lundi 31 décembre 2012

Belle année 2013

jeudi 27 décembre 2012

Histoire : Quand les Anglais
occupaient l’ancien château
de Jonzac


Le château de Jonzac, qui trône fièrement sur son roc, ne serait pas le premier « castel » de la ville. Marc Seguin, en véritable commissaire historique, a mené une enquête sur le sujet. Un château-fort, qui a appartenu à Arnaud de Sainte Maure, s’élevait non loin de la Seugne. Il a été ruiné par la Guerre de Cent Ans.

L'actuel château de Jonzac

C’est aux Archives que Marc Seguin, spécialiste du XVIe siècle, a fait une découverte qui bouleverse les historiques habituels de la ville de Jonzac. En effet, dans tout livre qui se respecte, à commencer par Rainguet, on peut y lire que le château actuel est planté sur son rocher depuis des temps immémoriaux. Cette certitude est en train de vaciller puisqu’il avait un prédécesseur situé en contrebas !

Une faible distance sépare les deux emplacements. Vers ce que l’on appelle le chemin de ronde, une étude des lieux conforte cette hypothèse. Dans un acte établi entre les frères Pineau en février 1559, une mention a suscité l’intérêt de Marc Seguin. Une maison, sise dans le bourg de Jonzac, près de la halle (là où se trouvent les tilleuls d’Italie), aurait été proche du « vieux château de Jonzac », autrement dit d’un édifice médiéval qui devait être en piteux état.

Devant un nombreux public réuni au cloître des Carmes, Marc Seguin a livré le fruit de ses recherches. Qu’un ancien château ait existé aux XIVe et XVe siècles est une évidence ! Il en reste des témoignages dans la pierre (base de tour, meurtrières, archères dans les galeries noires) et que dire des corbeaux qui soutenaient le chemin de ronde situé face à la Seugne. Rivière d’où pouvaient surgir des assaillants. A cette époque, les maisons compactes devaient constituer une sorte de muraille. Quant au « promontoire » où se trouve le château actuel, peut-être y avait-on installé une tour de guet pour observer la plaine ? 

L’acte des frères Pineau, dont l’un est « un notaire royal dans le bourg de Jonzac » et l’autre « bourgeois et marchand de Bordeaux » est révélateur. Jean cède à Guillaume une habitation sise dans le bourg, « confrontant d’un côté la maison de Sébastien Grollon, marchand, de l’autre la maison de Françoise de la Couture, veuve de feu Jehan Le Blanc, et d’un bout à la grande halle, le chemin d’entre deux, et de l’autre bout aux douves du vieux château de Jonzac ». Une partie du castel correspond à l’actuel immeuble de la famille Dufour.

Le vieux château se trouvait probablement vers la maison de la famille Dufour, dont l'habitation possède les bases d’un tour, des caves et des souterrains. Sur les façades des maisons environnantes, on remarque la présence de corbeaux qui devaient soutenir l’ancien chemin de ronde. Situé au sol, l’actuel chemin de ronde n’aurait pas eu un rôle défensif.

 

Dans tout ce périmètre, les caves laissent apparaître de nombreux témoignages du passé, ouvertures, portes cloutées. « Au XVIe siècle, si l’on éprouve le besoin d’évoquer le vieux château, c’est par opposition à un nouveau, celui que nous avons sous les yeux » souligne Marc Seguin. « La maison dont il est question, comme ses voisines, était vraisemblablement construites sur les fondations et les caves de vieux château. Il devait occuper l’espace aujourd’hui couvert par les immeubles du n° 26 au n° 37 ». On peut en conclure que dans la seconde moitié du XVIe, les habitants apercevaient encore les vestiges d’une forteresse qui devait leur servir de carrière.

Dans quel état se trouvait Jonzac un siècle plus tôt ? Dans « ses études historiques sur l’arrondissement de Jonzac » parues en 1864, Pierre Damien Rainguet prétend qu’au XVe, Jonzac était « un poste militaire rendu fameux par la nature et par l’art ». Marc Seguin ne partage cette analyse : « au contraire, démoli et ruiné, le village ne présentait aucun intérêt stratégique ». D’ailleurs, le lieu aurait été à peu près désert à la fin de la Guerre de Cent Ans…

L'actuel chemin de ronde

Le seigneur de Jonzac, prisonnier des Anglais

Pour arriver à cette conclusion, l’orateur se base sur des documents. Dans la première moitié du XVe siècle, l’ancien château dont il est question appartient à Arnaud de Sainte Maure, seigneur de Jonzac, Montauzier et Chaux. Courageux, il combat l’Anglais qu’il faut bouter hors de France. Mal lui en prend : les soldats d’Henri Plantagenêt (le second mari d’Aliénor d’Aquitaine) le capturent et lui confisquent ses biens. Fait deux fois prisonnier, il passe plus de dix ans en captivité. Enfin libre, il préfère se réfugier derrière les solides murailles de la ville de Pons !
Dans ces conditions, privé de propriétaire, le château-fort de Jonzac est abandonné. Interrogés en 1460, lors d’un procès qui oppose le puissant seigneur d’Archiac à celui de Jonzac, des paysans reconnaissent, comme le laboureur Penot Seguin de Neulles ou Marion Delagarde de Réaux, que la châtellenie de Jonzac est déserte et inhabitée. « Si l’on récapitule, le château-fort a donc été détruit une première fois, réparé, repris et occupé par une garnison anglaise, puis démoli par ces derniers » explique M. Seguin. Autre épreuve pour Arnaud de Sainte Maure, le seigneur d’Archiac a profité de son absence pour s’approprier ses terres, à Neulles notamment. Les habitants, qui n’apprécient guère, demandent l’intervention de leur protecteur. Malheureusement, il est mal placé pour leur porter secours…

Plus on descend vers le Sud Saintonge, plus les paroisses sont vides. Ainsi, à Mérignac, « il n’y a aucun labourage, seulement des bois et des buissons ». En remontant vers le Nord, par contre, l’activité est plus dense. Toutefois, il ne faut pas être défaitiste. « Une ou deux générations ont su d’adapter, les laboureurs disposent de nombreuses terres à cultiver, moyennant redevance » déclare le conférencier. L’élevage se porte bien, cochons, vaches dans les landes. Les hommes, arbalète à la main, passent leur temps à chasser. Le seigneur fait alors valoir son droit de quartier, c’est-à-dire qu’on lui remet un quartier arrière du cerf qui a été abattu.

Le château que nous connaissons, qui abrite mairie et sous-préfecture, a été construit vers 1470 par Renaud de Sainte-Maure, fils du malheureux Arnaud. « Le nouveau château de Jonzac est le résultat d’une véritable résurrection » estime Marc Seguin. En effet, après la guerre interminable qui opposa les Français aux Anglais (1337-1453), les territoires reprennent de la vigueur. A Jonzac, les Sainte Maure et leurs officiers réussissent un exploit, celui d’attirer du sang neuf dans le bourg.
Au XVIe siècle en effet, Jonzac est devenu « un bourg populeux »…


A gauche, le conférencier Marc Seguin aux côtés de MM. Arrivé et Gautret
• La Seugne ne s’est jamais appelée Sévigne !
Marc Seguin fustige Rainguet qui a baptisé la Seugne « Sévigne ». Question de lecture des documents anciens que Rainguet, malgré ses qualités, ne maîtrisait pas, semble-t-il.

• Texte de la conférence
publié dans la revue de l’Aunis et de la Saintonge, tome XXXVII (2011).

Jonzac : Un spectacle en or !


Dans le cadre des Feuillets d’automne, le théâtre du château accueillait dernièrement « L’or ou la formidable histoire du Général Johann August Suter » d’après le roman de Blaise Cendrars. Magnifique.

Il en faut du talent et du courage pour raconter la fabuleuse épopée du général Suter parti un beau jour du canton de Bâle.
Xavier Simonin, metteur en scène et comédien, lui donne une dimension incroyable. Et pourtant, le décor est sobre : une échelle, qui permet de gravir les échelons, et des morceaux d’harmonica magistralement interprétés par Jean-Jacques Milteau. Durant de nombreuses années, la fille de Blaise Cendrars souhaitait qu’aucune musique ne vienne troubler l’œuvre célèbre de son père publiée chez Grasset en 1925. L’aventure a été tentée et c’est un succès.


L’histoire du Général Suter est longue et jonchée d’épreuves. On y voit Johann August quitter sa femme et ses quatre enfants pour partir en Amérique. Après des petits boulots, il part vers l’Ouest, là il fonde ses espérances. Il choisit de s‘installer en Californie où il crée un domaine cultivé par des Canaques.

Jean-Jacques Milteau et Xavier Simonin

Il a réussi. C’est alors que le sort s’inverse avec l’annexion de ce territoire par les Etats-Unis en 1847. Survient la ruée vers l’or. La Californie est alors envahie par des milliers d’émigrants surgissant de New-York, Boston. Suter assiste impuissant au partage de ses terres. Frénésie, folie, retour d’une famille qui finit quasiment en fumée. Fin d’un monde, d’une propriété immense, recours en justice.

Par un jeu de scène particulier et une présence forte, Xavier Simonin rend son intensité à chacune des étapes de la vie de Suter. Les paysages viennent à l’esprit, les joies, les détresses, les voyages, les silences, la quête. La fin.
Un spectacle comme on les aime, engagé, émouvant et intact.

 
  
Photos Nicole Bertin

Peter Rebeiz :
« Dans le monde, je parle
de Saint-Seurin d’Uzet »


Bientôt, un musée du caviar

Dernièrement à Montpon, en Dordogne, l’association Patrimoine de Saint-Seurin d’Uzet en Charente-Maritime a scellé le "pacte" financier qui la lie à Caviar House & Prunier. 
Objectif : ouvrir un musée du caviar dans l’auberge où se dégustait autrefois « l’or noir »… 

Evelyne Delaunay a le sourire. Elle se bat depuis des années pour faire revivre à Saint-Seurin d’Uzet la mémoire du caviar. Il est encore si présent dans la région qu’il a donné son nom à une rue du village !
 Il y a quelques années, la maison Caviar House & Prunier a acquis les bâtiments de l’ancienne auberge de l’esturgeon. L’objectif était d’installer un laboratoire et une pisciculture dans les environs. L’idée a été abandonnée.
C’est alors que les investisseurs, dont le célèbre Pierre Bergé, ont lancé un défi à l’association Patrimoine de Saint-Seurin d’Uzet : « Proposez-nous un projet et nous vous soutiendrons ». Ainsi est née l’idée de créer une auberge-musée du caviar et de l’esturgeon avec dégustation et vente. 
« La volonté forte qui s’est exprimée parmi les habitants de voir revivre et se développer ce lieu et son histoire l’a emporté » explique Évelyne Delaunay.

Dans un premier temps, Caviar House & Prunier a mis l’immeuble à disposition pour y organiser des manifestations. Dernièrement, l’accord de mécénat entre la Holding et l’association a été officialisé, les documents devant être signés dans un proche avenir. Étaient présents Peter Rebeiz, président de Caviar House & Prunier (dont le siège est à Genève), et Jean Francis Bretelle, bras droit de Pierre Bergé.

Le Caviar House Prunier produit à Montpon en Dordogne
Jeune esturgeon (pisciculture de Montpon)
Esturgeons en bassins
Le musée verra le jour dans les années qui viennent, ce dont se réjouit Peter Rebiez : « La France ne doit pas oublier son passé. Elle a commencé à commercialiser le caviar avant les Iraniens ! Depuis plus de 30 ans, je fais des conférences sur le caviar et ce soir, je serai à Zurich. À chaque fois, je parle de Saint-Seurin d’Uzet ». Ajoutons que cette publicité est également faite dans les 40 points de vente que possède le groupe dans les aéroports. Eh oui, vous ne rêvez pas, c’est bien de notre petit port de Saintonge dont il s’agit !

Sacrée princesse ! 

Saint-Seurin d’Uzet mérite bien cette notoriété. Quand il ouvrira ses portes au public, le musée ne fera que remettre sur le devant de la scène une activité qui donna prospérité à la région durant une quarantaine d’années. « La France a une histoire forte en ce qui concerne le caviar. Nous devons tout faire pour la tirer de l’oubli et la valoriser » explique Peter Rebeiz qui connaît le sujet par cœur.


En France, le caviar devient célèbre au XVIIIe siècle, avec l’arrivée des immigrés russes. La haute société s’entiche de cette spécialité salée, dont le prix l’est tout autant. Il vient alors de la mer Caspienne. Peu à peu, l’Aquitaine se lance dans cette production originale.
Un siècle plus tard, le caviar de l’Estuaire de la Gironde, initié par Schwax, un marchand de Hambourg, revient sur le marché français sous étiquette russe. Il est préparé à Saint-Seurin par un certain Théophile Roux. Les mauvaises langues prétendent qu’il est de mauvaise qualité.
En 1902, la maison Toublanc, mareyeur à La  Rochelle, élabore une nouvelle formule. Malheureusement, la guerre arrive et les hommes partent sur un autre front…

René Val, la mémoire de Saint-Seurin d'Uzet
Après le premier conflit mondial, les marins ont oublié la valeur du caviar. Pragmatiques, ils pensent d’abord à vendre leurs poissons. En conséquence, les œufs d’esturgeon servent à nourrir les canards ! Une prise de conscience a lieu dans les années 1920. À ce sujet, René Val, la mémoire de Saint Seurin d‘Uzet, aime à raconter une histoire amusante. Un (beau) jour, une femme élégante se promène dans ce village de la côte royannaise. Elle s’approche d’un bassin où un vieux pêcheur est en train d’éventrer des esturgeons. Il jette les œufs à l’eau, comme des quantités négligeables. Surprise, la visiteuse s’exclame : « Mais c’est du caviar ! ». Il s’agit d’une Princesse Romanoff, mariée à M. Scott, scientifique et ancien garde à la Cour impériale, dit-on. Intéressé, ce dernier ne tarde pas à visiter la région.
Qui veut se lancer dans le commerce du caviar peut écouter ses conseils ! L’esturgeon revient sur le devant de la scène : « Scott était recommandé par la famille Prunier. En 1925, elle a fondé, à Paris, un restaurant qui est devenu le haut lieu de la dégustation du caviar et des produits de la mer. Dans la région, elle avait fait aménager huit postes de fabrication à Saint-Seurin, Callonges, Plagne, Cavernes, Cambes, Rions et Blaye ».


À Paris, Prunier distribue la marque “caviar de la Gironde“ proposée par René et Raymond Milh. La renommée est immédiate : Saint-Seurin devient le lieu à la mode et les restaurants des Belet et Saint-Blancard ne désemplissent pas.
Selon René Val, « Saint-Seurin était la capitale française du caviar » ! Cet essor économique, qui semble tomber du ciel ou plutôt de l’estuaire, fascine la population. René Val n’échappe à cet engouement. Lui, le fils du commerçant du coin, adore l’agitation qui donne à sa commune des airs “branchés“.


Dans les années 50, Saint-Seurin compte au moins quinze pêcheurs spécialisés dans l’esturgeon, sans oublier ceux des autres ports, Meschers, Mortagne, Vitrezay, Maubert, les Callonges. Nous sommes en plein âge d’or ! L’été, des célébrités, en vacances à Royan dont Jean Gabin, Gilbert Bécaud, Danièle Darrieux viennent y déguster du caviar. On parle aussi d’hommes politiques, Léon Blum et Édouard Daladier. L’époque est formidable. « Pendant la saison, le village était noir de monde » se souviennent les anciens.

Trop, c’est trop… 

 

Malheureusement, les hommes ne savent pas respecter les “quotas“. Bientôt, l’esturgeon se fait plus rare et, dans les années 1980, il a pratiquement disparu.
L’ère triomphante du caviar n’est plus qu’un souvenir. Certes, l’esturgeon a été pêché intensivement, mais s’y ajoutent d’autres raisons. Pour construire les immeubles près du port de Bordeaux, par exemple, on a pillé les gravières qui servaient à la reproduction du poisson.
Cette perspective, René Milh, qu’on surnommait le renard de l’estuaire, l’avait pressentie. René Val avait vingt ans quand il lui disait : « tu verras, dans cinquante ans, il n’y aura plus de pêche à l’esturgeon ». Il avait raison.

Après la Seconde Guerre mondiale, il s’est fait tout et n’importe quoi : « des gens inexpérimentés ramenaient des milliers de petits esturgeons d’un coup de filet. Ils auraient dû les rejeter à l’eau. Non professionnels, ils n’avaient que faire de la législation ». La pêche à l’esturgeon a finalement été interdite.

Aujourd’hui, l’esturgeon d’élevage (baeri) a remplacé son frère sauvage (acipenser sturio). Plusieurs sociétés en produisent dont Sturia qui possède une unité à Saint-Genis de Saintonge et Caviar House & Prunier qui a racheté à Montpon la société Epidor créée par M. et Mme Sabeau.
En France, ce couple a été le premier à tenter l’élevage de l’esturgeon en pisciculture. Le caviar est revenu mais de sauvage, il est obtenu à partir de poissons qui grandissent en bassins.

Raconter la formidable aventure du caviar en Saintonge est le but poursuivi par l’association d’Évelyne Delaunay. Les membres, dont Bernard Mounier (auteur d‘un excellent livre documenté sur le caviar de la Gironde) savent que la balle est dans leur camp. Un beau défi à relever !

Bernard Mounier, historien, Evelyne Delaunay, présidente de l'association Patrimoine Saint-Seurin d'Uzet, Jean-Francis Bretelle, M. Delaunay, Valérie Sabeau, Peter Rebeiz, président de Caviar House Prunier, et Laurent Sabeau

Les confidences de Rosen :
«  J’ai élevé mes enfants
en travaillant avec mon corps  »


Invitée de l’émission de Mireille Dumas sur le thème 
« faut-il interdire la prostitution ? », Rosen Hicher a apporté son témoignage. Si le sujet fait débat, légiférer sur le plus vieux métier du monde est compliqué. Et pour cause, 
les opinions des hommes et des femmes divergent 
franchement sur le sujet…


En publiant un livre sur « une prostitution choisie et non subie », Rosen Hicher, qui réside à Saintes en Charente-Maritime, a rompu la loi du silence. Son ouvrage, basé sur la franchise, explique comment une femme en arrive à vendre ses charmes pour subsister. Mais il va plus loin : l’auteur y lance un appel à toutes celles qui se retrouvent démunies sur le trottoir, sous la coupe des souteneurs qui se moquent bien de leur santé et de leurs sentiments.
Après avoir été favorable à la création de maisons contrôlées qui établiraient une charte de bonne tenue et assureraient le suivi médical de ses « occupantes », Rosen ne voit qu’une issue pour briser l’hypocrisie ambiante : que les clients soient pénalisés financièrement…

« Le Mouvement du Nid (1) m’a proposé de participer à l’émission de Mireille Dumas. Nathalie Bordes-Prévost, aujourd’hui dans le Lot, a exercé à Saintes durant un certain temps. Je la connais » confie Rosen. Contrairement à Nathalie qui souhaite ouvrir des maisons de sexe gérées par les prostituées elles-mêmes (dont une en Charente-Maritime ?), elle a changé d’opinion.
« Aujourd’hui, des milliers de filles, de par le monde, vivent dans la peur. Aux macs, s‘ajoute le simple petit copain qui demande un jour à sa compagne de se vendre pour de l’argent. Elle accepte généralement parce qu’elle ne peut pas faire autrement. Dans d’autres cas, l’acte est purement alimentaire, comme ces étudiantes qui se prostituent pour payer leurs études. C’est bien là le problème. Ce n’est pas possible de voir toutes ces jeunes filles se laisser tripoter par des hommes. Elles se sentent sales, forcément ».


Au fil du temps, Rosen est devenue une vraie militante parce qu’elle sait de quoi elle parle : « la prostitution résulte d’un enchaînement de situations. La jeunesse, la vulnérabilité, la faiblesse, le cynisme des hommes qui vous considèrent comme de la chair fraîche. Quand je fais le bilan de ma vie, je m’aperçois que je n’existais pas quand j’étais prostituée. J’ai tourné la page depuis deux ans et maintenant, je peux me regarder en face ».
Verbaliser le client, comme c’est le cas en Suède, lui semble être une piste à explorer. Seul hic, une telle sanction, qui pourrait aller de deux mois de prison à une amende de 3 000 euros, peut-elle être votée par deux hémicycles à majorité masculine ?

Rosen persiste et signe : « Grâce à internet, tout le monde peut trouver chaussure à son pied. Qu’on ne dise pas qu’il faut des filles de joie pour déniaiser les timides ! Vendre son corps est dans la majorité des cas une contrainte. On peut ne peut pas en sortir indemne ».

L’histoire de Rosen

C’est en avril 1946 que la loi Marthe Richard, conseillère municipale de Paris au passé sulfureux, est votée par le Gouvernement provisoire. Les maisons closes et de tolérance ferment, mais la prostitution ne s’arrête pas pour autant.
Rosen Hicher se souvient de ses débuts. En mars 1988, alors qu’elle travaille dans l’électronique, elle apprend qu’elle est licenciée. « Je me suis retrouvée avec mon mari, au chômage également, et mes trois enfants. Nous n’avions pas assez d’argent pour vivre et je ne suis pas du genre à mendier auprès des associations caritatives » dit-elle. Désemparée, elle regarde les petites annonces et décroche une place dans un bar à hôtesses. Les consignes de son futur « job » sont simples : inciter les hommes à « commander » et aller plus loin si affinités.

Rosen explique son choix : « j’avais trente ans. Je savais ce que je faisais. C’était purement alimentaire ». Les clients sont issus de tous les milieux, des fortunés qui pensent qu’ils peuvent tout acheter, à l’ouvrier modeste : « Le monde est vraiment dominé par le sexe et l’argent ».
Les années passent. Elle ouvre un salon de massage « pour avoir une vie stable et finir le soir à une certaine heure ». Mais les choses tournent mal : « Dans un deux pièces, vous êtes seule, à la merci de n’importe quel détraqué. J’ai été agressée et braquée. J’ai même été violée. Cela peut paraître drôle de la part d’une prostituée, mais c’est la même chose que pour une femme normale. On a peur du sida aussi. Il m’a sauté dessus. Il recherchait la violence avant tout ».

Rosen s’installe bientôt à Saintes où elle continue ses « activités » : « Mes enfants étaient au courant. Je ne leur ai jamais rien cachés ». Sa clientèle est plutôt composée de VRP et de personnes isolées. S’y ajoutent des cas moins classiques : « Certains voulaient être battus et payaient cher pour recevoir des coups ; d’autres se travestissaient et demandaient à être caressés comme des femmes ». Nous vous passons les détails !
« J’ai élevé mes enfants en travaillant avec mon corps » avoue-t-elle sans chercher à travestir la vérité.

Atteinte d’une maladie orpheline qui attaque les cartilages, la polychondrite chronique atrophiante, elle a décroché depuis deux ans et écrit un livre sur la prostitution. « Il faut se battre pour éviter à de nombreuses filles, venues  de l’étranger, mais aussi à de petites Françaises, collégiennes, lycéennes ou fugueuses, de se livrer à la prostitution sauvage et de croiser sur leur route la mafia du sexe. Souvent malades du sida, droguées, malmenées, elles ne sont qu’un pion sur un échiquier beaucoup plus vaste. Comment est blanchi l’argent de la prostitution et où va-t-il ? La question mérite d’être posée ».

Jusqu’à 3 000 euros d’amende ?

En décembre 2011, les députés ont adopté une proposition de résolution qui réaffirmait la position abolitionniste de la France, premier pas vers une possible pénalisation des clients. La mission d’information présentait toute une série de mesures dont un délit général de recours à la prostitution. Un travail de sensibilisation auprès des clients aurait été réalisé.
Le nouveau Gouvernement semble aller dans ce sens, François Hollande ayant déclaré : « le fait qu’un client ait le droit de disposer librement du corps d’une autre personne parce qu’il a payé est une atteinte aux droits humains ».

Le sujet est compliqué car il se heurte à la morale judéo-chrétienne qui l’entoure d’une fumée opaque. Fermant volontairement les yeux sur la souffrance des « péripatéticiennes », la société ne risque-t-elle pas de repousser le débat parce qu’il est dérangeant d’entrer dans les arcanes de l’âme humaine ? Pourtant, la prostitution, telle que nous la connaissons, s’organise dans de nombreux cas autour d’un vaste trafic humain proche de celui que les hommes et les femmes épris de liberté ont longtemps combattu, l’esclavage.

• Mouvement du Nid :
Créée dans les années 30 par le Père André-Marie Talvas, cette association milite pour une société sans prostitution. Elle est favorable à la pénalisation des clients.

• Rosen Hicher a écrit un premier livre « je suis une femme courageuse » suivi de « Rosen, une prostituée témoigne » aux éditions Bordessoules.

• 20 000 prostituées en France : Actuellement environ 20 000 personnes exercent en France le plus vieux métier du monde dont environ 85 % de femmes. En 1990, environ 20 % des femmes se prostituant dans l’espace public étaient de nationalité étrangère. Elles sont aujourd’hui près de 90 % venues notamment de Roumanie, Bulgarie, Nigeria et de Chine.

Parmi les invités de Mireille Dumas, Rosen la saintaise et Nathalie, qui se prostitue dans un village du Lot après avoir vécu à Saintes également. Elle témoigne à visage découvert parce qu’elle assume totalement son activité et milite pour créer des maisons du sexe, des lieux gérés directement par les prostituées, à la différence des maisons closes.

La schizophrénie,
parlons-en avec
le professeur Jean-Pierre Olié

   

Voyage au centre du cerveau

Originaire de l’Aveyron, il voulait devenir médecin généraliste « pour faire plaisir à sa famille ». Aujourd’hui, le professeur Jean-Pierre Olié est chef du service de psychiatrie à l’hôpital Sainte-Anne à Paris et professeur à la faculté de Médecine de l’Université Paris Descartes. Membre de l’Académie Nationale de Médecine, Président de la Fondation Pierre Deniker, 
ce spécialiste de la schizophrénie, invité dernièrement par le Rotary Club de Royan, répond à nos questions.


• Professeur Olié, quels symptômes permettent de diagnostiquer la schizophrénie ?
Le diagnostic se fait sur trois séries de symptômes qui apparaissent entre 17 ans et 30 ans. Ils peuvent être positifs, négatifs et de désorganisation. Les symptômes positifs sont des manifestations qui n’existent pas dans un comportement ordinaire comme les hallucinations, le délire, l’angoisse. Les symptômes négatifs sont, au contraire, des manifestations manquantes telles que le déficit émotionnel, la perte d’initiative, une indifférence affective, des difficultés de concentration et de motivation. S’y ajoutent la désorganisation comme l’incohérence des idées et du propos ainsi que des bizarreries.

• Quand le terme schizophrénie est-il apparu dans le langage médical ?
Au XIXe siècle, un psychiatre allemand, Kraepelin, a avancé la notion de démence précoce sur le plan intellectuel et affectif. En 1911, son élève Eugène Bleuler, également psychiatre, influencé par les idées de Freud, a proposé le terme « schizophrénie » parce qu’il conteste le côté inéluctable de la démence. Il avait observé que certains malades présentent, au fil du temps, une cicatrisation de leur maladie. Un tiers environ. Les manifestations se tranquillisent pour devenir moins évidentes. En conséquence, ces patients vont pouvoir retrouver des capacités d’autonomie et d’interaction avec leur environnement. Le terme schizophrénie, qui veut dire perte de l’unité psychique, est resté dans le vocabulaire.

• Quel est pourcentage de malades qui parvient à sortir la tête hors de l’eau ?
Entre 20 et 25 % des patients atteints de schizophrénie retrouvent des capacités pour vivre de manière normale dans la société. Ils ne présentent plus les symptômes qui avaient permis d’aboutir à un diagnostic.

• Est-ce lié à un traitement ?
C’est une grande question. J’aimerais répondre oui. Les traitements dont on dispose actuellement limitent le nombre de patients qui risquent d’évoluer vers la démence précoce décrite par Kreapelin. Ils réduisent leur pourcentage de 10 % à 15 %. En conséquence, grâce aux traitements médicamenteux, psychologiques, à la prise en charge sociale, entre 85 % et 90 % des patients ne seront déments précoces.
Seront-ils plus nombreux à être guéris, à retrouver une vie à peu près normale ? On remarque que plus de la moitié des patients atteints de schizophrénie oscillent entre phases d’apaisement et de rechute.

• Où en sont les traitements actuels ? Certains médicaments comme le Zyprexa sont apparemment décriés…
Le premier médicament efficace sur les symptômes de la schizophrénie a été découvert à Paris, à l’hôpital Saint-Anne en 1952. Il pouvait faire cesser les hallucinations, limiter la désorganisation.
Très vite, comme il avait des effets indésirables, on s’est demandé ce qui était le plus stigmatisant : était-ce la maladie ou les médicaments qui rendaient les malades raides, marchant à petits pas comme de personnes atteintes de la maladie de Parkinson ? Aujourd’hui, la nouvelle génération d’antipsychotiques ne présente plus ces inconvénients neurologiques.
Par contre, on a découvert qu’ils agissent sur l’équilibre métabolique de 25 % des patients environ. Prise de poids, augmentation de la graisse abdominale, diabète de type II…
Dans ce domaine, le médicament qui pose le plus de problème est en effet le Zyprexa.
D’autres médicaments possèdent moins cet effet métabolique. Ils sont prescrits selon les symptômes prédominants chez les malades.

Dans une société sans cesse plus stressante, le cerveau est soumis à rude épreuve. Peut-on être inquiet pour son équilibre ?
Pas du tout. De nos jours, les connaissances médicales n’ont jamais été aussi pointues dans ce domaine. L’imagerie cérébrale permet de voir quels sont les réseaux neuronaux qui conditionnent, qui portent nos émotions. J’ai vu la psychiatrie perdue dans une recherche de localisation anatomique des lésions, évoluer vers une compréhension des dysfonctionnements contemporains des souffrances.
Prenons par exemple le suicide. Les psychiatres savaient depuis toujours que les opiacés sont le meilleur traitement contre la dépression.
Quel lien savait-on faire entre le fait que la morphine soigne la douleur physique du cancéreux et la douleur psychique du déprimé ? L’imagerie nous montre que les faisceaux neuronaux qui portent la douleur psychique sont ceux qui portent la douleur physique.
Certaines maladies dépressives s’expriment par une douleur somatique. Comment réveille-t-on ces réseaux lors d’une IRM ? On place le patient dans la situation d’un jeu virtuel comprenant trois intervenants. Si les deux premiers joueurs se mettent à exclure le troisième, les faisceaux de la douleur psychique vont commencer à clignoter. L’exclusion sociale provoque la douleur, l’imagerie le démontre. Les technologies nous permettent de comprendre comment fonctionnent nos émotions.
À partir de cette connaissance, on saura développer des stratégies thérapeutiques, qu’elles soient médicamenteuses ou non. C’est la même chose pour la schizophrénie. Le cerveau d’une personne atteinte de cette maladie fait le même effort de productions d’ondes face à un même stimulus répété de manière rapproché.
À l’avenir, on parviendra à corriger le déficit de filtrage par des techniques chimiques ou de rééducation. Cette anomalie de filtrage existe chez 50 % des parents d’une personne atteinte de schizophrénie. Toutes ces pistes à explorer sont passionnantes.

• Les objectifs de la fondation Pierre Deniker sont la prévention, information et recherche sur les structures cérébrales, les facteurs génétiques, environnementaux et socio-économiques déterminant les comportements normaux et anormaux. Ce professeur de psychiatrie a effectué toute sa carrière à l’Hôpital Sainte-Anne et à la Faculté de médecine Cochin.

• Univers carcéral 
 La population carcérale  compte environ 20 % de schizophrènes. Ils ressortent en général non diagnostiqués et donc non soignés. D’où des récidives qui font malheureusement la une de l’actualité. « Un schizophrène n’a pas sa place dans une prison. Il est malade et doit recevoir des soins » estime le professeur Olié. L’appareil législatif a encore du travail sur la planche…

• Table ronde avec les professeurs Dubois, spécialiste d’Alzheimer, Jean-Pierre Olié, psychiatre et Jean-Didier Vincent, neuropsychiatre et neurobiologiste, invités par le Rotary Club de Royan.

Les professeurs Dubois, Olié et Vincent
Le professeur Jean Didier Vincent
Le dr Olivier Dubois, psychiatre à Saujon, l'un des organisateurs de cette soirée-débat avec les membres du Rotary Club de Royan

mardi 25 décembre 2012

Eurochestries 2012
en Charente-Maritime
Retour sur une belle édition


L'assemblée générale de l'Association Eurochestries Charente-Maritime se déroulera le samedi 9 février 2013 à la salle municipale de Saint-Germain de Lusignan.
Ce rendez-vous annuel est l'occasion, pour les membres de l'association, les bénévoles, les partenaires, les médias, les organisateurs de concert, les élus, de se rencontrer pour faire le bilan de l'année écoulée, d'établir les projections pour l'année à venir, et de partager un moment de convivialité en soutenant ce mouvement culturel en faveur de la jeunesse et du public local.

• Temps forts de l'été 2012 :

Concert d'ouverture des Eurochestries, début août 2012

 Vendredi dernier, l’église de Jonzac était quasiment trop petite pour accueillir le public venu assister au concert d’ouverture des Eurochestries. Certains curistes font d‘ailleurs coïncider leur venue à la station thermale avec les concerts des orchestres de jeunes en Haute Saintonge.

Le père Braud, curé de Jonzac

En présence de Monseigneur Housset, du père Emile Braud, curé de Jonzac, de Françoise et Jean-Claude Beaulieu, conseiller général, de membres du conseil municipal de Jonzac, Christel Brière, chargée de la culture, Madeleine Perrin, Josette Bouraud, Monique Doucet, Christian Balout et de Claude Révolte, président des Eurochestries, les formations accueillies pour cette édition 2012 ont démontré tout leur talent. Et que dire des chefs d’orchestre qui ont déployé une belle énergie !

 
 
 

Félicitations au chœur Ladya de Togliatti en Russie, aux jeunes solistes virtuoses français, au quatuor de clarinettes Omega de Rio de Janiero, à l’orchestre de chambre des jeunes de Moscou, à l’orchestre à cordes des jeunes de Laval au Québec, à l’orchestre national symphonique des jeunes de Turquie et au jeune orchestre symphonique de Soria en Espagne.
Ce fut une belle soirée sous le signe de ce langage universel qu’est la musique !

Un moment attendu !
Faisons connaissance avec les invités !
Les chefs d'orchestre à l'honneur


Début août, le concert d'ouverture donné en l'église de Jonzac
Des curistes parmi l'assistance
Toujours un nombreux public pour ces concerts !

• Lucienne Renaudin Vary,
la révélation

Le public l’a ovationnée lors du concert d’ouverture des Eurochestries. Trompettiste à 13 ans, Lucienne Renaudin Vary a suscité l’admiration autant que la curiosité.


Regard angélique, longs cheveux clairs, Lucienne Renaudin Vary est la révélation des Eurochestries 2012. Pourquoi  ? Parce qu’à treize ans, elle joue de la trompette comme les plus grands et Claude Révolte, en l’écoutant, avait la larme à l’œil. La valeur n’attend pas le nombre des années, dit-on.
C’est précisément vrai dans son cas, la trompette n’étant pas particulièrement facile pour la gent féminine puisqu’elle requiert du souffle ! Toutefois, ces dernières années, les femmes choisissent cet instrument. Pour preuve, au Québec, certaines occupent la place de « première trompette » dans les grands orchestres.
Lucienne habite Le  Mans. C’est là qu’elle va à l’école et suit des cours au Conservatoire. Quand elle était petite, elle a d’abord étudié le piano. « Cet instrument ne l’attirait pas vraiment » admet son père. Toutefois, il a été plutôt surpris quand elle a voulu s‘inscrire au cours de trompette «  qui manquait d’élèves  ». Lucienne était enthousiasmée par cette nouvelle perspective. Ses parents se sont donc laissé convaincre par ses arguments. C’est ainsi qu’elle a rejoint le cours de Philippe Lafitte avec qui elle a «  un très bon feeling  ».
La reconversion était judicieuse. Lucienne a fait des progrès rapides et reçu plusieurs distinctions, dont le prix Parnasse avec le célèbre Guy Touvron.

Comment a-t-elle connu les Eurochestries ? 

Repérée lors du concours des Petites Mains Symphoniques, elle a participé, en janvier dernier, au concert de la Fédération des festivals Eurochestries organisé en l’église des Billettes à Paris, dans le IVe arrondissement. Elle y a été sélectionnée avec d’autres camarades, dont Bo-Geun Park au violoncelle, Eva Mylles au piano qu’on a pu entendre à Jonzac avec le flûtiste Pierre Louis Foucault. Vendredi dernier, en l’église Saint-Gervais, elle a interprété l’Ave Maria de Schubert, œuvre chère au grand maître que fut Maurice André. Samedi au Casino, elle a choisi le concerto n° 1 de Vassily Brandt.

Dimanche prochain, à Jonzac, elle offrira au public « Le carnaval de Venise », accompagnée par un orchestre symphonique. Elle est très honorée de jouer en soliste ! Parmi ses projets, elle devrait participer au concours Casse-Noisette à Moscou et enregistrer, avec Guy Touvron, un hommage à Maurice André (désigné meilleur trompettiste au monde en 2006 par les Américains) pour les prochaines Victoires de la musique classique.


Quand on lui demande ce qu’elle veut faire plus tard, Lucienne répond «  trompettiste professionnelle  ». En Haute-Saintonge, nous aurons assisté à ses débuts. Une chance de voir naître une étoile !

À la rentrée, Lucienne rejoindra sagement sa classe de quatrième au collège… sans oublier son instrument préféré, la trompette.

• Louis Babin crée une œuvre
en hommage à Saint-Exupéry

Tous les ans, un compositeur offre une œuvre aux Eurochestries. Cette année, cette mission a été confiée au québécois Louis Babin.


Il a ce bel accent qui fait le charme de nos cousins d’Outre Atlantique. Louis Babin est arrivé à Jonzac voici quelques jours à l’occasion des Eurochestries, mais il connaît Claude Révolte depuis l’an dernier. En effet, ils ont un ami commun, Laurent Breton, directeur de l’Harmonie des Cascades de Beauport et président du festival Eurochestries au Québec.
Cette conjecture constituant un heureux hasard, Claude Révolte lui a confié une tâche des plus délicates : composer pour la Charente-Maritime une œuvre spéciale 2012 en hommage à Saint-Exupéry. En acceptant, l’intéressé a pris l’affaire à cœur.

Très professionnel, cet homme, qui connaît tous les répertoires (musiques actuelles, jazz, classique), a travaillé aussi bien pour le cinéma, le théâtre, les enregistrements (concert, chanson et télévision).
Après 40 ans comme trompettiste au sein des plus grandes formations, il a raccroché pour se consacrer entièrement à la composition. « Quand on m’a parlé de Saint-Exupéry, j’ai tout de suite été séduit par cette proposition. Je me suis plongé dans les ouvrages qu’il a écrits, en me penchant sur sa personnalité pour mieux apprendre à le connaître ».

Pendant des semaines, il s‘est investi dans ce travail jusqu’à trouver la manière exacte dont il allait l’organiser. Puriste, Louis Babin n’aime pas l’approximation.
Le premier mouvement sera consacré au pilote, le second à la philosophie du Petit Prince et le troisième à la marche des hommes. Du langage morse, que l’on devinera en introduction, aux « dunes musicantes » du désert incarnées par un instrument rare, le rhombe, des cuivres aux cordes, Louis Babin a mis en musique la vie (trop brève) de Saint-Exupéry qui incarne les valeurs humanistes de l’amitié et du partage.

L’œuvre sera jouée par deux orchestres de 110 musiciens de différentes nationalités, Québécois, Russes, Turcs, Espagnols et Brésiliens, dimanche 12 août à Jonzac et le lendemain 13 août à Pons. L’œuvre s‘intitule « Saint-Exupéry, de cœur, de sable et d‘étoiles » ; les trois mouvements « Vol de vie, Les adieux du Petit Prince et La marche des hommes ». « C’est grâce à Anne Bernard et à Eric Moreau que nous avons obtenu l’accord de la famille de Saint-Exupéry. Je les en remercie » souligne Claude Révolte.
Antoine de Saint-Exupéry, qui a fait halte à Jonzac durant la Seconde Guerre Mondiale, y reviendra de façon magistrale grâce à cette composition qui murmurera toute la tendresse du monde à l’oreille des jeunes virtuoses…

Aux côtés de Lucienne Renaudin Vary, trompettiste, Louis Babin, compositeur, Claude Révolte, président des Eurochestries, Stéphanie Wolski, attachée de presse et le groupe de Krasnoïarsk en Russie. Louis Babin a longtemps joué de la trompette et du violon alto.

• Concert de clôture des Eurochestries (août 2012)

L’émotion
de Philippe de Saint-Exupéry

On se souviendra des Eurochestries 2012. Le public, en effet, a assisté à la naissance d’une œuvre composée par le québécois Louis Babin en hommage à Antoine de Saint-Exupéry.

Louis Babin, ému de présenter son hommage à Saint-Exupéry.
 Il y avait foule aux deux concerts de clôture des Eurochestries, dimanche à Jonzac et le lendemain à Pons. Autour de leur président Claude Révolte, les nombreux bénévoles, qui participent à l’organisation de ces rencontres de jeunes, avaient le sourire. L’enjeu est de taille, mais le succès que remportent les concerts, leur donne du baume au cœur. D’ailleurs, comme des graines, les Eurochestries grandissent de par le monde puisque l’idée a été reprise au Québec et en Russie. La Turquie est également intéressée.

Le principe est basé sur une action humaniste. Il s’agit de réunir des orchestres de jeunes musiciens qui partagent les mêmes valeurs d’amitié. S’ils sont fiers de représenter leurs pays respectifs lors des différentes prestations, ils se réunissent ensuite pour jouer l’œuvre spéciale créée par un compositeur.
L’édition 2012 a rendu hommage à Antoine de Saint-Exupéry. En effet, il se trouve que le célèbre écrivain s’est arrêté à Jonzac en 1940, avant de rejoindre Bordeaux, puis l’Afrique du Nord. Il y aurait dormi deux nuits, au 29 de la rue Ruibet Gatineau. En 2010, la capitale de la Haute-Saintonge en a fait un événement en organisant des manifestations qui avaient, pour marraine, la spationaute Claude Haigneré. Aux côtés du sénateur maire de Jonzac, Claude Belot, et d’Eric Moreau, on notait la présence de Philippe de Saint-Exupéry. 

La marche des hommes

Dimanche soir à Jonzac, le vice-président de la Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la jeunesse était à nouveau présent pour découvrir l’œuvre que Louis Babin a consacrée à son parent. « Il avait tenu à être présent à Jonzac pour la présentation officielle » confie Eric Moreau. Il arrivait de quitter Hong Kong où l’association soutient une école de musique destinée aux enfants des rues, financée par un homme d‘affaires. Touché par la démarche des Eurochestries, il était très ému, dit-on.

Les jeunes musiciens, réunis en deux orchestres, ont interprété l’œuvre de Louis Babin avec une joie communicative. Qu’ils soient Québécois, Russes, Turcs, Espagnols, Brésiliens ou Français, ils étaient à l’unisson ! « Saint-Exupéry, de cœur, de sable et d‘étoiles » se compose de trois mouvements « Vol de vie, Les adieux du Petit Prince et La marche des hommes ». Louis Babin a marché dans les pas de Saint-Exupéry, associant aux grands événements de son existence des instruments parfois inattendus, dont le rhombe qui symbolise les ailes de l’avion. Le travail de recherche du compositeur lui a permis d’avancer au rythme de cet écrivain, formidable pilote, qui conjuguait de nombreuses cordes à son arc. Une vie trop vite interrompue, mais si riche qu’elle est encore présente, par l’écriture en particulier. Le Petit Prince est entré dans l’éternité !

Claude Révolte dirige l’orchestre de jeunes avec une fougue qui ne l’a jamais quitté.
Les concerts de Jonzac et Pons ont constitué deux soirées inoubliables par le talent des musiciens et les valeurs transmises, ouverture sur le monde et fraternité. Les jeunes ont vécu une expérience intéressante tant sur le plan humain que professionnel. Quant aux organisateurs, dont Claude Révolte, ils savent que le chemin, même escarpé, mérite d’être accompli.

  Séquence émotion avec la trompettiste Lucienne Renaudin Vary qui a joué Le Carnaval de Venise. 
Agée de 13 ans, elle a épaté la galerie…
Les jeunes dirigés par le chef de l’orchestre turc.
Un nombreux public !

Rétrospective 2012/Photos Nicole Bertin