samedi 30 août 2008

Les pérégrinations de Saintongeais en Chine

Dans le cadre de l’exposition photographique présentée au donjon de Pons, une conférence était organisée par Christian Violeau, directeur de l’Office de Tourisme. Le thème était une réflexion sur la Chine à partir du regard croisé de Saintongeais. « Quand la Chine se réveillera, le monde tremblera » écrivait Alain Peyrefitte, homme politique et écrivain, dans les années 1970.
Avait-il raison ?...


La Chine, le sujet est d’actualité ! Avec les Jeux olympiques où il a décroché une moisson de médailles, l’Empire du Milieu défraie la chronique et son développement économique commence à affoler le monde. En contact avec ce pays où ils ont rencontré une autre culture, des Saintongeais y ont vécu des expériences intéressantes. « Dans bien des domaines, le choc fut réel » disent-ils.
Vendredi, ils ont apporté leurs témoignages. Parmi eux, on notait la présence de Christian Furet, responsable d’une société française à Shanghai durant plusieurs années, Jean-Michel Naud, patron de la Distillerie de la Tour, spécialisée dans les vins et spiritueux et Xavier de Roux, avocat international qui créa, alors qu’il dirigeait le cabinet Gide, des bureaux à Pékin, Shanghai et Hong Kong pour conseiller les investisseurs étrangers. Ingénieur général du Génie Rural, Georges Morin a effectué, quant à lui, plusieurs missions en Chine. Séduit, il y est retourné comme touriste.

La volonté de réussir

De ces échanges, on retiendra la spécificité de la Chine - ses habitants se voient au centre du monde - et la difficulté pour les "nobles étrangers" de s’installer dans ce pays qui garde de mauvais souvenirs des époques néocoloniales, illustrées notamment par les guerres de l’opium menées à la fin du XIXe siècle par l’Angleterre et les puissances occidentales et, plus récemment, par la longue et cruelle occupation japonaise.


Ceci étant, tous les intervenants soulignèrent la réactivité, la haute technologie, le goût du travail et la volonté de s’enrichir du peuple chinois dont la croissance - avec un 1.3000.000 habitants - est de nature à tirer l’économie mondiale et aussi, probablement, à la dominer dans un avenir proche. « Je me souviens avoir interdit à mes salariés de travailler plus » : cette remarque de
Christian Furet dénote le courage des Chinois à améliorer leur quotidien. Comme les Occidentaux, ils veulent acquérir une voiture (le cinquième périphérique de Pékin est en construction) et s’offrir des plaisirs bien mérités. Ils sont vaillants, créatifs et possèdent un sens inné du commerce. « En affaires, ils attendent nos capitaux. Pour établir un marché, le seul problème est de les convaincre. Il faut parfois plusieurs années avant d’obtenir une réponse positive » constate Jean Michel Naud qui s’est heurté à des lenteurs administratives.

En voulant transformer la Chine en usine du monde et en y délocalisant ses outils de production pour obtenir une main d’œuvre bon marché, les entreprises occidentales ont probablement commis une grande erreur puisque cette situation s’est traduite par des transferts massifs de technologie. Les Chinois, qui ont le sens de l’observation, n’y ont pas perdu au change ! Par ailleurs, l’augmentation des salaires et du niveau de vie chinois rend de plus en plus illusoire une production à bas prix. Les sociétés capitalistes au-raient-elles acheté la corde pour se pendre ?...

Occidentaux - Chinois : d’évidentes différences

Parmi les autres sujets évoqués, celui des particularismes musulmans en Chine suscita un débat animé. Théoriquement, les minorités sont protégées. D’ailleurs, Georges Morin rappela qu’elles figurent sur le drapeau chinois et même sur les billets de banque. En France, on n’a jamais vu les couleurs de la Bretagne ou du Languedoc troubler l’habituel trio bleu blanc rouge ! Si les minorités sont une composante de la Chine, elles posent néanmoins des problèmes. Ainsi, les Houïgours dont le mouvement de contestation a été sévèrement réprimé voici quelques années.

Anne Darling parla surtout de l’autre minorité musulmane, les Hui, où naissent plus d’enfants que ne le tolère la loi (un seul enfant par famille est autorisé par le gouvernement). Les parents les font sortir du système social en évitant de les déclarer. Ainsi, ils ne paient pas d’impôt supplémentaire C’est pourquoi des femmes imams, c’est-à-dire des clercs musulmans, enseignent de façon privée tous ces jeunes dépourvus d’identité.
Enfin, Jean Guillame Kerrinckx présenta une comparaison très intéressante faite par un artiste chinois. La façon dont les Chinois se représentent les Occidentaux est intéressante. Amusantes, ces visions croisées entre Europe et Extrême-Orient démontrent nos évidentes différences, de l’heure où nous prenons notre douche à la façon d’élever les enfants ou de faire la tête quand il pleut ! Il poursuivit par des anecdotes avec la bonne humeur qui le caractérise.
Ce fut donc une soirée riche et réussie avec, jasmin sur la tasse de thé, une bonne participation du public qui posa de nombreuses questions.

Infos en plus

• Que veulent dire les étoiles sur le drapeau chinois ?

La version officielle : Le drapeau national de la République populaire de Chine est un drapeau rouge qui porte en haut à gauche cinq étoiles jaunes : une grande et quatre petites. Les cinq étoiles symbolisent la grande union du peuple entier (les petites étoiles), autour du Parti communiste chinois, la grande étoile. Le rouge est le symbole de la révolution et le jaune, celui de la lumière inondant le territoire chinois.
D’autres sources moins officielles présentent aussi leur version : La couleur rouge du drapeau est la couleur traditionnelle de la révolution. La grosse étoile dorée représente "le Programme commun du Parti communiste" et les petites étoiles dorées les quatre classes unies par le programme commun : les travailleurs, les paysans, la petite bourgeoisie ou plus classiquement les capitalistes patriotes
On trouve une autre interprétation qui se rapporte à la période de la fondation de la République de Chine par Sun Yat-sen (1911) : la grande étoile représenterait la population majoritaire, les Hans (l’ethnie chinoise à proprement parler), les quatre petites, les quatre principales minorités à l’époque : Mandchous, Tibétains, Mongols et aujourd’hui les minorités ethniques en général.

• Au sujet de l’environnement : Christian Furet n’est pas pessimiste à ce sujet : "quand les Chinois décident quelque chose, ils le font » souligne-t-il. Autrement dit, s’ils se mettent au vert, ils respecteront leurs engagements. Ainsi, pour les JO, ils ont délocalisé en peu de temps une grosse aciérie proche de Pékin. Par ailleurs, connaissez-vous un autre pays où l’on place les arbres malades sous perfusion ?..."

• Au Tibet : Voilà un sujet qui mériterait d’être largement débattu. Georges Morin maîtrise bien la question et son point de vue ne va pas forcément dans le courant de la pensée unique française actuelle...


Photo 1 : Anne Darling, photographe, a réalisé plusieurs reportages sur les minorités musulmanes du Ningxia dont l’un consacré aux femmes imams. Étudiant, le jonzacais Jean Guillaume Kerrynx a passé, quant à lui, plusieurs mois dans des universités chinoises. Il en a rapporté moult souvenirs, des drôles (ses observations sur les coutumes locales) et des moins drôles (les écoutes téléphoniques en particulier).Photo 4 : Jean-Michel Naud, directeur de la distillerie de la Tour.

Photo 2 : Un public peu nombreux, mais de qualité !

Photo 3 : Christian Furet a travaillé à Shanghai.

Photo 4 : Jean-Michel Naud, directeur de la distillerie de la Tour.

Photo 5 : À gauche Christian Violeau, président de l’Office de Tourime.

La Momie au cinéma :
L’empereur Dragon réveille
l’armée enterrée !

Qin Shi Huang, cet empereur chinois qui fit reproduire son armée en terre cuite au troisième siècle avant notre ère, ne pouvait qu’inspirer un film. D’ailleurs, il est étonnant qu’aucun concepteur de jeu vidéo ne se soit emparé de sa prodigieuse histoire.
Fédérateur des états combattants, ce précurseur de la Chine fit réunir les tronçons de la Muraille et modernisa son territoire en unifiant la langue. En contrepartie, totalement mégalomane, il brûla tous les livres qui n’allaient pas dans son sens, fit trucider leurs auteurs ainsi que ceux qui s’opposaient à sa volonté. Seule la mort lui faisait peur. Sa quête de l’immortalité devint une telle obsession qu’il fit construire un mausolée à la grandeur de sa vanité et reproduire ses soldats (qu’ils ne pouvaient pas immoler) pour l’accompagner dans l’au delà. Il fit également appel à des sorciers afin de trouver l’élixir de vie, mais il succomba, victime de perles de cinabre dit-on. C’est précisément la facette ésotérique de l’empereur Dragon qui a inspiré le réalisateur américain Rob Cohen.


La nouvelle momie n’est autre que celle de Quin Shi Huang que découvre, aux environs de Xi’an, un archéologue, fils du célèbre couple O’Connell. Le char royal est dégagé et présenté au musée de Shanghai. Grâce à un curieux œuf, la statue de Qin Shi Huang, pétrifié par une magicienne, reprend vie.
La course dans les rues entre la momie ressuscitée et la famille d’agents secrets est assez prodigieuse, sur fond pétaradant de feux d’artifice multiples et variés. S’y ajoutent des militaires qui rappellent les nazis et veulent pour chef l’ancien Empereur, le seul qui puisse rétablir l’ordre.
Bref, on tombe dans le schéma classique, la lutte du bien contre le mal et qui sait, en filigrane, la volonté affichée des USA de s’imposer sur l’Empire du Milieu. Les scènes sont musclées et le miracle ne vient pas de l’apparition de yétis, ni la victoire des O’Connell, mais de la façon dont ils sortent impeccables de tous les assauts, sans chevelure en bataille, ni teint défait : L’Oréal, parce qu’ils le valent bien ? Ceci étant, les effets spéciaux sont réussis et le réveil de l’armée enterrée est émouvant pour ceux qui apprécient ces statues d’un autre âge. Le happy end est facilement prévisible puisque le vilain dragon retourne aux enfers dont il n’aurait jamais dû sortir. Pendant ce temps-là, les vainqueurs se retrouvent autour d’une danse, se bécotant.
Après l’Égypte et la Chine, le prochain film de la Momie devrait se dérouler en Amérique du sud, si l’on a bien compris le message final. Au Pérou, plus exactement.
Film à voir en famille en évitant les jeunes enfants car les Américains ont une approche de la violence qui n’est pas forcément la nôtre...

Emmanuel de Roux n’est plus


Dimanche après-midi, l’annonce de sa mort à Paris est tombée comme un couperet. Âgé de 64 ans, Emmanuel de Roux venait de succomber à une inexorable maladie, quelques mois après son épouse Catherine. Sa disparition a vivement ému les milieux journalistiques. Au Monde où il a travaillé durant de nombreuses années, son talent était unanimement apprécié. Spécialisé dans les domaines de la culture et du patrimoine, il était aussi l’auteur d’ouvrages dont "Razzia sur l’art" paru chez Fayard. C’était un esprit intelligent, curieux et ouvert. Retraité depuis peu, Il avait de nombreux projets. Il ne pourra malheureusement les concrétiser, le sort en a décidé autrement...
La Haute Saintonge adresse ses très sincères condoléances à sa fille Ariane et à l’ensemble de la parenté, dont son frère Xavier de Roux, maire de Chaniers.

L’adieu à Damien Buil, l’enfant du pays


Samedi après-midi, une foule émue a dit adieu à l’enfant du pays, Damien Buil, mort en Afghanistan la semaine dernière. Cette disparition nous place face à une réalité douloureuse : les militaires ont pour première mission de défendre leur pays, au risque d’y perdre la vie...



Il avait 31 ans et la vie devant lui. Dans quelques mois, il attendait la venue de son deuxième enfant, un petit garçon. Il avait choisi l’armée par conviction, avec l’engagement sincère de servir son pays.
Damien Buil, membre du 8e RPIMA de Castres, n’ignorait rien des réalités du monde, ni de ces foyers ardents où les esprits s’enflamment. L’Irak, les Balkans, l’Afrique, l’Afghanistan, Israël : la télévision en parle régulièrement. C’est précisément en Afghanistan, où les forces de l’Otan maintiennent des contingents, qu’il a trouvé la mort la semaine dernière avec neuf autres soldats.
La guerre, là-bas, n’est jamais frontale. Les attaques y sont rapides et souvent fatales. On appelle ça la guérilla.
Aujourd’hui, les circonstances de cette embuscade, qui s’est produite dans le désert à 80 kilomètres de Kaboul, font l’objet de commentaires. Les témoins soulignent en effet l’arrivée tardive des renforts, obligeant les soldats à rester près de quatre heures sous le feu de l’ennemi, lance roquettes et armes automatiques. Pire, les forces alliées venues les secourir « auraient raté leur cible et touché des Français ».


« C’était une mission impossible. Il faudrait faire appel à des hommes expérimentés » a déclaré le père d’une des victimes. Son fils n’avait que vingt ans. De tels événements nous ramènent en arrière, durant la première guerre mondiale. Le gouvernement d’alors envoyait dans les tranchées des hommes, jeunes bien souvent, qui ne partageaient guère les subtilités de leurs gouvernants. Si les poilus, dont les noms figurent sur les monuments aux morts, avaient la possibilité de s’exprimer, ils auraient sans doute des vérités à dire. Quand la guerre est finie, il est aisé de prétendre que les hommes sont morts en héros quand les responsables du gâchis, lâches et inconséquents, sont en vie et continuent à tirer les ficelles. La patrie est bonne fille !
Samedi dernier, c’est donc toute une région qui a rendu hommage à Damien Buil en l’église de Saint Aigulin, trop petite en la circonstance. La foule - militaires, élus, amis, simples habitants - est venue lui dire un adieu empli de chagrin et de compassion. Hommes et femmes recueillis se sont associés au deuil d’Aurore, l’épouse de Damien et de sa famille. « Nous sommes tous égaux devant la mort » : durant la messe funèbre, le père Delage a rappelé la fragilité de la condition humaine en délivrant un message d’espérance à des cœurs si meurtris.

Un pipeline en Afghanistan ?

Cette disparition a fait l’effet d’un électrochoc parce qu’elle nous place face à la réalité. En effet, dans une France en paix qui prépare la rentrée, les citoyens réalisent difficilement que des soldats peuvent succomber lors d’affrontements. Bien sûr, ils suivent l’actualité dans les médias. Toutefois, les endroits chauds de la planète semblent si éloignés de leurs préoccupations quotidiennes. Comme s’ils ne les concernaient pas... C’est peut-être l’erreur qu’il ne faut pas commettre : oublier que nous appartenons à un seul et même monde et que les nations ont des liens entre elles. Les Américains l’ont compris un certain 11 septembre...
Au sein de l’Otan, la France remplit ses devoirs de pays allié des Etats-Unis en envoyant des corps expéditionnaires en Afghanistan.


On peut certes contester ce choix : « Que vient faire la France dans la galère afghane ? » lancent de nombreux observateurs. En y regardant de plus près, la situation n’est pas d’une clarté évidente. Selon les spécialistes, les attaques que nous subissons sont celles de talibans financés par l’argent de la drogue. Formés au Pakistan, ils sont issus des réseaux de Ben Laden. Si ce dernier a été aidé par les USA pour contrer l’invasion russe en Afghanistan dans les années 1980, ses relations avec l’Amérique se sont détériorées. Et pour cause, Ben Laden est devenu l’ennemi public numéro un au pays de l’oncle Sam. La présence toute proche du Pakistan, état qui possède l’arme nucléaire, est un autre problème. Par ailleurs, la présence indienne en Afghanistan inquiète le Pakistan qui, craignant l’encerclement, soutient les talibans pour cette raison. Et si l’on ajoute à cette situation le projet des USA de faire passer un pipeline (gaz et pétrole) en Afghanistan venant la mer Caspienne, vous comprendrez pourquoi les Américains ont tout intérêt à contrôler la région (les Européens aussi car ils ont besoin d’énergie)...

650.000 morts en Irak ?

Aujourd’hui, la position militaire des États-Unis dans le monde est de plus en plus controversée. Certes, en filigrane, l’énergie semble la roue motrice de leurs interventions. Nombreux pensent que leur présence en Irak tient plus au pétrole qu’à la recherche d’armes de destruction massive.
Dans le Lancet, l’honorable revue médicale, l’épidémiologue Les Roberts vient de publier les résultats d’une enquête sur la mortalité en Irak. Il n’y va pas par quatre chemins : depuis le début des hostilités, ce conflit aurait déjà tué 650.000 personnes. 90 % de ces décès seraient dus « à la violence, tirs d’armes et explosions, engins piégés en particulier ».


Les autorités proches de Georges W. Bush ont démenti ce chiffre qu’il estime inférieur (source : icasualtis.org). Pour lui, l’intervention US est "bonne" : en utilisant ce qualificatif, il lave sa conscience de tout remords. Depuis 2003, plus de 4000 soldats américains ont été tués en Irak tandis que 30.000 ont été blessés, dont certains resteront infirmes ou mutilés (pour mémoire, la guerre au Vietnam a provoqué la mort de 58.000 Américains).
Même si "le président pleure chacune des vies perdues", cela n’altère en rien son point de vue, ni la perspective des prochaines élections présidentielles : "cette guerre pourrait avoir un impact psychologique sur le public, mais il s’agit d’une de ces tragédies qui peuvent se produire dans le monde". Il pourrait ajouter, s’il avait le talent épistolaire de Choderlos de Laclos dans la dernière lettre "des liaisons dangereuses" , "ce n’est pas ma faute". Réintroduire un islamisme conservateur en Irak avec les Chiites n’est sûrement pas la meilleure façon de faire cesser le terrorisme...
En France, le climat n’est guère plus serein. "Pourquoi nos soldats meurent-ils à 6000 kilomètres de la France?" s’interroge la presse nationale. Vu l’engouement actuel pour le Dalaï Lama, on se demande si le gouvernement ne s’apprête pas à envoyer des phalanges au Tibet. À la télévision, les décisions de Ministre de la Défense Hervé Morin ont été sévèrement critiquées.
Les militaires tués à l’étranger sont souvent les innocentes victimes d’intérêts non avoués. Aujourd’hui, toute la question est de savoir si les Américains - à qui nous devons de ne pas être une province allemande - veulent allumer une nouvelle guerre froide, sur le front de l’énergie, en ravivant des braises ardentes avec la Russie et l’Orient compliqué.


À moins que l’esprit américain de la Seconde guerre mondiale ne soit qu’un lointain souvenir, la nouvelle génération se prenant pour Rambo, maître du monde.
On sait malheureusement ce qu’il advint de la grande et glorieuse Rome antique. L’histoire devrait toujours servir de leçon et sur le terrain, le jeu n’est pas virtuel...

Précisions :

• Des témoignages très émouvants : Jean-François Buil, son père, et Marc, son frère, ont donné lecture d’une lettre de Damien arrivée après sa mort. Damien y exprime ses impressions face à ce pays qu’est l’Afghanistan : « ici c’est la pauvreté, la poussière, pas d’eau, pas d’électricité, les femmes se cachent, seuls les enfants viennent à nous. On a de bonnes relations, alors que les Américains, de vrais "cow-boys", ne sont pas aimés. On a une fête prévue avec les chefs de villages, des anciens du commandant Massoud. Pour l’instant, il n’y a pas eu de clash. Pourvu que ça dure »…

• Drogue en Afghanistan : ce pays est le premier producteur d’opium au monde (92 %). De nombreux paysans y vivent de la culture du pavot. La presse russe prétend que s’y trouvent 50 laboratoires fabriquant de l’héroïne.


Photos 1, 2 et 3 : Les obsèques étaient célébrées par le Père Delage. Citant le prophète Esaïe, il délivra un message d’espérance aux proches de Damien : « Un jour viendra où le Seigneur essuiera les larmes de tous les visages ».

Photo 4 : Les maires du Sud-Saintonge ont rendu hommage au soldat disparu.

Photos 5, 6 et 7 : Parmi la foule recueillie, les élus dont Dominique Bussereau, président du Conseil Général.

N.B : LA REPRODUCTION DE CES PHOTOS EST INTERDITE.

La Cagouille a des liaisons dangereuses



Cette année, la Cagouille d’été, association que préside Franck Pilloton aux côtés d’Hervé de Béchade, s’est tenue au château de la Roche Courbon. Accueillis par les propriétaires, Marie Jeanne et Jacques Badois, les nombreux convives étaient heureux de se retrouver en Saintonge autour d’un excellent déjeuner et d’écouter les histoires amusantes, en patois s’il vous plaît, de Jacques Audouin.


Dans l’après-midi, Marie Dominique Montel, directrice de l’Académie de Saintonge, anima une conférence. Avec talent, elle mit en scène le célèbre Choderlos de Laclos. En poste à l’Île d’Aix, il participa à la construction d’un fort en bois décidé par Montalembert.
Durant cette période, il écrivit les fameuses « liaisons dangereuses » qui ont été portées plusieurs fois à l’écran. Ces lettres firent grand bruit à l’époque puisque les personnages n’y étaient pas des saints ! De qui Choderlos s’est-il inspiré ? Sans doute du chevalier Saint George, ce musicien qui fascine le journaliste Alain Guédé. Ce beau métis, en effet, a conquis bien des cœurs. Quant à Mme de Merteuil, plusieurs noms ont été avancés. Le mystère demeure.
Les convives, dont la particularité est d’avoir des attaches dans la capitale et en Charente-Maritime, ont apprécié cette agréable évasion "libertine", de même que les membres de la Saintonge littéraire dont le jury décerne, chaque année, des prix aux meilleurs écrits.


Photo 1 : Un sympathique déjeuner sous le signe de la Cagouille !

Photo 2 : Franck Pilloton et Jacques Audouin.

Photo 3 : Parmi les membres de la Cagouille, le député maire de Royan, Didier Quentin aux côtés de Marie-Dominique Montel, directrice de l’Académie de Saintonge et de Marine Hedelin, propriétaire avec son époux Jean-Louis, du château de Dampierre.
La Cagouille réunit des personnes qui ont des liens avec la Charente Maritime et Paris en raison de leur vie professionnelle. Les nouveaux membres sont MMM. Morin, de Larquier et Mouton. Dernièrement, elle s’est rapprochée de la Saintonge Littéraire que préside M. de Larquier.

Deux nouvelles candidatures : Philippe Most et Bruno Albert


C’est maintenant certain, l’ancien maire de Royan, Philippe Most, se présente aux Sénatoriales du 21 septembre prochain avec pour suppléant l’ancien maire de Montlieu, Bruno Albert. Voilà qui va mettre de l’animation dans cette élection qui connaît déjà une belle agitation. Il n’est pas sûr que Claude Belot et Michel Doublet apprécient ces nouveaux venus issus, comme eux, des rangs de la droite...

Bruno Albert nous prie d’insérer :

« Le 21 septembre, la Charente Maritime procédera au renouvellement de ses sénateurs. Parmi eux, Jean-Guy Branger va nous manquer car il a porté avec fierté cette fibre sociale et gaulliste qui a toujours guidé son action. Son départ crée un vide. Le temps de la relève est venu.
Juriste, fort d’une expérience d’élu local de treize années, cadre supérieur de l’État, enrichi de nombreuses expériences professionnelles au profit des structures intermédiaires : intercommunalité, Département, Région etc., je ne trouve, parmi les candidatures annoncées, aucun reflet significatif de la volonté de rupture et de renouvellement voulue par le chef de l’État. En effet, il existe un pacte républicain entre le peuple et Nicolas Sarkozy dont je souhaite le succès et qui doit voir son plein épanouissement en Charente Maritime.
Au lieu de cela, l’image du Sénat, Haute Assemblée de la République, risque de conserver chez nous l’image d’un lieu de rencontres d’hommes, certes d’expérience, mais dont précisément la longueur de l’expérience éloignent des préoccupations des générations montantes. Beaucoup de sénateurs, en situation de cumul inadapté au temps présent, devraient se consacrer à leur fonction essentielle de législateur. Or, pour légiférer, à mes yeux, il faut être libre de trop de contingences, de trop d’influences, de trop d’oukases au quotidien. Ce département mérite mieux.
C’est pourquoi, pour avoir observé avec intérêt la démarche du docteur Philippe Most, spécialement dans le domaine du développement durable sous le volet qui concerne prioritairement nos communes, j’ai décidé de faire équipe avec lui.
En quoi puis-je, à ses côtés, être utile aux maires et aux territoires ? La plupart des élus, et, notamment dans le milieu rural, connaissent mon engagement au profit de la présence des services de l’État : Gendarmerie, Poste, Trésorerie dont j’ai pu maintenir la présence à Montlieu La Garde.
Nombreux connaissent mon action au profit de l’esprit de défense, le lien entre la nation et ses armées, le devoir de mémoire au pied de nos monuments. Au fond, l’union de toute la nation française.
L’élection de Dominique Bussereau à la présidence du Conseil Général n’est qu’un signe annonciateur du renouvellement du paysage politique charentais maritime. Il faut passer un nouveau cap encore plus significatif.
Le renouvellement sénatorial nous en fournit l’occasion. Ne la manquons pas ».

Galerie d’art la Bribaudonnière Les couleurs de F. Capperucci



Actuellement, la galerie d’art à la campagne de Renata et Giancarlo Vedana accueille Filippo Capperucci, un peintre venant de Toscane. Cette région, on la retrouve dans les tableaux qu’il a présentés jeudi dernier à Saint Palais de Phiolin.
Lors du vernissage, Filippo a expliqué sa façon de travailler et d’imaginer un ailleurs gravitant autour d’une palette inédite. Sa joie est de peupler ses toiles de l’ambiance des songes : camaïeux, déclinaisons aux allures de vitrail, assemblages "mosaïque" jonchés d’étoiles. Les harmonies obtenues sont inattendues, mais ô combien intéressantes. Les villes deviennent bleues, les dômes ressemblent à des collines et se perdent dans la lueur des rêves.
Vedettes d’une partition en technicolor, les oiseaux sont habillés de plumages que subliment les ramages environnants. Quant aux animaux de la jungle, l’artiste ne les a pas traqués en Afrique. Ils sont nés du pinceau: rhinocéros en deux versions, éléphant triomphant de sa trompe barrissant ou encore panthère mystérieuse, regardant le visiteur par les mille et une taches de son pelage.
En invitant cet artiste sympathique et attachant en Saintonge, Giancarlo et son épouse Renata ne se sont pas trompés. Cette exposition a ravi le public. Elle est à découvrir jusqu’au 7 septembre.

• Exposition ouverte jusqu’au 7 septembre, à la Bribaudonnière, Saint Palais de Phiolin, tous les après-midi de 14 h 30 à 19 h.
Pour s’y rendre, prendre la direction de Pons après être sorti de Saint Genis. Tourner à gauche. Après quelques virages dans la campagne, vous apercevrez ( à droite) la grille de la Bribaudonnière.
Téléphone : 05-46-49-02-91.




Photo 1 : L’artiste, R. et G. Vedena aux côtés du Consul d’Italie à Bordeaux. Né à Paris d’une mère française et d’un père italien, Filippo Capperucci vit à Poggibonsi, une ville de Toscane située près Sienne. La particularité de son travail réside en l’approche des couleurs.
Dans la soirée, après le vernissage, Renata, membre de l’Académie italienne de cuisine, et sa sœur Anna avaient préparé d’excellentes spécialités.

Photo 2 : Renata et Giancarlo Vedena.

Photos 3 et 4 : Un nombreux public au vernissage.

samedi 23 août 2008

Chine : quand la reine Victoria
régnait sur l’opium...

Fut une époque où le trafic de l'opium était si lucratif que les Britanniques, devenus maîtres de ce marché, n'hésitèrent pas - avec la bénédiction de la reine Victoria - à attaquer les Chinois pour conserver leur monopole que l'Empereur avait contesté. D'où la première guerre de l'opium. A leurs côtés, Les Français prirent part au second conflit qui détruisit le Palais d'Eté, l'un des fleurons architecturaux de Pékin...


L'histoire commence au XVIIe siècle quand les Chinois, qui utilisent l'opium comme analgésique, réalisent que cette substance offre d'autres possibilités. Ils se fournissent alors auprès des Portugais qui s'approvisionnent en Inde.
Au début, les échanges sont "modestes".
Les Britanniques - qu’on a baptisés « les plus grands marchands de la planète » - se lancent à leur tour dans ce juteux commerce.
En 1757, la Compagnie les Indes acquiert des droits de culture de l'opium au Bengale, puis au Bihar. Il ne reste plus qu'à écouler le produit, c'est-à-dire à organiser le marché. Il se développe rapidement. Au début du XIXe siècle, ils vendent plus de 40.000 caisses aux Chinois et exigent d'être payés en lingots d'argent. Au fil des années, la balance commerciale penche en faveur de l'Empire britannique.
En Chine, ce trafic a des conséquences néfastes avec la corruption des fonctionnaires et surtout les dégâts que provoque la consommation de drogue sur la population. L'Empereur réagit et décide de fermer son pays aux commerçants et aux missionnaires européens. Fumer de l'opium devient alors prohibé. Malgré tout, le trafic continue, même si la peine de mort est infligée à ceux qui s'y adonnent.
En 1800, l'Empereur proclame un édit qui interdit la culture du pavot sur le sol chinois. Les dépôts d'opium sont alors déplacés à Huangpu (Shanghaï). Rien n'y fait tant ce trafic rapporte de l'argent. En 1813, une caisse d'opium indien se vend 2.400 roupies alors que son prix de revient de 240 roupies ! La Compagnie britannique des Indes orientales (East India Company) fait fi de la réglementation et augmente ses ventes illégales d'opium : de 100 tonnes vers 1800, elle passe à 2.600 tonnes en 1838. Conséquence dramatique : en 1835, il y a 2 millions de fumeurs d'opium en Chine...
Face à ce fléau, les autorités chinoises ne peuvent que réagir. Sont prises des mesures pour limiter le trafic et la consommation, dont la confiscation des stocks et des accessoires de l'opiomanie.
À cette époque, la ville de Canton est le grand port de l'opium. En mars 1839, Lin Zexu, nommé par l'Empereur, y arrive et saisit tous les stocks de la ville contrôlés par des étrangers. En échange, il leur donne du thé. On imagine facilement la colère des Britanniques qui voient leurs revenus fortement compromis.
Le surintendant du Commerce britannique avertit la Reine Victoria de la situation : c'est à elle de prendre une ferme décision.
En juin 1839, 200.000 caisses, soit 1.188 tonnes de drogue sont détruites. Un règlement stipule que les bateaux étrangers, entrant dans les eaux territoriales chinoises, seront fouillés.
L'opinion publique est favorable à cette interdiction. Les Britanniques sont furieux. Au lieu de baisser pavillon et de penser aux malheureuses victimes de l'opium, ils ne jurent que par le profit et la force. Lord Melbourne, Premier ministre de la reine Victoria, parvient à convaincre le Parlement britannique d'envoyer un corps expéditionnaire à Canton. Il déclenche ainsi la première guerre de l'opium.

Dieu sauve la Reine...et l'opium

En janvier 1840, après des discussions où les avis sont partagés, l'Empereur décide de « fermer pour toujours » Canton aux Britanniques. Au Royaume-Uni, deux camps s'opposent vigoureusement : ceux qui veulent conduire des opérations militaires contre la Chine et les humanistes (appelons-les ainsi) qui estiment que renoncer à ce trafic serait une sage décision. Malheureusement, ces derniers ne sont guère écoutés. En juin, une armada britannique (dont 4000 hommes) débarque au large de Canton sous le commandement de l'amiral Elliot. Une attaque a lieu, mais elle échoue.
Habitués à la guerre, les Britanniques conquièrent Hong Kong qu'ils transforment en place stratégique. Bien armés, ils s'imposent sur les Chinois dont la puissance est nettement inférieure. Des négociations ont lieu à Canton où les Britanniques dictent leur choix : ils veulent tout simplement la reprise du commerce avec le Royaume-Uni, le remboursement des stocks d'opium détruits et la main mise sur Hong Kong.


Leur interlocuteur finit par accepter ces revendications. Les forces armées britanniques continuent sur leur lancée et s'imposent. L'armistice est signé le 27 mai 1841. Vaincus et humiliés, les Chinois s'engagent à racheter Canton 6 millions de dollars. Toutefois, les vainqueurs veulent aller plus loin : en août 1842, ils obligent l'Empereur à signer le traité de Nankin qui leur donne le libre commerce de l'opium et la concession de l'île de Hong Kong.
Les Britanniques triomphent. Désormais, ils peuvent s'installer avec leurs familles dans les ports de Xiamen, Canton, Fuzhou, Ningbo et Shanghai. En cas de litige entre un Chinois et un Britannique, une juridiction britannique tranche sur la base des lois britanniques. Par ailleurs, ils perçoivent des indemnités de guerre estimées à 21 millions de yuans, soit un tiers des recettes du gouvernement impérial.
D'autres nations, dont les États-Unis et la France, demandent les mêmes privilèges que ceux accordés au Royaume-Uni.
On note tout de même des compensations : l'économie chinoise s'ouvre sur le monde, exportant thé, soie, porcelaine et autres denrées.

Le saccage du Palais d'Eté dénoncé par Victor Hugo

Le commerce de l'opium continue à se développer. Toujours illégal, il est largement toléré !
Pendant ce temps-là, la misère des Chinois grandit. Entre 1841 et 1849, on compte une centaine de soulèvements populaires.
En 1851, les Chinois veulent reprendre ce qu'ils ont consenti à donner aux étrangers, d'où la seconde guerre de l'opium qui va durer quatre ans. Le climat est si tendu que ce nouveau conflit n'a rien d'étonnant. En toile de fond, apparaît la volonté des puissances occidentales à rééquilibrer leur balance commerciale déficitaire. Tous les motifs sont bons pour chercher l'affrontement. Un incident lié à une cargaison met le feu aux poudres.


En 1856, cinq mille soldats anglais investissent Canton. La ville est bombardée par les Anglais et les Français. Après bien des difficultés, ils prennent Tianjin en septembre 1860 et, un mois plus tard, l'Empereur ayant fui, ils pillent et incendient le fameux Palais d'été, lieu emblématique de Pékin. Ce saccage est dénoncé par Victor Hugo. Le traité de Pékin est signé dans la foulée et les pays vainqueurs peuvent continuer librement le trafic de l'opium. C'est alors que l'histoire va mettre en scène la fameuse impératrice Cixi, concubine de Xianfeng, dont nous parlerons dans une prochaine édition.
Une chose semble évidente : ces guerres de l'opium ont ébranlé l'impérialisme chinois et sans doute préparé la future Révolution...

Extraits de la lettre adressée par l’écrivain Victor Hugo 

au capitaine Butler en novembre 1861

« L'expédition de Chine, faite sous le double pavillon de la reine Victoria et de l'empereur Napoléon, est une gloire à partager entre la France et l'Angleterre, et vous désirez savoir quelle est la quantité d'approbation que je crois pouvoir donner à cette victoire anglaise et française.
Puisque vous voulez connaître mon avis, le voici :

Il y avait, dans un coin du monde, une merveille du monde ; cette merveille s'appelait le Palais d'Eté. L'art a deux principes, l'Idée, qui produit l'art européen, et la Chimère, qui produit l'art oriental. Le Palais d'Eté était à l'art chimérique ce que le Parthénon est à l'art idéal. Tout ce que peut enfanter l'imagination d'un peuple presque extra-humain était là. Ce n'était pas, comme le Parthénon, une œuvre rare et unique. C'était une sorte d'énorme modèle de la chimère, si la chimère peut avoir un modèle. Imaginez on ne sait quelle construction inexprimable, quelque chose comme un édifice lunaire et vous aurez le Palais d'Eté. Bâtissez un songe avec du marbre, du jade, du bronze, de la porcelaine. Charpentez-le en bois de cèdre, couvrez-le de pierreries, drapez-le de soie, faites-le ici sanctuaire, là harem, là citadelle, mettez-y des dieux, mettez-y des monstres, vernissez-le, émaillez-le, dorez-le, fardez-le, faites construire par des architectes qui soient des poètes les milles et un rêves des milles et une nuits. Ajoutez des jardins, des bassins, des jaillissements d'eau et d'écume, des cygnes, des ibis, des paons, supposez en un mot une sorte d'éblouissement, caverne de la fantaisie humaine ayant une figure de temple et de palais, c'était là ce monument.
Il avait fallu, pour le créer, le long travail de deux générations. Cet édifice, qui avait l'énormité d'une ville, avait été bâti par les siècles, pour qui ? Pour les peuples. Car, ce que fait le temps appartient à l'homme. Les artistes, les poètes, les philosophes, connaissaient le Palais d'Eté ; Voltaire en parle. On disait : le Parthénon en Grèce, les Pyramides en Egypte, le Colisée à Rome, Notre-Dame à Paris, le Palais d'Eté en Orient. Si on ne le voyait pas, on le rêvait. C'était une sorte d'effrayant chef-d'œuvre inconnu entrevu au loin dans non ne sait quel crépuscule comme une silhouette de la civilisation d'Asie sur l'horizon de la civilisation d'Europe. Cette merveille a disparu.
Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d'Eté. L'un a pillé, l'autre l'a incendié. Ce qu'on avait fait au Parthénon, on l'a fait au Palais d'Eté, plus complètement et mieux de manière à ne rien laisser. Tous les trésors de toutes nos cathédrales réunies n'égaleraient pas ce formidable et splendide musée de l'Orient. Il n'y avait pas seulement là des chefs d'œuvre d'art, il y avait un entassement d'orfèvreries. L'un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l'autre a empli ses coffres et l'on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l'histoire des deux bandits.
Nous, Européens, nous sommes les civilisés et pour nous, les Chinois sont les barbares. Voilà ce que la civilisation a fait à la barbarie.
Devant l'histoire, l'un des deux bandits s'appellera la France, l'autre s'appellera l'Angleterre.
Telle est, monsieur, la quantité d'approbation que je donne à l'expédition de Chine. »

Photos 1 et 2 : Les fumeries d'opium sont apparues en Chine vers 1830. On y consomme l'opium installé sur un lit ou un divan. Le consommateur tient d'une main la pipe et de l'autre, il puise du suc d'opium dans un récipient. Ensuite, il chauffe l'opium jusqu'à ce qu'il obtienne une boulette qui est fumée dans la pipe. L'opium touche environ 12,5 millions de Chinois, dont l'élite. En 1870, on compte à Shanghai près de 1700 établissements. . En 1906, la Chine décrète une politique d'interdiction de l'opium qui met fin aux fumeries légales. Il en subsista de clandestines...

Photo 3 : Affrontement entre jonques chinoises et navires anglais.

Bernard Bordelais : « Ça fait 28 ans que je me bats »


Bernard Bordelais, organisateur d'un son et lumière au pied du donjon chaque été, porte un véritable attachement au château de Montguyon. Au point qu'il a fondé une association de défense et de valorisation du site...


Jadis, Bernard Bordelais aurait-il vécu au château de Montguyon qui vit passer des personnages célèbres entre ses épaisses murailles ? Il n'est pas interdit de le penser. En effet, depuis qu'il a installé son cabinet d'architecture en "ville", il n'a d'yeux que pour le castel qui domine le bourg depuis des siècles.
Dimanche dernier, lors du repas offert aux "acteurs" de la fête médiévale, son discours a gravité autour de cet édifice emblématique.
Perché sur son roc, il a aujourd'hui fière allure. Ce ne fut pas toujours le cas. Bernard Bordelais tire de sa veste des photos où les remparts sont masqués par une abondante végétation. « Dans les années 80, les dépendances étaient à l'abandon et la charpente était tombée. La municipalité envisageait purement et simplement de tout raser. Quant à la tour, victime de la foudre, elle aurait dû être consolidée. Sans toiture, elle a été exposée durant deux siècles aux intempéries. Conséquence, un pan de mur s'est effondré » souligne-t-il.


Soucieux de préserver le patrimoine de Montguyon en danger, il a fondé une association de sauvegarde dont l'objectif reste inchangé : protéger et valoriser ces témoignages du passé. « Je me sens en osmose avec le château, c'est pourquoi je m'intéresse à lui » dit-il.
Au fil des années, son engagement n'a jamais faibli, malgré quelques adversités. Il a réussi un double défi en faisant dégager les remparts par des détenus du centre pénitentiaire de Bussac. Peu à peu, les moellons ont repris leur aspect d'antan. Imposants, ils supportent l'énorme masse que constitue la construction médiévale.


Restaurées, les écuries accueillent de nombreuses manifestations. En état, l'intérieur du château peut se visiter (il est dommage que les lieux ne soient ouverts qu'une fois par semaine). « Ça fait 28 ans que je me bats » avoue l'architecte qui se transforme en organisateur de spectacle chaque été. Montguyon n'est pas encore le Puy du Fou, mais il est permis d'espérer...

Une bonne édition 2008

En juillet, la dernière édition a été réussie : « les gens ont été enthousiasmés et l'impression générale est bonne ».
Le son et lumière présentait des nouveautés qui ont séduit le public. Parmi elles, comment ne pas saluer l'arrivée de Bernard Bordelais suspendu dans le vide à une moto ? 3500 spectateurs - dont 2000 payants - ont assisté à ce spectacle qui s'est achevé par un superbe feu d'artifice.
L'histoire, qui gravite autour des ténèbres et de la lumière, entraîne le public dans les méandres du temps, de la préhistoire à l'époque contemporaine. Elle met en scène un grand nombre de comédiens costumés et de cavaliers hardis gravissant la butte sur leurs destriers. Cracheurs de feu et autres saltimbanques apportent une dimension particulière à cette étape nocturne. Le XXIe siècle n'est pas oublié avec des danseuses et chanteurs de cabaret qui ont le mérite de l'originalité (et de la légèreté vestimentaire). Il en faut pour tous les goûts !
Sans les bénévoles, cette rencontre ne pourrait pas avoir lieu. Conscient de leur aide efficace, Bernard Bordelais les avait invités dimanche dernier à un repas de l'amitié, devant la salle municipale. Les cieux menaçants avaient empêché une escapade sur le promontoire du château. Au loin, la tour saluait agréablement les convives.


Dans son discours, le président remercia ceux et celles (110 environ) qui participent à cette manifestation, classée Site en scène par le Département. Les communes de Saint-Martin d'Ary et du Fouilloux fournissent chaises, tables et tivoli. Plusieurs élus font partie des comédiens dont Pierre Borde, maire de Boscamnant, et Patrick Léger, conseiller municipal de Montguyon. Patrick, sapeur-pompier dans la vie, incarne un rôle qui ne passe pas inaperçu : prisonnier, c'est lui qui descend la façade du château à l'aide d'un drap noué. Le suspense est réel !
L'office cantonal de tourisme, cher à Michel Vallaeys, apporte également sa pierre à l'édifice. Bref, tout le monde est uni autour d'une cause commune. Toutefois, le président rappela ses troupes à l'ordre. Une certaine relâche serait apparue : « le metteur en scène, c'est moi. Vous pouvez le virer, mais si vous le gardez, il faut l'écouter ». En effet, les spécialistes auraient constaté un manque de synchronisation dans l'enchaînement des tableaux (que le public n'a d’ailleurs pas remarqué). Une "remotivation" serait nécessaire : il en sera question lors de la prochaine réunion, le 27 novembre.
Du côté des finances, un bénéfice de 6.000 euros a été dégagé et 30.000 euros sont actuellement en caisse.
Le feu d'artifice, qui sera tiré le 12 juillet 2009, est estimé à 12.000 euros.
En ce qui concerne la première partie, Bernard Bordelais pense faire appel à la (dynamique) chorale du Lary et au musicien Hubert Humeau. Bernard Bor-delais estime que cet artiste appartient aux occasions manquées de Montguyon : « il y a une vingtaine d'années, nous avons organisé des concerts de musique baroque avec lui dans l'église de Vassiac. Malheureu-sement, il y a eu un différend avec le curé. L'affaire en est donc restée là ». L'organisateur le regrette car ces rencontres auraient pu se poursuivre dans une région qui a parfois du mal à tirer son épingle du jeu. Face à Jonzac, par exemple.
Bernard Bordelais l'a compris et se démène comme un beau diable pour conduire à bien ses projets. Il y parvient et se réjouit du soutien que lui apporte le nouveau conseiller général, Francis Savin.
En l'attente de la prochaine fête, il présente actuellement son livre qui porte un titre énigmatique Le grand temple de Haute Saintonge. Mêlant archéologie et ésotérisme, il recense les monuments mégalithiques du Sud Saintonge qui auraient un rapport avec le fameux donjon de Montguyon. De là à parler d'axes occultes, il n'y a qu'un pas qu'il se fera un plaisir de franchir avec vous...

Infos en plus :

• Conférences et dédicaces


Découvrez Le "Grand Temple" de Haute Saintonge, le mystérieux nombre d'or des dolmens et du donjon de Montguyon dans le livre de Bernard Bordelais paru aux éditions du Croît Vif. Il animera une conférence à la médiathèque de Jonzac samedi 13 septembre à 17 h. Toutes les personnes intéressées sont cordialement invitées.

• Autres rendez-vous :

Le 27 septembre à 17 h à Saint-Palais de Négrignac, les 8 et 9 novembre au salon du livre d'Aigre, le 19 novembre à 15 h à l'université inter âges de Royan (Palais des Congrès), le 6 décembre au salon du livre de Blaye et le 7 décembre au salon du livre de Chabanais.

• Mettre en réseau le riche passé médiéval de la région :

Nous avons un triangle que constituent les donjons de Montguyon, Montendre et Pons. Pourquoi ne pas imaginer un spectacle qui serait produit dans les trois lieux ? L'idée pourrait séduire un metteur en scène...

Photo 1 : Au pied du château médiéval, 50 bénévoles étaient présentsdimanche dernier parmi les 110 membres de l'A.S.V.P.M.

Photos 2 et 3 : Autrefois, les remparts du château étaient dissimulés sous la végétation. Désormais, grâce au travail de l’association que préside Bernard Bordelais, les visiteurs peuvent les admirer.

Photo 4 : Un repas convivial.

François Salque et Éric Le Sage : remarquables !


Après le très beau concert de Nicolas Stavy, l'étoile montante du piano, Ghislaine Pinaud et ses amis de l'association culturelle du Val de Seugne avaient invité le pianiste Eric Le Sage et le violoncelliste François Salque mardi dernier. À cette occasion, l'église de Fontaines d'Ozillac était pleine à craquer.


Ce rendez-vous prometteur a conduit les mélomanes dans un univers contrasté de douceur et de force, dédié à Schubert, Debussy, Schumann et Beethoven. Audacieux et grave, le violoncelle est un instrument d'émotion. Complice, le piano égrène ses notes subtiles et délicates. Le duo enchante.
Félicitations à ces deux musiciens qui ont enthousiasmé le public en offrant leur talent, tel un immense bouquet estival et musical en Haute Saintonge.



Photo 1 : Une église remplie.

Photo 2 : Ghislaine Pinaud, malgré quelques problèmes de santé, organise et encadre avec talent les concerts de l'été donnés à Fontaines d'Ozillac. Bravo à elle et à son équipe !
Prochain rendez-vous le 12 octobre à 15 h avec Symphonia.

Photos 3 et 4 : Un concert très apprécié.

Éoliennes : Le Conseil d’Etat annule le prix de l’électricité fixé par EDF


Jean-Louis Butré, président de l'association Vent du Bocage et de la Fédération Environnement Durable annonce que le Conseil d'Etat vient d'annuler l'arrêté du 10 juillet 2006 de l'ex-ministre délégué à l'Industrie, François Loos, fixant les tarifs de rachat de l'électricité éolienne par EDF.

Le Conseil d'Etat vient d'annuler l'arrêté du 10 juillet 2006 fixant le rachat de l'électricité éolienne. L'Etat est condamné à verser 3.000 euros à cette association. Dès la parution de l'arrêté, Vent du Bocage avait déposé un recours en Conseil d'Etat constatant notamment que les procédures légales n'avaient pas été respectées.
La Commission de Régulation de l'Électricité avait de son côté donné un avis défavorable au projet d'arrêté fixant le prix de rachat de l'électricité éolienne par EDF à un tarif arbitraire jugé anormalement élevé et garanti par l'Etat pendant 15 ans.
La Fédération Environnement Durable indique que le gaspillage de fonds publics par l'implantation de 15.000 éoliennes en France atteindra 2,5 milliards d'euros par an, comme l'a confirmé récemment un rapport de l'Institut Montaigne de juillet 2008 "Eoliennes : nouveau souffle ou vent de folie", soit une atteinte majeure au pouvoir d'achat des ménages à travers un accroissement de leur facture d'électricité estimé à plus de 100 euros par an.
Ce tarif l'électricité éolienne étant illégal, la décision du Conseil devrait normalement entraîner l'arrêt des contrats de rachat d'électricité par EDF et la suspension du programme de construction demandée par le lobby des promoteurs qui fait actuellement fortune sur des bases tarifaires qui n'existent plus.
La Fédération Environnement Durable fait partie du comité d'orientation Stratégique (COS) présidé par Valéry Giscard d'Estaing où siège Marcel Boiteux, Président d'honneur d'EDF.

lundi 18 août 2008

Déjà 10000 !


Je remercie tous les lecteurs de ce blog (ouvert depuis fin octobre 2007). Grâce à eux, le chiffre de 10.000 connexions a été atteint durant l'été. Bien sûr, l'info continue chaque semaine et le fait qu'elle puisse parvenir aussi bien en Inde qu'au Canada est l'un des "miracles" d'internet !
Je profite aussi de ce message pour remercier mon hébergeur, Google, à qui j'adresse cette photo faite à Pékin, l'an dernier.


La nuit, la tour Google s'illumine au cœur de cette capitale moderne à l'architecture innovante.
À bientôt, et bonnes vacances pour ceux qui ne les ont pas encore prises.

vendredi 15 août 2008

La Chine au Donjon de Pons


Vendredi 8 août, jour de l'ouverture des Jeux Olympiques, avait lieu l’inauguration de l'exposition "Regards croisés sur la Chine" proposée au donjon par l'Office de Tourisme de Pons. Une invitation au voyage à travers le regard de quatre photographes...


2008 est devenue l'année de la Chine par la grâce des Jeux Olympiques. Cette immense nation possède un passé étonnant que nous connaissons mal et découvrons aujourd'hui par bribes. Or, cette histoire d'hier sera probablement celle de demain puisque la Chine représente une grande partie de l'humanité, créative et innovante. N'oublions pas que le mandarin est la langue la plus parlée dans le monde ! C'est pourquoi l'exposition organisée à Pons sur ce pays, qui reste un mystère pour beaucoup d'Occidentaux, a le mérite de l'originalité.
Plus que de simples reportages, « ces Regards croisés sur la Chine », proposés par quatre photographes de la région, apportent un éclairage particulier et intime sur l'âme chinoise. La rencontre avec une autre culture laisse rarement indifférent.


On y trouve aussi bien un volet de l'histoire de l'Islam, conté par Anne Darling, que le carnet de route de Jean Guillaume Kerrinckx qui a vécu, dans l'Empire du Milieu, des années d'études riches en échanges et en événements. Nicole Bertin conjugue le passé au présent: la grande Muraille semble s'enfoncer dans la lisière du temps sous le regard d'hommes, de femmes et d'enfants croisés dans la rue, tandis que l'armée enterrée de Xi'an, œuvre d'un empereur qui recherchait l'immortalité, attire l'attention. De toutes les découvertes archéologiques, celle-ci a sans doute été l'une des plus médiatisées. Françoise Dinand, quant à elle, a rapporté de jolis clichés du Yunnan où elle a immortalisé des cultures en terrasses.
Choix judicieux, le donjon et ses hauts murs se prêtent superbement à l'évocation de cette longue histoire qui est aussi celle des trottoirs de Pékin, des Hutongs qu'on détruit, des tours qui s'élèvent, des gens qui écrivent le XXIe siècle dans un immense effort de modernité.
Cette exposition ouvre la porte sur un monde lointain (plus de dix heures d'avion de Paris !), si éloigné du nôtre culturellement, mais ô combien intéressant.


Loin des questions récurrentes que sont le Tibet, les droits de l'homme et la pollution (sujets qui ont certes leur importance), cette rencontre est avant tout un témoignage sur un peuple qui veut apporter sa pierre à l'édifice. À découvrir jusqu'au 31 août.

• Exposition ouverte tous les jours jusqu'au 31 août, matin et après-midi, au donjon de Pons près de l'Office de Tourisme.

• Soirée témoignages sur la Chine : Vendredi 22 août à 21 h au Donjon de Pons. Toutes les personnes intéressées sont cordialement invitées. Entrée libre.





Photo 1 : Aux côtés des photographes, Daniel Laurent (il a rappelé lors de son discours l’importance qu’a pris la Chine économiquement sur l’échiquier international), l’historien Jean Glenisson et Christian Violeau, président de l’Office de Tourisme. Absente pour le vernissage, nous espérons la présence de Françoise Dinand le 22 août.

Photo 2 : Une photo originale prise par Christian Clochon où des visiteurs se reflètent dans cette immense photo représentant un temple de Xi’an.

Photo 3 : Invité de cette exposition, le jonzacais Gérard Masson, président national de la Fédération Handisport partira prochainement pour les J.O de Pékin. Bon courage et surtout bonne chance à tous nos athlètes.

Photo 4 : En bonne place, le stade "Nid d’hirondelle" que l’on voit actuellement sur tous les écrans.

Photo 5 : Yolande et Philippe, tous les deux passionnés par la Chine et Saint-Bonnet !

Photo 6 : Adrien, né voici quelques semaines à Pékin, est le fils de Caroline et Nabil Anwer, qui enseigne à l'université de Tsinghua, l'une des plus prestigieuses de la capitale chinoise. Le grand-père de ce beau bébé, Christian Furet, a, quant à lui, longtemps travaillé à Shangaï.

Photo 7 : Salut Mélissa et son papa !

Photo 8 : À la santé de Pons, une ville qui mise sur son passé médiéval ! Des restaurations sont en cours dont l’un des fleurons est l’hôpital des Pèlerins.

Photo 9 : Messieurs Glénisson et Gautret en compagnie de Madame Dousset.

Photo 10 : La Chine, une longue histoire à découvrir !

Photo 11 : Animation musicale de qualité.


La grande Muraille de Chine : Elle est unique !


L'apercevoir à l'horizon, ondulant sa colonne vertébrale sur les sommets des montagnes, est un moment inoubliable. La Grande Muraille parle, c'est une évidence. Elle s'étale comme un long ruban qui pourrait conduire vers l'éternité, qui sait ?
On ne marche pas simplement sur la Muraille, on la vit, telle une architecture habitée qui vous rejoint à travers les siècles...



Vous souvenez-vous de cette publicité où un homme regardait le soleil se lever sur la Muraille de Chine ? Ce message télévisé vantait les mérites de la téléphonie mobile. Quand l'astre brille pour les uns, il s'endort pour les autres, sans jamais disparaître !
L'endroit était magnifique, et pour cause : cette construction est unique, quel que soit le tronçon où vous vous trouvez. Le plus fréquenté, Balading, est proche de Pékin. Il a parfois des allures de foire et le vieil air « la solitude, ça n'existe pas » y prend tout son sens. L'affluence y est grande, en effet. Les hommes ou femmes politiques français s'y font généralement prendre en photo, la dernière en date devant être Ségolène Royal. Les marchands abondent en ce lieu médiatique et proposent moult souvenirs dont il faut débattre le prix. Bienvenue aux touristes, aux faux jade et babioles assorties !
L'ambiance est différente à Mutianyu qu'on atteint après une ascension en téléphérique. Les camelots guettent les visiteurs le long du chemin escarpé qui conduit à la station. Ensuite, « tout devient calme et enchanteur » selon l'expression des Romantiques.
Ce petit vol dans les airs, riche en sensations, mène à l'imposant rempart, construit en d'autres temps pour lutter contre les incursions turco-mongoles.
Bâtie au VIe siècle, cette portion est en bon état. Aménagée au XIVe par les Ming, ils lui donnèrent ses dimensions actuelles un siècle plus tard. Elle a fière allure avec ses tours de guet et ses marches inégales, tantôt hautes, tantôt larges, qui déconcertent le randonneur. Ces mesures variables ont un avantage : elles chassent la monotonie et rendent le parcours sportif ! Certains escaliers ont une montée si rude qu'à leur pied, l'appréhension vous guette : Gravira, gravira pas ? Allez, un petit effort jusqu'au ciel ! La descente devient alors une agréable perspective.

Un gigantesque défi

S'investir physiquement au cœur d'une œuvre unique est-il nécessaire à la compréhension du lieu ? Penser à autre chose est certes envisageable. S'intéresser au paysage, par exemple, aux proportions du Grand Mur, imaginer soldats et cavaliers d'antan, gamberger sur le temps qu'il fait. Toutefois, sans approche approfondie, la quête resterait incomplète.
Au cœur d'une dimension aussi particulière, la vraie question est de savoir où se situe la lueur, celle qui éclaire le chemin. Se trouver à l'intérieur de la Muraille, c'est entrer dans la mémoire du monde, dans une histoire faite de sang, de sueur et de larmes. Ce défi quasi inhumain a provoqué tant de morts pour se réaliser et traverser les âges qu'il semble entraîner le visiteur dans ses entrailles.
La Muraille n'est pas muette. Chaque pierre, chaque graffiti est un témoignage qui la transforme en monument où le visible côtoie l'invisible. Quel que soit le sentiment éprouvé, elle ne laisse jamais indifférent. "Elle a été baptisée le plus grand cimetière du monde car de nombreux ouvriers et prisonniers y sont morts d'épuisement pendant sa construction. Nombreux sont enterrés sous les remparts et fortins. Ce passé ne peut pas être occulté" soulignent les historiens.
Quand arrive le dernier bastion (ou celui qui est censé l'être), la satisfaction est si grande que la fatigue s'envole. Par-delà cette « ultime » étape, des ruines se devinent et la végétation, qui a repris ses droits, peut cacher éboulis et autres dangers. La Muraille se mérite, c'est une évidence !
Sur les flancs boisés, le retour par une sorte de toboggan - style bobsleigh, la glace en moins - vaut son pesant d'or. Ne manque qu'une caméra cachée à l'arrivée...

Aïeule de l'humanité

Large de 5 mètres et haute de 10 mètres en moyenne, la Muraille est aïeule de l'humanité. Elle s'étend sur plus de 6000 kilomètres, de la Mer Jaune au désert de Gobi.
Classée au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1987, on a longtemps prétendu qu'elle était visible de la Lune. L'est-elle vraiment ? Sur ce chapitre, les avis sont partagés. D'après l'astronaute Leroy Chiao, « elle le serait depuis l'espace par beau temps et à l'œil nu », tout comme les pyramides d'Égypte et le troisième périphérique de Pékin.
Il est vrai que la voiture se développe prodigieusement dans la capitale, mais là est un autre sujet. La Chine compte 1,3 milliard d'habitants et sa superficie équivaut à vingt fois la France. On réalise alors toute l'étendue du problème énergétique chinois, l'une des préoccupations majeures du XXIe siècle avec la pollution.


Chaque époque a ses priorités. Autrefois, la Chine, craignant les invasions, a édifié une Muraille pour s'en protéger. Aujourd'hui, c'est elle qui doit aller, à l'étranger, rechercher les gisements de minerais que son sous-sol tari ne peut plus lui donner...

Infos en plus :

• Ligne de démarcation

Au IIIe siècle avant JC, l'empereur Qin Shi Huang (connu pour son armée enterrée) fit relier entre eux différentes tronçons de la Muraille édifiés par les Etats combattants afin de constituer une véritable protection. Les autres dynasties poursuivent son travail. En cas de danger, pour alerter la capitale, les soldats émettaient des signaux de fumée à partir des tours de guet. La nuit, ils employaient des lanternes. Par la suite, ces moyens furent modernisés.

• Chef d'œuvre en péril ?

Sur les tronçons de Jinshanling et Simatai, se promener sur la Grande Muraille relève du parcours du combattant car des passages, en l'état, peuvent être très dangereux pour un promeneur non averti. Selon une étude, 20% de la Muraille ont été restaurés, 30% sont en ruine et le reste (50%) a disparu.
En certains endroits, les pierres sont pillées et servent aux constructions locales. Le Gouvernement a pris des dispositions afin de protéger son ancêtre, mais seront-elles appliquées dans les lieux les plus reculés ?
En raison de sa longueur, la Grande Muraille est appelée « La longue muraille de dix mille li», le li étant une unité de longueur et dix mille symbolisant l'infini.
Après la chute des Ming, au XVIIe siècle, le général Wu Sanghi, l'un des « gardiens » de la Muraille, s'allia aux Mandchous et leur en ouvrit les portes. Ils déferlèrent alors sur le pays : ce rempart dit invincible, véritable ligne de démarcation, avait montré ses limites. La dynastie Qing régna de 1644 à 1911.
Comme la plupart des grandes fortifications, la Muraille n'a donc jamais servi. Dans la lutte entre le sabre et le bouclier, c'est toujours le sabre qui gagne ! La France en sait quelque chose avec sa fameuse ligne Maginot que l'on visite encore paisiblement...

Photos 1 et 2 : Une partie de la Muraille vue de haut, puis de bas.

Filippo Capperucci, peintre : La Toscane à Saint-Palais-de-Phiolin


Du 21 août au 7 septembre prochains, la sympathique galerie de la Bribaudonnière, chère à Renata et Giancarlo Vedana, accueillera Filippo Capperucci, un peintre renommé venant de la belle Toscane...


Chaque été, Giancarlo et son épouse, Renata, abandonnent le Nord de l'Italie pour goûter à la douceur charentaise. Le moment des vacances est venu, celui de retrouver les amis aussi ! A Saint Palais de Phiolin, près de Pons, ils ont ouvert une galerie d'art qui a déjà reçu moult artistes. Ces expositions sont l'occasion d'agréables rencontres autour d'une personnalité qui apporte sa pierre à l'édifice culturel.
Cette année, ils ont invité Filippo Capperucci dont les toiles raffinées et colorées retiendront l'attention des visiteurs. Les découvrir en Saintonge est une opportunité à ne pas manquer.
Né à Paris d'une mère française et d'un père italien, Filippo Capperucci possède une double nationalité artistique qui lui permet de naviguer sur les différents courants de la palette. Son atelier se trouve à Poggibonsi, ville de Toscane située près Sienne, non loin de la célèbre région du Chianti.
Dès son plus jeune âge, il a su que la peinture, en tant qu'œuvre multiple et variée, le retiendrait dans ses rets. Après avoir fréquenté l'Institut d'Art, il a poursuivi ses études à l'Académie des Beaux Arts de Florence, en section scénographie. A peine sorti - aubaine - il a participé à la préparation des décors au théâtre romain de Fiesole. Un endroit plein de charme où sont organisés de fort beaux spectacles. Depuis, il fait corps avec son pinceau. Au fil des ans, sa peinture a évolué : visions panoramiques, nouvelles expériences techniques (peinture craquelée), utilisation de matériaux comme le cuivre, finitions avec gaze, chiffons, voire pansements. Bien qu'il ait visité l'abstrait, Filippo est un peintre figuratif, convaincu que la nature est source inépuisable de générosité.
Passionné par son métier, il a élargi son activité professionnelle : animation d'ateliers pour les jeunes, création des meubles peints, conception d'accessoires de mode, restauration des fresques de Vecchietta, dans la cathédrale de Sienne, et du Taddeo Gaddi dans le château de Poppi.
La particularité de son travail réside en l'approche des couleurs. Inhabituelles et parfois contradictoires, les combinaisons peuvent surprendre, mais seul compte le résultat final, agréable et concluant. En dosant minutieusement les équilibres, l'harmonie est respectée!
Filippo Capperucci s'insère dans le courant « art moderne et contemporain en Toscane » de la Fondation Primo Conti chère à Enrico Crispolti.
Il a participé à de nombreuses expositions, collectives et personnelles, au Palais Pretorio de Poggibonsi et dans la ville de San Gimignano en particulier. La semaine prochaine, il sera en Haute-Saintonge où il vous donne rendez-vous !

• Exposition ouverte du 22 août au 7 septembre, à la Bribaudonnière à Saint Palais de Phiolin tous les après-midi de 14 h 30 à 19 h.
Pour s'y rendre, à la sortie de Saint Genis (après le relais de Saintonge), prendre la première route à gauche. Après quelques virages dans la campagne, vous apercevrez ( à droite) la grille de la Bribaudonnière.

Photo 1 : Le peintre italien, Filippo Capperucci.