samedi 31 janvier 2009

Réforme des collectivités territoriales : Le tour de France des sénateurs commence par Bordeaux et Jonzac


Lundi, le président du Sénat Gérard Larcher se trouvait aux Antilles. Non pas pour nager la brasse (ça, il sait le faire), mais pour prendre un grand bain de politique haute saintongeaise aux côtés de Claude Belot. En toile de fond, la réforme des collectivités territoriales dont le sénateur maire de Jonzac préside la commission...


En présence de Gérard Larcher, Président du Sénat, la Mission temporaire du Sénat sur l’organisation et l’évolution des collectivités territoriales que préside Claude Belot aux côtés de Pierre-Yves Collombat, Yves Krattinger et Jacqueline Gourault, a rencontré les maires, députés et conseillers généraux de Charente-Mari-time, lundi dernier aux Antilles. Dans la matinée, elle avait été reçue à Bordeaux par Alain Juppé.
L’objectif de ces déplacements en province est de recueillir l’avis des élus locaux sur les améliorations à apporter. « Il s’agit purement et simplement de décortiquer le système dans lequel vivent les collectivités territoriales » souligna Gérard Larcher qui inaugurait ce tour de France à Jonzac. Il n’est pas question de tout casser, mais de trouver des formules qui allégeront les strates du « mille feuilles ».
La mission du Sénat est diverse politiquement, réunissant la droite comme la gauche : « Nous recherchons avant tout un consensus » explique Claude Belot. Ne nous leurrons pas cependant : chacun y défend son bout de gras. En effet, quand on parle de toucher aux Régions, la gauche monte au créneau. Alain Rousset, président de la Région Aquitaine, n’hésite pas à qualifier de « ridicule proposition de mécano politique et territorial » l’idée lancée par Jean-Pierre Raffarin et Dominique Bussereau qui souhaitent rapprocher l’Aquitaine et le Poitou-Charentes. Pourtant, l’Aquitaine est proche de la Saintonge. Claude Belot considère d’ailleurs que Jonzac est dans le troisième cercle d’influence de Bordeaux.
Est-il besoin de le rappeler, cet élu de longue date veille aux destinées de la Communauté de Communes de Haute Saintonge, la plus vaste de France par son nombre de communes (123). Au sein de la CDCHS, il a concrétisé d’importants projets dont le centre aquatique et ludique (ouvert toute l’année), la médiathèque et les archives. Jonzac, dont la renommée gravite autour de la station thermale, insuffle un véritable dynamisme à l’ensemble du territoire. D’abord agricole, le sud du département a évolué, ces trente dernières années, vers d’autres sources de développement dont le tourisme.

Changer, oui, mais quoi ?


La réforme des collectivités territoriales est d’autant plus compliquée que les Français sont attachés à leur terroir. Unir deux communes relève du parcours du combattant !!! Prenez les habitants de Chardes et Vallet, communes pourtant associées, ils ne vous diront jamais qu’ils sont Montendrais ! « On ne modifie pas l’organisation des collectivités territoriales comme ça, au détriment d’une pulsion politique » déclara Gérard Larcher.
Les points de vue exprimés par les participants furent contrastés. Parmi les remarques, figurent le regroupement des régions en vastes territoires calqués sur les régions militaires ainsi que le soutien unanime aux communes - lien de proximité - et aux départements.
L’existence des « pays », bassins d’emploi qui englobent généralement les communautés de communes, est remise en cause. Certains le regrettent, d’autres pensent que l’essentiel est d’aller vers des structures intercommunales innovantes, porteuses de projets. Les rapports officiels concernant l’intercommunalité actuelle sont préoccupants : certaines CDC n’ont plus d’argent une fois qu’ont été rémunérés président et vice-présidents ! Par ailleurs, le nombre de vice-présidents n’est-il pas trop élevé ? Tous travaillent-ils à hauteur de leurs indemnités ou se contentent-ils d’apparaître lors des séances publiques ? Il en est de même pour les conseils municipaux : pourraient-ils être réduits, certains membres se contentant de faire de la figuration ? Le mode de scrutin et le panachage retinrent aussi l’attention : faut-il le supprimer dans les communes de moins de 3500 habitants et lui préférer une formule proportionnelle ? On éviterait ainsi les règlements de compte. Didier Quentin, député maire de Royan, rappela que les moins forts en voix étaient souvent le maire et l’adjoint aux travaux...
La présence des femmes en politique fut évoquée : elles ne sont pas assez nombreuses à sièger au Département, malgré la parité (sur ce chapitre, on notera l’hypocrisie des hommes qui les veulent bien dans leur cercle à condition qu’elles ne leur fassent pas d’ombre).


Les Régions, quant à elle, seraient peu lisibles dans leurs compétences : « Elles marchent à côté de leurs pompes et ne font que du saupoudrage. Il est important qu’elles travaillent à l’aménagement du territoire » estime M. Binaud, maire de Matha. Des découpages, des rapprochements seraient-ils nécessaires ? En Alsace, par exemple, le Département et la Région aimeraient bien fusionner, après referendum. « Nous irons dans le sens de la liberté locale » précisa Claude Belot.
Sans être frères jumeaux, certains territoires peuvent bénéficier du rayonnement des métropoles. Ainsi, grâce au TGV, Angoulême ne sera plus qu’à une demi-heure de Bordeaux. « Bordeaux peut aussi profiter de l’attractivité d’Angoulême » rétorqua Michel Boutant !
Une difficulté semble apparaître au niveau des TER, l’Aquitaine et le Poitou-Charentes n’ayant pas réussi à signer une convention. Consé-quence, Alain Rousset ne veut pas investir jusqu’à Saintes et cesse son financement à Saint-Mariens, commune frontière. Rien n’est simple et la création de futurs conseillers territoriaux n’est pas demain !
Certains maires se sentent bien isolés. Celui de Châtenet (215 habitants), dans le canton de Montlieu, ignore comment il financera la voirie nécessaire à l’installation de nouveaux habitants travaillant dans la périphérie bordelaise. Une élue du canton de Loulay fit part de ses difficultés au quotidien, le premier magistrat se transformant souvent en assistance sociale. Daniel Gillet s’attarda sur les documents comptables « devenus illisibles » pour le commun des mortels et sur l’éloignement à La Rochelle, distance qui pénalise les habitants du Sud Saintonge.
Durant près de deux heures, les échanges se succédèrent.
Qu’en ressort-il ? La commune reste la cellule de base, c’est une évidence. Par contre, pour une meilleure efficacité, les structures intercommunales doivent être importantes (une CDC de cinq communes n’a pas de marge de manœuvre). Si le Département joue un maillon important, reste à savoir quel sera l’avenir des Régions. « Notre rôle est de rendre les territoires compétitifs » conclut Gérard Larcher.
Quoi qu’il en soit, et malgré la volonté de Nicolas Sarkozy, aucune reforme ne se fera dans la contrainte. Personne ne voulant bouleverser l’environnement, on ne se demande bien si ces commissions, certes louables, ne vont pas rester sur leur faim (fin ?)...

Infos en plus

• Communes, communautés de communes : qui fait quoi ?

Le Gouvernement vient de remettre au Parlement son rapport sur le contrôle a posteriori des actes des collectivités locales.


La DGCL (Direction générale des collectivités locales) a publié le 20ème rapport du Gouvernement au Parlement sur le contrôle a posteriori des actes des collectivités locales et des établissements publics locaux, qui porte sur les années 2004, 2005 et 2006.
S’agissant du contrôle de légalité, le rapport met en relief le développement de l’intercommunalité, soulignant qu’il soulève de nouvelles questions. Les principales difficultés relevées par les préfectures portent sur quatre thèmes :
- le défaut de prise en compte par certaines communes de leur dessaisissement au profit de la structure intercommunale dès lors qu’une compétence lui a été transférée ;
- la difficulté de définir clairement les compétences transférées, qui conduit à l’intervention d’EPCI en dehors de leurs compétences statutaires ou de leur périmètre, au profit de communes membres ou non membres. Cette pratique, qui s’accompagne du développement de la pratique contractuelle entre communes et structures intercommunales, suscite des interrogations au regard non seulement des règles de compétence fixées par le code général des collectivités territoriales mais également de leur compatibilité avec le respect de l’initiative privée dans des secteurs concurrentiels ;
- la coexistence de plusieurs structures intercommunales sur un même territoire, qui entraîne des chevauchements de compétences ou des transferts en cascade dans le cadre d’une chaîne de syndicats dont certains n’exercent plus d’activité ;
- le manque de précision de la rédaction des statuts, générateur d’incertitudes. Les irrégularités relevées en ce domaine tiennent essentiellement à l’imprécision des statuts relatifs aux compétences transférées, à une mauvaise appréhension de l’intérêt communautaire, aux demandes réitérées de possibilités d’exercer des attributions de maîtrise d’ouvrage déléguée et de prestation de services, aux financements croisés des investissements. Ces irrégularités reposent toutes sur le souci de pouvoir introduire plus de souplesse dans le fonctionnement de ces structures.

• Le financement de l’intercommunalité

Le produit des quatre taxes locales est passé de 2,31 milliards en 1993 à 10,7 milliards en 2004. Cette augmentation est très importante et d’autant plus sensible qu’une autre taxe, la TEOM (taxe d’enlèvement des ordures ménagères) se développe parallèlement. La TEOM est la taxe la plus dynamique depuis dix ans et son produit atteint 4,5 milliards en 2005 (dont 1,42 milliard pour les seuls EPCI à fiscalité propre).
Plusieurs études montrent qu’une hausse de 10 % du taux de l’impôt intercommunal réduit de 1 % seulement le taux de l’impôt communal.
L’intercommunalité ne récolte donc pas encore les fruits de son succès, car elle ne réduit pas la pression fiscale. Les impôts de l’intercommunalité n’ont pas tari ceux des communes. Le jeu des vases communicants n’a pas opéré. Enfin, aujourd’hui, la fiscalité mixte se répand, pesant à la fois sur les entreprises et les ménages.


• Question de compétences...

Aujourd’hui, les différents échelons (commune, intercommunalité, département et région) possèdent tous une clause générale de compétences. Certains membres de la Commission Balladur seraient favorables à une suppression de cette clause pour les départements et les régions, permettant une meilleure définition de leurs rôles respectifs.
L’idée générale serait de constituer deux pôles : l’un regrouperait les communes et les intercommunalités, l’autre les régions et les départements. Le premier assurerait la gestion des affaires locales, le second les grands dossiers de développement.
Puisqu’il s’agit de supprimer des échelons, certains élus souhaitent la fusion du département et de la région, d’autres - tels que MM. Raffarin et Bussereau avec l’Aquitaine et le Poitou Charentes - la fusion de régions.
Pour l’heure, on planche. Les conclusions de la commission Balladur sont attendues en février. La balle se trouvera ensuite dans le camp de l’Assemblée nationale qui proposera des projets de loi. Deux temps de débat avec le gouvernement auront lieu au Sénat. D’une façon générale, on devrait y voir plus clair avant les vacances d’été.

• Éviter que le mille feuilles ne devienne bourratif...

Avec les ans, la popote territoriale française a pris de l’embonpoint. Chaque majorité ayant marqué son passage par une nouvelle recette, sont nés les régions englobant plusieurs départements, les intercommunalités, plat de consistance regroupant les communes dans le but secret d’en réduire le nombre et les pays correspondant à des bassins d’emplois. S’y ajoutent les amuse-gueules que sont les syndicats, divers et variés, qui permettent à leurs responsables de porter le titre honorable et envié de président.
Au nom de la décentralisation, d’une meilleure répartition des pouvoirs et d’arguments persuasifs, les couches se sont accumulées au point de constituer un “mille feuilles”, sorte de gâteau riche et épais qui réjouit ou irrite. En effet, ses ingrédients coûtent cher au contribuable qui voit, chaque année, les doses de fiscalité locale s’accroître sur ses feuilles d’impositions. X grammes pour le département, et pour l’intercommunalité, et pour la commune, et pour la Région... Mais quels services perçoit-il en retour ?
Président entreprenant, Nicolas Sarkozy a décidé de mettre un coup de pied dans la fourmilière : trop nombreuses, les collectivités coûtent cher et on ne sait plus qui fait quoi. Qu’à cela ne tienne, il a demandé à la commission Balladur d’étudier la question. Fermement : « Je ne veux pas un nouveau rapport ! Je veux des solutions et surtout, ne vous interdisez rien ! Les Français veulent que les structures soient simplifiées, les compétences clarifiées, les dépenses locales maîtrisées ». Avec tant de vouloir, il ne pouvait être plus explicite.
Dès lors, le comité pour la réforme des collectivités locales, composé de onze membres, est à l’action et réfléchit à une nouvelle organisation territoriale. Une tâche de titan face au peu d’entrain que suscitent les changements...


Or, comment faire pour moderniser le pays sans toucher à ces différentes strates ? Craignant le retour d’un état centralisateur, la France a pris des allures féodales sans même s’en apercevoir, faisant des présidents de régions, départements, communautés de communes et d’agglomération de vrais patrons, aux attitudes de grands « barons ». Des barons dont on canalise les ambitions à l’Assemblée nationale ou au Sénat grâce au cumul des mandats, mais qui pèsent lourd dans la balance. Le président de la République le sait bien. Cette nouvelle forme de cour, qui ressemble à celle qu’avait créée Louis XIV à Versailles pour « amadouer » la noblesse, a un mérite : elle étudie et vote les lois qui régissent la société. Autre temps, autres mœurs !
Démocratiquement élus, tous n’ont pas la même ardeur. Les uns s’endorment dans les ors des anciens palais, heureux d’afficher leur prestige comme la marque indélébile de leur réussite tandis que les autres travaillent pour apporter leur pierre à l’édifice. Question de caractère. Seul problème, les représentants les plus actifs perçoivent les mêmes indemnités que ceux qui digèrent leur excellent déjeuner, l’après-midi, dans un fauteuil capitonné...
Bref, en homme de terrain, Sarkozy n’entend pas laisser la France se “sédimenter” en abandonnant certains élus à l’état de fossiles que des scientifiques viendraient observer dans les ambres dorés de la République. Depuis que Barack Obama est devenu président, une nouvelle génération tient les rênes aux États-Unis. Admirative mais troublée, la vieille Europe se regarde dans la glace. Angela Merkel redresse les épaules, Zapatero refait son nœud de cravate et Sarkozy chausse ses bottes de sept lieues (sans talonnettes). La suite ne devrait pas manquer de piquant(s) !


Dis-le-moi dans l'oreille

• Antilles : « Depuis que la CDCHS a repris les rênes du centre aquatique, les chiffres sont équilibrés et bénéficiaires » a souligné Claude Belot qui les présentera sans doute lors de la prochaine réunion communautaire. L’affaire Gesclub ne serait plus qu’un mauvais souvenir...

• Stratégie : Maire de Rambouillet, Gérard Larcher a battu Jean Pierre Raffarin à la présidence du Sénat. Sous ses airs d’homme tranquille, appréciant la bonne chère, cet ancien vétérinaire, attentif et intelligent, avait bien préparé le terrain. Raffarin n’a pas senti d’où venait le vent, manifestement. Morale de l’histoire : il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué !

• Régionales : Gérard Larcher était avec les sénateurs de Charente-Maritime, MM. Belot, Laurent, Doublet. L’époque de Jean Pierre Raffarin, qui fut candidat à la présidence du Sénat et président de la région Poitou Charentes, semble révolue. D’ailleurs, on ne sait pas qui conduira la liste UMP aux futures Régionales, personne ne souhaitant se frotter à Ségolène Royal, dit-on. Et pourquoi pas Marie Dominique Morvant, conseillère générale de La Rochelle ?

Photo 1 : L’arrivée de Gérard Larcher aux côtés de Claude Belot et Michel Doublet.

Photo 2 : Gérard Larcher

Photo 3 : De nombreux élus de la région étaient présents.

Photo 4 : Sur cette photo le verre de l’amitié, avec Claude Belot, Didier Quentin, Yves Krattinger et Daniel Laurent aux côtés de Gérard Larcher.
La mission du Sénat est présidée par Claude Belot (UMP et co-présidée par Pierre-Yves Collombat (PS, Var). Les co-rapporteurs sont Yves Krattinger (PS, Haute-Saône) et Jacqueline Gourault (UC, Loir-et-Cher, absente à Jonzac lundi).

Photos 5 et 6 : De nombreuses personnes étaient venues écouter le discours de Gérard Larcher.

Photo 7 : Gérard Larcher applaudi par les élus de Charente-Maritime.

vendredi 30 janvier 2009

Isabelle Duhamel Costes, sous-préfet, face aux éléments déchaînés


En effet, le Préfet de Charente Maritime se trouvant en mission, Isabelle Duhamel Costes, sous-préfet de Jonzac, était de permanence en fin de semaine. Avec les services de l’État, la DDE, le SDIS, la gendarmerie et les sapeurs pompiers, dont elle souligne l’efficacité, elle a vécu en direct sa première grande tempête, faisant face à cet événement exceptionnel avec sang froid et organisation. Retour sur cette nuit particulière et les jours qui suivirent...


Tout d’abord, un élément est à prendre en compte : contrairement à décembre 1999, la violence de cet ouragan n’a pas été sous-estimée, les services de Météo France l’ayant signalé dès le 23 janvier au matin.
« Dans l’après-midi, nous nous sommes réunis au Centre opérationnel de la préfecture de La Rochelle afin de mettre en place la cellule de crise et les mobilisations nécessaires. Le département étant placé en vigilance orange, nous étions prêts à intervenir » souligne Isabelle Duhamel Costes.
Dans la soirée, de son P.C. jonzacais, elle ne tarde pas à prendre les premières décisions. Dès 22h, la circulation est coupée aux poids lourds sur la RN 10 et l’A10 au niveau de Poitiers et la frontière espagnole.
Vers minuit, Richard Pasquet, responsable de la DDE, prend un arrêté qui interdit la circulation à tous les camions sur le département. Une sage décision qui a sûrement évité de graves problèmes...
Après 4 heures du matin, les vents violents se déchaînent. Les sols étant détrempés, de nombreux arbres commencent à tomber. S’y ajoutent des coupures d’électricité.
Au petit matin, l’heure est aux premiers constats :
« en début de matinée, ERDF s’est positionné en cellule de crise et a déclenché le plan Adèle. Vers 9 h, on dénombrait 20 départs de lignes à moyenne tension coupés et 7000 foyers dans le noir, sur un axe allant de Royan vers le Sud Saintonge ». Dix équipes de réseau et d’élagage sont mobilisées.
Les nouvelles ne sont pas bonnes : les vents n’ont pas faibli et certaines pointes atteignent 150 km/h dans le Médoc. Isabelle Duhamel Costes demande à la classe de neige de l’école primaire de Jonzac, qui revient des Pyrénées, de retarder son retour. Elle est hébergée au centre de vacances de Gourette. Venant de Bretagne, un autre car est conduit sur une aire de repos de l’A10. Les gendarmes accompagnent les enfants au lycée professionnel de Pons qui assure leur hébergement.
Les problèmes s’enchaînent : vers 11 h, les aires de Bédenac sont complètement saturées par les camions immobilisés. Les départements situés au Nord ne présentant plus de danger, les poids lourds sont autorisés à repartir dans ce sens.
Privés d’électricité, quatre passages à niveau, bloqués au sud de Fléac, fonctionnent sur batteries. Des mesures sont prises. Vers 12 h 15, le feu se déclare dans le circuit d’un transformateur à Saint Aigulin, entraînant des émissions de pyralène. Par prudence, plusieurs maisons sont évacuées. Dans cette commune, la Dronne sort de son lit, envahissant plusieurs habitations. Leurs occupants sont logés par la mairie au centre de vacances (où ils se trouvaient encore mercredi).
Les vents se calment dans l’après-midi. ERDF s’active à remettre le courant. 40 équipes, soit 150 agents, sont déployées sur le terrain. Près de 85000 foyers sont touchés sur l’ensemble du département.
Aux alentours de 17 h, l’A10 est rouverte dans le sens Sud/Nord.

Aucun blessé n’est à déplorer

Depuis le début des événements, les sapeurs-pompiers ont effectué 630 interventions dont 260 sur le seul secteur de Jonzac. Fort heureusement, aucun blessé n’est à déplorer. Des édifices religieux ont été touchés dont les églises de Saint Genis et de Saintes. Des pierres tombant de Saint Pierre, un périmètre de sécurité a été installé.
Côté électricité, le rétablissement se poursuit. Des groupes électrogènes sont déposés au centre de secours de Jonzac pour répondre aux besoins de la population. Le SDIS est appelé en renfort pour le renflouage d’un chalutier dans l’estuaire de la Seudre, au niveau de Chaillevette. Ses cales contiennent 500 litres de fuel. Plus de peur que de mal...
En soirée, le déblocage des routes permet de désengorger les aires de stationnement.
Le lendemain, dimanche, la situation s’éclaire puisque la lumière revient dans de nombreux foyers. Pour les hameaux les plus éloignés, des groupes électrogènes sont fournis. Le plan PISO (Plan Intempéries du Sud Ouest) est levé à 20 h. La situation redevient normale dans la journée de lundi. Les agents d’ERDF partent en renfort dans le Sud-Ouest.

Doter les sous-préfectures de groupes électrogènes

Durant toutes ces heures, Isabelle Duhamel Costes a fait face aux éléments avec l’aide précieuse de Richard Pasquet et des services d’intervention.
Aujourd’hui, nous sommes au bilan. Il y a certes des dégâts, mais la Charente Maritime a échappé à la catastrophe qu’elle a connue en 1999. Les dégâts qu’a subis la forêt dans le Sud Saintonge restent à chiffrer. Les jeunes peuplements auraient souffert.
L’estuaire, quant à lui, a eu de la chance : le faible coefficient de marée a évité une vague semblable à celle de 99. Dans ce secteur, il est difficile de ne pas mentionner la centrale de Braud Saint Louis dont les digues ont été surélevées.
En ce qui concerne moyens et organisation, Isabelle Duhamel Costes a constaté que la sous préfecture de Jonzac ne dispose pas de groupe électrogène. Comment travailler si l’électricité vient à manquer ? D’autres lieux « stratégiques » (comme les casernes) sont également concernés.
Les transmissions radio et téléphone ont également posé problème, certaines antennes de relais ayant été endommagées. Que les différents intervenants restent connectés est essentiel pour coordonner l’action.
Les aires de stationnement, quant à elles, se sont avérées trop petites pour accueillir le flot de camions. En créer de nouvelles aurait une utilité certaine. Ces remarques sont importantes car nul ne sait quand se déchaînera la prochaine tempête. 1999-2009 : seuls dix ans se sont écoulés. Il n’est plus question de tempête du siècle... mais de la première tempête du XXIème siècle.

Infos en plus

• Inondations :

Désormais, les craintes ne concernent plus les vents, mais les inondations. Grossies par les pluies, Seugne, Dronne et Charente sont sorties de leur lit. Toutefois, l’heure est à l’apaisement, le temps étant plutôt clément. À Saintes, la hauteur de la Charente est d’environ 5 mètres (les choses se gâtent à partir de 5,70 mètres). La situation à Cognac et Angoulême est également à la stabilité. La Seugne et la Dronne ne suscitent pas d’inquiétudes pour le moment.

• Saintes : Saint-Pierre agressé par les vents

En raison de la tempête, des pierres de l’édifice religieux sont tombées samedi matin. Les alentours ont donc été sécurisés. Actuellement, l’architecte des Bâtiments de France prépare une consultation d’entreprises pour les travaux d’entretien à réaliser sur les édifices classés saintais. La mairie a demandé d’ajouter une prestation par une entreprise, spécialisée dans les travaux en hauteur, afin de refixer des éléments maçonnés fragilisés et enlever la végétation dans les parties hautes.

Photo 1 : Isabelle Duhamel-Costes, sous-préfet, et son époux Jean-Paul.

Tempête 2009 : Le point avec Dominique Bussereau


« Ces tempêtes sont une réalité du réchauffement climatique » remarque le Secrétaire d’État aux Transports qui répond à nos questions.


Les tempêtes se suivent et se ressemblent par l’ampleur des dégâts. Pensez-vous que nous étions mieux préparés face à cette nouvelle épreuve qu’en 1999 ?

L’expérience tirée de la tempête de décembre 1999 est importante. Grâce au système d’alerte météo, des dispositions d’urgence ont été prises en amont. Tous les services étaient prêts à intervenir, SDIS, DDE, ERDF. La tempête de 1999 avait été meurtrière, entraînant la mort de 92 personnes sur l’ensemble du territoire, dont treize en Charente Maritime.
Cette fois-ci, les habitants avaient été informés des dangers encourus. Le nombre de victimes de la tempête 2009 est donc inférieur, une dizaine en comptant les personnes intoxiquées par les groupes électrogènes. D’où l’intérêt d’une bonne information. Dès vendredi après-midi, les mairies ont reçu des bulletins d’alerte et ont pu s’organiser. Sur le département, le système, coordonné par Isabelle Duhamel Costes et le Secré-taire général de la Préfecture, a parfaitement fonctionné. Tout le monde a bien travaillé.
En 1999, nous étions dans l’épicentre avec des vents relevés dans l’Île de Ré à 200 km/h. Samedi dernier, sur le bassin d’Arcachon, les Landes, le Cap Ferret, des rafales ont atteint 172 km/h. Elles ont été moins violentes chez nous.
Dimanche, j’ai accompagné le Président de la République dans la forêt du Médoc où nous sommes allés à la rencontre des forestiers, des agents d’ERDF, de la SNCF. Ensuite, nous avons fait le point lors d’une réunion qui s’est tenue à la Préfecture de Bordeaux. Nicolas Sarkozy a remercié tous ceux qui interviennent sur le terrain afin d’aider la population et rétablir la situation.

Quelle est la situation actuelle ?

Sur les grands axes routiers, la situation est normale. Des arbres étant tombés, certaines voiries départementales restent à sécuriser. En ce qui concerne le train, le Bordeaux/Saintes ne circulait pas lundi. Par défaut d’alimentation électrique, certains passages à niveau ne fonctionnaient pas. Ce problème a été traité les jours suivants. Par contre, la ligne située au sud de Bordeaux, qui va à Hendaye et traverse la forêt landaise, a subi d’importants dégâts sur le réseau électrique. La SCNF n’a pas encore chiffré le préjudice.
En Charente Maritime, les problèmes d’électricité dans les foyers étaient pratiquement tous réglés lundi. Une centaine d’abonnés restait à dépanner, dans le Sud Saintonge principalement. Le lendemain, les équipes d’ERDF sont parties secourir les autres départements. Normalement, les zones sinistrées devraient avoir retrouvé l’électricité en fin de semaine. Il y a toutefois des endroits compliqués, dont la région de Perpignan où une ligne à haute tension est tombée. Actuellement, c’est l’Espagne qui alimente ce secteur.
En fin de semaine également, les problèmes de téléphone devraient être résolus, en transformant les numéros fixes en mobile dans certains cas.
Il reste la forêt. D’après les premières observations, le massif de la Double est peu touché. Par contre, les dégâts sont grands dans les Landes où les sols sont gorgés d’eau. Il y a un risque de bleuissement du pin. Par ailleurs, une grosse partie du bois de la forêt Aquitaine sert à la construction espagnole. Or, outre Pyrénées, le marché immobilier se porte mal.
Le montant des aides de l’État n’est pas encore fixé. La création d’un guichet unique faciliterait les démarches des propriétaires forestiers.

En 99, on parlait de tempête du siècle...

En effet. Ces tempêtes, à dix ans d’intervalle, sont une réalité du réchauffement climatique. La seule chose que nous pouvons faire, c’est avoir une bonne capacité de réaction afin d’informer au mieux les citoyens. Ainsi, le fait de bloquer tous les camions à frontière espagnole et à Poitiers a évité des situations qui auraient pu être dramatiques. Nous avons tiré des enseignements de 1999 et il faut continuer...

Photo : Dominique Bussereau.

dimanche 25 janvier 2009

Tempêtes 1999 et 2009 : Toute ressemblance n’est pas purement fortuite…


Samedi soir, les Saintongeais ne cachaient pas leurs inquiétudes : une grande tempête était annoncée et de mauvais souvenirs leur revenaient en mémoire. Allaient-ils revivre la catastrophe du 27 décembre 1999 ? Les services météorologiques semblaient l’annoncer.
Surgissait en eux l’angoisse de cette fameuse nuit qui les décoiffa littéralement, pour employer une formule amusante, ce qui fut loin d’être le cas !
Sur la carte, la Charente-Maritime était classée en zone orange et non rouge : malgré tout, la peur grandissait dans les esprits. On se rend compte aujourd’hui à quel point cet ouragan a laissé des traces, pour ne pas dire des « traumatismes ».


Vers 3 heures du matin, en effet, les premières rafales fortes ont sorti du lit un grand nombre d’habitants qui s’attendaient au pire : on ne maîtrise pas ces réactions-là quand une situation semblable s’est déjà produite. Grâce à internet, et surtout aux images satellite, ils ont pu suivre l’évolution de la tempête (enfin, pour ceux qui avaient encore l’électricité).
Ce fut donc une nuit pleine d’agitation, avec le spectre d’un « remake » douloureux. Le lendemain, le vent piqua une nouvelle colère en milieu de matinée, mais globalement, et malgré des arbres tombés et des toitures chahutées, la région a échappé au pire. Les premiers reportages télévisés, par contre, ont montré l’ampleur des dégâts dans tout le Sud Ouest et en Espagne.
Pour beaucoup d’entre nous, ces événements rappellent ceux de 1999. A cette époque, j’avais publié l’article qui suit. D’actualité, il semble s’adresser à tous ceux qui subissent cette traversée du désert qu’est un ouragan. Courage, bientôt l’électricité et l’eau reviendront, les routes seront déblayées, les pompiers, les militaires et des équipes de professionnels – parfois venues de loin – permettront aux habitants de retrouver une vie normale. Enfin, pas tout à fait, car l’environnement a été saccagé et avec eux, les plus beaux arbres et les grandes pinèdes landaises. Rien ne sera plus jamais comme avant : les forêts mettent du temps à renaître et, en Haute Saintonge, certaines parcelles n’ont jamais été nettoyées, dix ans après. Les stigmates sont encore visibles.
Fort heureusement, il reste la solidarité et dans ce domaine, Les Français ont un cœur gros comme ça…



C’était dans l’horreur d’une profonde nuit...

Tempête de décembre 1999 en Saintonge
Rappelez-vous : toute ressemblance avec des faits existants n’est pas purement fortuite…



Hécatombe, cataclysme, voire apocalypse, les mots ne manquent pas pour décrire ce que la Charente-Maritime et la région de Haute -Saintonge ont vécu dans la nuit de lundi à mardi passés. «C’est bien plus que la tempête annoncée par météo France» soulignent les personnes âgées qui ne se souviennent pas avoir vécu pareilles intempéries. Ils mentionnent la tornade de 1934 et les vents violents d’Hortense, il y a une douzaine d’années, mais ces caprices du temps n’étaient rien comparés au dernier épisode en date.
Aujourd’hui, on peut réellement parler de désastre et c’est pourquoi le plan Orsec a été déclenché. Qui pouvait imaginer que les bourrasques approcheraient les 200 km/h à certaines heures de la nuit ? C’est pourquoi, au petit matin, on ne comptait plus les arbres tombés sur les routes et bâtiments, les toitures envolées ou endommagées, les cheminées descellées. Les tuiles jonchaient le sol tandis que les belles pinèdes du Sud Saintonge semblaient avoir été déchiquetées par la main du destin.
D’une rare violence, les rafales ont “anéanti” conifères, chênes et autres fiertés environnementales. Selon les estimations, la forêt située en dessous de Montendre a été détruite à 80%. Les cantons de Montlieu, Montguyon et Saint Aigulin ont été particulièrement touchés. Les alentours du bassin ludique de la cité des Pins, dont le cadre verdoyant était un atout, ne sont plus qu’un vaste champ de bataille.


Raz-de-marée dans l’estuaire de la Gironde

À ce triste constat, il faut ajouter le marais bordant l’estuaire de la Gironde. «C’est affreux» constataient mercredi après midi Christian Leyrit, préfet, Claude Belot, président du Conseil Général et Guy Mascrès, sous-préfet de Jonzac, après avoir survolé cette zone en hélicoptère. Le marais n’est plus que désolation. D’après les témoignages recueillis, un raz-de-marée a recouvert toutes ces parcelles, surprenant les gens dans leurs habitations et les animaux dans leurs enclos. Le niveau de l’eau de la Gironde se serait subitement élevé de deux mètres.


Conséquence, les fermes isolées sont encerclées par les eaux avec toutes les retombées qui en découlent (manque d’eau potable, approvisionnement). La centrale nucléaire de Braud Saint Louis a également été touchée. Dans les petits ports, habituellement si pittoresques, certains bateaux ont été poussés à un kilomètre à l’intérieur des terres. Un adolescent de treize ans, Thomas Texier demeurant à Ambarès, parti chasser à la tonne avec un ami, Jacques Giraud, a perdu la vie. Pourquoi est-il sorti alors que la prudence était conseillée ? La question reste posée. Plusieurs autres personnes ont également été victimes de cette nuit tragique dont un habitant de Réaux et un pompier de Gémozac, André Roland dont les obsèques ont été célébrées jeudi après-midi.
Sur la côte, la ville de Royan a été sévèrement touchée ainsi que le front de mer de Saint-Georges de Didonne. A Chaniers près de Saintes, les serres Maguy ont été détruites. Le préjudice est estimé à 6 MF. Un élevage de lapins a également souffert, les structures s’étant effondrées sur les animaux.
Les dégâts sont énormes... et personne n’a été épargné. A Jonzac, des arbres ont anéanti le monument élevé à la mémoire de Pierre Ruibet et de Claude Gatineau au Jardin public. La liste est longue...


80% de la forêt détruite

Il faut bien se rendre à l’évidence : ce pays n’est pas préparé à faire face aux catastrophes naturelles. Chaque commune a fait avec les moyens du bord et remercions tous ceux qui, aux côtés des professionnels (pompiers, gendarmes, bénévoles) ont apporté leur aide spontanée. Des renforts envoyés par l’armée (USC de Brignolles) sont arrivés, mais leur nombre reste modeste.«Il y a tant d’arbres sur les routes que nous ne pouvons pas être partout» reconnaît l’un des responsables de la caserne de Montendre : sur 254 appels, seuls 35 avaient été traités jeudi matin et pourtant, personne n’a chômé. «Nous opérons par priorités. D’abord les secours aux personnes en difficulté, certaines logent actuellement à la maison de retraite, puis les maisons endommagées, les arbres obstruant la voie publique. Il y a tellement de travail que je ne sais pas si nous en verrons le bout».
La situation est identique à Jonzac où une cellule de crise a été installée dès lundi soir. Élus, représentants de l’Etat, DDE, Pompiers, Gendarmerie, services EDF ont fait régulièrement le point. Durant cette nuit de cauchemar, 700 “naufragés de la route” ont trouvé refuge dans la capitale de la Haute Saintonge ainsi que dans plusieurs établissements tels que le restaurant le Vieux Logis, à Clam. Les gens erraient, terrorisés dans la majorité des cas.
L’une des premières tâches des pompiers a été de dégager les accès de la ville de Jonzac, l’hôpital n’étant plus accessible en raison d’arbres tombés. En rentrant de la Rochelle, Claude Belot a vu les premiers peupliers du pont d’Usseau, à Marignac, tomber sur la route «les uns après les autres. C’était impressionnant. Entre Pons et Jonzac, je roulais à 35 km/h alors qu’entre la Rochelle et Rochefort, on circulait plus facilement. Dans l’après-midi, les prévisions annonçaient des vents soufflant à 120 km/h, 140 km/h. C’était en dessous de la réalité. La Haute Saintonge est l’une des zones les plus éprouvées du département». Mardi matin, après ce véritable ouragan (n’ayons pas peur du terme), la région s’est réveillée sans électricité, sans eau et sans téléphone. Revenus en plein XIXe siècle, de nombreux habitants se demandaient ce qui leur arrivait, constatant l’état de la toiture (quand celle-ci ne s’était pas envolée), les murettes effondrées, les jardins saccagés, le pire en quelque sorte. «On nous parlait d’apocalypse pour l’an 2000, nous y sommes» soupiraient les pessimistes.


Les commerçants, quant à eux, ont dû fermer leurs boutiques. Les plus organisés, disposant d’un groupe électrogène, ont repris leurs activités dès mercredi. Le boulanger par exemple. Quand le pain est là, le moral revient. Dès que les magasins ont rouvert leurs portes, ce fut la ruée sur le pétrole (pour les lampes et appareils de chauffage), les piles, les bougies, les bouteilles de gaz et l’essence. D’autres préférèrent acquérir une tronçonneuse (il y a des branches à couper). Bref, quand le progrès fout le camp, une cheminée apporte de la chaleur et un butagaz permet de cuisiner !
Restait le problème de l’eau rendant la douche quotidienne impossible. Heureux étaient les possesseurs de puits, ils ne furent pas obligés d’acheter de l’eau minérale. La morale de l’histoire est que toute panne d’électricité provoque une véritable panique : la « fée » est présente partout, y compris dans le fonctionnement des châteaux d’eau et des chaudières...

Certains villages ne retrouveront
l’électricité qu’en l’an 2000

Actuellement, la grande question est de savoir quand reviendra l’électricité, source de tous les conforts. Une partie de Montendre, dont les câbles sont enterrés, a revu la lumière dès mercredi. En soirée, les illuminations de Noël étaient présentes. A Jonzac, les équipes ont mis les bouchées doubles pour que les foyers puissent être dépannés, mais ce fut l’échec dans la nuit, contrairement à Montguyon et à Pons. Finalement, après le montage d’une ligne, elle est revenue jeudi vers 16 heures au grand soulagement de la population. Ces bonnes nouvelles ne concernent que les cœurs de villes. Les alentours, quant à eux, sont toujours dans l’obscurité. «Les services EDF sont intervenus dès lundi matin pour dresser un état de lieux» souligne M. Pontégnie, responsable de l’agence de Haute Saintonge. La veille, dimanche, la “petite” tempête avait provoqué une dizaine d’incidents qui avaient été réglés en fin de journée. Le lendemain, l’ampleur était différente ! «Nous ne sommes pas sortis durant la nuit en raison du danger et parce que nous ne pouvions rien tenter face aux éléments». Que faire, en effet, quand le vent souffle à 190 km/h ?



Face aux troncs qui étaient légion sur les chaussées, la visite du réseau s’est faite à pied dans un premier temps. Un relevé a été effectué sur Jonzac et ses environs. Suivirent les secteurs de Montendre et de Pons. Par la suite, les hélicoptères permirent “d’apprécier” l’étendue du désastre dans le sud du département. Un pylône de 90.000 volts y est tombé, sans compter des lignes moins importantes, mais néanmoins essentielles (les lignes moyenne tension de 20.000 volts et celles de basse tension de 220 volts) : « 60% du réseau est par terre » constate M. Pontégnie. Aux côtés des personnels EDF et de la DDE, des entreprises spécialisées (AEL Montguyon, Lacombe, Sobeca) ont répondu présent, sans oublier des militaires d’Angers, de Montpellier, du Morbihan et des professionnels venant des pays de la Communauté européenne, Espagne, Belgique, Angleterre et Allemagne. Il faudra six mois avant que les choses ne redeviennent comme avant : certaines communes ne renoueront avec le progrès qu’après l’an 2000. Ne nous leurrons pas, les villages les plus éloignés pourront même attendre jusqu’au 15 janvier...
Le président d’EDF, M. Roussely, devrait se rendre en Charente-Maritime, au poste d’Arvers, dans un proche avenir. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que la situation se rétablisse rapidement.
Quels enseignements tirer de cette tempête ? Que l’homme n’est rien face à la nature et aux éléments, des vérités premières qu’il a parfois tendance à oublier en jouant les apprentis sorciers. Sans tomber dans les folies de fin de siècle qui voient en ces excès un châtiment céleste, il serait bon que les pouvoirs publics s’organisent mieux en cas de force majeure, avec une exactitude des informations données au public. En effet, la marée noire annoncée pour l’Ile de Ré est finalement partie en Bretagne et ce qui devait être une simple tempête s’est transformé en ouragan.


Enfin, les « bidasses » mobilisés à Paris - au cas où il se produirait des incidents le 31 décembre – auraient été plus utiles dans les départements sinistrés. Où se trouve la logique ? Les maires ne peuvent, à eux seuls, résoudre l’ensemble des problèmes.
En attendant, et pour finir avec le sourire (c’est important), permettez-moi, chers amis lecteurs, de vous souhaiter bon courage entre bougies et équipements de crise : ce qui compte, après tout, c’est la vie...

Photo 1 : À Jonzac, du côté du pont de pierre (Pierre-Jean prépare son maillot de bain). Au pont de la Traine, la Seugne touche le parapet.

Photo 2 : À Montlieu, le collège est temporairement fermé.

Photo 3 : Une “mer” entre les Antilles et la sous préfecture. (Photo J.P. Costes)

Photo 4 : 1999 : Port Maubert vient de subir un raz-de-marée.

Photos 5, 6, 7, 8 : Comme à Venise, le confort en moins…

Photo 9 : Les carrelets : leur espérance de vie est d’une dizaine d’années… (photo Christian Clochon)

vendredi 23 janvier 2009

Barack Obama : L'homme qui changera la face de l'Amérique ?


Personne ne l'a encore représenté en Atlas portant le monde sur ses épaules. Pourtant, une tâche énorme attend le nouveau président des Etats-Unis, première puissance au monde.


Mardi, des milliers de téléspectateurs ont suivi sa cérémonie d'investiture et l'inoubliable moment où il a prêté serment sur la Bible. Le poème écrit par Elisabeth Alexander pour cette occasion restera dans les mémoires.
La joie a déferlé, sincère et spontanée. Comme une vague immense, un tsunami devant plus de deux millions de personnes venues à Washington. Barack Obama sait qu'il ne doit pas décevoir pour une raison simple : le peuple compte sur lui. Lourde est la charge : n'est-ce pas trop pour un seul homme ?
« Yes, we can » ! Oui, on peut changer les mentalités, estomper le passé et la ségrégation, réduire les inégalités, faire face à la crise. Bref, imaginer une autre Amérique que celle de la guerre en Irak. Une Amérique proche de ses idéaux fondateurs, la liberté et la fraternité, qui sera moins critiquée à l'étranger. Oui, on le peut, mais il faut du courage, de l'opiniâtreté, du talent, de la chance aussi. L'audace de l'espérance.
Tourner la page Bush était une étape nécessaire. L'Amérique est en marche et son nouveau président est l'incarnation même de son changement. Son sourire en dit long sur sa volonté d'avancer en faisant l'unité.
Quel que soit son destin, il figure déjà dans les livres d'histoire comme l'homme d'une « renaissance ». L'avenir nous dira quelle voie il prendra et s'il sera « The right man in the right place » ?


Photos 1 et 2 : Barack Obama est le 44eme président des Etats-Unis. Avez-vous remarqué qu'il écrit de la main gauche ?

Eddy L. Harris : Maintenant, nous sommes tous américains !


Né aux Etats-Unis, l'écrivain américain Eddy L. Harris, présent au salon du livre de Thénac, a suivi l'élection de Barack Obama avec émotion.
Il répond à nos questions :



Eddy L. Harris, comment avez-vous vécu l'élection de Barack Obama ?

Pour les élections présidentielles, je suis allé aux Etats-Unis et j'ai voté en Virginie parce que c'était un état clé. En effet, on y vote habituellement à droite et je voulais apporter ma voix à Barack Obama. Très tôt dans la campagne, j'étais persuadé de sa victoire. Sans le vouloir, G. W. Bush lui a ouvert la porte. Les Américains ont rejeté la politique menée par l'ancien président durant toutes ces années. Tout ce qu'il a entrepris, il l'a raté, il faut bien l'avouer...
Barack Obama a su convaincre le peuple américain, quelle que soit sa couleur de peau. Il a toujours parlé de l'unification du pays. Pour moi, c'est la seule chose qui compte parce maintenant, nous ne sommes plus noirs américains, italo américains ou hispano américains, mais américains tout court.

Vous avez souffert de cette situation dans
le passé ?


Je ne peux pas dire que j'en ai souffert. C'était seulement parce que nous, les noirs, nous étions américains, mais sans être traités comme des Américains. Nous étions à part. Maintenant, quand on aperçoit un jeune garçon dans le métro, on peut voir en lui un futur président au lieu d'un futur dealer ou une star du football. Les choses changent aux Etats-Unis. Pour voter, j'ai fait la queue pendant deux heures et demie et les gens étaient excités. Je n'avais jamais vu ça auparavant. C'était extraordinaire. Aujourd'hui, Barack Obama est président...

Sa tâche est lourde, de la crise intérieure au conflit entre Palestiniens et Israéliens...

Effectivement, il ne va pas chômer entre la guerre en Irak, la poudrière du Proche-Orient, la crise intérieure aux USA... sans compter les espoirs qu'il suscite dans le monde. Sa politique sera différente et plus ouverte que celles des présidents qui l'ont précédé. On attend beaucoup de lui, mais sera-t-il capable de tout gérer ? Il n'est pas le messie ! La première chose qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'il est américain et qu'il fera une politique américaine. Deuxièmement, c'est un politicien, et de ce fait, il cherchera à satisfaire son électorat. Seul l'avenir nous dira s'il pourra mener à bien les changements annoncés.

Quelles sont les premières réformes à entreprendre ?

A mon sens, les priorités sont de fermer le centre de détention de Guantanamo, mettre fin à la guerre en Irak et ouvrir les portes de la Maison Blanche pour que le monde puisse y venir et parler. Avec Bush, les relations ont été rompues avec la Corée du Nord et l'Iran par exemple. Instaurer un dialogue sans restriction est souhaitable. Je pense que c'est la première chose à faire pour mettre en valeur le leadership du pays.


Quand la France est-elle devenue votre seconde patrie ?

Il y a longtemps que je suis tombé amoureux de la France, de sa culture, de la cuisine. Je m'y sens bien. C'est un choix personnel. Je me suis installé en Charente, à côté d'Angoulême. Je n'oublie pas mon pays natal où je me rends régulièrement. Je suis toujours américain, je suis conscient de la place qu'occupent les Etats-Unis dans le monde, de leur puissance. Je pense d'Obama va être un bon président ! J'espère que le pays va changer son style de vie et mériter un président comme lui.

Quels sont vos projets littéraires ?

Je publie depuis 1988. Mon premier livre a été «Mississipi Solo». Mon dernier ouvrage « Jupiter et moi » a été publié en France. J'y parle de mon père. Mon prochain livre sortira dans un mois ou deux aux éditions Liana Levi. Il y sera question des noirs américains à Paris, pourquoi ils sont attirés par la France et le contraste qui existe entre les noirs américains et les noirs français ou africains habitant dans la capitale. C'est un sujet qui devrait intéresser les lecteurs.

Bonne écriture, Eddy L. Harris !

Photo 1 : En 2000, Eddy L. Harris a publié « Harlem » qui met en scène l'emblématique quartier new-yorkais. Il a obtenu le prix du livre Poitou Charentes en 2008.

Photo 2 : Eddy J. Harris a animé une conférence au salon du livre de Thénac.

Richard Bohringer, de la tribu des balafrés


Dans le marigot, il faut mordre, sinon t'es foutu. Faut faire semblant de dormir en restant éveillé. Question de vie ou de mort. Richard Bohringer, comédien, écrivain, africain, républicain, était à Thénac la semaine dernière où il dédicaçait ses ouvrages. Rencontre avec un homme qui ne cherche pas à plaire, mais qui aime bien qu'on l'aime...


Invité du salon du livre de Thénac, Bohringer est resté égal à lui-même, adorable et irritable. Sacré caractère. Moitié blanc, moitié noir, un pied à Dakar, un autre sur le bitume parisien. Le cœur dans la nuit, le regard en pleine lumière.
Il s'en fout, Bohringer, de ce que pensent les autres ? Pas tout à fait. Il faut l'apprivoiser et trouver les mots qu'il parle. Pas facile d'être sur la même onde que lui. La radio nasillarde a parfois du mal à trouver la station qui conduit à ses « bouts lambeaux », le titre de son dernier bouquin. « À vingt ans, je voulais écrire le plus beau des poèmes. Rimbaud avait déjà fait le boulot. Alors j'ai fracassé la vie, je voulais le jus divin, ce qui donne des ailes aux mots » dit-il. La barre était haute.
Il n'a pas envie de sonner faux, Bohringer, c'est pourquoi il ne garde jamais ce qu'il a sur le cœur. De la tribu des balafrés, il aime la franchise, celle qui explose à la figure, comme les bulles de malabar rose. Si tu la prends en pleine tronche, ça reste collé. Drôle de sensation !
« Je marche nu sur la terre » : ça, on savait déjà ! Ses révoltes, il les crie et les placarde sur la place publique. Il hausse le ton quand un détail l'énerve et ne se couche jamais avec un poids sur la panse. Récompense à ceux qui marchent dans la brousse comme il y a mille ans : même si le sentier est jonché d'épines, seule compte l'authenticité ou l'idée qu'il s'en fait. De l'ambiance, il faut qu'il s'imprègne et si l'air devient délétère, il prend le large.

Je préfère être à Thénac qu'à Saint-Tropez !

À Thénac, il est à l'aise : le contact avec les autres est un lien nécessaire. Présent dès samedi matin, il signe ses ouvrages et écrit des dédicaces pleines d'affection. Certains en profitent pour se faire photographier, prétextant anniversaire ou autre motif pour paraître à ses côtés !
Dans l'après-midi, il réunit devant lui un joli parterre. Comme sous l'arbre, quand les habitants s'assoient en cercle devant l'ancêtre du village pour l'écouter. Il commence fort en disant qu'il ne peut pas blairer les discours parisiens outrecuidants. Sa façon à lui de dire qu'il préfère être en Saintonge plutôt qu'à Saint-Tropez (en compagnie d'une BB superbe, serait-il aussi catégorique ?).


Il parle de l'Afrique qui l'a pris dans ses bras. «Êtes-vous un coureur de savane ?» demande François Souan. Bohringer hoche la tête. Il évoque des souvenirs qu'on retrouve dans son carnet illustré par Virginie Broquet.
Il a la double nationalité franco sénégalaise : « La situation s'est dégradée dans ce pays. Je suis lucide. On se croirait au Soudan, la famine y règne ». Cette réalité est éloignée du « jardin odorant et multicolore » que décrit un ambassadeur écrivain. « Je suis en colère quand je lis que les flots bleus clapotent. Ce sont ceux qui écrivent ça qui clapotent ! ». Par la même occasion, il s'en prend aux gouvernants, peu soucieux de la population misérable...
Françoise Souan le ramène à son pote Bernard Giraudeau à qui il a dédié « bouts lambeaux ». Ils partagent le même amour pour le continent noir. Il faut ajouter à ses « amis » Jimmy Hendrix et Jésus-Christ qui ont révolutionné le monde, l'un par la musique, l'autre en prêchant l'égalité entre les hommes. Françoise Souan fait des yeux ronds, ne sachant si c'est de l'art ou du cochon. C'est qu'il l'allume, l'invité !
Il poursuit en lisant des extraits de ses livres. Avec son talent de comédien, il captive la salle. Il évoque la souffrance, la maladie et ces maux que subit l'homme sans avoir rien demandé.
Il voudrait bien que les choses bougent, que les politiques soient moins cupides, que les glaïeuls blancs qui ornent les yachts soient remplacés par des fleurs des champs et que la fraternité devienne réalité. Loin du tape à l'œil, il a refusé la légion d'honneur : « J'ai dit au journaliste qui me demandait pourquoi, que je l'accepterai quand les harkis l'obtiendront avant les acteurs ». Et pan sur Jean Reno ! Il égratigne au passage Sarkozy et ses ministres sans Rollex - Boutin, Bachelot - qui l'agacent par leur indolente inertie.
Les questions du public le déconcertent un peu, celle relative à l'âme en particulier. Perplexe, il caresse un instant ses cheveux. C'est beau une ville, la nuit... Il répond avec pudeur, sans juger de la complexité du sujet. Il n'y a pas de spadassins dans les couloirs et personne ne veut le flinguer. Au contraire.
« Je veux écrire pour être avec les autres. Ceux que j'ai connus, ceux que je vais connaître. Ceux que je connaître jamais. Je veux écrire pour être meilleur humain, pour éviter la disgrâce » : telle est sa conclusion.


Info en plus

• Sénégal : Huit ans de prison pour homosexualité - La France et l'ONU réagissent

Récemment, la justice sénégalaise a condamné neuf homosexuels à huit ans de prison ferme pour «acte impudique, contre nature et association de malfaiteurs». N'oublions pas que le Sénégal est à majorité musulmane. L'affaire a fait grand bruit en France. Le président, Nicolas Sarkozy, s'est dit « ému et préoccupé par ce jugement ». Roselyne Bachelot, quant à elle, n'a pas caché son indignation. Elle a demandé à Bernard Kouchner d'intervenir auprès des autorités sénégalaises pour « obtenir la libération des prisonniers ». Associations de défense (Droits de l'homme, Amnesty, Sida) et ONG ont réagi de semblable façon.
De son côté, la diplomatie française n'est pas restée inactive. Elle a déposé à l'ONU une déclaration réclamant la « dépénalisation universelle de l'homosexualité ». Soixante six pays ont fait savoir qu'ils étaient favorables à cette décision.
Comme on le sait, l'Afrique est cruellement frappée par le sida. « Le Sénégal a beaucoup fait pour lutter contre l'épidémie et maintenir sa diffusion à un niveau relativement bas » souligne un responsable qui espère «une suite heureuse à ce procès qui devrait faire l'objet d'un appel».

Photo 1 : Samedi matin, Richard Bohringer commence sa séance de dédicaces.

Photo 2 : Richard Bohringer a animé une conférence samedi après-midi, sous l'œil attentif des photos «chinoises» de Nicole Bertin.

Photo 3 : Richard Bohringer : il n'a pas la langue de bois.

Salon du livre de Thénac : Larguez les amarres !


Réunissant une soixantaine d'écrivains et d'artistes, ce salon a conduit le public dans des pays divers et variés, l'Afrique surtout, mais aussi l'Asie et l'Amérique. Ces deux jours, consacrés à l'échange et à la découverte, étaient organisés par la Médiathèque et la municipalité aux Chais de Thénac.


Prendre le large, c'est inventer des vies nouvelles qui se transforment parfois en aventures. Le monde ne peut être réduit à un clocher, fusse-t-il flamboyant ! En quittant leur port d'attache, les grands voyageurs ont toujours une idée derrière la tête. Ils sont à la recherche d'un jardin dont les fleurs exhaleront des parfums inconnus. Parce que rien n'est plus mortel que l'habitude.
Un jour ou l'autre, il faut boucler sa valise et faire ses humanités. Pour apprendre les histoires qui ont façonné les peuples et se comprendre soi-même.
Embarquement immédiat à destination de l'Afrique, l'Asie, l'Amérique ou tout simplement l'Europe ! Il ne faut pas être riche pour larguer les amarres, mais posséder la richesse du cœur.
Partir sans œillères, conscient des différences, c'est d'abord être un témoin. Les écrivains, réunis à Thénac samedi et dimanche derniers, avaient en commun cette évasion et le bonheur d'avoir vu « autre chose ».


Ils ont pris leur sac à dos et « vogué » vers des pays lointains. Certains se sont absentés durant de longues périodes. Bruno Robineau, par exemple, a quitté son exploitation du Maine et Loire avec sa femme Maryvonne. Pendant huit ans, ils ont bourlingué et formidablement appris, de la Bolivie à la Malaisie. Ils ont travaillé la terre en échange du gîte et du couvert. Cette expérience, longue et bouleversante, leur a donné la volonté de promouvoir cette langue universelle qu'est l'espéranto. Ils ont également adopté deux enfants.
Docteur en géographie, Marie Madeleine Flambard a laissé son travail pour la Chine où elle est allée onze fois, privilégiant la campagne plutôt que la ville. De ces déplacements au pays du Soleil levant, elle a rapporté des aquarelles d'une grande délicatesse. Présidente des aquarellistes de Bretagne, elle n'oublie pas sa région d'origine qu'elle a joliment dessinée dans ses albums.
Journalistes reporters, Catherine et Bernard Desjeux ont craqué pour l'Afrique qu'ils ont immortalisée par de magnifiques clichés... tel ce touareg avec sa mobylette bleue (une nouvelle version de la bicyclette bleue de Régine Desforges !) Ils ont fréquenté le Mali, le Niger, le Bénin comme des amis. Cette belle complicité est perceptible dans leurs ouvrages.
Installé à Burie, le peintre Patrick le Tuault aime l'intimité des ambiances. Sa série de tableaux sur la croisière noire, un brin mystérieuse, est pleine de finesse.


Si tous les auteurs sont à citer, Jamel Balhi, écrivain, photographe et surtout marathonien a été le premier homme à accomplir le tour du monde en courant. Cours, Jamel ! Son expérience originale a intéressé l'auditoire, curieux d'écouter son récit. Bernard Solvaing, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Nantes, a montré un autre regard, celui que porte l'Afrique du Nord islamiste sur les Européens tandis que Jean Chatenet a rappelé que les «petits blancs prenaient le risque d'être mangés». Richard Bohringer a évolué entre Sénégal et France, un exercice qu'il connaît bien ! Eddy L. Harris, quant à lui, préfère les Etats-Unis où il s'est rendu pour la cérémonie d'investiture de Barack Obama.
Un coup de chapeau également à nos écrivains du terroir dont les publications sont à souligner : la Saintonge est une belle pépinière.
Tout au long du week-end, les conférences se sont succédé, diverses et argumentées. Le public est venu nombreux, conscient de rencontrer sur un même plateau des personnalités qui l'ont invité à s'embarquer avec elles !
Félicitations à la médiathèque de Thénac et à la municipalité qui ont fait le bon choix en retenant pour thème la connaissance du monde. Rendez vous est pris pour 2010.


Photo 1 : Dédicaces de Richard Bohringer.

Photos 2 et 6 : Le verre de l'amitié organisé samedi en fin de journée en présence des personnalités et du conseil municipal de Thénac. Le salon était organisé dans les Chais de Thénac dont sont responsables Yves et Ingrid Parvaud. Jean Yves Homo, quant à lui, veille aux destinées du restaurant, l'Atelier gourmand.

Photo 3 : Bernard Solvaing, professeur d'histoire contemporaine.

Photo 4 : Séances de dédicaces.

Photo 5 : Bruno Robineau est parti à l'étranger durant huit ans avec son épouse Maryvonne. Il est spécialiste du vélo en fil de fer qu'il réalise en quelques minutes. Si vous souhaitez le contacter et en savoir plus sur l'espéranto par exemple, vous pouvez l'appeler au 02 40 98 78 76.

Salon du livre de Thénac Françoise Souan : "La culture est un point fort du lien social"


Responsable du salon du livre qui attiré 1500 visiteurs aux Chais de Thénac la semaine dernière, Françoise Souan répond à nos questions.


Nous sommes à l'heure des bilans. En tant que responsable, êtes-vous satisfaite de ce deuxième salon du livre ?

Nous sommes très satisfaits du déroulement de notre salon artistique et littéraire. La qualité des auteurs et des créateurs présents sur le salon était remarquable. Richard Bohringer a donné toute son énergie à son public avec des échanges au moment des signatures et une rencontre avec le public, durant presque deux heures, agrémentée de lectures où, bien sur, le savoir-faire du comédien était palpable.
Je retiens aussi la sensibilité et l'humanisme de Jamel Balhi. Son diaporama a subjugué un public très nombreux. Je parlerai aussi d'Eddy Harris parti pour assister au serment de Barack Obama le lendemain du salon. Il a su exprimer avec sensibilité et humour ce qu'implique le fait d'être noir aux USA. Hélas, je ne peux pas tous les citer. Ils étaient soixante....
Avec eux, nous avons atteint l'un de nos objectifs, à savoir que le public soit au plus près des auteurs sans aucun intermédiaire.
La couverture médiatique a été très importante. Tous les médias de presse ou de radio nous ont fait confiance et ont donné une ampleur particulière à leurs articles ou émissions.
Grâce à cette sensibilisation, le public était très nombreux (environ 1500 visiteurs) et nous avons des retours enthousiastes de leur part. Nous avons eu aussi la satisfaction de reconnaître, dans le public, des personnes qui venaient pour la première fois à une telle manifestation. L'entrée gratuite a permis de toucher un public très large et nous nous en réjouissons. Ce salon a mobilisé de nombreux bénévoles, ainsi que des familles, qui ont accepté d'héberger des auteurs. Simplicité et contacts chaleureux sont importants !
Bien sûr, quelques points seront à améliorer, nous allons très prochainement tirer un bilan de cette « édition ».

Comment une commune de la taille de Thénac parvient-elle à organiser une telle manifestation sur deux jours en réunissant plus de 60 participants ?

La réussite d'un tel projet repose sur des points fondamentaux. Il y a d'abord l'engagement politique d'une commune et de son équipe d'élus qui considèrent que la culture est un point fort du lien social. Après André Veillon, maire durant presque vingt ans et qui a impulsé la création de la médiathèque, Danielle Giraud entraîne sa commune sur la même voie du « vivre ensemble ». S'y ajoute la continuité de l'action de la médiathèque qui, depuis dix ans, grâce au travail de plus de trente bénévoles, se bat pour que vive la culture en milieu rural. Il est évident que sans soutien financier, une petite commune comme Thénac ne pourrait pas organiser un tel événement. Les collectivités territoriales nous ont soutenus. Nous espérons que la réussite de ce salon les incitera à affirmer et à faire progresser cet engagement.
Nous espérons aussi que des mécènes privés viendront nous rejoindre !


Quels sont vos projets pour 2010 ?

Après le succès incontestable de ce salon, nous sommes prêts à repartir dans cette belle aventure. Mais nous avons besoin d'attendre la décision de l'équipe municipale qui doit gérer les nouvelles donnes financières des communes. Dès que cette décision sera prise, et si elle est positive, nous repartirons à la recherche de nouveaux invités. Comme dit Sylvain Tesson, ce magnifique écrivain voyageur, nous essayerons alors de ne pas rester assis aux pieds des arbres, mais d'y grimper afin de mieux voir le monde !

Photo 1 : Françoise Souan, cheville ouvrière du salon !

Photo 2 : Xavier de Roux, dont le frère Dominique est un écrivain reconnu.

Les Trilles du diable à Jonzac : Nemanja Radulovic ou la nuit magnétique


Samedi dernier, le violoniste Nemanja Radulovic et les Trilles du diable ont enthousiasmé le public qui n'a pas tari d'éloge à l'égard de ces cinq musiciens de talent.


Eblouissant, presque magnétique, le jeune virtuose avait sélectionné un répertoire varié allant de Schubert à Tchaïkovski en passant par Vitali et Tartini. S'y ajoutait un compositeur contemporain, l'italien Alessandro Annunziata.
Les personnes, réunies dans l'église Saint Gervais, ont eu l'agréable sensation de vivre un moment privilégié, unique par sa qualité et la complicité qui lie ces artistes renommés.
Le violon suscite l'émotion, il semble intemporel. Nemanja Radulovic l'a choisi dès son plus jeune âge, quand il étudiait la musique à Belgrade. Il ne l'a jamais quitté. Désormais, l'homme et l'instrument ne forment qu'un. Ils sont si proches que l'un ne peut vivre sans l'autre. Cette unité compose l'harmonie et dégage une force qui envahit l'espace. L'archet en perd ses crins, emporté dans un élan qui sublime l'ambiance. Chacun la perçoit selon ses propres vibrations, y voyant l'intimité des nuits tziganes, la douceur d'un récital à Jonzac ou la joie d'écouter une sonate, dans un restaurant de Prague.
Sans frontières, la musique n'est-elle pas la porte des rêves ? On peut tout faire avec elle, l'écouter, la palper, la sentir, la conduire au bord des songes, l'investir ou la cacher dans les secrets de son âme...
Remercions la ville de Jonzac et Jeanine Belot, coordonnatrice, qui sont à l'origine de cette soirée.


Prochains rendez-vous :

• Le prochain concert aura lieu dimanche 8 février à 15 h avec l'organiste Cédric Burgelin (église Saint-Gervais).
• Opéra comique de Gounod « La colombe » jeudi 26 février au Théâtre du Château à 20 h 30. Grand chœur de l'Abbaye aux Dames dimanche 15 mars à 16 h en l'église Saint Gervais.
Réservations au 05 46 48 49 29 (Office de Tourisme).
• En juin prochain, Nemanja Radulovic sera de nouveau en Saintonge. Il a accepté de préparer le concert d'ouverture des Jeudis musicaux avec le Jeune Orchestre en Pays royannais. Il aura lieu le 4 juin en l'église de Cozes. Le 5 juin, ils joueront ensemble à Marennes. Le lendemain, le violoniste animera une master class à l'école de musique. Le 7 juin, il se produira avec les Trilles du diable à Royan.


Photo 1 : La formation des Trilles du diable réunit Nemanja Radulovic (violon), Stanislas Kuchinski (contrebasse), Guillaume Fontanarosa (violon), Bertrand Causse (alto), Anne Biragnet (violoncelle) et Frédéric Dessus (violon).

Photo 2 : Les Préludes au printemps, préparés par Jeannine Belot, commencent du tonnerre de feu avec les Trilles du diable !

Photo 3 : Chevelure longue et opulente, Nemanja Radulovic ne passe pas inaperçu. « Il compte beaucoup d'amoureuses à Jonzac » plaisante Jeannine Belot. A 23 ans, son talent est unanimement reconnu.

Photo 4 : Guillaume Fontanarosa, fils de la charmante harpiste Marielle Nordmann, invitée par Ghislaine Pinaud à Fontaines d'Ozillac voici quelques années.

Géo Maresté : de Cognac à Royan en passant par Jonzac



Jusqu'au 6 avril 2009, le musée de Royan accueille les œuvres de Géo Maresté, peintre cognaçais amoureux de la Côte de beauté. Gérard Dufaud est à l'origine de cette exposition qui remporte un joli succès : « Quand je suis arrivé à Cognac, dans les années 50, nous habitions à côté de la distillerie Maresté. C'est ainsi que j'ai rencontré la famille de cet artiste décédé en 1940. J'ai découvert ses croquis charentais, puis son vaste travail artistique. Il peignait pour son plaisir et offrait ses toiles. Il a exposé à Paris en 1924. Les marchands l'avaient remarqué et lui avaient passé des commandes. il ne les a pas honorées. Je pense qu'il voulait rester libre ! C'était une autre époque ».
Témoin de son temps à la touche subtile, Géo Maresté était un contemplatif. Il appréciait le moment présent fait de charme et de simplicité, captant les ambiances et les secrets des vacances : bains de mer, portraits, paysages.
Tombé dans l'oubli, Gérard Dufaud a tenu à lui rendre hommage.
Sa rencontre avec Pierre Louis Bouchet, dont la mère préside « Les amis du musée de Royan », a été déterminante. Après Cognac, la ville natale de Maresté, une exposition a donc été mise en place à Royan. Séduits, les collectionneurs privés ont accepté de prêter leurs tableaux : « Je reçois régulièrement des appels de personnes qui en possèdent. J'en ai recensé plus de
600 !
» souligne-t-il. Les scènes consacrées à la plage et à la région de Royan ont été regroupées dans un beau catalogue que Gérard Dufaud se fera un plaisir de vous dédicacer. Des conférences sont également organisées. Des rendez-vous à ne pas manquer !

Prochains rendez-vous :

• Mercredi 28 janvier à 18 h 30 au musée de Royan, 31 avenue de Paris : Conférence de Gérard Dufaud « Géo Maresté et son œuvre »
• Le 19 février : Conférence au Musée de Cognac à 14 h 30
• Le 20 février : Dédicaces à la maison de la presse de Saintes
• Le 21 février : Dédicaces à l'espace culturel du Centre Leclerc de Jonzac de 11 h à 12 h et de 14 h à 19 h

Photo : Gérard Dufaud, admirateur de Géo Maresté