mardi 15 mars 2016

Jack Ros, conseiller municipal de Jonzac :
« Ma démission du Parti socialiste ?
Une mise à jour par rapport
à mes convictions à adhérer à ce parti »

Après Gilles Clavel, longtemps chef de file de l'opposition jonzacaise, Jack Ros a conduit la liste de gauche aux dernières Municipales. Adhérant au Parti socialiste depuis de nombreuses années, il vient de quitter ce parti tout comme Patricia Dussault qui n'aurait, dit-on, pas apprécié la façon dont le PS - qu'elle a pourtant bien servi durant des décennies - l'a traitée. Jack Ros explique ses raisons et répond à nos questions par la même occasion.

 
• Jack Ros, vous venez de quitter le Parti socialiste. Engagé convaincu depuis 2003, vos raisons doivent être suffisamment graves…

Les causes de ma démission reposent fondamentalement sur la loi de déchéance de nationalité. Pour moi, remettre ma carte n'est pas une décision douloureuse. Depuis quelque temps déjà, la politique nationale ne me semblait plus cohérente. Je suis bien évidemment favorable aux débats et à l'évolution des textes en fonctions des situations. En ce qui concerne cette loi particulièrement, j'ai été atteint dans l'ADN de mes valeurs socialistes dans la mesure où nous avons fortement combattu la déchéance de nationalité quand elle a été proposée par la droite et l'extreme droite. On ne peut pas avoir des discours à dimension variable sur des valeurs aussi essentielles.

• Vous dites que ce n'est pas une décision douloureuse. Un peu tout de même ?…


Disons que ma décision, mûrement réfléchie, n'est pas douloureuse car elle est l'aboutissement d'un long cheminement. Aucun militant ne peut être dans une relation "religieuse" avec son parti. Ou les choses se déroulent normalement si les valeurs défendues par le parti sont celles du militant ; ou il y a divorce si le contrat n'est pas respecté. Je vivrais mal d'appartenir à un parti  avec lequel je serais en désaccord. Dans un tel cas, effectivement, la situation aurait été douloureuse !

• Vous ne semblez pas porter Hollande dans votre cœur ?


De plus en plus, on sent que la politique conduite par ce Gouvernement s'écarte des grandes lignes habituelles du PS. Je me réjouis d'avoir franchi le pas en décembre dernier. Si je n'avais pas quitté le PS fin 2015, je l'aurais fait maintenant avec la loi El Khomri. Me sentant libre de mes mouvements et surtout de mes opinions, j'ai participé le 9 mars dernier à une manifestation organisée par les syndicats au jardin public de Jonzac.

• Seriez-vous plus proche de Martine Aubry qui a clairement dit ce qu'elle pensait ?


Effectivement, lors des dernières Présidentielles où François Hollande a été élu, j'ai voté pour Martine Aubry aux Primaires. Elle représente, dans les grands traits, ce que je perçois du socialisme en 2016. Toutefois, je m'interroge à son sujet et je n'ai pas compris son attitude au dernier congrès du PS. Elle y a signé la motion majoritaire et quelques mois après, elle apparaît dans une opposition frontale. Il faut savoir où l'on habite !

Jack Ros durant les Municipales de 2014 (© Nicole Bertin)
• Comment voyez-vous les prochaines Présidentielles ?

N'étant plus au PS, je serai très ouvert aux propositions de l'ensemble des candidats, d'autant qu'une question importante se pose, celle des Primaires. Voyez ce qui se passe à droite avec une dizaine de candidats en lice et à gauche, ça part dans tous les sens ! J'ai l'impression qu'un ressourcement sur les valeurs historiques de la Ve République pourrait remettre en question l'organisation des Primaires telles que nous les connaissons. Aujourd'hui, le système est simple : il s'agit d'une course à l'échalote qui permet à la personne désignée par les votes des militants de se présenter. Mais a-t-on pensé à ses aptitudes à diriger et gérer le pays et surtout à défendre des valeurs essentielles qui permettront au peuple de se sentir bien en France… sans avoir à descendre dans la rue ?

• Quel homme de gauche verriez-vous à la tête du pays en 2017 ?

Honnêtement, à gauche, je ne vois personne pour l'instant ! Je serai attentif à tout ce qui va se passer et à la façon dont les candidats comptent s'engager dans l'application de leurs programmes respectifs. Ignorer ses engagements de campagne ne peut que susciter la déception des habitants, voire leur éloignement de la classe politique.
Pour le reste, si au deuxième tour, la droite se trouve opposée au Front National, je voterai pour le représentant de la droite comme je l'ai fait aux dernières élections départementales sur le canton de Jonzac/Archiac. Etant républicain avant tout, je ne ferai aucune concession à l'extrême droite.

• Pour vous, la France est-elle dans une mauvaise passe ?

Oui. Au fil des années, une prise de conscience se confirme, qu'elle soit individuelle ou collective, de faire les bons choix. La question qui se pose pour la France est de s'interroger sur sa situation au sein de l'Europe. L'Europe doit-elle continuer telle qu'elle est ou faut-il la réformer fondamentalement ? Elle est utile, mais elle déteint sur le fonctionnement national au détriment des partis.

• Les partis politiques classiques, décriés par bon nombre d'électeurs (dont vous faites partie puisque vous avez quitté le PS), ont-ils du plomb dans l'aile ?

Les partis doivent exister dans une démocratie. Toutefois, leurs dirigeants ne prennent pas assez en compte qu'ils doivent être plus ouverts avec un va et vient permanent avec les citoyens. Actuellement, nous sommes dans des partis où les grands élus considèrent qu'une fois en place, leur mission est accomplie. Ils en oublient alors celles et ceux qui leur ont fait confiance. La rupture actuelle vient du fossé qui s'est creusé entre les représentants du peuple et le manque de dialogue avec la base.
Pas besoin de faire disparaître les partis, il faut seulement les travailler au corps et les obliger à entrer dans le XXIe siècle !

• Revenons à Jonzac. Votre départ du PS ne risque-t-il pas de surprendre vos électeurs ?

Sur un plan personnel, je tiens à ce que les électeurs de "Vivre et Agir ensemble pour Jonzac" sachent que cette liste a été conduite avec une idée d'ouverture et de rassemblement. Elle comprenait des PS, des PRG et des personnes de la société civile. Hélas, le programme que nous avons présenté à la population n'a pas été suivi. Les valeurs que je défends au conseil municipal sont dans ce programme. Je resterai cohérent à ces références que je défendrai jusqu'à la fin du mandat.

Jack Ros siège à la place de Claude Belot lors de l'installation du conseil municipal en 2014 
en tant que doyen de l'assemblée. Il est aux côtés de Barbara Lachamp (© Nicole Bertin)
• En 2015, vous avez voté avec la majorité le budget présenté par Claude Belot. Certains s'en sont émus ! Est-ce à dire que vous cautionnez Claude Belot ?

Certainement pas, mais ce n'est pas la première fois que l'opposition vote le budget ! Il serait absurde, pour des raisons de politique politicienne, de ne pas voter un budget qui n'attire aucune remarque particulière. Claude Belot, élu avec 70% des voix aux dernières municipales, a la confiance d'une majorité d'habitants. Etre opposé pour dire qu'on est opposé n'est pas constructif. Depuis de nombreuses années par exemple, les impôts locaux n'augmentent pas, la population à faibles revenus n'est donc pas impactée. Pour moi, l'essentiel est de regarder en priorité en quoi le social et les charges fiscales sont pris en compte dans le budget. Si nous estimons que les citoyens sont pénalisés, nous montons au créneau ; si les décisions de la majorité nous paraissent équilibrées, pourquoi irions-nous les critiquer ?
Il est vrai que la liste de gauche que je conduisais en 2014 a une approche plus démocratique, plus sociale. Nous aurions offert deux présidences de commissions à l'opposition si nous avions été élus. Le management actuel fait qu'il n'y a pas de possibilité, a priori, d'envisager une participation plus active de l'opposition dans la vie municipale. Et surtout, Claude Belot n'a pas l'habitude de travailler ainsi, même s'il compte dans ses rangs deux élus issus de la gauche, Pierre-Jean Ravet et Pierre-Jacques Rambeaud…

1 commentaire:

JP Négrel a dit…

Il n'y a pas que Messieurs Ros , Clavel, ou Mme Dussault qui sont partis.De nombreux militants du PS 17 , tout aussi anciens, voire plus anciens,n'ont pas repris leur carte à Jonzac et ailleurs.
Mr Ros, comme le sénateur UMP sortant Belot, a soutenu jusqu'au bout la candidature de Mr Lalande pour les sénatoriales, alors que ce candidat n'avait été investi que par 15 % de ses camarades-militants de Charente-Maritime,de plus sur une liste incomplète. Sans aucune explication fournie par la Fédération PS 17, qui n'en a pas proposé une autre.
Sénateur élu grâce à 28 % de voix des grands électeurs, et grâce au miracle de la proportionnelle.
Tout ceci est évidemment authentique , officiel et vérifiable

Tout ces braves gens ne feraient-ils pas bien de s'interroger sur l'image déplorable que nous fournit le monde politique, et sur l'état réel de notre démocratie ?