« En France, l’âge moyen des malades infectés par le SARS-CoV-2 est de 61 ans : un tiers des malades ont plus de 65 ans, 25% entre 65 et 74 ans et 8% plus de 75 ans. Mais c’est dans cette dernière tranche d’âge que s’observent 74% des décès, reflets des comorbidités et de l’état de dépendance.
Par-delà ces données statistiques incontestables, la médecine apporte une vision plus circonstanciée du phénomène de vieillissement.
Les personnes âgées ne constituent pas un groupe homogène. L’âge ne peut pas se résumer au seul nombre des années. À âge égal, les séniors d’aujourd’hui sont bien différents de leurs aïeux. Leurs performances physiques et intellectuelles correspondent à celles de personnes plus jeunes de 10 à 15 ans de la génération précédente. Toutefois, si la diminution des réserves physiologiques, l’accumulation des maladies chroniques et la perte de fonctionnalités dans la vie quotidienne sont le lot de tous, l’avancée dans le troisième âge affecte la population de manière très inégalitaire.
Le Covid-19 suscite de l’âgisme, défini par le Larousse comme « une attitude de discrimination ou de ségrégation à l’encontre des personnes âgées ». Le contexte épidémique actuel dans lequel le risque de mourir peut être confronté à une limitation des ressources fait le lit de tensions intergénérationnelles. Apparues en Chine, elles se sont ouvertement révélées en Israël et au Royaume-Uni par des décisions imposant la séparation des grands-parents de leurs petits-enfants ou la mise en confinement des ainés pour 4 mois. Le fossé s’aggrave quand on souligne que les séniors, qui ne contribuent plus directement au développement de l’activité économique du pays, bénéficient d’une rente-retraite…
Cette confrontation intergénérationnelle, attisée par la crise sanitaire actuelle, n’a pas que des aspects négatifs ; elle est l’occasion de rappeler le rôle essentiel joué par les séniors sur le plan familial, associatif et sociétal, ainsi que l’impérieuse nécessité de leur garantir la protection et le respect qui leur sont dus.
L’Académie nationale de Médecine recommande :
• de ne jamais utiliser le critère d’âge pour l’allocation ou la répartition des biens et des ressources ; si un rationnement des moyens thérapeutiques s’impose, le choix doit se baser sur des critères physiologiques, cliniques et fonctionnels afin d’obtenir les meilleurs résultats à court et long termes ;
• de substituer la notion de « distanciation physique » à celle de « distanciation sociale » pour mieux faire comprendre que l’observation des gestes barrières n’implique pas de s’isoler du monde mais qu’elle permet de continuer de communiquer autrement ;
• d’accorder une attention particulière aux adultes âgés les plus vulnérables et fonctionnellement atteints résidant en institution de long séjour et de veiller à ce qu’ils continuent de bénéficier de tous leurs droits ».
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