vendredi 10 avril 2020

Point de vue/James Poirier : « le confinement global de populations non testées reste une aberration sanitaire »

En pleine épidémie de Covid-19, de nombreuses voix se font entendre. James Poirier, ancien inspecteur de l'Education Nationale à Jonzac, héritier attentif du parler saintongeais (il a longtemps animé la chronique "Des mots pour zou dire" dans le journal La Haute Saintonge), nous fait part de ses réflexions autour de cette question  :  « Cette crise sanitaire bouleverse tant la population mondiale en matière de santé que nos modèles économiques. Quelles leçons en tirer ? ».

Après des échanges tendus, les ministres des Finances de la zone euro sont parvenus jeudi à un accord sur une réponse économique commune face au coronavirus. Un terrain d'entente a notamment été trouvé avec les Pays-Bas qui bloquaient les discussions. L'accord repose sur 500 milliards d'euros disponibles immédiatement. La question des «coronabonds», destinés à soutenir l'économie à plus long terme après la crise, n'a pas été tranchée...
• James Poirier : « Tout à coup, après avoir délabré les services publics et les industries de la France depuis trois décennies, l'Etat voudrait faire croire qu’il est toujours l’Etat »...

« Le monde entier subit la vague de contagion d’un nouveau virus. Cette pandémie n’est pas la première dans l’histoire, mais une première mondiale par sa médiatisation à outrance.
La diffusion quotidienne de données surabondantes offre un « spectacle sanitaire » opaque et angoissant qui ne nous aide pas vraiment à appréhender la situation.

Depuis longtemps déjà, la société du spectacle (si bien décrite par Guy Debord) ne dissocie plus un événement réel du spectacle fictionnel qui en est tiré. À mesure que l’on cherche à l’approcher et à la comprendre, la réalité de l’actuelle épidémie s’éloigne dans une représentation faussée et médiatisée. Loin d’offrir une information fiable et crédible, la pandémie-spectacle s’impose comme diversion. D’où la difficulté de réfléchir calmement et sérieusement à ces deux questions : Que se passe-t-il ? Où allons-nous ?

Que se passe-t-il ?

L’urgence sanitaire met brutalement en lumière l’état sinistré de la Santé Publique en France. Les Français découvrent avec stupeur que leur système de santé, qu’ils croyaient dirigé par de scrupuleux professionnels pratiquant l’art de la médecine selon leur serment d’Hippocrate, est tombé aux mains d’administrateurs, comptables, politiciens et commerciaux de la santé obéissant aux intérêts du capitalisme sanitaire et aux directives de la Commission européenne.

Dans ce système, l’intérêt des malades et le point de vue des vrais médecins passent après les considérations de « productivité », « d’efficience », de gros sous, et de pouvoir.
D’où la fermeture de lits d’hôpitaux depuis vingt ans, des réductions d’effectifs, la disparition des stocks stratégiques de masques et de médicaments d’urgence, situation qui ramène la France au niveau du tiers-monde le jour où se présente une crise sérieuse.
Faute d’une stratégie digne de notre pays, le confinement a été décidé en désespoir de cause. Or, tous les spécialistes le disent, le confinement global de populations non testées reste une aberration sanitaire. Par cette mesure spectaculaire, le gouvernement essaie néanmoins de donner le change pour dissimuler les pénuries de matériel et de personnel soignant. Peine perdue, l’état pitoyable de l’hôpital public éclate au grand jour. Chacun mesure désormais l’étendue des dégâts !
En ce début avril 2020, il serait encore temps de prendre à bras-le-corps la crise que nous vivons, et d’appliquer partout en France une médecine d’urgence et le bon sens, en faisant immédiatement bénéficier tous les malades, dès le début d’une maladie potentiellement mortelle, de tous les traitements disponibles déjà connus, sans attendre la conclusion de prétendues recherches en cours.

Le bilan d’étape fait craindre le pire. En France, le pic de la pandémie n’est pas atteint que, déjà, s’accumulent les incohérences et surtout les victimes par milliers. Il y a eu des hésitations et de l’impéritie. Sinon, comment expliquer qu'un virus qui a provoqué en Chine la mise en quarantaine d'une ville de onze millions d’habitants, puis d’une province de cinquante millions, n'ait suggéré aucune précaution chez nous, quand il en était encore temps, c’est-à-dire en janvier ? Commander à temps tout le matériel médical nécessaire par exemple.
Fin janvier, les Français n’ont pas été avertis sur la menace du « tsunami » coronavirus, sur la pénurie de masques, de médicaments, de tests et de matériel de réanimation. On a fait croire que la France était prête à affronter cette crise sanitaire, alors que ce n’était pas le cas.

Pourtant, les Français dans leur immense majorité ont admirablement accepté les règles du confinement, conscients de la situation-limite et des risques, et conscients de leur solidarité nationale.

Ce n’est pas fini. Rien ne se corrige. Depuis des semaines, des soignants désespérés et indignés demandent quand les masques ont été commandés. Où sont-ils ? Qui les a vus ? Quand seront-ils livrés ? Où ? Combien ? Mêmes questions pour les tests , les respirateurs, le curare, la chloroquine… Le professeur Salomon ne répond pas à ces questions. Edouard Philippe pas davantage. Le ministre des transports claironne qu’il n’y a pas de pénuries en France. Depuis des semaines, on nous dit que les masques arrivent demain, alors que la pénurie perdure dans les hôpitaux. Et qu’offre le Gouvernement ? Des promesses, des laïus pédagogiques.

Où allons-nous ?

Essayons maintenant d’imaginer nos lendemains.

Au choc sanitaire, s’ajoute celui de mesures étatiques, dont l’isolement des populations. Tel que ressenti par la moitié de l’humanité (nous dit-on), en tout cas par la totalité des Français, la principale secousse vient de cette injonction : « Restez chez vous ! »
Outre ses effets psychologiques à terme, qui s’ajoutent aux inquiétudes immédiates pour notre santé, cette mise en confinement de tout un pays ne conduit pas à une simple paralysie saisonnière (comparable à une calamité météorologique après laquelle tout reprendrait comme avant), mais à une désorganisation majeure qui pourrait aboutir, au mieux à une reconsidération de nos principes économiques et politiques, au pire à l’effondrement de pans entiers de l’économie, avec tous les désordres en cascades du côté des banques ou de la monnaie.

Cette situation peut rapidement devenir catastrophique, voire insurrectionnelle. Nous sommes en France, et l’on imagine mal que les Français acceptent une situation de chaos sans se révolter. Plus le « restez chez vous » durera, et plus son issue deviendra risquée. Le « déconfinement » devra être anticipé, planifié, et accompagné par des directives dignes de confiance et de respect.

Demain, quid de l’Union européenne ?

Il y a donc grande apparence que cette grave crise sanitaire débouche sur un rejet de l’UE par les peuples d’Europe, notamment par ceux qui auront le plus souffert dans leur chair de l’étranglement des services publics de Santé.

Déjà, l’Europe d’hier a explosé en vol au-dessus de l’Italie. Confronté à sa propre inutilité face à la souffrance des nations, le système maastrichtien s’est éclipsé. Chaque pays d’Europe gère la crise sanitaire et ses frontières pour son propre compte, selon ses propres méthodes. Résultat, le taux de mortalité en Allemagne est un des plus faibles de la planète avec 0,5%, alors qu'il atteint 5,2% en France et 7% en Espagne. Appelant l’Union européenne à leur secours, l’Espagne et l’Italie n’ont pas été entendues dans un premier temps. Un plan de relance européen de plus de 500 milliards d'euros vient d'être validé, mais il doit être rapidement mis en pratique car la récession va être la plus lourde de l’après-guerre en Europe.
La réalité est là : la prétendue « Europe qui protège » ne protège rien, ni personne. La bureaucratie de Bruxelles récite ses mantras sur le refus des frontières, pendant qu’à son chevet, soupire un de ses vieux gourous préférés au sujet de la crise : « L’Union européenne pourrait en mourir » dit-il...

Demain, le grand retour à une indépendance économique ?

Macron porte un masque à la télé ! Je parle du fameux masque chirurgical avec lequel, le 31 mars dernier, il est apparu en public. Oui, vous savez, ce masque sanitaire « qu’il ne sert à rien de porter dans la rue » (comme nous l’a expliqué le professeur Salomon). Aujourd’hui, on nous affirme le contraire : « Il faut des millions de masques… Il faut produire davantage en France, sur notre sol, pour réduire notre dépendance ». Ce discours à l’opposé de son credo mondialiste habituel est-il crédible ?

De deux choses l’une : soit Macron enfume les Français sans la moindre intention de renoncer à sa politique maastrichtienne ; soit il a décidé de tourner le dos aux critères de Maastricht et d’aller vers le retour des frontières et l’affrontement idéologique, industriel et monétaire avec l’Allemagne.
Que va-t-il faire ? On peut toujours rêver. Pour relever un tel défi de rénovation nationale, il faudrait au moins un De Gaulle.

Faisant écho au discours officiel, l’exécutif gouvernemental prétend pousser très loin (en paroles) la reprise en main de l’économie : injonctions de travailler pour sauver les entreprises, projets de nationalisations, interdiction des dividendes… Tout à coup, après avoir délabré les services publics et les industries de la France depuis trois décennies, l'Etat voudrait faire croire qu’il est toujours l’Etat. Illusion d’optique ? Intention sincère ou mystification ? Feignant d’oublier la tutelle de la Commission européenne, l’exécutif prétend être partout, même où on ne l’attendait plus : « L’Etat paiera ». Oui, par l’emprunt l’Etat peut payer, un temps…

Heureusement, nous ne sommes pas seuls. D’abord, nous avons le génie d’un vieux peuple qui en a vu d’autres. Et nous avons aussi tout le reste de la planète qui nous connaît depuis bien longtemps.

Demain, la fin de la mondialisation ?

Le retour au nationalisme économique a des chances d’être favorisé par l’extraordinaire concomitance de la crise du mondialisme dans les différents pays touchés par la pandémie, c’est-à-dire tous. Ce phénomène est sans précédent. La Chine, la Russie, les Etats-Unis, les pays européens dont le Royaume-Uni, mais aussi le Japon, la Corée, l’Amérique latine, l’Inde, l’Australie, tous ces pays affrontent en même temps des problématiques semblables. Tout à coup, la démondialisation pourrait devenir… mondiale ! Un grand vent démocratique pourrait se lever, qui remettrait en cause toutes les tutelles supranationales du libre-échangisme, sans oublier d’autres entités financières (Fondations Bill Gates, Soros, Rockefeller, etc).
En faisant mine de se laisser « globaliser », les vieux peuples se sont aussi enseigné à eux-mêmes les réflexes de leur survie : l’Italie n’a pas trouvé tout le secours souhaité auprès de son organisation de tutelle (l’UE), mais auprès de la Russie, de la Chine et de Cuba. Cet exemple montre que demain, chaque nation libre reconstruira, en fonction de son histoire et de son génie propre, les échanges internationaux utiles à sa prospérité.

Un grand souffle d’espoir et de transformation se lève, qui pourrait aider la nation France à se reconstruire et à s’épanouir librement, selon sa vocation historique, par des alliances refondées et des coopérations choisies. Ce serait une nouvelle Libération ».

Les tests étaient et restent de première importance.  
Voici des chiffres au 2 avril 2020 — source : https://www.mediterranee-infection.com/covid-19/  
-100 000 tests réalisés en France = 4032 morts
-21000 tests réalisés à Marseille = 22 morts

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