mardi 27 novembre 2018

Mouvement des Gilets jaunes : Emmanuel Macron parviendra-t-il à éteindre le feu de la colère ?

Les gilets jaunes ont désormais huit représentants chargés de porter la parole du mouvement. Les déclarations et propositions du Président de la République sont attendues avec impatience…

Champs Elysées samedi dernier : Paris brûle-t-il ?

La journée terrible de samedi dernier à Paris, sur les Champs Elysées, est révélatrice du malaise qui existe en France. Né d’un ras-le-bol des taxes sur les carburants, le mouvement des gilets jaunes en est l’expression. Aujourd’hui, la question s’est élargie au pouvoir d’achat puisque les dépenses liées au transport, sans cesse en augmentation, pénalisent grandement le budget des ménages.

Les gilets jaunes ont désormais huit représentants. Les 44 organisateurs des mouvements régionaux ont choisi des hommes et des femmes capables de porter leurs voix dans les médias : « ils n'ont pas d'intérêts particuliers ou militants qui pourraient influencer le mouvement » indiquent-ils. Cette désignation a été compliquée. En effet, initialement, le mouvement ne voulait aucun « leader » particulier. Cependant, pour établir une concertation, le Gouvernement a besoin d’interlocuteurs « identifiés ».
Qui sont ces huit personnes ? En Seine-et-Marne, Eric Drouet, créateur du groupe "La France en colère" sur Facebook et Priscilla Ludosky, auteur de la pétition contre la hausse des taxes sur le carburant, ne sont affiliés à aucun parti, ni syndicat. Idem pour Thomas Miralles, 27 ans de Perpignan. Maxime Nicolle, âgé d'une trentaine d'années, déclare qu’il est apolitique. Julien Terrier, de Grenoble dans l'Isère, est chef d’entreprise. Marine Charrette-Labadie, serveuse de 22 ans, est gilet jaune en Corrèze. Mathieu Blavier, représentant des Bouches-du-Rhône, est étudiant en droit à la faculté d'Aix-en-Provence. Jason Herbert, 25 ans, d’Angoulême, est chargé de communication dans une médiathèque.

Les gilets jaunes de Saintes devant le centre des finances publiques
Saintes : les gilets jaunes attendent ce soir le discours du Président de la République
Aujourd'hui mardi, aura donc lieu le grand oral d’Emmanuel Macron qui traverse une période délicate de son mandat. Ayant accédé à la plus haute fonction de l’Etat sans jamais avoir été un élu de terrain, on peut comprendre qu’une distance l’ait séparé des gilets jaunes dans un premier temps. Sans doute pensait-il que la grogne s’estomperait, comme ce fut le cas pour la SNCF. On perçoit ce fossé par le choix des mots, entre autres « classes moyennes et laborieuses » (Emmanuel Macron) ou encore « séditieux » (employé par Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, envers « les casseurs de l’ultradroite », reprise du terme de Charles de Gaulle à propos des militaires putschistes de la guerre d'Algérie).
Comme le décalage est grand entre le langage utilisé par le Gouvernement et celui de la base, c’est-à-dire le peuple. Classes moyennes et laborieuses : n’est-ce pas rappeler aux intéressés, avec un brin de condescendance, qu’ils sont condamnés à trimer quand d’autres, en leurs salons dorés, pensent avoir accédé au rang de privilégiés ?
Qu’est donc devenue la déclaration des Droits de l’Homme, liberté, égalité, fraternité ? Egalité est un vœu pieu car malheureusement, elle n'est pas de ce monde. Dès lors, il appartient à nos dirigeants d’œuvrer pour gommer les injustices. La liberté, quant à elle, a été chèrement acquise et le droit de manifester en fait partie. La fraternité reste le ciment d’une société apaisée. La France est aujourd’hui fracturée. Veillons à ne pas élargir les lézardes...
S’il doit conduire à bien les réformes et la lutte contre le changement climatique (encore que la France n’est pas la seule concernée !), le Président doit aussi s’assurer que les citoyens puissent vivre décemment. L’ouverture des Restos du Cœur est révélatrice de la situation : le nombre de jeunes de moins de 25 ans est sans cesse croissant. Est-ce digne d’un pays dit évolué ou bien les lumières se seraient-elles éteintes dans les cercles philosophiques ?
Les gilets jaunes ne demandent pas la lune, ni les honneurs, ils veulent seulement boucler leurs fins de mois. Alors, reprenant Claude Buffier, contemporain de Voltaire, Emmanuel Macron aura-t-il « l’art de dire ce qu’il faut pour persuader » ? Et surtout proposer des actions réalistes et concrètes…

Désignation des 8 représentants des Gilets Jaunes

• Les présidents de région demandent des mesures d'urgence : Douze des treize présidents de Régions, de droite comme de gauche, interpellent le Gouvernement sur le mouvement des "gilets jaunes" et demandent des "mesures d'urgence". Dans l'Opinion, ils évoquent "la colère de nos concitoyens" et appellent l'exécutif à "changer de discours, reconnaître la souffrance de nos compatriotes".

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