Lors du dernier conseil municipal, des citoyens ont exprimé leur position quant au site Saint-Louis |
Dans le programme électoral sur lequel il a été élu en 2014, Jean-Philippe Machon prévoyait d'installer un musée "à ciel ouvert" dans le Vallon des Arènes. Pourquoi pas ? Ce doit être la raison pour laquelle la Mairie a fait couper un grand nombre d'arbres dans ce secteur. À l'inverse, il n'est plus question de construire le "Romanoscope" prévu sur le site Saint-Louis (magnifique belvédère d'environ 5 ha avec une vue à 180° sur la ville et la Charente) et qui devait accueillir notre formidable collection de vestiges gallo-romains (près de 2000 pièces de toutes tailles stockées dans des hangars fermés au public). Cette structure aurait été à l'image du "Paléosite" construit par le département à Saint-Césaire, un petit village des alentours, pour ce qui concerne les découvertes préhistoriques. Pour libérer le site Saint-Louis, le Maire de Saintes a décidé sans la moindre concertation de reléguer l'implantation du musée archéologique et historique de la ville à proximité de l'amphithéâtre sur un terrain trop petit et dans un délai repoussé aux calendes... romaines ! Gageons que, s'il devait être construit là, ce musée mal placé connaîtrait le même sort que le Paléosite, c'est-à-dire un échec en termes de fréquentation.
Conjugué au projet présenté par le roi du béton (Bouygues) destiné à recouvrir tout le site Saint-Louis d'immeubles de standing, d'une résidence pour seniors aisés, de commerces, d'un hôtel de luxe et d'un restaurant gastronomique, gérés par des franchises nationales, voire internationales, mais sans son musée, cet énième revirement du Maire résulte de considérations non seulement spéculatives, mais aussi sociologiques visant à favoriser ses amis des catégories dites "supérieures" et surtout âgées. Recréer ainsi la dichotomie entre haut et bas quartiers en ville tout en jetant ses promesses électorales aux oubliettes est le signe d'un profond mépris de sa part pour les citoyens que nous sommes. Dans la mesure où l'ascenseur social est depuis longtemps en panne (comme d'ailleurs celui du Paléosite), ce ne sont pas des dispositions de ce genre qui résoudront les problèmes de notre ville. En y créant un hôpital du nom de son ancêtre pour y soigner les pauvres et les malades afin de réconcilier les clans qui se déchiraient ce territoire, même Louis XIV n'avait pas osé...
Sauf si la mer devait monter de plusieurs mètres d'un coup, on ne voit pas les seniors aisés quitter en masse la côte pour s'enfermer à l'année dans des buildings modernes bâtis sur d'anciennes nécropoles et de vieilles pierres dont certaines tombales. Même si "La Providence" est juste à côté, des mouroirs soi-disant de luxe dans un quartier d'un ennui mortel ne garantiront jamais le paradis... Confrontés à la proclamation du "Mundus patet", ils exigeront pour chasser les esprits, une profusion de spectacles et de divertissements sans, bien entendu, accepter d'en payer le prix, ce qui fera exploser le budget culturel de la commune et la pression fiscale sur l'ensemble des saintais (cf. le Gallia et l'Abbaye-aux-Dames). Avec des loyers à partir de 3000€ mensuels, beaucoup n'auront plus un sou pour consommer sur place. Si l'on s'en tient à la Nouvelle Aquitaine, les amoureux des terres préféreront des lieux plus hospitaliers comme le Périgord ou la Gascogne en général. Comme à Royan, les plus riches ne resteront pas en place plus de trois à six mois par an. En plus, ces personnes n'hésitent pas à s'expatrier là où les prix sont plus abordables. Pour d'autres, le shopping sera toujours plus classe à Paris ou à New-York...
Malgré leur pouvoir d'achat élevé, les retombées économiques pour la ville seront pour toutes ces raisons minimes. Une fois les lieux privatisés, rien n'empêchera ces propriétaires et néanmoins électeurs de demander à la mairie la fermeture du site pour des raisons de sécurité par exemple, ce qui reviendra à couper une nouvelle fois la ville en deux. Le cas échéant, ils s'affranchiront d'un refus des autorités se croyant, du haut de leur promontoire, au dessus des lois.
Comme toujours en pareil cas, un mix est donc à trouver afin d'optimiser notre patrimoine culturel et naturel sur le plan urbanistique mais aussi touristique, tant horizontalement que verticalement. Sans pour autant déstabiliser le marché hôtelier ou immobilier saintais, l'objectif serait d'accroître substantiellement le nombre de visiteurs de notre ville et de faire en sorte qu'ils y restent au moins une nuit, y compris hors saison. Pour cela, nous devons entre autres leur proposer un parcours intra-muros attractif évoqué par le candidat Machon lui-même, parcours que nous pourrions enrichir en l'étendant à Barzan (Le Fâ) d'un côté et au Douhet (aqueducs romains), voire à Saint-Césaire (Paléosite) de l'autre. Ce parcours croiserait d'autres parcours comme le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. D'où la logique d'implanter sur le site Saint-Louis, notre futur musée archéologique et historique digne d'une ville d'Art et d'Histoire comme Saintes que certains rêvent de voir inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité... tout en protégeant les êtres qui vivent déjà sur la falaise, des chauves-souris en l'occurrence, la preuve du calme qui règne en ce lieu "habité" depuis des millénaires et preuve aussi de notre hospitalité... légendaire. Ce ne serait d'ailleurs pas du luxe d'améliorer nos capacités d'accueil que ce soit au niveau de l'hébergement ou de notre ouverture aux autres. En matière d'offre de restauration, nous sommes déjà au bord de la saturation.
Dans le même sens, il conviendrait de faciliter l'accès aux commerces du centre-ville qui souffrent énormément de la concurrence déloyale des zones périphériques du fait des politiques sournoise de nos élus locaux (Les Coteaux, Saintronic, Vegas, Berteau, etc.). Pour cela, des parkings publics en quantité suffisante devront être construits en centre-ville avec, pour le site Saint-Louis, des ascenseurs intérieurs et des souterrains d'accès aux différents niveaux de la ville côté Mairie et coté Vallon des Arènes. Une durée de stationnement gratuit d'au moins trois ou quatre heures laisserait le temps aux badauds de profiter de la douceur de vivre de notre territoire sans encombrer celui-ci de voitures ventouses. Si l'on souhaite vraiment redynamiser notre "Cœur de Ville", un tel projet pourrait tout-à-fait s'inscrire dans le dispositif mis en place par l'État avec financements à la clé. Enfin, reléguer la construction (obligatoire) de logements sociaux à l'emplacement de la gare routière en cachant le rempart du bastion est une hérésie.
Réserver sur le site Saint-Louis un espace de 200 m2 à la culture, comme le propose Linkcity, la filiale de Bouygues sélectionnée par la majorité municipale, est une insulte à notre intelligence. Et, à ce stade, je ne mentionne même pas les conditions financières qui semblent entourer cette opération et qui, à ce que nous avons pu constater dans les documents officiels que la mairie a fini par nous envoyer, s'annoncent particulièrement scandaleuses. Cet oppidum a toujours été le siège du pouvoir, impérial d'abord, médical par la suite. Il serait abandonné aujourd'hui au pouvoir de l'argent. C'est d'autant plus inacceptable que cela se traduirait par une spoliation des citoyens à qui appartient ce bien (commun). Bien entendu, la CdA comme les élus d'opposition, ont été soigneusement tenus à l'écart de cette privatisation. Au-delà de l'aspect économique, les côtés éducatif et culturel en général nous paraissent primordiaux dans un projet de cette ampleur. Les besoins en salles de répétition pour la danse et la musique pourraient dès lors être pris en compte. Pour nous, c'est l'ensemble de la ville qui doit devenir une "Cité Musicale" et pas seulement l'Abbaye-aux-Dames
Si la partie "investissement" d'un tel projet était correctement réfléchie, la partie "exploitation" devant en découler tout au long de l'année, serait réellement productrice de revenus et d'emplois stables pour notre population, à commencer par notre jeunesse. En laissant pourrir la situation, les élus de la majorité municipale actuelle nous ont fait perdre dix ans pour rien. Les projets auraient pu et peuvent toujours s'agencer progressivement à partir de l'existant au fur et à mesure de nos capacités de financement et des retours à en attendre pour la collectivité (et non pour des spéculateurs privés). La Sémis est tout-à-fait en mesure d'investir pour la partie immobilière, les collectivités locales, l'État, voire des mécènes privés, pour la partie muséale. Compte-tenu des contraintes inhérentes au site (fouilles archéologiques, impact environnemental, présence d'amiante, etc.), c'est de toute façon des années de travaux qui seront nécessaires. Brader à des accapareurs ce patrimoine, de surcroit sans la moindre garantie de bonne exécution des prestations prévues, est une faute de gestion énorme qui causerait un très grave préjudice aux saintais. Il ne fait pas de doute que ces gens-là comptent bien réaliser une jolie plus-value sur notre dos, même à long terme. Alors que les taux d'intérêt sont toujours aussi bas, vendre ce site après tant de tergiversations est une très mauvaise affaire pour nous, contribuables. Cela augure mal de l'accueil que la population réservera à ces nouveaux arrivants.
Dans ces conditions, comment peut-on encore accorder la moindre confiance en des élus aussi inconséquents dans la gestion des biens et des deniers publics ? Nous devons refuser avec la plus grande énergie de les laisser accomplir une telle injustice ! Toutes les démarches seront intentées pour obtenir l'annulation des cessions, permis et autres autorisations qui seraient octroyées indûment par et pour les parties-prenantes à cette affaire.
En conséquence, cette noble cause mérite que nous, citoyens, nous mobilisions que ce soit à titre individuel ou collectif et que nous nous rassemblions librement pour refuser de nous voir dépossédés à vil prix de notre patrimoine. Il nous appartient de défendre la bonne santé financière et l'avenir de notre cité. Toutes les bonnes volontés et les compétences sont donc requises afin de nous épargner l'irréparable ».
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