Peut-on installer des éoliennes n'importe où, y compris dans des "sanctuaires" comme l’estuaire de la Gironde, zone Natura 2000 ? Voilà bien la question soulevée par EDF Energies Nouvelles qui envisage l'implantation de ces grands mâts dans le marais, en Gironde et Charente-Maritime. L'autre vendredi à Saint-Sorlin de Conac, le président du Conseil départemental, Dominique Bussereau, a officiellement fait part de son opposition au projet
« Un projet ahurissant, fou et nul »
Dominique Bussereau avait donc réuni maires et responsables dans la salle municipale de Saint-Sorlin, commune concernée par un projet éolien comme ses voisines de Saint-Bonnet, Saint-Thomas et Saint-Dizant du Gua. S’y ajoutent des localités de Gironde. Au total, une quarantaine de mâts sont prévus. Le président du Conseil départemental estime le projet « ahurissant, fou et nul ». Et de citer d’autres combats qu’il a menés dans le passé pour éviter à Saint-Georges de Didonne, par exemple, d’avoir vue sur un port méthanier au Verdon. « Depuis, nous avons appris que l’entreprise en question a déposé son bilan » glisse-t-il. Il se souvient aussi du pont que Philippe Most, ancien maire de Royan, voulait parcourir durant son jogging. Relier les deux rives, le vieux rêve ne s’est jamais réalisé ! Il salue le travail réalisé par Claude Belot et Philippe Madrelle, créateurs du Smiddest, syndicat qui permet aux deux départements d’élaborer des projet communs. Le dernier en date est la demande de classement du phare de Cordouan - le plus vieux de France - au Patrimoine mondial de l’Unesco (le dossier suit son cours).
Dans un sanctuaire connu pour sa beauté sauvage, sa faune, sa flore, le charme de ses ports, ses activités de pêche et de plaisance, que viendraient faire des éoliennes ? Avec la centrale nucléaire du Blayais (qui a eu chaud en 1999 quand ses digues ont été submergées par un raz-de-marée), leur présence serait une double peine pour la région. « Le Département n’accepte pas cette perspective » déclare l’élu en direction de la salle et « de l’espion qu’EDF a sûrement envoyé ». D’où la création d’un observatoire de l’éolien, financé par le Département, « que vous pourrez contacter chaque fois que ce sera nécessaire ».
Il veut éviter que la Saintonge ne prenne les allures du secteur de Saint-Jean d’Angély et la plaine d’Aunis, « véritable nid d’éoliennes » résultant des décisions prises par Ségolène Royal, alors présidente de la Région Poitou-Charentes. « Nous allons nous bagarrer en affirmant une véritable volonté politique et lutterons par tous les moyens ».
Lionel Quillet présidera l'observatoire de l'éolien |
Véronique Piasecki, maire de Saint-Sorlin aux côtés de Dominique Bussereau, Bernard Louis Joseph et Loïc Girard |
Véronique Piasecki, maire de Saint-Sorlin, remercie Dominique Bussereau pour la franchise de sa position. La suite des événements la préoccupe, de même que Bernard Louis Joseph (Mirambeau/Saint-Genis) qui craint pour le développement des petits villages avec l’arrivée d’éoliennes. Nombreux se plaignent de l’opacité qui entoure le dossier, le manque de communication des investisseurs étant réel. Il est évident que les enveloppes financières que proposent les promoteurs sont alléchantes pour les propriétaires de parcelles et les mairies. Certains n’y résistent pas !
« Dans ces conditions, que faire ? » s’interroge le maire de Léoville. Bernard Landreau mentionne la décision du Tribunal administratif de Poitiers autorisant la construction de six éoliennes sur le territoire de Baignes Sainte-Radegonde : « Tout le monde y était hostile et voyez la réalité de faits ». Apparemment, l’éolien se niche là où il n’y pas de protections environnementales, d’où la nécessité d’en mettre en place.
Bernard landreau, maire de Léoville |
Le navigateur Jacques Peignon |
Le maire de Saint-Dizant du Gua, Jean-François Mazzocchi |
Sébastien Lys, pêcheur bien connu à Mortagne, lance un cri du cœur : « je suis amoureux de cet estuaire, j’y travaille, c’est ma vie. Il faut dire aux députés de dire non à ces installations. Si elles se concrétisent, je crois que je vais devenir révolutionnaire ! ».
Sébastien Lys, pêcheur à Mortagne |
Fabrizio Ruspoli, préoccupé par le projet éolien |
Alors, quelle stratégie adopter pour alerter l’opinion ? « Se mobiliser, faire du tam-tam »…
Le classement du phare de Cordouan au Patrimoine mondial de l’Unesco pourrait mettre fin à ce projet puisque la commission est très attentive à l’absence d’éoliennes dans le périmètre de l’édifice retenu. « Ce rayon est de 40 km » précise Françoise de Roffignac. Voilà qui peut ouvrir des perspectives…
Parallèlement, il est nécessaire de mener une large réflexion sur la transition énergétique (mix, hydraulique, biogaz, photovoltaïque).
Affaire à suivre…
M. PLaize parmi les intervenants |
Raphaël Musseau de Biosphère Environnement |
• S’inspirant de « l’Observatoire de l’éolien en Hauts-de-France » cher à Xavier Bertrand, l’observatoire de l’éolien en Charente-Maritime sera présidé par Lionel Quillet
• Les spécialistes Raphaël Musseau, de BioSphères Environnement, et Christophe Barbraud, directeur de recherches au CNRS, ont révélé l’impact négatif d’un parc éolien sur l’environnement. Des milliers d’oiseaux migrateurs transitent par l’estuaire de la Gironde, « cet espace est reconnu au niveau international pour sa valeur écologique exceptionnelle ».
• Et Claude Belot, président de la CDCHS, que pense-t-il de l’éolien ? Il y a quelque temps, il n’y était pas hostile, estimant que les maires pouvaient y trouver un interêt financier face au désengagement de l’Etat. Depuis, il a changé son fusil d’épaule assurant les élus de la Communauté de Communes de Haute-Saintonge qu’il était contre l’éolien dans l’estuaire de la Gironde. Dominique Bussereau et Raphaël Gérard l’auraient-il fait changer d’avis ?
• De nombreuses associations étaient présentes : Défense des Marais de l’Estuaire (DDME), Action Environnement Estuaire (AEE), Association Saintongeaise des Chasseurs de Gibiers d’Eau, Fédération départementale de chasse, Donquichotte17460, Epargnes-Mon-Village, FED, Stop Eolien 17
• Le président de la DDME a suggéré de lancer auprès de l’UNnesco une demande de classement de l’estuaire dans sa globalité en tant que patrimoine naturel. Pourquoi pas, mais quand on sait qu’un seul projet est retenu par an, il faudra être patient…
• Dominique Bussereau a informé le public de la nomination le 3 octobre dernier par la CNDP (Commission Nationale du Débat Public) de deux garants de la concertation préalable du projet, suite à la saisine de la Commission par le promoteur.
• Michel Broncard, vice-président de la Fédération Environnement Durable, a évoqué la triste situation du pays d’Aunis et des Vals de Saintonge où « 400 machines seront implantées d’ici 10 ans ! »
• D’autres projets éoliens concernent également Epargnes, Messac, Saint-Vaize et des communes de Charente, Baignes et Chantillac.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire