Samedi matin, La Barde inaugurait son nouveau monument aux morts ainsi que les travaux réalisés dans la mairie dont une salle consacrée à Patrick Waravka. Cet artiste peintre renommé est né dans cette commune à qui il offre une toile chaque année. Ainsi, s’est constituée une collection ouverte au public.
|
Le discours d'accueil du maire Jean-Pascal Cartron |
|
Surmonté d'un coq, le monument aux morts comporte une plaque en l'honneur
de Pierre Lavigne, instituteur mort en déportation |
Il faut un temps certain pour rejoindre La Barde, dernière terre charentaise-maritime avant la Dordogne. Entre routes sinueuses et forêts de feuillus, le visiteur pense être entré en Périgord quand surgissent la mairie et l’église. Et un monument aux morts de marbre surmonté d’un coq, ce qui en fait son originalité. Dans cette localité la plus éloignée de La Rochelle, les administrés ont appris à se serrer les coudes, démontrant que la générosité n’est pas un vain mot. C’est le message qu’a transmis le maire, Jean-Pascal Cartron samedi matin aux côtés de Jérôme Aymard, nouveau sous-préfet de Jonzac, Dominique Bussereau, président du Conseil départemental, Claudine Kervella, directrice de l’ONAC, Raphaël Gérard, député, Bernard Lalande et Daniel Laurent, sénateurs, Brigitte Rokvam et Bernard Seguin, conseillers départementaux, Jean-Claude Laby, président de l’UNC Départementale, Patrick Waravka, artiste peintre, le Père Housset, les élus du conseil municipal, les maires du Sud Saintonge et la population.
|
En ce samedi, il pleuvait tant que la manifestation s'est déroulée sous des tivolis... |
« Le monument aux morts, emblème de notre reconnaissance aux soldats tombés durant la guerre 1914-1918 »
« En ce jour de commémoration du centenaire de cette terrible guerre, nous nous devions d’avoir une reconnaissance envers nos soldats. Le conseil municipal a donc décidé d’honorer ces soldats en édifiant un monument aux morts neuf » a expliqué le maire dans son allocution. Ce monument possède une histoire :
« A la suite d’une note reçue le 21 mai 1920 du Préfet, M. Héraut, maire de l’époque et son conseil municipal, décident de voter un crédit de 5500 F pour ériger un monument. En pierre silicatée avec des panneaux de marbre blanc, il est surmonté d’un coq livré en gare de Saint-Aigulin. Ce n’est pas rien et c’est pour cette raison que nous avons décidé de garder ce coq qui se trouve aujourd’hui au niveau de l’entrée de la mairie ! Un socle en béton avec huit colonnes est ajouté pour la somme de 1200 F. Ces colonnes sont réalisées par M. Lapougerie, tailleur de pierre à Saint-Aigulin. Le conseil ayant un budget limité, il fait appel aux dons. Il sera remis en mairie la somme de 2007 F, auxquels viendront s’ajouter 1000 F venant des fonds départementaux. Le monument est alors érigé. Depuis ce temps, l’UNC de La Barde, connue dans les archives depuis le 18 octobre 1930, fait vivre ce monument en honorant les soldats dont les noms sont gravés. Remercions Claude Dubet, président de l’UNC ainsi que ses prédécesseurs, pour le travail qu’ils fournissent autour de ces cérémonies du souvenir. Grâce à leur travail, nous avons toujours une pensée pour un aïeul qui a défendu au péril de sa vie notre liberté. Je tiens à remercier Dominique Bussereau, Brigitte Rockvam et Bernard Seguin, conseillers départementaux, pour l’attribution d'une aide financière sans laquelle nous ne pouvions réaliser cette opération. Tout le monde n’est pas émir dans le Sud Saintonge ! Merci également à la CDCHS pour la réalisation des documents. M. et Mme Duhard ainsi que leur fils ont œuvré, en collaboration avec Claude Dubet, à l’élaboration du beau livret retraçant la vie de nos soldats de 14/18. Merci pour ce travail qui n’a rien coûté à la commune ».
|
Aux côtés du maire, M. et Mme Rouffignac |
|
On reconnait Jean-Pascal Cartron, maire, Jérôme Aymard, sous-préfet, Danie Laurent, sénateur, Dominique Bussereau, président du Conseil départemental, Bernard Seguin, conseiller départemental, Bernard Lalande, sénateur, Brigitte Rokvam, conseillère départementale |
Jean-Claude Rouffignac était chargé des travaux du monument : « Jean-Claude, tu fais partie des très anciennes familles de la commune. Un soir, tu es entré dans mon bureau et tu m’as regardé avec un drôle d’air en disant
« tu vas refaire le monument ? ». J’ai répondu que le conseil y était favorable suite au constat effectué lors de l’installation des plaques. Tu m’as alors annoncé pouvoir le faire, le seul problème étant le coq. Alors, ma réponse a été spontanée :
« nous ne ferons pas de monument sans un coq à son sommet » ! Tu es revenu quelques jours plus tard et tout fier, tu a déclaré que le coq n’était plus un problème. Il restait à voir la partie financière. Tu as offert à la commune les plaques qui se trouvent sur le monument et tu as fait le monument aux morts dans sa totalité en ne faisant payer à la collectivité que le granit à son prix d’achat fournisseur et le coq sculpté à la main. Il est donc un modèle unique ! Jean-Claude, au nom de la commune de La Barde, du Conseil Municipal et de l’ensemble des personnes présentes, merci pour ce geste de reconnaissance envers ta commune natale ».
Après les discours du sous-préfet Jérôme Aymard et de Dominique Bussereau qui saluèrent l’implication des citoyens de la Barde, l’inauguration du monument eut lieu sous une pluie battante, mais qu’importe, le soleil était dans les cœurs !
|
Cérémonie au monument aux morts |
Hommage à Pierre Lavigne, mort en déportation, et au peintre Patrick Waravka né à La Barde
|
Plaque en mémoire de Pierre Lavigne |
|
Patrick Waravka inaugure l'espace qui lui est dédié |
Cette mairie abrite en ses souvenirs un tragique événement. En effet, c’est dans l’une des pièces qu’une journée de 1944, la Gestapo allemande a arrêté l’instituteur, Pierre Lavigne.
« Il était résistant et avait été malheureusement dénoncé. L’ancien maire Guy Dubreuil vous en parlerait mieux que moi car il faisait partie des élèves présents ce jour-là. Comme il me le disait bien souvent : « Pascal, quand ils sont entrés dans la classe, on aurait dit des oiseaux de proie. Ils ont fondu sur Monsieur Lavigne. Il est alors devenu blême. Il n’a rien dit. Il est parti sans un mot entre deux hommes. Nous ne l’avons jamais revu. Quand on est enfant, c’est impressionnant ». Un tel récit ne peut laisser indifférent. Voilà une des raisons pour laquelle nous tenions à faire ces deux inaugurations en même temps ».
|
Patrick Waravka : que de souvenirs dont un (bref) séjour de son père, d'origine russe, au cloître des Carmes de Jonzac qui était alors une prison.
Epoque troublée de la Seconde Guerre Mondiale... |
|
Amoureux de la nature (des fleurs en particulier) et de la mer,
Patrick Waravka immortalise des univers de liberté |
Une galerie en l’honneur d’un enfant du pays
L’artiste Patrick Waravka est né au village de Moinet, à La Barde, le 10 juin 1942. Il réside aujourd’hui en Seine-Maritime à Varengeville-sur-Mer. Fidèle à sa commune natale, il lui offre chaque année un tableau :
« Merci d’avoir une pensée pour ce petit village du bout de la Charente-Maritime. Je trouve vos œuvres très belles, mais celle de l’année dernière est spéciale. Ce sphinx en vol avec des couleurs de feu est expressif et laisse penseur. Nous avions installées vos toiles dans notre ancienne salle des mariages, mais nous manquions de place. Nous nous devions de les mettre en valeur. Le conseil municipal a pris la décision de faire une galerie de peinture qui vous est dédiée » a souligné Jean-Pascal Cartron. Le peintre a chaleureusement remercié La Barde à qui il voue une affection véritable.
Cette rencontre s’est terminée par le verre de l’amitié servi dans la salle des fêtes. Pour ceux qui souhaitent découvrir l’espace Waravka, s’adresser à la mairie aux heures d’ouverture : lundi et mardi de 9 h à 12 h et de 13 h 30 à 16 h ; mercredi de 9 h à 12 h ; jeudi et vendredi de 9 h à 12 h et de 13 h 30 à 16 h. Contact : 05 46 04 82 51
|
Les porte-drapeaux du secteur |
|
Un drapeau précieux et fragile, celui de la guerre 14-18 |
• Le maire a remercié Didier Constantin, maçon, qui a conseillé les travaux. Pour le monument aux morts, il avait proposé une restauration en pierre de taille, mais le conseil municipal a préféré le granit.
Photos Nicole Bertin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire