vendredi 19 octobre 2018

Mieux vivre en Charente-Maritime : En 2030, le nombre de médecins sera-t-il suffisant face à la première activité médicale liée aux troubles de santé mentale ?…


Vendredi dernier, le journal Sud-Ouest avait organisé une rencontre axée sur l’avenir des territoires à l’horizon 2030. Quels sont les atouts et les points faibles de la Charente-Maritime ? Trois tables rondes gravitant autour de la santé, du mieux se nourrir et du transport avaient lieu au centre des congrès de Jonzac.

Le sujet, qui avait déjà sensibilisé la Communauté de Communes de Haute Saintonge à l’automne 2017, intéresse le journal Sud-Ouest qui s’est livré à une vaste enquête sur le devenir des habitants de la Nouvelle-Aquitaine. En 2030, c’est-à-dire dans 18 ans (une majorité), que proposera la Charente Maritime pour être attractive ? Pour en parler, le choix s’est porté sur Jonzac. Sans doute parce que cette sous-préfecture de moins de 4000 habitants compte des structures importantes qui n’auraient jamais vu le jour sans l’intercommunalité, sans-à-dire le concours financier des autres communes.

Pour animer les différents thèmes, plusieurs personnalités étaient présentes, Dominique Bussereau, président du Conseil départemental, Claude Belot, président de la CDCHS, Jean-Pierre Tallieu, président de la Cara de Royan, Edwige Delheure, directrice de la délégation départementale 17 (ARS), Lionel Tirefort, directeur de la clinique de l’Atlantique Capio à La Rochelle, Olivier Dubois, psychiatre et directeur de thermes de Saujon, Dominique Marion, président de la Fédération de l’agriculture biologique de Nouvelle-Aquitaine, Brigitte Desveaux, en charge des transports à la CDA de La Rochelle, Bernard Le Brun, représentant l’URPS médecins libéraux Nouvelle-Aquitaine, Pierre Emmanuel Cherpentier, directeur départemental des éditions Sud-Ouest 17 et Luc Bourrianne, rédacteur en chef de SO à la Rochelle.

Réunion dans la salle du centre des congrès
Santé : 2030, population vieillissante...

Comme l’ont souligné les organisateurs de cette manifestation, « quoi de mieux pour faire avancer le débat que la confrontation » ? Sur scène, différents intervenants se sont succédé pour exprimer leurs points de vue. Le premier dossier, animé par Stéphane Vacchiani, directeur de la communication, était celui de la santé.
La santé, vaste sujet, puisque nous connaissons tous quelqu’un qui souffre. En effet, l’ancien Poitou-Charentes présente le nombre de cancers du sang le plus élevé de France, que ce soit chez les hommes (23,5 cas pour 100.000 personnes) ou chez les femmes (18,4 cas pour 100.000 personnes). Idem pour les myélomes. La surmortalité masculine par cancer colorectal est de 8 % supérieure par rapport à la France depuis une décennie. Pas très marrant, cet état des lieux…
Le président du Conseil départemental en a bien conscience : « notre objectif est la qualité de vie des habitants. Mieux vivre en Charente-Maritime, c’est notre boulot ». Au sein de la Nouvelle-Aquitaine, aussi vaste que l’Autriche, le département des mouettes n’a rien perdu, raisonnant sur le long terme en matière de santé.

Aujourd’hui, se pose le problème des déserts médicaux. Médecins partant à la retraite sans passer le flambeau. Contrairement à une époque pas si lointaine où le praticien vendait sa clientèle, la recherche du successeur devient un problème d’autant que les jeunes générations préfèrent la médecine hospitalière. Dans ces conditions, qui voudrait s’installer dans nos chères campagnes ? Les municipalités déploient des trésors d’ingéniosité pour faire face à la situation ainsi que le Département. Il a instauré une bourse pour les internes qui s’engagent à travailler dans les secteurs « sensibles » durant plusieurs années. Cette action, qu’on doit à Dominique Bussereau, porte ses fruits puisque des conventions ont été signées. Parallèlement, des mesures viendront pallier les manques comme la consultation à distance ou la formation d’assistants médicaux, etc.

Le département compte 677 médecins généralistes et 89 maîtres de stage. Il s’agit pour les médecins en place de former la relève en l'accompagnant durant un stage de six mois. Ainsi se mettent-ils le pied à l’étrier ! Encore faut-il convaincre les étudiants de la faculté de médecine de Poitiers de venir dans les zones rurales plutôt qu’en ville ! A Jonzac, plusieurs "réceptions" montrant les attraits que présente la région ont eu lieu. « Mais ce n’est pas tout. Il faut aussi trouver un travail au conjoint du médecin » souligne Dominique Bussereau. Sans oublier l’environnement, les écoles, les structures sportives, de loisirs, etc.

Evidemment, il est plus aisé d’attirer les jeunes recrues à La Rochelle où la méthode de séduction est facilitée par la notoriété de cette ville nautique et portuaire. « Nous sommes dans une phase de développement » explique le responsable de la clinique Capio. Pas de problème également à Saujon (traitement de la bipolarité et soins thermaux) où plusieurs praticiens ont été recrutés en deux ans.
Il n’en reste pas moins, selon Edwige Delheure, « que la médecine générale n’est pas équitablement répartie dans le département ».
Claude Belot critique le fameux numerus clausus et la façon dont on a sabré des vocations par une sélection drastique au concours d’entrée : « 13000 dans les années 70, 7000 en 2018 ». Ce que semble démentir la ministre Agnès Buzyn : elle estime que le nombre de médecins a doublé entre les années 1990 et maintenant. Quoi qu’il en soit, les généralistes libéraux ont reculé de 2% en six ans. La résistance s'organise : des maisons de santé ont vu le jour dans les secteurs de Mirambeau, Archiac, Jarnac-Champagne, Saint-Bonnet qui réunissent en un même lieu des professionnels de santé.


Le seul hic est l’apport de population sans cesse renouvelé en Charente-Maritime. On appelle ça le succès ! En 2020, nous devrions être le 5ème département le plus prisé et compter 272000 personnes âgées : « il va falloir s’adapter à ces réalités ».
Faudra-t-il salarier les médecins ? Ce nouveau modèle se met en place et nécessitera une réforme en profondeur de l’organisation des soins en France où les besoins ne cessent de grandir. Ainsi, le centre de santé Les Trémières de Saint-Trojan, dans l’Ile d’Oléron, a opté pour ce principe. Selon le dr Dubois, « en 2030, la première activité médicale sera liée aux troubles de santé mentale ». Frissons dans la salle, allons-nous tous « battre la breloque » ? Explication : la population prenant de l’âge, elle sera de plus en plus exposée à la sénilité et autres problèmes dont la maladie d’Alzheimer. Ça promet…
Enfin, les établissements publics et privés pourraient-ils unir leurs efforts pour répondre à la demande et organiser des soins de qualité ? Officiellement, les uns comme les autres répondent positivement. Partenariat à suivre…

• La Charente-Maritime utilise 337 tonnes de glyphosate, plus que la Gironde !

A gauche de la photo, Dominique Marion de la Ferme de la Gravelle à Mortagne
La table ronde suivante concernait le bien manger, le bio étant appelé à se développer. Dominique Marion, de « la ferme de la Gravelle » à Mortagne-sur-Gironde, prône la mutualisation ainsi que la vente directe et les circuits courts. Un atelier de découpe devrait ouvrir en 2021 à Saujon. 37 des 51 des collèges de Charente-Maritime proposent des repas bio aux élèves et Royan emploie 20% de bio dans ses cantines.
Par contre, l'envers du décor est l’emploi de 337 tonnes de glyphosate déversées dans les sols de Charente-Maritime…

Enquête Sud-Ouest
• Côté transports, Dominique Bussereau regrette que le Département ait perdu cette compétence désormais attribuée à la Région qui l’a déléguée aux intercommunalités. Il est inquiet quant à la nouvelle loi d’orientation pour la mobilité (LOM) dont l’objectif est de favoriser les déplacements propres et lutter contre les inégalités face au transport. Tous les territoires de l’hexagone devront être couverts par une autorité organisatrice de mobilité. Reste à savoir laquelle !
Pour Claude Belot, il y a une solution pour remplacer le bus, la navette électrique qui coûte tout de même 250.000 euros. A La Rochelle par exemple, ce type d’expérimentation est en cours.
Pour l’instant, 35,9% préfèrent utiliser leurs véhicules. A ce jour, une centaine d’aires de covoiturage a été créée. Et le bus gratuit comme à Niort ? Pourquoi pas ? Pour Brigitte Desveaux, il serait bon que les entreprises soient proches des domiciles des salariés. Ainsi, seraient résolus les problèmes de transport.

Pour terminer, non pas un vol en avion entre Jonzac et Bordeaux en un quart d’heure, mais une idée fixe de Claude Belot qui souhaite l’implantation d’une gare LGV à Neuvicq dans le Sud Saintonge. Pour l’instant, il n’a pas convaincu les décideurs, mais ne désespère pas puisque le rail va s’ouvrir à la concurrence d’ici deux ans. Dominique Bussereau n’est pas contre. Toutefois, il lui demande de convaincre les élus de Libourne…

 • Alcool et tabac (et pesticides ?) : L’espérance de vie en Charente-Maritime est inférieure à la moyenne nationale : 78,5 ans pour les hommes (79,4 ans) et 85,1 ans pour les femmes (85,4). On ne parle pas non plus des suicides qui sont, dans l’ancien Poitou-Charentes, largement supérieurs à la moyenne nationale chez les hommes, spécialement en Charente-Maritime.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Effectivement la population âgée en Charente maritime ne cesse de croitre. Une des première problématique de santé chez les vieux est la dépression. Pour un tas de raison, la retraite, le deuil, la perte d'estime de soi, les maladies… Mais aussi et surtout en milieu rural l'isolement social est une cause du repli sur soi et les consultations médicales le montrent. Bon nombre de patients en sont à prendre des anxiolytiques, des anti dépresseurs et aussi des somnifère. Joli cocktail. Et là bonjour les dégâts du point de vu cognitif. Alors qu'il suffirait dans bien des cas de proposer à ces personnes en souffrance de recréer du lien social. Mais en milieu rural ce n'est pas simple et les moyens ne sont pas à la hauteur des besoins. Des propositions simples pourraient voir le jour si la volonté était là. Création de MAISONS DE LIENS SOCIALS ET DE PARTAGES dans les villages par exemple, dans les quelles les gens pourraient pratiquer des activités de leur choix. LE TRANSPORT. Dans les villes qui attirent les retraité venus d'ailleurs et qui viennent s'installer dans notre beau Département ce n'est pas un souci. Mais en campagne ? Là il y a un réel problème, il n'y a rien pour ces personnes qui pour beaucoup ne conduisent plus. Les pouvoirs publics ne font rien. Il y avait les Taxis Mouettes qui pouvaient rendre ce service, aujourd'hui c'est fini. Alors plutôt que de stigmatiser la personne âgée comme une charge moi je préfère la considérer comme un atout. Oui un atout, les retraités sont aujourd'hui des grands consommateurs, en Charente Maritime ils ont un poids économique important. Comme dans toute la France d'ailleurs, dans les 5 ans 40 °/° de la population aura plus de 65 ans. Donc il est important de les considérer comme des citoyens à part entière et de réfléchir à ce qui est bon pour eux. Et non pas faire de la politique de tape à l'œil faite de belles promesses et de petit pansements pour petits bobos. Comme vous l'aurait compris ce n'est pas qu'un problème de santé public mais c'est surtout un problème politique. Pierre Jacques rambeaud

Anonyme a dit…

Concernant l'alimentation, il faudrait également évoquer les AMAP (Association Pour le
Maintien d'une Agriculture Paysanne) animées par des bénévoles, et qui permet à des maraîchers bios et locaux de proposer fruits et légumes directement aux consommateurs.
Il existe actuellement 13 AMAP en Charente-Maritime.
L'AMAP de Messac distribue les paniers de ses adhérents (les "consommacteurs")le samedi à la Maison des Bateleurs de Montendre, et le jeudi de 17h à 18h30 au "Point Accueil Jeunesse" rue Henri Bertin à Jonzac.