Réaux : Les Bertrand, une aventure familiale au cœur du cognac

Récemment, Thérèse recevait au domaine des Brissons de Laage un groupe russe venu découvrir les vieux cognacs de la propriété. Elle les a guidés en leur présentant les différents aspects de la profession. Dans ce rôle d’ambassadrice, elle ressemble à sa grand-mère Simone qui tint le flambeau avant elle. A Réaux, la famille Bertrand perpétue la tradition "viticole" depuis plusieurs générations. 

Simone Bertrand, l'âme des Brissons

Simone Bertrand est gardienne de la mémoire. Accueillir des groupes, organiser des dégustations de pineaux rouges ou blancs, elle en a l’habitude puisqu’elle a veillé aux destinées de cette propriété, alliance des Brissons et des de Laage, pendant des années. Elle sait comment se cultive la vigne, s’opèrent les assemblages et la façon dont vieillissent les eaux-de-vie à l’ombre des grands chais. Là où un champignon microscopique, appelé Baudoinia compniacensis, laisse une empreinte noire caractéristique sur les murs.
Les vignobles plantés en Ugni blanc, Colombard et Merlot Cabernet sont situés au cœur de l’un des deux premiers crus du Cognac qui composent la Petite Fine Champagne. Cet univers, elle l’a partagé depuis sa plus tendre enfance avec son père, Maurice Vallet. Et quand elle a épousé Raymond Bertrand, qui fut maire de Réaux, elle n’a fait que poursuivre une tradition déjà bien ancrée depuis 1731, époque où les Bertrand étaient vignerons et meuniers.

Ce temps qui passe, Simone Bertrand le vit avec sérénité. La force qui l’anime, elle la doit non seulement à cette terre qui a façonné son caractère avec douceur et fermeté, mais à tous ceux qui l’ont entourée. En 1990, une page de son existence s’est tournée brutalement. À la disparition de son mari, elle a fait face en reprenant les rênes du domaine. Aujourd’hui, l’exploitation compte plus de 80 hectares et Simone Bertrand est entourée.
Outre son fils Jean-François et son épouse, ses petits-enfants ont pris le relais. Ainsi, Thérèse s’occupe de la partie marketing. Cette jeune femme blonde est mariée à Seph, un Américain du Tennessy qu’elle a rencontré au Costa Rica. Dans la famille, on cultive ce vieil adage « les voyages forment la jeunesse  ».
Après des études en physique chimie, Seph a approfondi ses connaissances sur l’environnement et le développement durable. «  Avec mon époux, nous vivions à Madrid quand nous avons souhaité nous impliquer à Réaux où se trouvent mes racines  » explique Thérèse. Ils se sentent prêts à vivre une nouvelle expérience professionnelle : développer la communication, la vente en bouteilles, dynamiser la partie commerciale.
Quant à Samuel, frère de Thérèse, il prend en charge l’exploitation du vignoble aux côtés de cinq salariés, dont le maître de chai. «  Nous travaillons ensemble et ça se passe bien  » souligne Thérèse qui ne regrette pas sa reconversion. De plus, elle est heureuse de voir grandir ses deux fils dans la maison de son enfance.

En famille 

Que la jeune génération ait repris le flambeau fait plaisir à Simone Bertrand : «  à une époque, en effet, je me demandais si je ne serais pas obligée de vendre faute de repreneur  » avoue-t-elle. Désormais, la question ne se pose plus. L’exploitation produit une large gamme de pineaux et cognacs.
Diversité oblige, le cognac, consommé avec modération bien sûr, se décline sous forme de cocktails divers et variés. En août, les journées portes ouvertes permettent de présenter cognac et pineau, ces fleurons du terroir. Si la clientèle fidélisée est devenue incollable sur le sujet, de nombreux vacanciers ignorent la façon dont ils sont obtenus. Thérèse et son époux expliquent aux visiteurs l’alchimie qui fait du cognac un produit reconnu dans le monde entier. Les visiteurs s’arrêtent devant les superbes alambics, les chais immenses et les tonneaux qui abritent les précieux liquides.
Le domaine des Brissons de Laage est régulièrement mis à l’honneur durant les salons. Ces distinctions récompensent une belle entreprise située au cœur de la Saintonge !

Nicole Bertin

• Les 650.000  litres de vin blanc sont distillés selon la double distillation dans des alambics de cuivre rouge qui procurent une eau-de-vie riche en arômes. La maison Bertrand possède par héritage de très vieux cognacs distillés au début du XXe siècle entre 1903 et 1910.

• Récemment, Thérèse a reçu un groupe composé de distributeurs russes de vins et spiritueux. De passage dans la région de Cognac, ils étaient à la recherche de vieux cognacs pour leurs boutiques. Leur rencontre avec le domaine des Brissons de Laage leur a permis de comprendre l´élaboration, la distillation, le vieillissement et les assemblages.

• Evgeny Lebedev, Andrey Lebedev, Vasily Romanov aux côtés de Thérèse, la jeune génération des Brissons de Laage