dimanche 30 novembre 2008

Faute de participation, les électeurs revoteront dimanche
7 décembre


Jean Claude Beaulieu en tête

Cette élection partielle était attendue. En effet, après 38 ans de mandat de conseiller général, Claude Belot, atteint par le cumul a choisi de conserver ses fonctions de maire et de sénateur. Le poste était donc « ouvert ». Deux candidats étaient en lice en ce dimanche 30 novembre : Jean Claude Beaulieu, proche de Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat aux Transports et président du Conseil général de Charente Maritime, portait les couleurs de la Majorité départementale (UMP) tandis que Gilles Clavel (PS) avait mobilisé autour de lui les forces de gauche. La campagne ayant été très courte, les électeurs ne se sont pas précipités dans l’isoloir : la participation n’a été que de 37,9%. Conséquence : Jean Claude Beaulieu, qui totalise 57% des voix, ne parvient pas au seuil des 25% des inscrits, qui lui aurait permis de remporter cette élection dès le premier tour. On revotera donc la semaine prochaine. Durant les jours qui viennent, les candidats devront mobiliser leurs troupes afin de les inciter à se rendre aux urnes…
Globalement, Jean Claude Beaulieu a obtenu 1640 voix contre 1237 à Gilles Clavel qui arrive en tête à Saint Simon de Bordes et à Saint Germain de Lusignan. Le score recueilli par Jean Claude Beaulieu est confortable, mais Gilles Clavel a une seconde chance : il compte bien l’utiliser. Les jours qui viennent risquent d’être animés…

Les résultats :

• Jonzac : Beaulieu 535, Clavel 485.
• Agudelle : Beaulieu 29, Clavel 15.
• Champagnac : Beaulieu 83, Clavel 65.
• Chaunac : Beaulieu 21, Clavel 9.
• Fontaines d’Ozillac : Beaulieu 101, Clavel 54 (Danièle Giraudeau est la suppléante de J.C. Beaulieu).
• Guitinières : Beaulieu 53, Clavel 44.
• Léoville : Beaulieu 65, Clavel 31.
• Lussac :Beaulieu 22, Clavel 4.
• Meux : Beaulieu 53, Clavel 37.
• Moings : Beaulieu 27, Clavel 20.
• Mortiers : Beaulieu 43, Clavel 11.
• Ozillac : Beaulieu 111, Clavel 64.
• Réaux : Beaulieu 77, Clavel 63.
• Saint Martial de Vitaterne : Beaulieu 74, Clavel 44.
• Saint Maurice de Tavernole : Beaulieu 22, Clavel 16.
• Saint Médard : Beaulieu 14, Clavel 9.
• Saint Simon de Bordes : Beaulieu 66, Clavel 69.
• Vibrac : Beaulieu 31, Clavel 14.
• Villexavier : Beaulieu 64, Clavel 14.
• Saint Germain de Lusignac : Beaulieu 149, Clavel 169.

vendredi 28 novembre 2008

Parti Socialiste :
Martine Aubry et Ségolène Royal Deux chattes sur un toit brûlant ?


Après un suspense digne des meilleurs polars, le Parti socialiste a enfin désigné son Premier secrétaire, Martine Aubry.


Ces dernières décades, les femmes tentent de faire entendre leurs voix dans l’univers très masculin de la politique. Elles avancent lentement depuis que Charles de Gaulle leur a donné le droit de vote, après la Seconde Guerre mondiale. On attend d’elles des qualités d’humanisme, de tolérance et de compréhension. Certaines portent le flambeau avec panache, comme Simone Veil qui reste la personnalité préférée des Français. Par contre, que penser du triste spectacle que viennent d’offrir Martine Aubry et Ségolène Royal se disputant, telles des fillettes dans une cour d’école, la place de Premier secrétaire du Parti socialiste ? On les a vues affichant rancœurs et incertitudes dans une arène télévisée où les roses étaient garnies d’épines ! Durant plusieurs jours, ce ne fut que rebondissements, accusations, insinuations désobligeantes et menaces judiciaires. Est-ce l’attitude qu’attendent les femmes qui les soutiennent et qui souhaitent - mais sans doute sont-elles naïves - que leurs représentantes fassent preuve de modération et de sincérité ? Après avoir ameuté le pays entier autour de sa personne, Ségolène Royal prêche aujourd’hui l’unité du PS : Pourquoi tant de bruit pour revenir à la case départ ? Serions-nous au jeu de l’oie ?
Suite au vote des militants, des erreurs sont effectivement apparues en faveur ou au détriment de l’une et de l’autre. A la section de Blaye (en Gironde), en Nouvelle Calédonie, à l’étranger, en Moselle. En début de semaine, le PS a compté et recompté, ce qui n’était pas sans rappeler le duel américain Bush/Al Gore. Après moult péripéties, le Conseil national du PS a enfin rendu sa décision mardi soir, attribuant la victoire à Martine Aubry par 102 voix d’avance contre 42 initialement. Fin du premier round !

La gelée « Royal » ?

Quel que soit le résultat, cette “affaire” démontre la scission qui existe entre le courant classique du PS et le mouvement que veut insuffler Ségolène Royal. L’avenir risque d’être difficile puisque les deux camps auront du mal à recoller les morceaux. Inutile de se voiler la face, les blessures sont réelles ! Nicolas Sarkozy doit se frotter les mains : même dans ses rêves les plus fous, il n’avait jamais pensé que deux candidates se battraient à ce point pour arriver à leurs fins !
« Avant toute déclaration, nous aurions eu des tractations sérieuses » glissent quelques observateurs qui préconisent les alliances secrètes plutôt qu’un déballage automnal. A titre d’exemple, la querelle Chirac/Sarkozy, qui a donné lieu à l’affaire Clearstream par Villepin interposé, relevait du même phénomène de pouvoir. Consciente de l’effet qu’aurait produit un affrontement public sur l’opinion, la Droite a su le cuire à l’étouffé...
Martine Aubry a donc les cartes en main et du travail en perspective. Elle devra moderniser son parti, faire des propositions crédibles (elle reste “plombée” par les 35 heures), refonder l’unité du PS en évitant les salves du camp Royal et faire front à l’extrême Gauche qui grignote du terrain en période de crise. De nombreux militants, déçus, pourraient bien se tourner vers la LCR...
Une évidence s’impose : en s’unissant, Bertrand Delanoë, Benoît Hamon et Lionel Jospin ont fait barrage à Ségolène Royal qui veut être la candidate socialiste aux prochaines Présidentielles. N’a-t-elle pas une revanche à prendre ? Les mois qui viennent diront si ce coup d’Etat avorté sera suivi d’un second, plus favorable à son plan de carrière. Mais qui est donc Ségolène Royal ? Une Jeanne d’Arc boutant l’UMP hors de France, Eva Peron en version people ou simplement une grande chanteuse de charme ?...


Photo 1 : Martine Aubry, l’ancien ministre de l’Emploi de Lionel Jospin (de 1997 à 2001), a été réélue à la mairie de Lille en mars dernier. Elle est âgée de 58 ans. Le Conseil national du Parti socialiste a validé son élection au poste de Premier secrétaire du PS par 159 voix contre 76 lors d’un vote à main levée. Le maire de Lille a devancé de 102 voix Ségolène Royal lors du vote des militants. Mercredi, elle s’est entretenue avec sa “rivale”. Arrangements en vue ?

Photo 2 : Ségolène Royal est confrontée à une défaite difficile à digérer, d’autant qu’elle ne cache pas ses intentions : se présenter aux Présidentielles en 2012. Entre les deux, elle défendra son poste à la présidence de la Région Poitou-Charentes.

Professeur Bruno Dubois :
Maladie d’Alzheimer
Chaque année, 165.000 nouveaux cas sont recensés


Originaire de Saujon, en Charente-Maritime, où sa famille est intimement liée au développement de la Clinique et des Thermes, Bruno Dubois est professeur de neurologie à la Salpétrière, à Paris, et directeur de recherches à l’INSERM, spécialiste des grandes fonctions du cerveau. Les travaux qu’il a menés sur la maladie d’Alzheimer, publiés dans la revue “The Lancet”, apportent un éclairage intéressant sur cette maladie qui frappe un grand nombre de patients.
« Il existe des preuves qui indiquent que les processus d’altération du cerveau sont en marche. Elles sont repérables grâce aux moyens d’investigation dont nous disposons aujourd’hui comme l’imagerie par résonance magnétique nucléaire » explique-t-il. Rencontre avec ce praticien dont les recherches ont été saluées par la Communauté médicale internationale.



Professeur Dubois, quelles circonstances vous ont conduit à travailler sur la maladie d’Alzheimer ?


C’est une vieille histoire puisqu’il y a toujours eu, dans ma famille, un intérêt pour les relations entre cerveau et fonctions mentales. Déjà mon arrière grand-père, Stanislas, médecin de campagne en Charente Maritime, s’était intéressé à ces questions et avait rencontré à plusieurs reprises Duchêne, de Boulogne. Par la suite, son fils Robert et mon père, Jean-Claude, ont continué dans cette voie, s’intéressant à la neurologie et aux fonctions mentales. Pour ma part, après avoir fait mes études de médecine à l’hôpital de la Salpêtrière, je me suis formé à la neurologie dans le grand service du
Pr François Lhermitte, dont j’ai été le chef de clinique. Parallèlement, j’ai fait des recherches dans le laboratoire du Pr Agid où j’ai étudié les modifications des neurotransmetteurs dans le cerveau des patients parkinsoniens. Par la suite, j’ai dirigé une unité de recherche à l’INSERM consacrée aux grandes fonctions du cerveau et aux bases neuronales de leur dysfonctionnement chez les patients atteints de maladie cérébrale.

Grâce aux recherches que vous avez menées, un diagnostic précoce peut désormais être établi. Quels traitements peuvent ralentir, voire arrêter cette maladie ?


Les médicaments d’aujourd’hui cherchent à compenser les déficits biochimiques qui ont été identifiés dans la maladie d’Alzheimer. Il s’agit en particulier de la lésion massive des neurones cholinergiques, impliqués dans les phénomènes de mémorisation. Cette lésion est à l’origine de l’hypothèse cholinergique de la maladie d’Alzheimer et du développement de molécules visant à augmenter l’innervation cholinergique du cerveau. Trois médicaments appartiennent à cette classe et sont indiqués dans le traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer : l’Aricept, l’Exelon et le Réminyl. Ces médicaments sont symptomatiques, en ce sens qu’ils n’interviennent pas sur le mécanisme physiopathologique de la maladie, mais sur les conséquences de la perte cholinergique. Leur efficacité reste limitée puisqu’ils visent à rétablir l’un des anneaux d’une chaîne cassée à de nombreux autres endroits. Les médicaments de demain, en revanche, cherchent à bloquer la cascade biologique. En effet, la connaissance que nous avons des lésions de la maladie permet d’espérer des traitements physiopathologiques qui pourraient en ralentir, voire en bloquer, l’évolution. Cet espoir n’est pas une utopie lorsque l’on sait qu’il y a déjà aujourd’hui des essais de médicaments empêchant la formation du peptide amyloïde, c’est-à-dire de la substance anormale qui se dépose dans le cerveau des patients. Il y a également des essais de phase d’immunothérapie (ou vaccin) par injection intramusculaire du peptide amyloïde entraînant une réaction anticorps pouvant dégrader les plaques cérébrales. Un nouvel essai d’immunothérapie est initié en France depuis quelques mois ; un autre doit débuter dans les mois qui viennent. Le développement de ces médicaments laisse espérer l’arrivée sur le marché, dans les années qui viennent, de substances pouvant ralentir le processus pathologique. Il est bien évident qu’il faudra alors reconnaître les patients de la façon la plus précoce et la plus certaine possibles. C’est pourquoi nous avons, en parallèle, développé des outils permettant un diagnostic à la fois plus précoce et plus sûr de cette maladie.

L’augmentation des maladies neuro-dégénératives inquiète les populations. Quels sont les facteurs qui favorisent l’apparition de ces maladies ?

L’allongement de la durée de vie est une conquête majeure de l’humanité, en même temps qu’un privilège des sociétés dites développées. L’espérance de vie a augmenté de façon régulière et spectaculaire depuis la fin du XIXème siècle et, déjà aujourd’hui, une personne de plus de 60 ans a trois chances sur quatre de parvenir à l’âge de 80 ans. Aujourd’hui, un nouveau-né de sexe féminin a une espérance de vie supérieure à 90 ans.
Cet allongement de la durée de la vie a de multiples conséquences qui ne sont pas toutes négatives. En effet, il représente une source de croissance et de développement potentiels : les personnes âgées ont globalement vu s’accroître leur pouvoir d’achat et leurs besoins génèrent des activités économiques nouvelles. Cela dit, la progression du nombre absolu de personnes âgées est une réalité incontournable et devient un défi majeur. Ce d’autant que la maladie d’Alzheimer est d’autant plus fréquente que la population avance en âge. La prévalence de l’affection va mathématiquement augmenter dans les années qui viennent. Aujourd’hui, on estime à 856.000 le nombre de patients atteints de démence en France.
En attendant l’arrivée, espérée, des médicaments physiopathologiques, il faut essayer de lutter contre des facteurs associés qui, par leur présence, contribuent à l’expression plus précoce des lésions de la maladie d’Alzheimer. Si, nous l’avons vu, les lésions apparaissent tôt dans la vie, elles vont mettre plusieurs décades avant de s’exprimer et devenir symptomatiques. Il y a donc là une action possible sur le curseur dès apparition des symptômes. A titre d’exemple, il a été démontré que le traitement de l’hypertension artérielle diminuait la fréquence de la maladie d’Alzheimer. On peut faire l’hypothèse qu’il ne s’agit pas d’un effet direct sur la maladie mais sur les conséquences de l’amélioration du lit vasculaire cérébral qui retarde alors l’expression d’une maladie d’Alzheimer par ailleurs présente.

À l’Académie de Saintonge où le Grand Prix vous a été décerné en octobre dernier, vous avez annoncé une bonne et une mauvaise nouvelle. Quelles sont-elles ?

Commençons par la mauvaise nouvelle : les lésions de la maladie d’Alzheimer sont maintenant connues et nous avons mis en évidence leur apparition relativement tôt dans la vie. En effet, ces lésions sont observées à l’âge de 47 ans chez la moitié des sujets décédés de toute autre cause (infarctus, traumatisme crânien, accident de la voie publique...). Les lésions de la maladie sont donc précoces et surviennent tôt dans la vie, mais il faut plusieurs décades pour que la maladie s’exprime. En d’autres termes, le fait d’avoir des lésions ne veut pas dire que les sujets auraient tous développé la maladie. Soit qu’ils seraient morts avant de l’exprimer, soit que la présence de ces lésions ne suffit pas pour que la maladie s’exprime à tous les coups. La réponse à cette question est un des grands enjeux scientifiques concernant cette affection dans la mesure où on a la possibilité, aujourd’hui, de mettre en évidence ces lésions avant même que n’apparaisse la maladie.
La bonne nouvelle est que le fait de se plaindre de sa mémoire est un phénomène banal : plus de 50% des personnes âgées de plus de 55 ans se plaignent de leur mémoire. Si c’est la majorité (plus de 50% des cas), c’est donc la norme. En d’autres termes, il est normal de se plaindre de sa mémoire à partir d’un certain âge. Ce sont ceux qui ne se plaignent pas qui devraient s’inquiéter... ! Cette proposition, volontairement paradoxale, n’est d’ailleurs pas totalement sans fondement quand on sait que les patients souffrant de la maladie d’Alzheimer ne se plaignent habituellement d’aucun trouble : c’est l’anosognosie, terme médical qui réfère à la non conscience, par le patient, des troubles qu’il présente. Ainsi, se plaindre de sa mémoire ne veut pas dire que l’on a une maladie de la mémoire. C’est souvent le prix à payer à l’avancée en âge, en rapport avec un trouble de l’attention, qui trouve son explication dans l’évolution récente de nos sociétés dites modernes: nous sommes de plus en plus sollicités par des informations en temps réel et il n’est pas surprenant, dans ces conditions, qu’une partie de ces messages ne soit pas enregistrée.


Vous avez également dit que le cerveau restait une énigme avec ses 100 milliards de neurones. La recherche avance-t-elle rapidement dans ce domaine ?

Oui, la recherche avance, et vite ! La maladie d’Alzheimer est la maladie du cerveau pour laquelle les progrès les plus importants ont été faits au cours de ces vingt dernières années. Ces progrès ont été enregistrés aussi bien dans la connaissance des lésions et de leur mécanisme que de la clinique et de la thérapeutique.
On connaît maintenant les deux acteurs principaux de la cascade biologique responsables de la maladie. De cette connaissance, résultent des progrès dans l’identification de biomarqueurs spécifiques dans les liquides biologiques des patients (sang, liquide céphalorachidien).
La maladie d’Alzheimer est la première affection neurodégénérative pour laquelle des anomalies biologiques peuvent être mesurées dans ces liquides. Ces dosages biologiques, encore réservés à certains centres experts, sont fiables à plus de 90%. De plus, on sait que les lésions débutent relativement tôt dans la vie. Leur siège est également intéressant à considérer.
Elles débutent dans les régions impliquées dans des phénomènes de mémoire et de stockage à long terme. Il n’est donc pas surprenant, dans ces conditions, que les premiers symptômes soient des troubles de mémoire. L’ensemble de ces connaissances a permis aussi de mieux définir les cibles thérapeutiques, comme nous l’avons déjà dit.

Pour conclure, quels sont les travaux que vous conduisez actuellement et quel message pourriez-vous adresser aux familles qui ont un proche souffrant d’Alzheimer ?

Pour conclure, je voudrais donner une image dynamique de la recherche sur la maladie d’Alzheimer. Des progrès importants ont été réalisés au cours de ces dernières années concernant notamment les moyens de son diagnostic et les lésions qu’elle produit dans le cerveau. Mais beaucoup reste à faire. On n’en connaît toujours pas la cause première et nous attendons toujours les traitements physiopathologiques qui permettront de ralentir le processus de dégénérescence des neurones du cerveau. C’est le moment de soutenir vigoureusement la recherche car les enjeux scientifiques sont maintenant clairs.
Il faut isoler la cause de la dégénérescence des neurones, identifier les facteurs de susceptibilité génétique, caractériser les différentes étapes du processus biologique, valider des outils pour un diagnostic de certitude fondé sur la neuro-imagerie ou les biomarqueurs. La recherche avance, mais l’effort de soutien dans notre pays n’est pas encore à la hauteur de l’enjeu de Santé Publique que représente cette affection.
Faut-il rappeler que le vieillissement de la population a pour effet d’augmenter, de façon exponentielle, la prévalence de la maladie d’Alzheimer et que chaque année 165.000 nouveaux cas sont recensés ? Il est urgent de donner les moyens nécessaires à la recherche. Ce n’est qu’à ce prix que cette maladie pourra demain être vaincue et soignée...

Photos 1 et 2 : Le professeur Dubois.

Jean-Claude Beaulieu : la force tranquille !


Claude Belot ayant abandonné son mandat de conseiller général, Jean-Claude Beaulieu, soutenu par la majorité départementale que préside Dominique Bussereau, briguera dimanche prochain les suffrages des électeurs du canton de Jonzac. Un territoire qu’il connaît bien en tant que chirurgien et responsable politique puisqu’il est député de la 4e circonscription...


Blouse blanche ou blaser bleu marine ? Selon le moment où vous rencontrez Jean-Claude Beaulieu, l’habit change, mais l’homme reste le même. Médecin Colonel de Réserve, membre de la commission Défense à l’Assemblée Nationale, ce chirurgien se rend chaque année dans un endroit “chaud” de la planète. Récemment, il se trouvait en mission humanitaire au Tchad où la situation reste préoccupante.
De retour à Jonzac, il retrouve à la fois ses patients et les administrés de la circonscription Jonzac/Royan. Candidat aux élections cantonales partielles qui auront lieu dimanche prochain, Jean-Claude Beaulieu souhaite « apporter sa pierre à l’édifice de la Saintonge et du Département » en travaillant en étroite collaboration avec les élus. Durant cette campagne, il s’est rendu dans chaque commune avec sa suppléante, Danielle Giraudeau, maire de Fontaines d’Ozillac.
Ces rencontres sont l’occasion, pour maires et conseillers municipaux, d’exposer leurs points de vue : « Ils ont compris la décision de Claude Belot. Il avait annoncé qu’il se retirerait du Conseil Général, il l’a fait. Ils apprécient qu’il reste à la présidence de la CDCHS, pépinière de nombreux projets ».
Actuellement les maires se préoccupent du maintien du service public en milieu rural ainsi que des retombées que peut avoir la crise. Ils souhaitent également une aide dans l’élaboration de leurs dossiers et l’obtention de subventions : « Un travail que j’effectue déjà en tant de député ».
En ce qui concerne la viticulture charentaise, la menace d’une nouvelle taxation du pineau semble écartée. Claude Belot, Michel Doublet et Daniel Laurent devraient rencontrer prochainement le sénateur du Haut Rhin, Hubert Haenel, sur le sujet. « Ce résultat démontre l’intérêt d’évoluer en étroite collaboration entre collègues d’une même région » déclare Jean-Claude Beaulieu qui se réjouit, par ailleurs, que l’amendement déposé par le sénateur Yves Bur, sur la baisse de remboursement de cures thermales, soit resté sans suite.

Touche pas à mon département ?

En ce qui concerne l’aménagement du territoire, quel sera l’avenir des collectivités ? Les communes et départements devraient être conservés en l’état. Les Régions, par contre, pourraient être élargies avec, pour compétences, l’aménagement des territoires et les grandes infrastructures.
Les regards se tournent également vers les Communautés de Communes qui font l’objet d’un rapport sans complaisance - mais réaliste - de la part de l’Assemblée Nationale. Dans certaines structures intercommunales, en effet, la moitié du budget (financé par l’argent public, donc par les impôts des contribuables) est consacrée à la rémunération des président, vice présidents et personnel !
« Elles doivent avoir une dimension productive » estime Jean-Claude Beaulieu qui cite le travail accompli par la Communauté de Communes de la Haute Saintonge. Restent les Pays et les SIVOM : que deviendront-ils ? Nicolas Sarkozy souhaite que cette réforme soit discutée et votée durant le second semestre 2009. Débattre tranquillement d’un sujet aussi ardu sera-t-il possible ? Rien n’est moins sûr : changer les habitudes a toujours “révolutionné” les Français qui aiment à faire perdurer des situations inadaptées aux réalités et aux finances publiques (selon les prévisions de la Commission Européenne, le déficit de la France devrait atteindre le seuil maximal autorisé dès cette année, puis se creuser à 3,5% l’an prochain et à 3,8% en 2010).
Une chose est sûre : le scrutin des futures Régionales de 2010 pourrait réserver des surprises si la nouvelle législation est entrée en vigueur. Voilà qui risque d’irriter Ségolène Royal et Dieu sait qu’elle n’en a guère besoin...

En faveur de l’emploi

Chirurgien de profession, Jean-Claude Beaulieu intervient à l’hôpital de Jonzac : « Je ne veux pas polémiquer sur le sujet avec le dr Clavel qui a toujours voté contre le budget de l’hôpital quand il en était administrateur » glisse-t-il. L’établissement a fait l’objet d’importants travaux réalisés dans le cadre d’un contrat d’objectifs et de moyens, de l’agrandissement des urgences à une EPAD de 135 lits. « N’oublions pas que les urgences reçoivent environ 13000 personnes par an, dont 5000 sont hospitalisés » rappelle le praticien. Le service de convalescents (35 lits) et de rééducation (25 lits) est en projet dans la partie moderne de la Maison médicale.
C’est pour répondre à un besoin de la part de l’hôpital, des maisons de retraite et de l’hospitalisation à domicile que le Lycée de Jonzac pourrait proposer, dans un avenir qui reste à déterminer, une section d’aides-soignantes en partenariat avec la Région. « Cette perspective est actuellement étudiée par le Rectorat ainsi que plusieurs propositions d’ouvertures faites par le Conseil d’administration » indique M. Nordey, proviseur. Autre débouché qui pourrait voir le jour : une formation en hôtellerie et restauration afin de satisfaire la demande des employeurs.
Les sujets ne manquent pas dans un canton qui essaie de tirer son épingle du jeu, de l’emploi à l’aide à l’enfance, des logements sociaux au développement du secteur rural. Une "réunion débat" est organisée par Jean-Claude Beaulieu et Danielle Giraudeau vendredi soir à 20 h 30, salle de la mairie de Jonzac. Le public y est cordialement invité, selon la formule consacrée.

Infos en plus :

• Pas de film, mon Colonel !

Ce film qui relatait le récent déplacement de Jean-Claude Beaulieu au Tchad ne sera pas diffusé à la télévision en raison de la campagne électorale. L’intéressé a lui-même demandé au président de la Chaîne parlementaire de bien vouloir « différer la diffusion du documentaire “mon Colonel” après les élections du 30 et 7 décembre ». Voilà qui devrait ramener le calme, la Gauche ayant soulevé la question - à juste titre d’ailleurs - ces jours derniers.

• Aide aux communes

En 2009, l’Etat apportera une aide de 56,3 milliards d’euros aux communes contre 55,2 en 2008, soit une augmentation de 1,1%.

Photo 1 : Jean-Claude Beaulieu

Concert lyrique et duo de fleurs !



Deux cantatrices, Isabelle Druet, mezzo soprano, et Li-Chin Huang, soprano, réunies autour de la pianiste Susan Manoff ont enchanté le public réuni dimanche après-midi à l’église de Jonzac. S’inscrivant dans le cadre des Feuillets d’automne coordonnés par Janine Belot, ce concert lyrique était un moment de fraîcheur et de pureté évoluant autour de Carmen, Don Giovanni, Figaro ou les pêcheurs de perles. Les voix cristallines donnaient à cette rencontre des notes d’exception et le duo des fleurs, de Léo Delibes, fut sans doute le moment le plus intime.
Félicitations à ce trio de talent !



Photo 1 : Avant chaque morceau, Isabelle Druet donnait une explication détaillée. Cette excellente idée a permis au public de mieux situer les œuvres des compositeurs.

Photo 2 : Un public sous le charme

Photo 3 : La vitalité et la précision d'Isabelle Druet sont remarquables.

dimanche 23 novembre 2008

Parti Socialiste :
Ségolène Royal et Martine Aubry Les catcheuses de la politique !


Depuis longtemps, les femmes essaient de faire entendre leurs voix dans l’univers très masculin de la politique. Certaines y sont parvenues, comme Simone Veil qui reste la personnalité préférée des Français. Par contre, que penser du spectacle désolant qu’offrent actuellement Martine Aubry et Ségolène Royal qui se disputent la place de Premier Secrétaire du Parti socialiste comme des chiffonnières de bas étage ? Est-ce l’attitude qu’attendent les femmes qui les soutiennent et qui, jusqu’à une époque récente, pouvaient leur porter de l’admiration ? Ségolène Royal est une guerrière, mais est-ce une raison pour ameuter le pays entier autour de sa personne ? Des erreurs sont effectivement apparues en faveur ou au détriment de l’une et de l’autre. Toutefois, ce duel, qui ressemble davantage à un crêpage de chignon qu’à une volonté de faire avancer son parti, est catastrophique pour la gauche. Sarkozy doit se frotter les mains : même dans ses rêves les plus fous, il n’avait jamais pensé que deux candidates en viendraient quasiment aux mains pour asseoir leur prestige. Pathétique ! Martine Aubry a raison de dire que si la situation perdure, c’est le PS tout entier qui en pâtira. Le mal est déjà fait et l’on se demande quelle est la réaction des militants «raisonnables» face à ce déballage automnal ? Une chose est évidente : en s’unissant, Bertrand Delanoë, Benoît Hamon et Martine Aubry veulent faire barrage à Ségolène Royal.
Où en sommes-nous pour l’instant ? L’écart qui opposait les deux « leaders » (42 voix) connaît des changements. Apparemment, une erreur serait apparue à la section de Blaye (en Gironde) où Martine Aubry enregistrerait 11 voix de plus et Ségolène Royal 41 de moins. En Nouvelle Calédonie, des voix attribuées à Ségolène Royal n’auraient pas été enregistrées tandis qu’à l’étranger, des suffrages d’expatriés, favorables à Martine Aubry, auraient été oubliés. Des erreurs auraient également été constatées en Moselle.
Bref, le PS compte et recompte, ce qui n’est pas sans rappeler le duel américain Bush/Al Gore. Le Conseil national du PS rendra sa décision mardi. Quoi qu’il en soit, cet « affrontement » démontre la scission qui existe entre le courant classique du PS et le mouvement que veut insuffler Ségolène Royal. L’avenir risque d’être sombre puisque les deux camps auront du mal à se réconcilier. Que le PS éclate n’est pas exclu et Ségolène Royal pourrait alors fonder son propre parti.
Cette guerre pour la prise du PS rappelle l’époque où les barons s’affrontaient pour la possession de territoires et de places fortes. Une situation « friction » qui pourrait se conclure par cette phrase pleine de sagesse : «achetez les gens pour ce qu’ils sont, vendez-les pour ce qu’ils se prennent et votre fortune est assurée».

vendredi 21 novembre 2008

Gilles Clavel : Osons ensemble le changement !


La courte durée de cette campagne électorale aura pénalisée la qualité du débat et la confrontation des idées de chacun des candidats. Nous pouvons le regretter. Je vous propose donc, à une semaine du scrutin du 30 novembre, mes réflexions et mes réactions sur l'augmentation des droits indirects sur les boissons et alcools qui frappent directement notre économie locale, sur l’avenir des services publics et sur celui du département.

À propos de l’amendement BUR sur la taxation des alcools :

La semaine dernière Jean-Claude Beaulieu exprimait dans les colonnes de ce journal son désaccord avec l’amendement Bur discuté et voté à l’Assemblée Nationale le 27 octobre 2008 : l’article 15 de la de la loi de financement de la Sécurité Sociale, indexant les tarifs des droits indirects sur les boissons les alcools. Cet amendement prévoit d’affecter intégralement à la CNAM à compter de 2009 les 80 millions d’euros que rapporterait l’ajustement de ces droits à hauteur de 23,1 %. Je comprends son émoi de circonstance en ces temps de campagne électorale dans une région productrice de pineau et de cognac. Ce que je ne comprends pas, et même ce qui m’étonne, c’est qu’il n’ait pas pris part à la discussion au cours du débat parlementaire qui a eu lieu ce 27 octobre (certes à une heure tardive) pour défendre les intérêts des viticulteurs de notre région comme l’ont fait avec détermination plusieurs de ses collègues députés, élus dans des circonscriptions viticoles. De fait, il est donc solidaire du contenu de l’amendement Bur et de l'article 15 sur le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, adoptés par la majorité UMP. L’attention qu’il portera lors de l’examen en commission mixte paritaire sera vain, tardif et inopérant. Pour ma part, je trouve que la politique gouvernementale qui vise à augmenter la taxation des alcools afin de lutter contre les dégâts que génère l’alcoolisme est une ineptie. On ne mène pas une politique de santé publique en augmentant les taxes ! Une chose est sûre c’est que l’augmentation proposée par l’amendement Bur et l'ensemble de l'article 15 du Projet de loi de finances de la Sécurité Sociale, pénaliseront durablement la filière viticole et notamment les producteurs de pineau.

Pour le maintien des services sur notre canton :

Je me suis exprimé à de nombreuses reprises sur mon attachement aux services publics et plus particulièrement à leur indispensable maintien en milieu rural. Je ne nie pas qu’il faille repenser l’aménagement du territoire avec les outils du XXIème siècle. Nos territoires ruraux ne sont plus isolés, les moyens de communications (routiers, ferroviaires, numériques) actuels leurs permettent de s’ouvrir et de s’insérer dans des entités territoriales qui dépassent les limites administratives du canton. Il est donc logique de mutualiser leur fonctionnement dans des entités plus opérationnelles.
Cependant, je reste convaincu, comme la majorité de mes concitoyens, que leur existence effective doit être pérennisée sur nos territoires. Comment imaginer que le Centre Hospitalier de Jonzac soit demain réduit dans sa fonction à un simple centre de gériatrie ?
C’est pourtant le risque qu’il encourt avec les difficultés qu’il rencontre aujourd’hui pour équilibrer son budget, précarisé dans son mode de financement par la tarification à l’activité (T2A). Jean-Claude Beaulieu ne devrait-il pas être plus prudent quand il s’exprime sur l’Hôpital de Jonzac, puisqu’il a contribué comme parlementaire à faire adopter par l’Assemblée Nationale le projet Hôpital 2008 et la T2A ? En outre, il n’est peut-être pas le mieux placé pour défendre l’Hôpital de Jonzac, ayant longtemps privilégié le secteur privé chirurgical local (la clinique Sainte Anne) au dépens du secteur public. Ce dernier en a été durablement pénalisé. Faut-il rappeler aussi que la vente des lits de chirurgie à la Clinique Pasteur de Royan à la fermeture de la Clinique Sainte Anne a été une bonne opération financière ? Et puis il ne suffit pas de jouer les bons “French Doctors” en Afghanistan ou au Kosovo pour justifier d’une activité chirurgicale épisodique à l’Hôpital de Jonzac !

Pour la pérennisation des compétences du Conseil Général :

Je suis déterminé à accomplir le mandat que vous me confierez le 30 novembre 2008 en siégeant avec assiduité au Conseil Général de Charente-Maritime parce que je suis convaincu que le département est une entité territoriale pertinente pour mener des politiques de solidarité, d’investissement pour les collèges, de transports scolaires, de voirie, d’urbanisme, de création d’entreprises et d’aides aux associations. Vous savez que le gouvernement actuel étudie la possibilité de réunir les assemblées départementales et régionales. Ce projet signerait à terme la disparition des Conseils Généraux ou du moins ne leurs laisserait qu’une portion congrue de leurs compétences actuelles. Je me demande comment le député UMP de notre circonscription peut gérer le paradoxe suivant : briguer un mandat de Conseiller Général et en même temps s’apprêter à voter une loi qui visera à porter atteinte à l’identité même de l’assemblée départementale dans laquelle il prêtant siéger ! Pour ma part je persiste à croire que ces deux entités territoriales que sont la Région et le Département restent pour l’instant efficaces chacunes dans leurs compétences actuelles. Je me suis confronté à de nombreuses reprises au suffrage universel. Je suis un démocrate convaincu de l’utilité du débat républicain. La légitimité d’une majorité est garantie par l’utile confrontation des idées, il n’y a pas de république angélique. C’est la raison pour laquelle je vous invite à choisir entre une vision ambigüe, éloignée de la réalité du terrain et des vrais besoins de notre canton, celle de mon adversaire et une vision démocratique, généreuse, de proximité, mais aussi responsable de la politique départementale, la mienne, Je compte sur vous le 30 novembre 2008.

Par Gilles Clavel (suppléante Sylvie Ruiz), Conseiller municipal de Jonzac, Candidat à l’élection cantonale du 30 novembre 2008.

Alexis Blanc : Jeu de chaises musicales en Saintonge,
un choix cornélien


Les élections intermédiaires génèrent régulièrement des choix cornéliens qui en disent souvent long sur l’état de notre démocratie. En effet, depuis la loi de 2000 sur le cumul des mandats, les notables locaux ne peuvent plus cumuler - et même accumuler - à l’envie les responsabilités, titres, fonctions honorifiques, mandats électifs et ce qui s’en suit : indemnités et privilèges.
À l’occasion de l’élection de Daniel Laurent au Sénat lors des élections intermédiaires du 21 septembre dernier, nous avions déjà eu un premier aperçu de la manière dont la question est traitée en haut lieu. Vice-président du Conseil Général, le Maire de Pons était en effet dans l’obligation d’abandonner un mandat suite à son entrée dans la haute assemblée.
Après « des nuits sans sommeil », Daniel Laurent a finalement décidé en octobre de céder son siège de premier magistrat de Pons, qu’il occupait depuis 21 ans après avoir été réélu sans surprise en mars dernier : la seule liste en compétition avait en effet obtenu ... 100% des voix. Le nouvel édile, Henri Méjean, n’est certainement pas déméritant, mais, à 82 ans, il est difficile d’affirmer qu’il incarne le renouveau à l’heure où les États-Unis viennent d’élire un nouveau Président de 47 ans. Ces derniers jours, une autre personnalité a eu à faire face au même choix cornélien. Claude Belot, Maire de Jonzac et Conseiller Général du canton depuis ... 38 ans était également touché par la loi sur le cumul des mandats depuis sa réélection au Sénat où il siège depuis 19 ans. Cette fois, le multi-élu de Saintonge a décidé d’abandonner son siège de Conseiller Général. Le prétendant le plus sérieux à sa succession est Jean-Claude Beaulieu, député de la 4ème circonscription qui, s’il était élu, donnerait corps à la théorie des «chaises musicales», si bien incarnée par Bourvil et de Funès dans le célébrissime film de Gérard Oury, La Grande Vadrouille.
La Grande Vadrouille, version saintongeaise. En effet, Jean-Claude Beaulieu a remplacé l’année dernière Dominique Bussereau en tant que député de la circonscription lorsque ce dernier a été nommé Secrétaire d’État aux Transports dans l’actuel gouvernement.
Non content d’occuper une fonction ministérielle déjà très lourde, Dominique Bussereau a cependant souhaité être élu Maire de la commune de Saint-Georges-de-Didonne en mars dernier, mandat dont il a démissionné 15 jours après lorsqu’il a constaté, à sa grande surprise, que la majorité du Conseil Général restait à droite.
C’est ainsi que, par un arrangement dont l’histoire charentaise maritime a le secret, Dominique Bussereau a réussi à conquérir la Présidence du Conseil Général en lieu et place de Claude Belot qui dirigeait le département depuis 1994.
Dans ce jeu de chaises musicales à trois, le suppléant Beaulieu remplace le député Bussereau devenu Secrétaire d’État, qui remplace le Président Belot qui, devenu sénateur, cède sa place au candidat Beaulieu qui doit le remplacer : la boucle est ainsi bouclée.
Quand l’histoire se répète et se ressemble !
L’histoire prend encore plus de saveur lorsque l’on se remémore que, déjà en 2002, Jean-Claude Beaulieu avait à son tour dû faire face au même choix cornélien qui frappe tous ceux qui cumulent les mandats. Suppléant de Dominique Bussereau à l’Assemblée Nationale, il l’avait remplacé lorsque ce dernier avait été nommé Secrétaire d’État aux Transports, cette fois dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Mais, déjà vice président du Conseil Régional de Poitou-Charentes, il avait dû choisir et abandonner un mandat local. C’est ainsi qu’il démissionna en 2002 de sa charge de conseiller municipal de Jonzac qu’il occupait depuis 1977.
En 2008, c’est pour mieux y revenir, mais cette fois, au niveau du canton. Dans un récent article de presse, Jean-Claude Beaulieu déclare ainsi qu’il s’agit là « d’un nouveau challenge », poursuivant : « C’est le seul mandat qui me manque. (...) Ce qui m’intéresse, c’est d’œuvrer pour faire des choses (...) Les palais de la République sont très beaux, on y est toujours très bien reçu, mais on y est coupé de la réalité ».
On peut certes argumenter en expliquant que le type de situation décrite ci-dessus résulte d’abord du choix des électeurs. Mais c’est ne pas prendre en compte le poids des réseaux, l’habilité douteuse de certains hommes politiques et, il faut bien le reconnaître aussi, le peu de mémoire, parfois, du corps électoral.
Notre démocratie réclame de nouvelles pratiques politiques. Nous avons besoin de représentants plus jeunes, qui ne soient pas des professionnels de la politique politicienne, mais des citoyens compétents, engagés dans la défense de leur territoire et de leurs concitoyens, et charpentés par des valeurs solides. Il ne tient qu’aux électeurs d’imposer cette nouvelle donne.

Par Alexis Blanc, Président du Mouvement Démocrate de Charente Maritime.

Jean-Claude Beaulieu : Créer une école gratuite d’aides soignantes


Sur l’ensemble de l’Académie, il est envisagé de réduire la filière tertiaire du fait du manque de débouchés professionnels. L’idée est de garder des formations permettant d’aller jusqu’au baccalauréat professionnel, et éventuellement le BTS. Actuellement, seulement 40% des élèves accèdent au baccalauréat professionnel.
Dans notre secteur, il est envisagé la création de filières offrant des débouchés dans les domaines des services à la personne, sanitaire et social. Le projet est de créer une école gratuite d’aides-soignantes (alors qu’habituellement il s’agit d’une formation payante), en partenariat avec le Centre Hospitalier et les nombreuses maisons de retraite implantées dans notre secteur.
Cette formation permettra donc aux élèves d’obtenir un diplôme débouchant sur un secteur professionnel porteur d’avenir, puisqu’après obtention de ce diplôme, il est possible, par voie interne, d’accéder à une école d’infirmières. La fermeture de la filière tertiaire n’interviendra que lorsque cette nouvelle section sera opérationnelle.
Elle pourra d’ailleurs être complétée dans le but d’accroître la polyvalence des formations offertes avec toujours le souci de répondre aux besoins du marché. Il est donc envisagé d’en créer de nouvelles dans les secteurs demandeurs comme l’hôtellerie-restauration où la pénurie de main-d’œuvre pose de nombreux problèmes.

Par Jean-Claude Beaulieu (suppléante Danièle Giraudeau), Député de la 4ème circonscription de la Charente-Maritime.

Cognac : Une histoire et des vérités jamais écrites…


Le livre de Jean François Labruyère “Cognac Story” vient d’obtenir le Grand prix Spirit qui récompense chaque année un ouvrage consacré au cognac. Ce livre relate l’histoire de cette “eau de vie” qui fait la richesse et la renommée des Charentes. Rencontre avec un auteur de talent qui ne pratique pas la langue de bois...


Cognac story vient d’obtenir le prix Spirit. Vous attendiez-vous à cette distinction ?

Non, pas du tout, ce fut une surprise. J’ignorais même jusqu’à l’existence de ce prix qui récompense une œuvre à mi-chemin entre l’analyse de la littérature et le monde professionnel des spiritueux. Ce fut donc une surprise agréable car “Cognac Story” se situe exactement sur cette ligne. Dans le jury qui décida du prix, il y a un grand journaliste, Claude Villers qui le préside, la romancière Régine Desforges, le cinéaste spécialisé dans le domaine des vins Georges Bardawil... Mais la présence qui m’a fait le plus plaisir est celle d’Astrid Bouygues, une universitaire chargée de cours à l’université de Paris III, membre de l’unité de recherche du CNRS sur l’écriture de la modernité pour sa spécialité «Littérature et nourriture». Écriture de la modernité, voilà ce que j’avais voulu faire avec mon Cognac Story et le voir ainsi “officialisé” m’a fait grand plaisir.

De nombreux livres ont déjà été écrits sur le cognac. Pourquoi avoir choisi ce sujet ?

Certes, il existe beaucoup de livres sur l’histoire du cognac. Mais ils ont tous en commun de s’intéresser au processus d’élaboration de l’eau-de-vie charentaise, le vignoble, la distillation, et de façon marginale au négoce, sauf en ce qui concerne l’histoire des familles négociantes. Ce sont en fait des analyses de géographie historique ou des monographies familiales... Toutes bien ficelées en général, mais ignorant en grande partie ce qui se passe sur le marché du cognac et totalement sur ce qui se passe lors de sa consommation par celui qui le boit. Or, n’importe quel alcool est ultra sensible aux effets de mode et aux variations de statut social qui caractérisent le fait de boire et d’offrir telle ou telle eau-de-vie, en un mot à son image. Rien n’est plus important que l’évolution de cette image. Quand le cognac est associé au modernisme social comme ce fut le cas dans la première partie du XIXe siècle alors que le whisky l’était plutôt aux consommations de bas étage, le cognac gagne sur toute la ligne. Mais quand il véhicule l’image d’un monde vieux et à œillères pour ce qui l’entoure comme ce fut le cas au XXe siècle alors que le whisky domine les esprits par sa jeunesse et sa convivialité, sa part de marché s’écroule. Deux chiffres seulement : le cognac des années 1870 représente environ 15% du total des eaux-de-vie vendues dans le monde entier et son image est celle de l’alcool roi ; un siècle après, sa part de marché n’est plus que d’environ 2 % et son image est devenue celle d’un alcool, je dirais sans image tellement elle est fragmentée en rapport avec ce que les spécialistes du marketing appellent des niches.
Tout ceci m’amène à répondre à votre question. Pourquoi ce sujet ? Tout simplement parce que je suis charentais et que voir sombrer l’image et le marché du produit principal des Charentes m’a toujours interrogé. Même si ces toutes dernières années, les choses sont en train d’aller mieux pour le cognac. Mais attention à la crise économique qui menace...

Quelles ont été vos sources ?

Elles sont de trois natures : tout d’abord et avant tout, puisqu’on parle d’image, je me suis plongé dans la littérature car les meilleurs observateurs de l’acte de boire sont bien les romanciers. Les romanciers de toutes les époques, de tous les genres, y compris le policier, et de tous les pays. Qui plus est, l’influence de la littérature est certes souterraine mais elle est très importante, car les messages qui y sont émis sont crédibles et surtout durables, contrairement à la publicité qui pâtit toujours du fait que justement elle n’est que publicité ! Pendant les années d’après-guerre, à longueur de romans populaires, policiers, d’espionnage ou d’aventure, les héros, jeunes et entreprenants, buvaient du whisky en long drink alors que de temps en temps apparaissait le cognac siroté par de vieux antipathiques pour soigner leurs déprimes ou compenser leurs échecs. Résultat : peu à peu, chacun s’identifia aux héros et abandonna le cognac... C’est ce qu’on appelle un effet mode. Lire les romanciers est comme organiser un grand sondage qualitatif auprès de leaders d’opinion et en analyser les évolutions. J’espère que cette “Cognac Story” incitera les hommes du marketing du cognac à lire plus les romanciers car manifestement, ils ne l’ont pas fait pendant des décennies !
La seconde source est tout à fait complémentaire : il s’agit des publicités du cognac et bien sûr celles de ses concurrents. Et cela depuis les plus anciennes réclames jusqu’à aujourd’hui. En comparant encore avec le whisky, mais cela est aussi vrai pour la vodka depuis quelques années et pour le rhum (tous largement dominant par rapport au cognac), on remarque deux phénomènes extrêmement frappants : le whisky a tout de suite consacré à la réclame, puis à la publicité et enfin à la communication, des efforts importants ; face à lui, le cognac, dès l’origine, s’est montré en retrait, comme méprisant, peureux ou méfiant par rapport à son image publique, ce qui lui a fait perdre beaucoup de terrain. Qui plus est, alors que tous les négociants de whisky jouent une seule et même carte identitaire, celle de leur Écosse natale, le cognac se disperse en de multiples identités plus ou moins durables dans le temps, sans parler du fait qu’il est notoire que le grand négoce et l’interprofession ont souvent développé en même temps des campagnes de publicité fort contradictoires, ce qui n’est jamais bon pour un produit!
La troisième source enfin concerne l’évolution statistique des marchés en comparaison avec les divers alcools. Et il est tout à fait net qu’elle correspond étroitement à l’évolution sociologique que décrivent les romanciers.

Selon vous, quels sont les moments les plus passionnants de l’histoire du Cognac ?

On en arrive en effet à l’histoire, à la “story”, mot que j’ai préféré à “histoire” car c’est en Angleterre, puis aux États-Unis que se noue l’essentiel du destin du cognac. C’est là que se situent les moments-clefs de son histoire. Tout au long du XVIIIe siècle, le cognac est marginal comme alcool de consommation, mais il s’impose dans les milieux bourgeois de l’Angleterre comme un bon médicament et un excellent complément à l’art des jardins et des vergers car on l’utilise surtout pour des fruits confits ou des liqueurs à base de plantes. Dès la fin du XVIIIe siècle, il passe de la cuisine pour entrer au fumoir des hommes. Son grand développement toutefois se situe avec le retour à la maison des officiers de l’armée des Indes, puis avec celui de l’armée qui avait vaincu Napoléon à Waterloo, les uns et les autres auréolés de leurs victoires. Durant ces premières années du XIXe siècle, on boit le cognac en long drink ou en punch : le roman le plus emblématique de cette période est sans aucun doute Pickwick de Dickens. À chaque occasion, avec les gens qu’il rencontre dans ses pérégrinations, il boit du cognac un peu comme aujourd’hui on boit du whisky, c’est-à-dire allongé à l’eau ou au soda dont celui qui réussira le plus est le Schweppes “Indian tonic”.
Deuxième grande période, celle de la fin du siècle marquée par ce qu’on a appelé l’ère victorienne. C’est l’époque de l’apparition des fameux clubs de Pall Mall, ceux des hommes d’affaires de la City de retour vers leur West End. Lors de leurs réunions de travail de l’après-midi, ils boivent des longs drinks, soit cognac, soit whisky, mais le cognac domine encore largement en termes d’image sociale. Le soir, ils se retrouvent au club où ils jouent... et boivent du cognac sec, ce qu’à l’époque on appelait le “short drink”. Un grand roman illustre ce changement essentiel dans la “story” du cognac : il s’agit de “The way we live now” (La façon dont nous vivons) d’Anthony Trollope, le romancier anglais le plus célèbre de la fin du XIXe siècle.
Troisième grande période, celle de l’apparition du modèle du salon bourgeois avec sa « cave à liqueurs », ce petit meuble où voisinent le cognac pour les messieurs et les liqueurs pour les dames et que les Anglo-Saxons appellent le “liquor caddy”. Le cognac désormais n’est plus qu’un digestif que l’on sert en verre tulipe et plus tard en verre ballon et que l’on se met à chauffer dans la main ou avec une “spirit lamp”, c’est-à-dire une lampe à alcool, si on se trouve au restaurant. Les romans sont innombrables, allant de «La Recherche du temps perdu» de Marcel Proust à «Autant en emporte le vent» de Margaret Mitchell. Il est intéressant de noter que le développement du cognac digestif coïncide étroitement avec le choc économique et psychologique de la crise du phylloxéra : le monde du cognac se recroqueville sur lui-même et croit se protéger grâce à un modèle de consommation qu’il pense éternel.
On en vient à une quatrième grande période, celle des deux Guerres Mondiales dont les effets ont été si dramatiques pour l’image du cognac associé d’abord aux officiers et aux planqués pendant la Première Guerre Mondiale, puis aux excès allemands en tous genres entre 1940 et 1945. Face à ce débordement négatif, le whisky qui, lui, était distribué à toute la troupe et ne fut jamais l’alcool de l’armée allemande, profite de la situation grâce à la victoire des alliés. Il est l’alcool des “boys” qui ont libéré l’Europe et l’Asie tandis que le cognac pâtit de la mauvaise image accolée aux armées vaincues.


Certains passages, durant l’Occupation en particulier, n’ont pas été appréciés de tous les Cognaçais. Le courage de la vérité est-il nécessaire dans l’écriture ?

Oui, je crois à la nécessité d’un certain courage de la vérité dans l’écriture surtout lorsqu’on en ressent les effets, au point qu’il s’agisse pour le pays charentais d’un des principaux non-dits qui affecte son identité... et l’image de son produit principal, le cognac. C’est vrai que certains Cognaçais n’ont pas apprécié que je parle de cette période et qu’ils me l’ont dit ou fait savoir. C’est vrai aussi que ces quelques pages sur l’occupation allemande m’ont valu de nombreuses félicitations d’autres Cognaçais qui considéraient que, enfin, on commençait à lever le voile. Jusqu’à aujourd’hui, le sujet était tabou. Quand on évoquait la période, on le faisait fort gentiment en laissant entendre que certes il s’était passé de vilaines choses, mais limitées à quelques abus et que l’essentiel avait été la sauvegarde du vignoble et des chais abritant les stocks d’eau-de-vie: la collaboration avec l’occupant n’aurait été guidée que par ce but.
Malheureusement, rien ne prouve l’argument, les statistiques de production et de vente des années qui vont de 1940 à 1944 ont disparu ; certains prétendent qu’elles ont été détruites comme celles de la gendarmerie ou qu’elles ont été cachées et qu’elles existeraient encore. Toujours est-il que la meilleure façon d’alimenter la mauvaise rumeur, donc de handicaper l’image du cognac, est d’entourer la période de silence et de secret. Les quelques pages que je consacre à la guerre sont faites uniquement pour inciter des recherches historiques complémentaires sur le sujet, afin de faire le deuil d’une époque dont toutes les autres régions françaises et tous les autres secteurs économiques ont su se libérer.

Quels seront vos prochains sujets d’écriture ?

Vous le savez, je suis très attaché aux deux Charentes qui, pour moi, ne font qu’un pays malgré toutes les réticences que mettent les officiels à l’admettre, qu’ils soient politiques, administratifs ou économiques. Il suffit de noter les dernières démangeaisons qui ont saisi les conservatismes de toutes tendances et de tous horizons, de La Rochelle à Angoulême, en passant par Poitiers, lorsque les Chambres de Commerce de Cognac et de Rochefort/Saintonge ont décidé de fusionner ! Mon âge fait aussi que ma sensibilité est attachée à ce qui s’est réellement passé durant la Seconde Guerre mondiale. Non pas dans les événements bien connus de tous, mais dans les têtes de chacun, qu’ils soient du “bon” ou du “mauvais” côté de l’histoire officielle. Je crois aux nuances multiples de la période qu’on a voulu caractériser a posteriori comme une opposition du noir et du blanc. Je travaille donc à un texte qui me passionne et dont l’épicentre se situe entre Charente périgourdine et Charente limousine. Loin de Jonzac, loin de Cognac... Est-il pour autant une suite à Cognac Story? D’une certaine façon, oui, bien que n’abordant en rien la problématique de l’eau-de-vie charentaise.
J’ai écrit une vingtaine de livres et chaque fois, je sais qu’il y a quelque chose en moi qui assure le lien entre eux. Pour en revenir à ce qui a le plus heurté Cognac dans Cognac Story, c’est le parallèle que j’établis en une sorte de synthèse de la guerre vécue par les Charentes, entre Monnet le héros qu’on surestime et Chardonne le banni qu’on transforme en bouc émissaire. Autant dire qu’avec un tel parallèle, je ne pouvais que choquer les bonnes âmes, à droite pour Monnet, à gauche pour Chardonne ! Malgré ce qu’on en a dit, les zones grises existent et seule la micro histoire des individus peut en rendre compte. C’est là-dessus que j’écris, je ne sais pas encore quelle en sera la forme définitive...

Photo 1 : Cognac, une région connue dans le monde entier.

Photo 2 : Sur cette photo, on reconnaît Michel Villemin, directeur d’Unicognac Jonzac, qui se rend souvent en Asie pour promouvoir le Cognac.

Quand les Saintongeais rêvaient d’une Nouvelle France


Il y a quatre siècles, on embarquait du port de La Rochelle pour aller chercher une vie meilleure en Nouvelle France ( futur Québec). Parmi ces candidats à l’aventure qui n’avaient pas froid aux yeux, certains venaient de la région.


Vendredi, Yves Marie Bercé, directeur honoraire de l’École des Chartes, était l’invité de l’association des Amis des Archives. Le thème de sa conférence gravitait autour des déplacements campagnards au XVIIe en Saintonge et en Angoumois.
À cette époque, la promesse de territoires à exploiter se trouvait en Nouvelle France où Champlain, originaire de Brouage, avait édifié une première habitation et fondé la ville de Québec en 1608. Il rêvait d’ailleurs de découvrir la route des Indes, quelque part à l’Ouest. En vain...
Les candidats à l’aventure étaient donc nombreux. S’il est difficile de recenser les passagers qui payaient leur traversée de la main à la main aux capitaines (ils n’ont pas laissé de témoignages écrits), les enregistrements sous contrat, par les compagnies de recrutement, sont estimés à environ 3100 pour la région (sur un chiffre global de 7300 départs environ).
Le portrait des voyageurs ? Ils possèdent en général un métier : laboureurs, artisans, bûcherons. Ils sont célibataires ou veufs, catholiques, âgés de plus de 23 ans et leur instruction est plus élevée que la moyenne. Ils attendent tout simplement une vie meilleure !


Le salaire moyen était de 70 livres. « On dit souvent que les gens qui embarquaient étaient misérables. C’est une idée fausse » souligne Y.M. Bercé. Sur place, les Jésuites étaient demandeurs de main d’œuvre agricole en particulier. Évidemment, les Antilles, avec leur climat agréable, étaient plus attrayantes que le futur Québec !
Parmi les migrants, nombreux étaient cousins et les femmes accompagnaient leurs maris. La Rochelle était l’un des ports où s’effectuaient les formalités. À la signature du contrat, les volontaires recevaient habits et chaussures. La traversée durait environ trois mois et elle pouvait souffrir d’aléas, tempêtes et attaques de corsaires. Partir ne voulait pas dire qu’on s’installait définitivement en Nouvelle-France : chaque année, un certain pourcentage rejoignait son pays d’origine.


D’autres, par contre, préféraient se marier après six ou sept ans de séjour et créer une lignée. Cette décision n’était pas forcément de tout repos puisque les Iroquois (Indiens féroces !) n’appréciaient guère leur présence qui empiétait sur les secteurs de chasse.
Conscient du problème, Colbert envoya le régiment de Carignan Sallières pour défendre les colons. Des forts virent le jour sur la rivière Richelieu. Les soldats rentrèrent quelques années plus tard en France, en 1668. 400 restèrent Outre Altantique.
Malgré ces implantations, les Français ne furent jamais assez nombreux pour s’imposer dans cette partie du monde face aux Anglais. Qu’importe, nos cousins d’Outre Atlantique n’ont pas oublié leurs racines et rappelez-vous de la célèbre phrase du Général de Gaulle: “vive le Québec libre” !


Photo 1 : Marie Yves Bercé est membre de l’Institut. Chartiste et ancien membre de l’École française de Rome, il a soutenu en 1972 une thèse de doctorat sur les soulèvements populaires dans le sud-ouest de la France au XVIIe siècle. Il est l’auteur de Croquants et Nu-pieds, paru en 1974. En 1998, l’ensemble de son œuvre a été distingué par le prix Laurain Portemer. Il a été élu membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres le 30 novembre 2007, au fauteuil laissé vacant par Pierre Amandry.
Sur cette photo, il est aux côtés d’Hélène Taillemite, responsable des Archives de Jonzac. Prochaine conférence avec Karine Robin le 11 décembre sur la villa gallo romaine de Jonzac.

Photos 2, 3 et 4 : Un public attentif aux explications de Marie Yves Bercé.

Nicolas Sollogoub raconte l’histoire de Champlain !


Si vous aimez la création artistique, une visite s’impose à l’église de Brouage dont les vitraux, issus d’un nouveau procédé, sont exceptionnels...


Récemment, l’Académie de Saintonge a distingué le canadien Nicolas Sollogoub, l’un des grands maîtres contemporains du vitrail. Ses œuvres, on peut les admirer dans le monde et, plus près de nous, à l’église de Brouage.


À travers le jeu des transparences, y est contée l’histoire de la Nouvelle France et de Champlain en particulier. Ce travail original attire le regard. « Je m’intéresse au vitrail depuis l’enfance. Mon père, qui avait une passion pour l’art médiéval, me l’a tout naturellement communiquée » explique l’architecte. La technique employée pour la réalisation des vitraux fait l’objet d’un brevet : « Je n’utilise pas le plomb, ce qui évite le fractionnement de la masse homogène du verre et permet la réalisation de petites verrières design, ultra modernes comme les verrières panoramiques et les grands vitraux historiés. Ce procédé ne peut qu’enrichir le patrimoine verrier français, sans nuire à la tradition du vitrail classique ».


Parmi les grandes réalisations de Nicolas Sollogoub, figure une création qui mesure trente mètres de longueur. Située à l’intérieur de la station de métro McGill, à Montréal, elle dépeint la vie montréalaise à la fin du XVIIIème siècle.
Outre Atlantique, le mécénat artistique et culturel relève d’une tradition établie de longue date, situation qui encourage la vie culturelle et favorise les artistes. Dans le cas des vitraux de Brouage, les mécènes canadiens, David et Liliane Stewart, passionnés par l’histoire de la Nouvelle-France commune à la France et au Canada, ont soutenu cette initiative ainsi que la restauration de cette citadelle attachante, aujourd’hui prisonnière des terres. « Avec mon épouse, nous sommes aussi, et depuis toujours, des fervents et fidèles serviteurs de l’histoire des origines françaises du Canada » ajoute Nicolas Sollogoub.
Une belle histoire, en vérité, que ce lien transcendé par l’art qui conte le premier établissement de Champlain et de Dugua de Mons, le Saintongeais, en ces terres inconnues. Un rendez-vous à ne pas manquer !



Photo 1 : L'église de Brouage.

Photos 2, 3, 4 et 5 : Présents à Saintes, Nicolas Sollogoub et son épouse se sont livrés avec sympathie au jeu des questions. L’Académie de Saintonge était heureuse de distinguer cet architecte designer dont le talent est reconnu dans le monde entier. C’est d’ailleurs une Saintongeaise qui pourrait “hériter” du procédé (bien gardé pour l’instant) qu’utilise Nicolas Sollogoub pour réaliser ses vitraux...

Les Caprices de Marianne : Là où on s’aime, il ne fait jamais nuit…


Lundi et mardi à Jonzac, les Tréteaux de France ont présenté les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset. Cette pièce, revisitée avec talent par Marcel Maréchal, rappelle combien il est difficile d’aimer, quelle que soit l’époque !


Sur la place, le langoureux Cœlio, perdu dans son long manteau noir, soupire pour la belle Marianne. Objet de son désir ardent, elle ne fait que passer, ignorant ses élans qui s’évanouissent dans la nuit napolitaine. Altière, elle revient des vêpres, missel à la main. Le pas est sec et cadencé. Le jour, il la guette. La nuit, il pense à elle. Au fil des heures et des songes, elle se transforme en sujet d’obsession. La posséderait-il qu’il l’aimerait moins ? Question.
Marianne est une princesse lointaine mariée à un homme influent. Aux prises avec la jalousie, le magistrat Claudio réalise qu’avoir une jeune et jolie compagne n’est pas de tout repos. Le doute est un aiguillon qui vous pique le cœur !
Amoureux incompris, Cœlio broie du noir. Pour arriver à ses fins, il a chargé son ami Octave, le débauché, d’intervenir en sa faveur. L’idée est heureuse : Marianne est justement sa cousine ! Tiens, la voici. Octave l’aborde et la provoque. D’abord interloquée par tant de hardiesse, elle abandonne peu à peu les remparts de sa condition et quitte ses habits de femme soumise. Son époux, soupçonneux, l’irrite et l’agace. Pire, il la menace...
D’Octave alors elle s’éprend. Lui ne veut pas trahir Cœlio qu’il envoie au premier rendez-vous. Funeste idée, Claudio a organisé un fatal guet-apens. Le soupirant est tué dans les poussières de ce Vésuve sentimental.


Au bout du conte, chacun se retrouve à sa place : Marianne éplorée en son foyer, l’époux de sa vengeance contenté, Octave plein de regrets et Cœlio dans un monde où il n’aura plus à craindre, ni à espérer...
En la revisitant, Marcel Maréchal a donné à cette pièce des moments de fraîcheur qui donnent une certaine légèreté à une bien triste histoire. La dernière phrase d’Octave est d’ailleurs révélatrice : « Je ne vous aime pas, Marianne. C’était Cœlio qui vous aimait ». Ils ne se reverront pas.

Infos en plus

La pièce romantique écrite par Alfred de Musset “Les Caprices de Marianne” est parue en mai 1833 dans La Revue des Deux Mondes. Toutefois, elle ne fut jouée à la Comédie-Française qu’en juin 1851, soit 18 ans plus tard, avec de nombreux changements imposés par la censure. En effet, la pièce était considérée comme moralement reprochable et sa construction avait choqué les puristes de l’époque.
Comme de nombreux auteurs, Musset a connu des hauts et des bas. Lors de la représentation de “La Nuit Vénitienne”, le public vit Mademoiselle Béranger, premier rôle, dans une fâcheuse posture. En effet, elle avait taché sa robe de satin blanc avec de la peinture verte encore fraîche. Le parterre pouffa de rire. Musset en fut dépité. Toutefois, le succès des “Caprices de Marianne” lui fit oublier l’échec de sa “Nuit Vénitienne”...



Photo 1 : Les caprices de Marianne sont une création 2008 du Festival théâtral de Figeac en co-production avec les Conseils Généraux de la Charente Maritime (M. et Mme Belot), de l’Eure et la ville de Figeac.

Photo 2 : Autour de Marcel Maréchal, son fils Mathias, Flore Grimaud, Yannick Debain, Philippe Escande, Hélène Arié...

Photos 3 et 4 : L'ovation du public.

Les philosophes ont-ils de la “pense“ ou du ventre ?



Jeudi dernier, le public est entré dans le ventre des philosophes cher à l’écrivain Michel Onfray qui s’est longuement penché sur la critique de la raison diététique. Cette soirée, organisée au théâtre du château, n’était pas une initiation à la nouvelle cuisine, mais une délicate réflexion sur cinq philosophes qui, de leurs écrits, ont nourri des générations d’élèves. Qu’ils soient intéressants, pertinents, brillants, pesants, gonflants ou indigestes, que cachent nos chers penseurs derrière leurs divines et spirituelles collations ?
Loin de les garder sur l’estomac, nous avons découvert des personnages hauts en saveurs dont le premier, Diogène “le chien”, fut sans doute le moins délicat : il s’étouffa en mangeant un poulpe cru. Ce qui ne l’empêcha pas, avant cette intrusion fatale, de jeter les bases de quelques vérités dans la trachée de l’âme.


Plus raffiné fut Jean-Jacques Rousseau l’écolo qui ne jurait que par « un goûter, du beurre frais, des fruits, du laitage ». Sujet idéal pour une pub Danone ! Sartre abhorrait les fruits de mer (malgré de bonnes pinces, n’est pas crabe qui veut !) tandis que Nietzsche adorait la charcuterie (tiens, voilà du boudin !) et Kant le vin, source gouleyante d’inspiration. Dommage que Rabelais n’ait pas été convié à ce banquet concocté autour d’un buffet. Mais Rabelais n’était pas philosophe, encore que...



Bref, tous ces hommes célèbres ont “carburé” à souhait aux aliments variés, ignorant dans quelle mesure leur esprit était intimement lié à l’apport quotidien de calories, savante alchimie d’énergie et de souffle nutritionnel. D’ailleurs, la nourriture est-elle pain quotidien ou vulgaire contribution à la “machine” ? Sur scène, les trois comédiens n’ont pas manqué de soufflé, la blanche Michèle préférant la vapeur au brûlé près de son fourneau improvisé. Le débat qui suivit, par contre, manqua un peu de sel. Le levain de la discussion fut beaucoup plus présent durant l’après-midi avec les lycéens. Il est vrai que les jeunes savent assaisonner leurs propos et moissonner la philo inscrite aux épreuves du bachot !

Galerie photos





Photos 1 et 2 : Diogène est un philosophe grec, friand de chair fraîche.

Photos 3 et 4 : Rousseau et ses laitages !

Photo 5 : Les acteurs de gauche à droite : Christian Drillaud, Michèle Brûlé et Éric Charon.
Pièce adaptée par Dominique Paquet et mise en scène par P. Simon.

Photos 6 et 7 : La salle du "petit théâtre" de Jonzac était remplie.

vendredi 14 novembre 2008

1914 - 1918 : Les 8 500 000 morts de la Première Guerre mondiale



Il y a 90 ans, le 11 novembre 1918, s’achevait une guerre incroyablement meurtrière. « Plus jamais ça » disaient les familles endeuillées. On s'imaginait qu’après une telle épreuve, la civilisation apporterait l'apaisement à cette humanité qui n'en avait guère et que le temps vieillissant, l'homme blessé tirerait les leçons de l’histoire. Douce naïveté...
Dans le chapitre sanglant et morts inutiles, le XXe siècle a été le plus "remarquable". Et pourtant, dès la fin du XIXème siècle, les gouvernements s’étaient donné bonne conscience en instituant une Cour Internationale d’arbitrage en cas de mésentente.
Partant d’une bonne intention, la démarche ne tarda pas à rencontrer des difficultés. Pour la petite histoire, les vingt-six États réunis à la Haye en 1899 furent incapables de s’accorder sur la limitation des armements, se heurtant à « des problèmes insolubles ». Néanmoins, pour le règlement pacifique des conflits, les membres votèrent la déclaration suivante : « Les puissances considèrent comme un devoir, dans les cas où un conflit aigu menacerait d'éclater entre deux d'entre elles, de leur rappeler que la Cour permanente leur est ouverte ».
En 1872, l'Angleterre, sous le gouvernement de Gladstone, avait été la première à solliciter l'avis d'un comité extérieur. Les États-Unis exigeaient d'elle une réparation pour avoir, durant la guerre de Sécession, laissé armer dans ses ports un navire sudiste, “l'Alabama”.
Cette affaire, soumise à un tribunal d'observateurs étrangers, condamna la Grande Bretagne à payer une indemnité de 80 millions. Gladstone aurait pu en être amer. Au contraire. Il mit en avant la démarche de deux grandes puissances « Venant de bon gré devant un tribunal loyalement choisi, plutôt que de sen rapporter au jugement de l'épée ».

« Mourir pour des idées, l’idée est excellente. Moi, j’ai failli mourir de ne l’avoir pas eue ». (Brassens)

Malheureusement, les textes en vigueur ne mirent pas fin aux ardeurs belliqueuses. La France allait connaître ce qui fut pour elle la plus grande de ses guerres : celle de 1914-1918. Depuis des lustres, quand deux groupes s'opposaient, ils alignaient leurs armées en un site déterminé. La première Guerre prit une tournure différente puisqu'elle fut universelle, touchant l'Europe, les empires centraux, la Russie et enfin les États-Unis qui se jetèrent dans la mêlée en 1917. Les effectifs engagés étaient énormes, de l'ordre de 20 millions d'hommes de chaque côté. Les combats prirent une envergure mondiale, touchant la France, l’Allemagne, l’Italie, la Russie, les Balkans, l’Afrique, l’Asie et même les océans. Jamais on avait vu autant de forces armées déployées sur le terrain.
Tous les hommes en âge de défendre leur pays furent mobilisés (ils partirent "la fleur au fusil"). Dans les laboratoires, les savants travaillaient à l’élaboration de nouveaux produits permettant d’anéantir l’ennemi (obus à gaz asphyxiant, lance-flammes, etc).


L'armement se développait avec l'aviation, les chars d'assaut, les mitrailleuses. Les femmes remplaçaient leurs maris à la campagne ou dans les usines ; les enfants quêtaient de l'argent.
Sur le front, les hommes vivaient un véritable cauchemar. Le nom de Verdun évoque à lui seul le deuil et la souffrance. Imaginez ces soldats (qui n'étaient pas des militaires de carrière) enterrés comme des rats dans des tranchées, victimes du froid, de la faim et des maladies. On les faisait boire, on les droguait pour partir à l'attaque. ll faut l'aimer, son pays, pour confier sa vie entre les mains d’hommes politiques orgueilleux et inconséquents ! Ceux qu'on nomme “Grands” sont rarement sur les champs de bataille. Pourquoi se saliraient-ils les mains ?...
Après des incertitudes quant à l'issue des affrontements, l'arrivée des Américains changea le cours des événements. L'Allemagne avait également du fil à retordre avec les Russes.
Après une offensive générale des alliés qui libérèrent les territoires occupés, l’Allemagne capitula le 11 novembre 1918.
Par le traité de Versailles (28 juin 1919), l'Alsace et la Lorraine redevinrent tricolores. Ce même traité établit la Société des Nations qui constituait « Une grande espérance des hommes de cœur de toutes les patries ».
Les jolis mots !
On ignorait que vingt ans plus tard, les hostilités allaient repartir de plus belle. L'Europe ensanglantée en 1870, en 1914, en 1939 : Combien de générations sacrifiées pour que notre pays reste la France ?


Depuis des décades, écrivains et historiens s’interrogent sur les obstacles qui s'opposent à la paix. Le sujet est ardu car il est lié à la nature humaine, imprévisible et habituée à la destruction. Sur la question, le général allemand, Erich Ludendorff, qui prit une part déterminante dans les opérations en 1917 et 1918, avait son opinion : « La paix internationale est un rêve et ce n'est pas un beau rêve. La paix est une partie de I’ordre du monde créé par Dieu. Sans la guerre, le monde s'enfoncerait dans le marais du matérialisme ».
D'où la "fortification" européenne, dont l'acte de naissance est le Traité de Rome de 1957. II symbolise l’union franco allemande qui instaure une paix durable en Europe. L'esprit communautaire fait barrage aux idées nationalistes et aux égoïsmes qui surgissent et se dressent, comme par provocation.
Construire une Europe forte, avoir une monnaie unique était une nécessité pour cimenter les équilibres et préserver la jeunesse. Soixante ans de stabilité est un miracle : la génération née après 1945 n’a jamais connu la guerre sur le sol français.
L’Europe est en marche et sera généreuse si ses habitants le sont. Elle portera leurs espoirs et leur destin s'ils le souhaitent.
Les soldats, dont les noms sont gravés sur les monuments aux morts, méritent bien cette réconciliation.
Puisse leur immense sacrifice ne pas avoir été vain à l'heure où les "démons" rôdent encore et toujours dans la plaine...


Photos 1, 2, 3 : Différentes cartes postales incitant à la mobilisation.

Photo 4 : La une du journal l'Intransigeant.