vendredi 14 novembre 2014

Ecole des Chartes : « Le roi caché :
un mythe politique qui traverse les âges »
conférence d'Yves-Marie Bercé

Yves-Marie Bercé, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, dans le cadre du cycle "Les grandes voix", donnera une conférence « Le roi caché : un mythe politique qui traverse les âges » mardi 25 novembre à 17 heures à l'École nationale des chartes au 65, rue de Richelieu, 75002 Paris (salle Léopold Delisle). 




L’étrange attente d’un souverain disparu qui reviendrait sauver son peuple a été mise en scène à la fin du XVIe siècle dans deux aires culturelles très éloignées : la Moscovie espérant la réapparition du tsarévitch Dimitri et le Portugal cherchant le fantôme du roi Sébastien supposé échappé d’une bataille. Que dans une période de chaos politique on vienne à croire à la survie d’un prince sauveur et que dans cette logique des prétendants viennent à surgir et à trouver des partisans, c’est là un thème politique intemporel qui se rencontre dans des époques et des annales nationales très diverses. En effet, le mythe du roi caché prêt à revenir pour renverser les pouvoirs actuels et arrêter leurs malfaisances peut soutenir deux dynamiques subversives apparemment opposées, la nostalgie du bon vieux temps et l’espérance des lendemains qui chantent. Il renait donc sans cesse en dépit des variations des circonstances historiques. Il traduit l’attente du héros providentiel qui balaiera les dénis de justice des institutions présentes, aveugles ou corrompues. De nos jours, tout chef d’État, voire le moindre détenteur d’autorité publique est appelé à revêtir ce rôle, à se voir attribuer par l’opinion, par la masse des âmes simples, vous et moi, le pouvoir merveilleux de rétablir cette justice cachée. La légende du revenant justicier est passée aujourd’hui dans le langage des suppliques et des milliers de lettres envoyées aux puissants du jour.

• Né en Bordelais près de La Réole en 1936, Yves-Marie Bercé fut élève de l’École nationale des chartes de 1956 à 1959 puis membre de l’École française de Rome de 1959 à 1961, docteur ès lettres en mai 1972. Il a été successivement conservateur au service des renseignements des Archives nationales de 1963 à 1975, professeur d’histoire moderne à l’Université de Limoges de 1975 à 1979, puis à l’université de Reims de 1979 à 1989 et enfin à la Sorbonne (Paris IV) de 1989 à 2002, et directeur de l’École nationale des chartes, de 1993 à 2002. Il est membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres depuis 2009.

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