Il en est des espèces comme des partis politiques. Menacées dans leur habitat, certaines doivent migrer vers des climats propices à leur survie.
S’ils veulent s’adapter au nouveau contexte que dessinent les deux vainqueurs du premier tour de la Présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, la droite et la gauche classiques devront évoluer sous peine de finir comme notre pauvre ancêtre Néandertalien quand l’homme moderne, l’homo sapiens, le supplanta sur son propre territoire…
Tableau montage JLD |
Pour être élu président, Emmanuel Macron devra bénéficier du fameux « pacte » où les Républicains et les Socialistes sont appelés à faire barrage au FN. Ce « principe » avait largement favorisé Jacques Chirac élu avec plus de 82% des voix contre Jean-Marie le Pen. Aujourd’hui, les curseurs ont bougé. Emmanuel Macron sait que la victoire ne tombera pas du ciel, les reports n’étant pas inscrits dans les astres. Ses lieutenants aussi sont vigilants : même dans les salons parisiens, loin des provinces oubliées, on ne vend pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué !
Les instituts annoncent du 60%/40%. Marine Le Pen, qui veut gagner dix points, s'active. Les citoyens, en effet, sont indécis. Parmi eux, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Le chef de file de la France Insoumise recueille leurs réflexions sur sa plateforme avant de se prononcer. « Je n’aime pas Le FN, ni Macron, proche de la finance et de François Hollande. Que dois-je faire ? Je vais sans doute m’abstenir » déclarait un militant dimanche soir. A ses côtés, son amie estimait qu’entre la peste et le choléra, il fallait pourtant trancher puisque les votes blancs ne sont pas pris en compte : « cautionner une personne dont on ne valide pas les idées est un vrai casse-tête. J’ajouterai que c’est un cas de conscience »…
Les grandes manœuvres
Les électeurs ont le choix entre deux modèles de société : le protectorat intérieur, loin de l’Europe dominatrice ou, aux antipodes, l’ouverture des frontières, l’euro, le libre échange et commerce. Ces deux thèmes seront largement développés durant la campagne et le débat télévisé s’avère essentiel. C’est sans doute lui qui fera pencher vers l’un ou l’autre des candidats… voire la plage ou une partie de pêche en cas de déception.
Désorientés, les Républicains et le Parti socialiste, que les primaires ont finalement « dézingués », savent bien que la nature a horreur du vide. Qu’ils présentent des signes de faiblesse et les voilà en fâcheuse posture.
De la renaissance du Parti socialiste à Epinay en juin 1971 à Benoît Hamon, le frondeur sacrifié sur l’autel d’intérêts divers et variés en 2017, que de joies et de peines rencontrées. Les Socialistes repartiront forcément, mais il leur faut un leader et Mitterrand n’est plus là.
François Hollande, quant à lui, ne peut être que vexé par les critiques dont il est l’objet : non seulement sa cote de popularité est au plus bas, mais ses détracteurs estiment nul son quinquennat. L’histoire saura être plus objective.
Chez les Républicains, c’est aussi les grandes manœuvres. Ils étaient pressentis pour gagner la Présidentielle et le premier tour de la primaire voyait déjà Fillon à l’Elysée, envoyant au placard Alain Juppé (annoncé vainqueur durant des mois et que soutenaient en Charente-Maritime Dominique Bussereau et Claude Belot). Fillon a largement été éclaboussé par les affaires révélées par le Canard Enchaîné qui ont altéré sa crédibilité. Il doit rendre des comptes à la justice : voilà qui a compliqué la présentation de son programme.
Depuis dimanche soir, les Républicains (déjà bien perturbés) sont en plein tsunami : pour la première fois, ils ne participent pas au second tour de la Présidentielle. Du jamais vu sous la Vème République, d’où des positions qui oscillent selon les sensibilités. Face à Emmanuel Macron, les anciens courants qu’étaient l’UDF (centristes) et le RPR (droite dure) réapparaissent quant à l’attitude à adopter. Les uns se disent prêts à soutenir Emmanuel Macron ; les autres acceptent du bout des lèvres, voire refusent.
Pendant ce temps-là, les cercles humanistes s’agitent. Les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité sont-elles menacées ?
Un joker pour les Républicains, les Législatives
Il reste un atout de taille aux Républicains. Gagner les Législatives des 11 et 18 juin où ils sont théoriquement bien placés. En effet, pour gouverner, Emmanuel Macron aura besoin d’une assemblée nationale (composée de 577 députés) dont une majorité sera appelée à valider ses actions. Or, le mouvement En Marche, de création récente, ne compte aucun parlementaire pour l’instant.
Peut donc se jouer un accord avec les Républicains, du style : « on soutiendra l’action gouvernementale de Macron s’il ne met pas de candidats face à nous en juin prochain ». C’est comme ça, les tractations politiques !
Il est évident que si Les Républicains remportent les Législatives, Emmanuel Macron sera placé devant un cas de figure délicat : gouverner avec eux, c’est à dire composer ou alors dissoudre l’Assemblée Nationale en provoquant un nouveau scrutin qui lui serait favorable. Une chose est sûre, le nouveau président devra faire preuve de stratégie pour éviter les différents traquenards. Idem avec ses ex-copains socialistes dont certains veulent garder leurs circonscriptions respectives. Une telle situation est rare, c’est pourquoi elle est observée minutieusement !
Jeune, entreprenant, Emmanuel Macron sera-t-il capable d’ouvrir la page de la modernité ? Réformer, favoriser la reprise économique, lutter contre les mauvaises habitudes et la corruption ? Saura-t-il être proche du peuple en s’inspirant de cette citation de Confucius : « Sous un bon gouvernement, la pauvreté est une honte ; sous un mauvais gouvernement, la richesse est aussi une honte » ?
Pour l’instant, il a un challenge de taille à relever : battre Marine Le Pen qui possède de solides angles d’attaque contre lui. L’extrême droite et le Centre sont en lice pour gouverner cette bonne vieille nation laïque qu’est la France. Cela nous vaut l’attention de nombreux médias internationaux…
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