jeudi 29 novembre 2018

Gilets jaunes/Saintes : « Le mouvement s’arrêtera quand le Gouvernement nous écoutera et surtout nous entendra »

Sur les ronds-points, « pas d’alcool, pas de violences et pas de politique »

Telle est la recommandation de François Michelin, responsable de la page Facebook « contre la hausse du carburant le 17 à Saintes » (groupe ouvert de plus de 6500 membres). Depuis des jours et des nuits, autour des ronds-points de Saintes, la mobilisation se poursuit en l’attente d’annonces crédibles du Gouvernement. « Outre la taxation des carburants, c’est la hausse du pouvoir d’achat que nous défendons » souligne ce représentant des gilets jaunes saintais. Malheureusement, les mauvaises nouvelles ne font qu’arriver puisqu’une hausse des tarifs de l’électricité est prévue pour 2019…


Mercredi, rond-point de la route de Rochefort. Réunis autour d’un feu de palettes, les jaunes gilets, par leur présence depuis le 17 novembre, sont l’expression d’une contestation qui ne cesse d’enfler. Un signe d’après un récent sondage : plus de 80% des personnes interrogées soutiennent le mouvement alors qu’à Paris, samedi dernier, de vives altercations ont eu lieu sur la plus belle avenue du monde. Une majorité de Français a certes condamné ces actes de violence gratuite - dont les auteurs sont des casseurs avertis - sans pour autant renier l’action des gilets jaunes qui dénoncent le coût élevé de la vie. Comme eux, ils sont issus des fameuses « classes moyennes et laborieuses ». Mardi matin, Emmanuel Macron (de la classe dirigeante) s’est exprimé en milieu de matinée au lieu des 20 h annoncés initialement. Ses propositions n’ont pas convaincu : « Pourquoi parler à cette heure-là ? Il savait très bien que la plupart des gens ne seraient pas disponibles ! » constate Elea qui a suivi les analyses faites par les journaux.

Cette jeune femme incarne pleinement le mouvement des gilets jaunes : saisonnière, elle a trois enfants et son mari est actuellement en convalescence. Pas besoin de dessin pour comprendre que les fins de mois sont l’objet d’attentions : « bien sûr que ma taxe d’habitation a baissé, mais si j’ajoute tout ce qui a augmenté, je ne vois pas la différence ». Elle a par ailleurs voulu montrer l’exemple de l’écologie en achetant une Citroën électrique C-Zéro : « J’ai été très déçue par le manque d’autonomie de la batterie. J’habite entre Saintes et Royan et parfois, je me demandais si j’allais pouvoir rejoindre mon domicile. Sans oublier la recharge qui dure une nuit. J’ai contracté un prêt pour acheter ce véhicule propre que j’ai dû revendre pour acquérir une version gas-oil qui me permet de me déplacer sans problème et me rendre à mon travail ». Consciente des efforts à réaliser en faveur de l’environnement, Eléa, animée de bonne volonté, n’a pas trouvé de réponse concrète à ses préoccupations. Idem pour les nouvelles chaudières : « On nous dit qu’il faut en changer. A quoi bon avoir des aides si on n’est pas capable de financer le matériel ? ». Une réalité du quotidien que partagent les gilets jaunes dans leur ensemble.
« Si nous sommes autour des ronds-points, c’est parce qu’il y a urgence à dénoncer la situation d’appauvrissement programmé dans laquelle nous nous trouvons. Or, loin de nous entendre, on nous traite avec mépris » souligne Anne. « Le discours de Macron, c’était du bla-bla » résume François Michelin.


Une délégation reçue à la sous-préfecture vendredi (photo site Laurent Favereau)

Une véritable attente

A Saintes, différentes "opérations" de sensibilisation des gilets jaunes ont eu lieu, dont deux rencontres importantes avec le maire, Jean-Philippe Machon, et à la sous-préfecture. « Nous avons une ligne de conduite, pas d’alcool sur les ronds points, pas de violences et pas de politique. C’est à cette condition que nous restons crédibles » explique François Michelin. Au rond-point de la route de Rochefort, ça se passe plutôt bien et une fraternité s’est tissée au fil du temps entre les participants. Sauf que certains individus viennent parfois perturber l’ambiance : « l’autre soir, nous avons vu arriver de Charente trois jeunes fortement alcoolisés qui cherchaient la bagarre. Ils n’avaient pas leur place parmi nous. Ici, nous sommes sur un pied d’égalité et personne ne fait de politique ». En conséquence, si quelqu’un arrive avec un tract, il est « remercié ».

Jeudi, rencontre avec le maire Jean Philippe Machon et Marcel Ginoux, adjoint
 (photo site Contre la hausse du carburant)
A Diconche où se trouve le plus grand nombre de manifestants, quelques incidents ont eu lieu dont un feu de cabane et par manque de chance, un camion espagnol a été victime d’une panne, créant un joli bouchon. « Nous sommes attentifs dans nos rangs, mais peuvent arriver des éléments incontrôlés. A nous d'être vigilants » déclare François Michelin. D’où la nécessité d’une organisation. Il aurait bien aimé rencontrer Jason Herbert, référent pour la région : « nous ne le connaissons pas et n’avons pas été contactés par les organisateurs pour sa désignation ». De même, il regrette que le préfet, interpellé par courrier, n’ait pas répondu. « Nous nous battons pour ceux et celles que cette politique étrangle. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la taxe sur les carburants ». « La goutte de gas-oil qui s’est échappée du réservoir » ajoute Elea. Pour elle, les hommes politiques de ces trente dernières années ont contribué aux difficultés actuelles : « Elu depuis un an et demi, Emmanuel Macron n’est pas responsable de tous les maux, mais c’est lui qui subit notre colère. Avant lui, Chirac, Sarkozy et Hollande ont préparé le terrain. Et voilà où nous en sommes ». 

Demain vendredi, le Premier ministre et le ministre de l’Ecologie rencontreront une délégation de gilets jaunes à Paris, veille d’un second rassemblement dans la capitale. Des assemblées de territoires sont également programmées. Y seront-ils invités ? C’est le souhait des Saintais...

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• Record : Avec 48,4% de taux de prélèvements obligatoires, la France occupe la première place
Impôts sur le revenu et le patrimoine : 12,8 % dont 8,7% d’impôts sur le revenu des personnes physiques ou des ménages. Cotisations sociales nettes : 18,8%.

1 commentaire:

Unknown a dit…

elle est aussi première en prestation sociale en Europe 18% du PIB contre 13% en moyenne