs de 13 h, grâce à des retardateurs. Personne n’était au courant de ses activités, sauf Claude Gatineau qui devait lui apporter son aide. Or, c’est justement l’attitude de ce dernier qui attira, de bon matin, le regard du chef d’équipe Engler. Le voyant remonter son pantalon, il pensa qu’il venait de satisfaire des besoins naturels, ce qui était interdit dans la carrière. Intrigué, il s'approcha et découvrit alors des explosifs (cordeau détonant, capsules, bâtons) dans l’alvéole.

Les versions diffèrent quant à la suite. Dans sa déposition, Engler déclare s’être battu avec Ruibet, lui-même prévenu par Gatineau. Or, il est probable que Ruibet lui ait tiré un coup de pistolet pour le faire taire, sans altercation.

Pour René Thuault, cette lutte est un mensonge d’Engler pour se blanchir : « Ruibet était un gaillard d’un mètre quatre vingt sept face à un Engler de petite corpulence. L’Allemand n’a pas voulu perdre la face en avouant qu’il s’était enfoui »...

Tous les Français eurent le temps de quitter la carrière tandis que des soldats et un maître-chien hollandais furent chargés de localiser Ruibet. Quatorze d’entre eux trouvèrent la mort dans l’effondrement de la voûte. Ruibet, quant à lui, n’eut pas le temps de s’échapper par la bouche d’aération, route d’Ozillac, où le dr Sclaffer l’attendait pour le conduire en Gironde.

Un document suscite également des commentaires. Il s’agit de la superbe lettre que Pierre Ruibet a adressée à ses parents (elle est conservée aux Archives de la Rochelle) : sans en trahir le sens et l'intensité, certains historiens pensent que les mots employés par Ruibet auraient été moins « littéraires ». Serait-ce Marthe Robert, femme qui s‘exprimait avec style, qui l'aurait écrite ?

L’histoire des carrières jonzacaises conserve sa part de mystère. Des interrogations subsistent dont l’une est essentielle : qui donnait, en haut lieu, les ordres au groupe Alerte ? René Marchadier lui-même ne peut y répondre. Pour survivre en cas d’arrestations, les réseaux étaient protégés par le silence. Claude Gatineau, par exemple, a sauvé les Jonzacais en déclarant que Pierre Ruibet obéissait à une mission bordelaise. Il n’en savait pas davantage.

Bref, c'était une période où il valait mieux se taire pour protéger sa vie et celle des autres. Certains ont emmené leurs secrets dans leurs tombes et finalement, c'est peut-être mieux ainsi...

James Pitaud (à droite) a fait d'importantes recherches sur l'explosion des carrières d'Heurtebise. Sur cette photo, il est aux côtés de Claude Belot, maire de Jonzac, et de la préfète de l'époque Béatrice Abollivier.

 

• Mathilde Robert, agent de liaison durant la seconde guerre mondiale, fut arrêtée avec Mme Crauste, résistante bordelaise baptisée « Jacqueline », proche de René Marchadier. Enfermées au Fort du Hâ, elles ne durent leur salut qu’à la libération de Bordeaux : elles devaient être exécutées le lendemain...  

• René Marchadier faisait partie du groupe franc Alerte qui appartenait à la grande mouvance de la résistance. Homme sincère, profondément attaché à l’honneur et à la liberté de son pays, il fut choqué à la Libération quand certains s’attribuèrent des actions héroïques auxquels ils n’avaient pas participé.

•  Résistantes : L’ouvrage, paru en Allemagne en 2010 sous le titre, Frauen in der Resistance, 1940-1944, est issu d’une thèse soutenue à l’Université de Potsdam par Corinna Von List. Cette recherche, qui ne concerne que la résistance féminine sur le territoire français, portée aussi bien par des Françaises que par des étrangères, a été récompensée en 2006 par le prix Guillaume Fichet - Octave Simon.

• 1944 - 2014 : la petite Sarah Jeanne, descendante de Claude Gatineau, devant le monument érigé à Jonzac en mémoire de Pierre Ruibet et Claude Gatineau

Centre hospitalier de Jonzac/Stérilisation : Claude Belot dénonce « les lenteurs administratives liées à l'obligation de se référer au CH de Saintes »

Mercredi soir au conseil municipal, Claude Belot a démontré - s'il en est encore besoin - sa solide expérience politique d'au moins un demi-siècle. Des décennies et des mandats durant lesquels il a vu le monde changer et des avalanches de nouvelles dispositions fleurir sur les bureaux des élus. Généralement « contraignantes », lui qui aime que les choses avancent rapidement ! Le dernier problème en date concerne l'autoclave de stérilisation de l'hôpital de Jonzac


Soucieux du détail, il a rappelé l'historique du CH. Créé en 1971 par Henry Chat Locussol, premier magistrat, il s'agit alors d'un établissement public municipal : « le maire faisait voter un budget et une équipe décidait des investissements. Par ailleurs, quatre médecins généralistes s'occupaient de l'hospice et des sœurs pratiquaient les soins ». La formule, de gestion directe, a évolué quand l'Etat a souhaité mutualiser les moyens avec les CH alentours. Bien sur le papier « mais c'est une évidence, ça ne marche pas »  remarque Claude Belot qui dénonce « la lenteur des démarches administratives ». 

Rappelons les principales étapes de la mutualisation : « Les établissements du territoire de Charente-Maritime Sud et Est sont entrés de longue date dans une dynamique de coopération à visages multiples puisqu’ils ont instauré dès juillet 1999 une communauté des établissements publics de santé de Saintonge. Cette volonté de développer cette collaboration a été officialisée en 2014 par la signature d’une charte constitutive de communauté hospitalière de territoire (CHT) par les présidents de conseil de surveillance, les directeurs et présidents de commission médicale d’établissement des centres hospitaliers de Saintes, St Jean d’Angély, Jonzac, Royan et Boscamnant, et de l’établissement public départemental des Deux Monts. Plusieurs compétences ont pu être mutualisées sous ce couvert reconnu par l’Agence Régionale de Santé qui, au cours des années suivantes, a accordé notamment la création de postes partagés d’infectiologue, de praticien hygiéniste, d’une équipe mobile de soins palliatifs etc. Ce partage s’est poursuivi et développé essentiellement dans les spécialités médicales et chirurgicales mais aussi dans le domaine de l’information médicale avec la mise en commun de l’équipe du DIM (Département d’information médicale) et encore dans le domaine médico-technique. Non seulement, cette dynamique n’a pas faibli avec les mouvements de chefs d’établissements et de présidents de commission médicale d’établissement au fil du temps, mais bien au contraire elle n’a cessé de se renforcer. La communauté hospitalière de territoire (CHT) a récemment laissé place au groupement hospitalier de territoire (GHT), intégrant également le GCS Urgences du pays royannais (Groupement de coopération sanitaire). La convention constitutive du GHT de Saintonge a été officiellement signée en juin 2016 par les directeurs des 7 établissements. La création de la communauté hospitalière de territoire de Saintonge, puis aujourd’hui du groupement hospitalier de territoire s’est donc imposée naturellement avec l’implication forte des chefs d’établissements, des présidents de commissions médicales d’établissements et des présidents de conseils de surveillance ».

 

Dès lors, chaque fois que le CH de Jonzac engage une dépense, il doit s'en référer au CH de Saintes (hôpital référent du groupement) et « la réponse peut prendre des semaines ». Aujourd'hui, le matériel de stérilisation, qui n'est plus effectif depuis la décision de l'ARS en mars dernier, est l'objet de toutes les attentions. Jonzac ne pouvant faire autrement que de stériliser ses instruments, cette opération est réalisée à Soyaux (distance de 63 km). Certes, pourquoi la direction du CH de Jonzac n'a-t-elle pas anticipé le vieillissement de son matériel de stérilisation ? En prenant les devants, aurait-elle pu éviter la situation actuelle ? « Soyaux va coûter au CH de Jonzac 400.000 euros par an ». Une paille. C'est pourquoi Claude Belot et Christophe Cabri sont favorables à un investissement réalisé directement par Jonzac à hauteur de 1.600.000 euros. « Dans quelques années, nous aurons amorti l'autoclave et nous serons indépendants » clament les édiles. « On va se battre pour une stérilisation dans les murs du CH sans avoir à nous référer à Saintes. C'est pourquoi nous avons décidé de porter l'affaire sur la place publique »

Le directeur de l'ARS ne devrait pas tarder à se manifester face à ce mouvement d'humeur propre aux Hauts-Saintongeais lassés qu'on les prenne pour des villageois isolés au milieu des pinèdes. « Notre CH obtient des résultats, il fonctionne et répond à la demande locale. Qu'on le laisse évoluer dans de bonnes conditions » souligne Claude Belot. Par ailleurs, en cas de grave accident comme celui de l'autoroute de Mirambeau (novembre 1993, 12 morts, 33 blessés), il est bon que les hôpitaux de proximité puissent être suffisamment dotés pour répondre à l'urgence. 

vendredi 20 juin 2025

La Charente-Maritime placée en risque sévère feux de forêt

Au regard des conditions climatiques actuelles et de ces dernières semaines, marquées par une sécheresse particulièrement précoce et de chaleur forte, le département de la Charente-Maritime est placé en « risque sévère » feux de forêt, à compter de ce jour vendredi 20 juin

Ce niveau de vigilance entraîne une forte mobilisation des sapeurs-pompiers et un renforcement des moyens mobilisés par le SDIS 17 sur chaque départ de feu. C'est d'ailleurs actuellement le cas sur le massif de la Coubre (La Tremblade) où les pompiers sont mobilisés depuis jeudi.

Le préfet appelle chacun à la plus grande vigilance en adoptant les bons comportements pour protéger les forêts et l'ensemble des espaces naturels.

CONSIGNES DE COMPORTEMENT POUR PRÉVENIR LES FEUX DE FORÊT

Respectez les obligations de débroussaillement

Ne faites pas de barbecue aux abords ou en zone boisée.

Ne jetez pas de mégots par terre ou par la fenêtre d'un véhicule.

Ne faites pas de travaux source d' étincelles aux abords des zones boisées et de cultures.

Ne stockez pas de matériaux de combustibles près des habitations.

Lorsque vous êtes en voiture, facilitez le passage des véhicules de secours.

N'encombrez pas les accès proches d'un sinistre.

Prévenez les secours par le 112 dès que vous voyez une fumée en forêt.

COMMENT BIEN RÉAGIR EN CAS DE DÉPART DE FEU

ALERTE

Alerter les secours en composant le 18, le 112 ou le 114 (personnes malentendantes).

Essayer de localiser le feu.

PROTÉGEZ -VOUS

Mettez-vous à l'abri dans une habitation en dur débroussaillée en attendant l'intervention des secours. Attention, la voiture n'est pas un abri sûr.

Fermer les volets, piège de tirage de la cheminée, fenêtres, bouches d'aération et de ventilation ;

Placer des linges mouillés en bas des portes ;

Mettez un linge humide sur votre nez pour vous protéger des fumées ;

Laisser le portail ouvert pour faciliter l'accès aux secours ;

Évacuer les lieux en fonction des consignes données par les sapeurs-pompiers.

RESTEZ INFORMÉ

Écoutez les consignes des secours ou de la mairie .

Consulter le niveau de risque pour chaque commune sur https://www.geoplateforme17.fr/risque-feu-foret