lundi 24 octobre 2016

Le président de la Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset fait un "deal" avec les cheminots de Saintes

• Qualité du service rendu, bonne information des passagers 

• Taxer les camions pour financer le ferroviaire ?

Vendredi matin, le président de la Nouvelle-Aquitaine était à Saintes où il a inauguré les travaux de modernisation du centre de maintenance des TER et rencontré le personnel. Une visite intéressante où le patron de la Région n’a pas eu la langue de bois…

Alain Rousset, président de la Région et des personnels du centre de maintenance
A Saintes, les ateliers SCNF ont toujours occupé une place importante dans la vie de la cité, faisant vivre de nombreuses familles. L’acquisition programmée de 61 rames (37 de type Régiolis d’ici 2018 et 24 de type Regio2N d’ici 2017) et plus particulièrement de 10 rames Régiolis bi-modes pour les TER de l’ex-Poitou Charentes impliquait l’aménagement d’un atelier de maintenance adapté aux évolutions des matériels. Au cœur du technicentre, une nouvelle voie a été créée, destinée à l’entretien des rames dites « bi-modes bi-courant » pour autorails grande capacité et rames Régiolis. Rénové pour un montant de 4,9 millions d’euros, le site de Saintes a dorénavant un fort potentiel "Ter" avec spécialité diéséliste et une montée en compétence des agents face aux nouvelles technologies.

Alain Rousset, Jacky Emon et Jean-Philippe Machon
Jean-Claude Classique, Frédéric Neveu et Jacky Emon, mobilisés par la SNCF à Saintes
C’est donc avec intérêt qu’Alain Rousset est arrivé en gare de Saintes vendredi matin où l’attendait un comité d’accueil, responsables de la SNCF - dont Laurent Beaucaire, directeur régional adjoint - et élus, Cathérine Quéré, député, Françoise Mesnard et Jacky Emon, conseillers régionaux, Brigitte Favreau, conseillère départementale, Jean-Philippe Machon, maire de Saintes, Frédéric Neveu, maire adjoint ou encore Jean-Claude Classique, président de la CDA.

Alain Rousset étant un homme de terrain, il serra quelques mains avant d’entrer dans le vif du sujet, l’inauguration des travaux de modernisation du centre de maintenance. Pour s’y rendre, le groupe emprunta le passage souterrain, longea les quais et se dirigea vers les grands bâtiments extérieurs, apportant de l’animation parmi les voyageurs qui se demandaient quel événement avait mobilisé tous ces participants. Des explications techniques furent apportées lors de la visite (nouvelle voie sur fosse triple couverte équipée de passerelles d’accès et adaptation dans le bâtiment de deux voies afin d'accueillir les nouvelles rames). Un univers que connaissent bien les employés, dont les jeunes formés à diverses spécialités (électrique, mécanique, thermique, entretien des compartiments, etc).

En route pour le centre de maintenance !
Le ruban tricolore !
On reconnaît Renaud Lagrave, vice président du Conseil régional en charge des transports
Dans son discours, Laurent Beaucaire remercia la Région pour son action de valorisation du réseau ferré : « 61 rames neuves, ce n’est pas rien ! », sans oublier la large implication des technicentres de Saintes et Périgueux. Chaque jour, 53000 voyageurs montent à bord d’un train dont les fameux Ter : « les passagers attendent beaucoup de nous en matière de transport. Les rames sont plus modernes et plus confortables grâce au soutien de la Nouvelle Aquitaine ».

De nombreuses formations ont lieu en interne

Une vraie qualité du service public

Des prestations top niveau, il en fut question dans les propos tenus par Alain Rousset, avec cette confidence : « il est difficile d’entrer dans le monde passionnant des cheminots quand on n’en fait pas partie ». Il opta pour un échange direct, insistant sur la nécessité de répondre aux attentes de l’usager en contrepartie de l’investissement qu’insuffle la Région. « Si un train ne part pas ou qu’il a du retard, que le voyageur en soit averti afin de pouvoir s’organiser. Je parle cash » dit-il. Par une plus large communication, certaines "incompréhensions" pourraient être évitées. « De notre côté, nous faisons de notre mieux pour améliorer les conditions de travail avec du matériel plus performant, donc moins de pénibilité, et des implications qui sont parfois hors de notre compétence ». Autrement dit, il attend que l’ascenseur fonctionne dans les deux sens ! Et de proposer un « deal » tripartite entre la SCNF, les usagers et les pouvoirs publics. « La décentralisation a permis la résurrection des Ter. Dès lors, il faut que le service rendu soit parfait, il ne l’est pas encore ». 

Grâce aux aménagements du centre de maintenance, le personnel peut accéder peut accéder 
sur le haut du train où se situe la technologie.
Les TER en Nouvelle-Aquitaine, c'est 3226 km de réseaux, 214 rames, 
340 communes desservies, 150 arrêts
Durant le premier semestre par exemple, Alain Rousset exprimait son mécontentement dans un communiqué qui faisait suite à des mouvements sociaux dans les Ter de Nouvelle-Aquitaine : « Avec près d'une dizaine de jours de grève et un mouvement reconductible du 18 mai au 20 juin derniers, le plan de transport des Ter en Nouvelle-Aquitaine a été fortement impacté lors du printemps. Aussi, Renaud Lagrave, vice-président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en charge des infrastructures, des transports et des mobilités, a demandé à SNCF Mobilités de prendre ses responsabilités et de dédommager les usagers. En effet, au mois de juin, au plus fort de la crise, ce sont plus de 35% des trains Ter Aquitaine, Ter Poitou-Charentes et Ter Limousin qui ont été supprimés pour cause de mouvements sociaux. Ces suppressions se sont ajoutées, pour ce qui concerne le Ter Aquitaine, à celles intervenues depuis février sur certaines lignes en raison de la pénurie de conducteurs. La Région prend acte de la décision de SNCF Mobilités d'accorder une réduction de 30% aux abonnés annuels et mensuels des réseaux Ter de Nouvelle-Aquitaine pour le mois de septembre 2016. La Région est également intervenue auprès de SNCF pour qu'elle engage un plan de reconquête des usagers, alors que la fréquentation des Ter est en baisse suite aux crises successives de production. La Région a souligné que la reconquête des usagers, objectif assigné à SNCF Mobilités, doit passer par un redressement net de la régularité et de la production, et par l'amélioration significative de l'information voyageurs, avec des premiers résultats attendus dès le mois de septembre ». On ne pouvait être plus explicite.
Alain Rousset s’exprime franchement afin d’éviter d'autres désagréments. Circulant sur un réseau hérité du passé, les Ter desservent les petites villes. Leur fonctionnement est essentiel pour lutter contre « le déménagement rural ». Forte de 12 départements, l’unité de la Nouvelle Aquitaine est portée par le train !

Un "deal" entre la Région, la SNCF et les usagers
Taxer les camions pour financer le ferroviaire ?

Alain Rousset s’appuie sur Jacky Emon, ancien de la SCNF devenu conseiller régional (baptisé Super Jacky !) pour être le lien entre les deux parties à l’aube d’une nouvelle convention. Le président fit part de ses observations  : « L’achat de matériel est conséquent. A-t-on besoin d’un nombre aussi important de trains quand j’en vois autant à l’arrêt ? On m’a donné des explications, mais je vais tout de même vérifier. Quel partenariat avons-nous aujourd’hui ? Pour la SNCF, qualité professionnelle, respect des horaires, informations des passagers, ça vous savez le faire ! La Région, quant à elle, a la charge les infrastructures avec des contraintes puisqu’elle n’a plus la dynamique financière de 2010 ». D’où cette interrogation : « quelles ressources nouvelles pour financer le fer ? Nous sommes déjà le plus grand chantier ferroviaire d’Europe avec la LGV et nous devons continuer à mailler le territoire ». L’idée serait d’instituer une vignette sur les camions qui empruntent la Nationale 10 et polluent les secteurs traversés par la même occasion. « Ce sont les enjeux de demain. Nous avons un véritable défi à relever ». Patron d’une immense région, Alain Rousset mise sur le train comme l’un des principaux moyens de déplacement.
De là à aborder la formation des personnels, il n’y avait qu’un pas. Il félicita les jeunes recrues du centre de maintenance formées en interne et souligna le manque d’ingénieurs sur le ferroviaire. Sourire de Jacky Emon qui verrait bien une école dédiée ouvrir ses portes à Saintes…

Alain Rousset a été direct : « je déteste voir 70 personnes abandonnées sur un quai 
parce que leur train ne part pas et qu’elles n’en ont pas été informées »…
L'allocution de Laurent Beaucaire, directeur régional adjoint de la SNCF
La Région a pris la compétence ferroviaire en 2002 avec la décentralisation
© Nicole Bertin

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