jeudi 23 avril 2020

Saintes/Covid-19 : Des coachs apportent leur soutien bénévole aux chefs d'entreprise et salariés

Responsable d’un cabinet de coaching installé dans la cité entrepreneuriale, Philippe Gaillard appartient à un réseau qui apporte bénévolement son aide aux chefs d’entreprise et salariés confrontés professionnellement à la crise du Covid-19. Une situation exceptionnelle de par son ampleur, sa soudaineté et les réorganisations qu’elle entraîne dans le monde du travail. 


Philippe Gaillard répond à nos questions : 

• Philippe Gaillard, en quoi consiste votre métier de coach ?

Il existe trois organisations professionnelles de coaching, EMCC (conseil européen du mentorat et du coachi), l’ICF (International Coach Federation) et SF COACH (Société Française de Coaching). Chacune propose une démarche différente à ses adhérents. Personnellement, je suis adhérent au sein de SF COACH et EMCC qui a une dimension internationale assez forte et intéressante. Après avoir travaillé dans la région parisienne, j’ai créé mon propre cabinet à Saintes il y a une petite dizaine d’années. J’ai choisi cette ville car elle est au centre du département. En quoi consiste mon rôle de coach ? J’accompagne les chefs d’entreprises dans l'objectif d'améliorer leurs compétences, leur potentiel, savoirs-faire et performances et, si besoin est, je contribue aux recrutements du personnel. Mes recherches s’effectuent en Nouvelle-Aquitaine, sur le bassin d’emploi de l’entreprise, et il m’arrive de faire appel aux structures locales comme la Maison de l’Emploi de Haute-Saintonge. Lorsque la personne a été recrutée, il s’agit pour elle de trouver sa place dans l’entreprise. Je lui apporte une aide dans ce domaine.

• Aujourd’hui, votre intervention et celles de vos collègues auprès des dirigeants de TPE-PME a changé puisque nous vivons une situation inédite, celle d’une crise sanitaire qui a modifié le fonctionnement des entreprises…

En raison du confinement, de nombreux salariés sont en télétravail, au chômage partiel. Le dirigeant est placé dans une situation dont il n’a pas l’habitude : il doit manager ses collaborateurs à distance, réfléchir à des nouvelles orientations, trouver d’autres débouchés. Il peut également avoir à gérer une partie de son équipe en chômage partiel et l’autre en activité.
Les chefs d’entreprises sont confrontés à ces situations délicates et certains sont dans l’impossibilité immédiate de clarifier leurs priorités, de définir les actions à conduire.
Face au télétravail, des questions peuvent surgir : comment l’organiser ? Quels mécanismes puis-je mettre en œuvre pour une bonne efficacité ? Le climat est particulier et peut entraîner des détresses psychologiques importantes. Le rôle du coach est d’accompagner, de permettre au chef d’entreprise de trouver ses propres solutions.

• Quels sont les services qu’apporte la plateforme solidaire à laquelle vous appartenez ? 

Les coachs impliqués dans cette action solidaire et bénévole proposent aux chefs d’entreprise d’une à quatre séances d’écoute, de soutien et d’échange en visioconférence ou par téléphone. Elles durent d’une demi-heure à un heure et demie. Nous avons tous comme point commun EMCC Poitou-Charentes, mais nous n’agissons pas au nom de cette structure.
Parfois, un seul entretien suffit à rassurer, conforter sur la démarche entreprise. Nous abordons avec le dirigeant les difficultés qu’il rencontre, à commencer par la gestion des émotions, et définissons les objectifs. Quelques-uns ont des appréhensions bien légitimes sur le devenir de leurs entreprises. Certaines sociétés sont à l’arrêt et c’est dramatique. Le fait que le dirigeant ne se sente pas seul est important. Nous travaillons avec lui des pistes sur la manière d’affronter la situation.

• Gérer des équipes à distance peut s’avérer compliqué…

En effet, les contraintes personnelles et professionnelles se mélangent. En raison de la crise, les salariés en télétravail sont confinés à la maison avec leurs familles, mari, femme et enfants. C’est une situation que les chefs d’entreprise doivent entendre : dans ce contexte, leurs employés ne sont pas disponibles comme dans le passé. Faire une réunion d’équipe en visioconférence par exemple. Il faut tenir compte des disponibilités et des contraintes des uns et des autres. Tout cela s’organise. Ainsi, en se coordonnant, chacun avancera de manière positive.
Le mode de fonctionnement d’avant n’est pas celui d’aujourd’hui ! A lieu de réunir son équipe tous les 15 jours une demi-journée, deux réunions d’une heure en visioconférence permettent de prendre des décisions plus rapides…
Pour le télétravail, l’achat d’ordinateurs s’est avéré nécessaire pour ceux qui n’en avaient pas. Parfois, selon le lieu de domicile, les connections internet ne sont pas de bonne qualité. Pour échanger avec les salariés et prendre régulièrement de leurs nouvelles, je recommande de créer des groupes Whatsapp. Les rapports ont changé et le chef d’entreprise doit s’adapter de même que ses salariés.

• Etes-vous inquiet quant aux réactions de certains chefs d’entreprise ?

Effectivement, des problématiques apparaissent. Certaines personnes ont du mal à s’ouvrir, à imaginer une autre organisation que celle qu’ils ont appliquée jusqu’alors. Il y a donc une remise en cause personnelle qui vient s’ajouter au contexte préoccupant de la crise sanitaire.
Quant à la gestion des équipes qui ne travaillent plus sur place, l’autorité du dirigeant se trouve dans la sincérité, la confiance, le respect, l’authenticité. Je pense que c’est une opportunité pour faire grandir les équipes. Les salariés donnent beaucoup d’eux-mêmes. Ils répondent présent, contribuent à réaliser les objectifs.

• Quel regard portez-vous sur la situation ? 

Compte-tenu que nous n’avons jamais connu un tel cas de figure, la gestion de cette crise, malgré sa gravité, sera riche en enseignements.
Le groupe de coachs que nous constituons aide à porter un regard différent sur la situation. Se faire accompagner dans le contexte actuel n’est pas un signe de faiblesse pour le chef d’entreprise. Au contraire, il restera debout et passera un cap. Lorsque les choses reviendront "normales ",  seront tirées des conclusions sur les éléments, les décisions qui auront permis d’avancer. Lors du déconfinement, les équipes se retrouveront pour faire le point. La nouvelle feuille de route de l’entreprise s’appuiera forcément sur cette expérience.

• Membres de la plateforme POITOU-CHARENTES : Philippe Gaillard, Stéphanie Clerc, Eric de Laage, Cécile Dupas, Sylvie Fleuret, Violaine Herriau, Franck Robin, Isabelle Wiart, Aurélie Mitteault.

• Liens utiles : 


• Philippe Gaillard fais également partie du club RH « INRH » qui a lancé une opération sur le territoire de Saintes : 


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