Le logis du Gouverneur transformé en appartements |
Nous ne pouvons, à nouveau, que faire le même constat justifiant à lui seul la création de l’OPS : aucune écoute des citoyens, aucune concertation pour faire adhérer une majorité de Saintais à un projet important les concernant et aucune information avant le vote du Conseil Municipal.
Cette décision nous laisse un goût amer et un sentiment d’incompréhension, de gâchis, de trahison.
La municipalité essaie à présent de « jouer » la transparence et la « concertation » pour justifier ses choix. Le « dialogue » qui est maintenant proposé aux Saintais ne porte pas sur le projet, mais sur les espaces publics, c'est- à-dire sur ce qui va rester après la réalisation du projet de Bouygues et donc sur quelque chose qui se réaliserait au plus tôt en 2022 (après les élections municipales) ! Il est consternant de voir le peu de considération apportée aux citoyens, aux associations locales et le peu de crédit donné à l’histoire de notre cité ! Comment pourra-t-on croire en la sincérité des arguments avancés pour les projets à venir ?
Nous ne pouvons donc que commenter les informations qui nous sont données petit à petit par les responsables de la ville. Malheureusement, ces commentaires sont souvent critiques face à des arguments contradictoires, voire manipulés pour une présentation idyllique de marketing.
Sur la question contractuelle et financière :
La question est assurément importante. Une décision se devait d’être prise pour ce site emblématique de la cité en friche depuis de nombreuses années.
L’OPS n’est pas le mieux placé pour porter un jugement sur ces questions, mais comme tous les citoyens, il est à même de comprendre, au vu des éléments fournis, qu’il s’agit là d’une opération immobilière concédée à une grande entreprise privée, Bouygues. Les intérêts de cette société privée sont très loin des nôtres car effectivement, à aucun moment dans son projet, il n’est question d’histoire, d’archéologie, de patrimoine. La municipalité perd ainsi toute maîtrise avec cette vente. A croire qu’il fallait trouver « à tout prix » une solution pour satisfaire une partie des engagements électoraux et ceci avant la prochaine échéance.
Le vote prévu au précédent conseil municipal du 27/09 n’a pu se faire : le prix de vente de 1200000€ était déjà fixé à cette date, mais il manquait « l’estimation des domaines ». Celle-ci a été confirmée ensuite à 1170 000€, juste en dessous du prix de vente !
De nombreux points sur les questions financières et contractuelles de la vente restent très obscurs. En conséquence, un fort sentiment de méfiance domine parmi les Saintais qui, eux, seront là pour payer dans les années à venir les engagements financiers pris par quelques élus. D’autant plus qu’ils ne sont pas convaincus de l’intérêt d’un tel projet, alors que celui de l’investisseur est, par contre, parfaitement compris.
Sur le projet lui-même :
« Il faut voir ce projet dans sa globalité avec ses neuf sous-projets » nous dit-on. Et le considérer dans une vision d’ensemble car le site fait partie du fameux plan « Action cœur de ville »
Même si on cherche à noyer le projet de vente parmi d’autres initiatives très incertaines formant ainsi un amalgame qui se veut « global », c’est bien de la vente d’une partie du site à une entreprise privée qu’il s’agit.
- Un banal hôtel Mercure (Il est vrai que l’offre pour le citoyen et le touriste d’aller se promener pour visiter cet hôtel avec sa salle de conférence et sa salle de remise en forme est « alléchante » !)
- Un « pavillon culturel » à la place d’un « romanoscope » promis, où « des produits régionaux seront vendus ». La définition du « pavillon culturel » semble être là pour donner une « touche culturelle » à cette vente alors qu’aucun engagement n’a été pris dans ce sens par l’acheteur. Quelle haute opinion de la « culture » et de « l’histoire » de notre cité ! Rappelons que la Ville a pris la gestion du label ville d’Art et d’Histoire depuis un an !
- Un restaurant de standing alors que l’offre en restauration est déjà nombreuse et variée ne semble pas être des plus cohérents !
- Des constructions modernes d’architecture « à la mode » chez les promoteurs immobiliers que l’on voit partout, d’une banalité déconcertante vont voir le jour.
Rien qui fasse de ce site un endroit particulier et attirant pour les habitants et les touristes. Et la ville d’argumenter : « C’est un choix d’urbanisation de faire venir 223 familles vivre sur le site » ! Or, le programme de Bouygues n’apporte que 58 logements, donc 58 familles. Les 90 places en maison de retraite et les 70 chambres dans l’hôtel ne peuvent être considérées sérieusement comme logements pour familles. Les autres logements dont il est fait état (au nombre de 75) ne sont aujourd’hui « qu’en projet dans un deuxième temps ». Et Monsieur le Maire de confirmer : « j’espère bien que courant 2019, nous aurons trouvé une solution » ! Les places de stationnement sont également un curieux mélange dans les présentations entre ce qui est apporté par le programme Bouygues et les hypothétiques autres projets. Sur les 202 places annoncées comme « créées », il n’est pas précisé que 60 places en revanche seront supprimées ! Les 107 places en sous-sol et 95 en surface (dont 41 au sud de la place du 11 Novembre, mais qui, elles, seront privatisées) seront réservées à l’hôtel, à la maison de retraite, aux 58 logements, au restaurant etc. Rien de nouveau pour améliorer le stationnement et l’accès au centre ville, bien au contraire. Et de dire « cela aurait pu être pire s’il avait été choisi l’un des deux autres projets » n’est un argument ni sérieux, ni acceptable ! Sans avoir eu une vraie concertation pour l’adhésion des habitants, les Saintais ne peuvent être que méfiants en croyant qu’ils sont déjà ou seront trompés.
Sur la question du patrimoine archéologique :
Les informations disponibles montrent que tout est fait pour qu’il n’y ait pas de fouilles sur le site, ou très peu. « Le projet Bouygues aura un impact le plus faible possible sur le sous-sol ». Il y aura des réhabilitations de bâtiments, donc pas de fouilles, une démolition et une reconstruction (pour la résidence séniors) sur les fondations existantes, donc pas de fouilles. Seuls le « pavillon culturel » et l’hôtel seront des constructions neuves. Le « pavillon culturel » est optionnel et il semble que le sous-sol sous l’hôtel ait déjà été bétonné par le passé pour consolider la falaise.
Et si fouilles il y a, contrairement à ce qui avait été annoncé, elles seront à la charge du contribuable !
Nous avions espéré sur le site un grand projet muséal retraçant l’histoire de notre cité et mettant en valeur tous les vestiges antiques dormant dans les stocks fermés actuellement au public. Les vestiges archéologiques toujours enfouis vont pouvoir dormir encore longtemps sous ce « nouveau » quartier.
C’est un rendez-vous manqué très décevant pour les amoureux du patrimoine, Saintais et touristes qui selon les statistiques nationales cherchent aujourd’hui à découvrir de façon pédagogique l’authenticité des sites.
Sur la question du plan « actions cœur de ville »
Nous avons tous été heureux d’apprendre que la ville de Saintes, au même titre que Rochefort (et 120 autres villes en France), était retenue pour recevoir une aide financière de l’état dans le but de revitaliser son centre ville qui en a bien besoin. Annonce officielle faite le 26/03/2018. Notre municipalité doit se féliciter de cette aubaine. « Depuis l’installation du 1er comité de projet, le 15 mai dernier, les services de la Ville, de l’Agglomération, de l’État et les partenaires financeurs ont travaillé à élaborer une convention cadre de partenariat qui vise à fédérer les compétences, les moyens humains et financiers et les visions pour le développement et la revitalisation du centre-ville de Saintes dans les prochaines années. »
Ainsi (et en bref), la signature d’une convention a eu lieu le mardi 25 septembre 2018 en présence de nos responsables territoriaux (maire de Saintes, préfet, président de la Communauté d’agglomérations de Saintes, entre autres). Elaborer un ambitieux plan « actions cœur de ville » en cinq mois relève de la performance ! « Aller vite mais sans se précipiter » disait un des signataires.
Pour ce faire, ont été repris dans ce plan tous les projets déjà existants de la municipalité, point par point, sans en changer une virgule, alors que certains n’ont rien à voir avec une revitalisation du cœur de la ville et que d’autres sont flous, mal compris et déjà fortement contestés par beaucoup d’associations et une majorité de la population.
Même le projet du « gradinage » de l’amphithéâtre, que nous contestons toujours fortement, est intégré dans les actions cœur de ville !
Il aurait fallu au préalable délimiter le périmètre du centre ville pour ne pas faire d’amalgame. Qui peut penser que le projet des « gradins » dans l’amphithéâtre va revitaliser le cœur de ville ?
Le site Saint-Louis fait partie du centre de la ville et donc logiquement de ce plan « actions cœur de
ville ». Mais que l’un des signataires avoue, début novembre 2018, qu’il n’est pas plus au courant du projet Saint-Louis que l’habitant lambda, qu’il ne sait rien de plus que ce qu’en disent les articles de la presse, laisse perplexe sur le sérieux de cette convention.
Déjà pour le site Saint-Louis, le premier principe du fil conducteur « patrimoine et innovation » n’est pas appliqué, bien au contraire et le « développer et animer la dynamique commerciale » non plus. Comment peut-on penser que de nouveaux commerces sur le site Saint-Louis vont dynamiser les commerces en difficulté existants en ville basse ?
Comment peut-on penser qu’un ascenseur urbain proposé aux clients de l’hôtel privé va dynamiser la liaison entre la ville haute (nouvelle) et basse antique ?
Comment peut-on penser que les touristes vont venir en grand nombre visiter le nouveau quartier Saint-Louis alors qu’il n’y a pas d’attraction ?
Sur la question du rôle de l’OPS
Tout cela conforte l’OPS dans son intention de jouer un rôle de plus en plus important au sein de la cité non seulement dans le choix et le contenu des projets mais aussi en tant que relais de l’information entre les décideurs et les citoyens. Nous affirmons très clairement que les choix importants pour l’avenir de Saintes ne peuvent pas être uniquement du ressort des administratifs et des financiers. L’avis des Saintais et celui des associations en lien étroit avec l’histoire de notre cité est absolument nécessaire pour qu’un projet entraîne l’adhésion d’une majorité. Les nombreuses remarques le montrent à l’évidence. C’est une question de confiance et nous souhaitons vivement que la municipalité le comprenne et rétablisse un peu de cette confiance avant qu’il ne soit trop tard.
Guy Puyastier au nom de l’OPS, Saintes le 20 Novembre 2018
Michelle Le Brozec, Cécile Trébuchet, Philippe Ravon
• Lettre adressée à Fabrice Rigoulet-Roze, préfet de la Charente-Maritime, Adeline Bard, sous-préfète de la Charente Maritime, Jean-Claude Classique, président de la Communauté d’agglomération de Saintes, Bruno Chaptal de Chanteloup, directeur du développement territorial de la Banque des Territoires, Philippe Dejuan, président du Comité Régional Action Logement Groupe de Nouvelle Aquitaine, Pierre Landes, directeur opérationnel de l’établissement Public Foncier de Nouvelle-Aquitaine, Pierre Descamps, chef de projet au sein de la municipalité.
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