« Il a fallu cette crise sanitaire pour que nos gouvernants redécouvrent les fondamentaux de l’État. Ainsi le président de la République nous explique que plus rien ne sera comment avant, que nous sommes en guerre, que la Santé et l’État providence sont des biens précieux, que déléguer notre alimentation à d’autres est une folie, que le modèle de développement du libre échange est à interroger, etc, etc…
Il est vrai que la crise sanitaire que nous vivons était difficilement prévisible. L’heure n’est peut-être pas à la polémique stérile, mais n’exclut pas de constater que la Santé et l’Hôpital Public n’ont pas été prioritaires depuis des décennies et que les gouvernements de droite et de gauche ont tous fait preuve d’impéritie et d’imprévoyance. Pour preuve de ce manque d’anticipation, rappelons que le conseil des ministres s’est réuni en urgence le 29 février 2020 pour prendre des mesures exceptionnelles afin de lutter contre le coronavirus et ... il est ressorti de cette réunion le passage en force grâce à l’article 49.3 de la Constitution de la loi sur la réforme les retraites par points. De plus, le 6 mars, le président était de sortie au théâtre considérant qu’il n’y avait aucune raison de modifier nos habitudes. Ce n’est que le 12 mars, fait nouveau, que le président annonce des décisions dites de rupture. Donc face à cette situation tout-e citoyen-ne lucide et rationnel-le ne peut que s’interroger sur deux plans : Les décisions seront-elles suivies d’effets concrets après la période de confinement ? Ces nouvelles orientations de rupture n’ont-elles pas déjà été préconisées par d’autres mouvements ou partis politiques avant cette crise sanitaire ?
En ce qui me concerne, militant de la France Insoumise, je me suis replongé (confinement oblige) dans le programme de la France Insoumise « L’avenir en commun » présenté par Jean-Luc Mélenchon à l’occasion de l’élection présidentielle de 2017. Pour la Santé, voici quelques extraits de la partie « Faire passer la Santé d’abord et pour tous ».
Pages 104 et 105 : La santé publique doit redevenir une exigence de premier ordre en :
. Remboursant à 100 % les soins de santé prescrits,
. Élaborant un plan de santé environnementale (lutte contre la pollution, interdiction des pesticides),
. Engageant un plan de santé au travail
. Comblant les déserts médicaux et créant un corps de médecins généralistes fonctionnaires rémunérés pendant leurs études afin de pallier l’insuffisance de médecins dans certaines zones,
. En reconstruisant un pôle public du médicament pour faciliter l’égal accès aux traitements,
. En protégeant la recherche de la finance
. En menant un plan national de lutte contre la résistance microbienne et en faisant le bilan de l’élevage productiviste comme le préconise l’OMS.
Ces propositions, élaborées collectivement, par des commissions expertes, ont été présentées au peuple français en 2017 et démontrent bien qu’il fallait s’alarmer pour notre système de santé et proposer d’autres modèles de vie.
Pour chacune des autres décisions de rupture avancées par le Président, la même méthode objective et comparative montrerait la pertinence du programme « L’avenir en commun ». Ainsi, il est précisé page 31 :
- De constitutionnaliser la règle verte : ne prélever sur la nature davantage que ce qu’elle peut reconstituer,
- De protéger les biens communs : l’air, l’eau, l’alimentation, le vivant, la santé, l’énergie …
Pages 45 et 46 :
- De revenir sur les programmes de privatisation (aéroports, autoroutes, parts publiques)
- De poursuivre les atteintes aux « éléments essentiels du potentiel scientifique et économique faisant partie des éléments fondamentaux de la nation » selon l’article 410-1 du Code Pénal,
- De rendre effectif le droit de réquisition des entreprises d’intérêt général par l’État.
Ces propositions et bien d’autres encore, sur d’autres domaines, ont été construites raisonnablement pour l’intérêt général humain. Or, entre 2017 et 2020, l’essentiel de la politique mise en place était aux antipodes des nouvelles préconisations avancées par le président de la République et contenues dans le programme « L’avenir en commun ».
Que de temps perdu pour servir avant tout une politique libérale !
La France est à un tournant. Après la période de confinement, il nous reviendra plus que jamais d’être vigilant-es sur la réalisation des promesses du Président et actifs collectivement pour faire connaître et partager nos convictions humanistes et démocratiques.
En effet, une période mondiale de récession économique devient évidente. Qui peut dire que les priorités avancées par le Président aujourd’hui seront effectives demain ? (chat échaudé craint l’eau froide).
Si nous devons réellement changer de modèle, optons ensemble pour choisir l’original à la copie ou si un authentique sursaut national devait s’imposer, pourquoi ne pas songer et s’inspirer du programme du Conseil National de la Résistance et du gouvernement d’Union Nationale d’après 1945 ?
Nous sommes en guerre, nous sommes en guerre ! ».
• « L’avenir en commun », aux éditions du Seuil (3 €)
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