Il y aura bientôt 200 ans, en juin 1815, Napoléon perdait, à un cheveu près, la bataille de Waterloo. Un mois plus tard au large de l’île d’Aix, il s’embarquait sur le Bellérophon et pour l’exil de Sainte Hélène. Je voudrais vous parler de ce mois-là, mi-juin, mi-juillet 1815 parce que c’est une histoire peu connue, doublement passionnante et doublement charentaise. qui s’achève dans notre département.
Après Waterloo, Napoléon rentre à Paris, où il abdique, passe quelques jours à la Malmaison et puis -avec une suite de 60 personnes tout de même - traverse le pays, prend la route de Rochefort en passant par Rambouille, Tours, Niort. Il reste une semaine à Rochefort et puis il part pour l’Ile d’Aix où il écrira sa reddition aux Anglais dans la chambre de la maison qu’il avait fait bâtir quelques années plus tôt. Grâce au baron Gourgaud, depuis 1930, cette maison est devenue un musée national qui retrace les dernières journées de Napoléon sur le sol français.
L’histoire est tellement connue qu’on en oublie généralement de se poser la vraie question. Que venait-il donc faire sur les côtes charentaises ? A moins d’imaginer qu’il n’était venu par ici qu’avec l’intention d’attraper une correspondance pour Sainte Hélène, il faut bien se demander quelles étaient ses motivations.
En réalité, après Waterloo, il est abattu désemparé sûrement. Mais entre ces épisodes (dépressifs dirait-on aujourd'hui), ressurgissent certains traits de caractère du jeune Bonaparte. Le goût de l'aventure, des sciences. Après tout il n'a que 45 ans !
Des rêves d’exploration
Napoléon vient à Rochefort afin de s’embarquer pour les Etats-Unis. Il a l’intention de devenir explorateur, et très précisément explorateur scientifique. On en sait plus aujourd'hui sur ce rêve américain qu'il a failli réaliser. Qu'il a, en tous cas, minutieusement préparé jusque dans les détails. Il va même s'abonner à tous les journaux parisiens en demandant de les lui adresser poste restante à New York. Il charge le banquier Lafitte de faire transférer son argent outre–Atlantique.
Il est de retour à la Malmaison. Joséphine est morte quelques mois plus tôt, mais on a rouvert la maison pour lui. Il cherche parmi les savants celui qui pourrait l'accompagner : le vieux Monge qui se propose ou alors le jeune Arago. Il prévoit des campagnes d’exploration. Il fait préparer des malles d'instruments, de cartes, de vêtements adaptés et de livres (qui l'accompagneront inutilement à Sainte-Hélène). Il lit jour et nuit les récits du grand explorateur Humboldt qui a exploré l’Amérique du Sud quelques années plus tôt.
Aimé Bonpland |
Bonpland et Humboldt se rencontrent à Paris, à l’âge de 25 ans. Ils décident de partir explorer l’Egypte et (en résumé) comme ils ne trouvent pas de bateau pour l’Egypte, ils partent pour le Venezuela. De là, ils parcourent l’Amérique du Sud de long en large pendant des années avant de rejoindre l’Amérique du Nord.
Humboldt s’intéresse à la géographie physique, aux mesures, aux fleuves, aux courants (dont le courant de Humboldt qui porte son nom).
Bonpland se consacre aux espèces végétales et ramènera 60.000 exemplaires inconnus dont une jolie fleur de nos jardins, le fuchsia. C'est un personnage avenant et bon vivant. A part les fleurs, il aime les dames qui le lui rendent bien, ce qui lui fait perdre pas mal de temps dans la rédaction de ses récits de voyage.
Humboldt est un jeune baron allemand, enthousiaste mais plus sérieux ou qui n’a pas les mêmes goûts. Les historiens sont partagés sur la question ! En tous cas, il rédige bien davantage. Ils ont tous les deux beaucoup de succès à leur retour en 1804 quand ils commencent à publier leurs descriptions scientifiques.
Alexandre von Humbodt |
Le musée Napoléon à l'île d'Aix en Charente-Maritime |
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