La couverture vaccinale continue de progresser en Charente-Maritime, mais reste toujours insuffisante face à de nombreuses maladies infectieuses pouvant avoir des conséquences potentiellement graves, voire mortelles. Les taux de vaccination contre la rougeole, les oreillons, la rubéole, l’hépatite B, les infections à méningocoque et à papillomavirus humains (pour les jeunes filles) sont en-dessous des moyennes nationales et nettement inférieurs aux objectifs de santé publique.
A l’occasion de la Semaine européenne de la vaccination, l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine et ses partenaires rappellent aux citoyens la nécessité de s’immuniser, individuellement et collectivement, contre les maladies infectieuses. Un conseil premier : les inciter à vérifier s’ils sont à jour de leurs vaccins !
Questions au Dr Xavier Pouget-Abadie du service de médecine interne et des maladies infectieuses de l'hôpital St-Louis à La Rochelle
• Dans le département, les taux de vaccination se situent globalement en-dessous des moyennes nationales. S’agit-il d’un manque d‘information ?
Dr Pouget-Abadie : En effet, le manque d’information est, à mon sens, l’un des premiers freins à la vaccination des Français. Les campagnes sont nécessaires car elles rappellent la nécessité d’être à jour de ses vaccins. Se faire vacciner, c’est se protéger et éviter de contaminer les personnes les plus vulnérables de son entourage : nouveaux-nés, personnes âgées ou fragiles. Dans l'exercice de ma profession, je rencontre des patients qui semblent avoir oublié que la vaccination, c’est à tout âge de la vie ! Cela permet d’éviter la résurgence de maladies infectieuses potentiellement graves.
• Autrefois, le médecin de famille accompagnait plusieurs générations et avait donc l’œil sur les carnets de santé !
Rappelons qu’en France, seul le DP Polio est obligatoire, les autres sont recommandés. Sans nostalgie du passé, peut-être qu’une médecine paternaliste et un moins grand nombre de vaccins rendait la vaccination plus simple.
• Quelle est la situation en Charente-Maritime ?
La couverture est bonne pour le DT polio, la coqueluche ; par contre, elle est toujours insuffisante pour l’hépatite B, le ROR, le méningocoque C et le HPV.
La rougeole, qui est une maladie infantile, peut avoir des complications pulmonaires et neurologiques graves. Depuis 1980, deux injections sont nécessaires pour être mieux immunisé. Nombreux ne font pas la seconde injection. Il y a quelques semaines, par exemple, j’ai eu en consultation une femme de 35 ans qui l’avait contractée, l’a transmise à son enfant et tous deux ont dû être hospitalisés.
• Une grande Semaine de la Vaccination est en cours avec la mise à jour du carnet de santé. Quel est le mode à suivre ? Où s’adresse-t-on ?
La priorité est la mise à jour des vaccinations. L’objectif de cette sensibilisation est d’inciter la population à faire le point sur ses vaccins en faisant vérifier son carnet de santé ou de vaccination par son médecin, un pharmacien, une sage-femme. « Être à jour de ses vaccins », c’est avoir fait les vaccins recommandés en fonction de son âge, de sa situation et avec le bon nombre d’injections pour être protégé. Contrairement à ce que l’on peut penser, il n’est pas nécessaire de tout recommencer si l’on a oublié un ou plusieurs rappels. Il suffit de reprendre la vaccination au stade où elle a été interrompue : c’est ce qu’on appelle le « rattrapage vaccinal ». Nouveauté, on peut créer son carnet de vaccination électronique sur mesvaccins.net.
En Charente-Maritime, l’EHPAD les Jardins de Saintonge, l’Établissement et Service d’Aide par le Travail de (ESAT) Loulay et la Clinique Richelieu de Saintes sont particulièrement mobilisés pour répondre aux questions.
• Quels conseils donner aux jeunes ?
Les adolescents et les jeunes adultes sont insuffisamment vaccinés. On constate notamment des hépatites B qui touchent le foie et peuvent provoquer des cancers. Ce vaccin, qui n’est pas obligatoire (sauf pour les personnels de santé), a été décrié à la fin des années 90. Certains détracteurs disaient qu’il pouvait entraîner la sclérose en plaques. Cette allégation a été complètement écartée par des études scientifiques. La polémique a surtout été française. Nous-mêmes, médecins, infirmières, personnel soignant, sommes vaccinés et n’avons pas développé de sclérose ! Bien sûr, comme pour tout vaccin, on peut avoir de la fièvre juste après l’injection…
Il faut également prendre en compte le mégingocoque, bactérie qui peut engendrer la méningite. Il existe un vaccin à faire à 12 mois, avec un rattrapage jusqu'à l'âge de 24 ans. Il y aussi les infections virales qui concernent mes confrères gynécologues. Les vaccinations contre le papillomavirus chez les jeunes femmes sont insuffisantes.
• Et aux moins jeunes ?
Pour les plus de 65 ans, le tétanos notamment. Chez les personnes âgées, s’ajoutent des précautions à prendre en fonction des pathologies, fragilités, problèmes pulmonaires, baisse de l’immunité, etc.
• Quand on parle de vaccin, on pense aussi à la grippe…
C’est une bonne chose de se faire vacciner contre la grippe. Elle peut avoir des effets dévastateurs chez les personnes âgées, les porteurs de pathologies chroniques, les asthmatiques. On peut en mourir. La grippe est moins violente chez un patient qui a été vacciné. Il faut penser à son entourage en évitant de transmettre le virus.
• Parmi les virus, figure en bonne place le sida, le fameux VIH. A quand un vaccin ?
Nombreux l’espèrent, mais ce sera un vaccin un peu différent de ceux qu’on connait en raison de la particularité du virus. De par le monde et en France, de nombreuses équipes y travaillent. De réels espoirs existent. A La Rochelle, nous sommes quatre médecins à prendre en charge les malades vivant avec le VIH, 450 patients environ. Dans le pays, les contaminations se poursuivent selon les derniers chiffres publiés. S’y ajoutent les personnes qui n’ont pas été diagnostiquées. Le dépistage est recommandé.
La fin des virus n’est pas pour demain !
A l’avenir, il y aura très certainement de nouvelles maladies infectieuses que l’on ne connaît pas. Dans les années 80, le VIH est apparu, sortant de nulle part. Aujourd’hui, on le voit couramment. D’autres virus viendront à n’en pas douter…
• En conclusion ?
Se faire vacciner, c’est se protéger ainsi que son entourage. Aujourd’hui, de nombreuses maladies comme la variole ont disparu. En cette semaine de la vaccination, ayez le bon geste !
• Etablissements à contacter dans le cadre de la Semaine de la Vaccination :
- Centre municipal de vaccination, 2 rue de l’Abreuvoir, La Rochelle - Portes ouvertes au Centre de vaccination rochelais à destination du grand public et séances de vaccination sur rendez-vous.
- La Clinique Richelieu, Saintes : Sensibilisation des patients et des visiteurs sur les enjeux de la vaccination.
- Locaux d’accueil et d’hébergement de l’ESAT, Loulay - L’ESAT informe et sensibilise ses employés sur les enjeux de la vaccination lors d’une soirée encadré par des éducateurs.
- EHPAD Les Jardins de Saintonge, 1 rue des Brunette, Saint-Genis de Saintonge - L’EHPAD se mobilise pour informer et sensibiliser les visiteurs et son personnel sur les enjeux de la vaccination.
Toutes les informations en Charente-Maritime sont sur le site : www.nouvelle-aquitaine.ars.sante.fr . Pour en savoir plus sur la vaccination : www.vaccination-info-service.fr
Les épidémies dans l'antiquité Depuis, la médecine a fait de sérieux progrès ! |
► Le DT-Polio
C'est le vaccin obligatoire que chaque enfant doit avoir fait. Il concerne la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Si ces maladies semblent venir d'un autre âge c'est qu'elles ont nettement reculé notamment grâce aux campagnes de vaccination. Concrètement, quels sont les risques si on contracte une telle maladie ?
La diphtérie : La diphtérie est une maladie extrêmement contagieuse. Le symptôme le plus courant est une angine qui peut se compliquer jusqu'aux atteintes cardiaques ou neurologiques et entraîner le décès.
Le tétanos : Issue d'une bactérie présente majoritairement dans les sols, le tétanos se contracte généralement via une plaie. Il crée donc un choc sceptique par l'intermédiaire le sang et peut entraîner, après une période d’incubation de 4 à 21 jours, de manifestations physiques graves qui peuvent conduire à une hospitalisation en service de réanimation et dans les cas les plus sévères au décès. Notons que la maladie n'est pas éradiquée notamment à cause des rappels que les personnes ont tendance à ne pas avoir à jour.
La poliomyélite : C'est une infection virale extrêmement grave. Les premiers symptômes sont souvent de types grippaux (fièvre, fatigue, maux de tête etc...). Dans les cas les plus sévères elle peut mener à la paralysie irréversible, voir à la mort. Ayant mortellement touché de nombreux enfants, des politiques de vaccination à l’échelle mondiale ont été mises en place par l'OMS à la fin des années 1980.
► LE R.O.R.
C'est le vaccin que la grande majorité des pédiatres préconise. Non obligatoire, il est toutefois fortement recommandé et constitue l'outil médical majeur pour lutter contre la rougeole, les oreillons et la rubéole. Car contrairement à ce que certains pensent ces maladies ne sont pas anodines et peuvent même avoir des conséquences très graves à plus ou moins long terme.
La rougeole : C'est une infection virale très contagieuse. Et qui peut être grave. Ce n'est pas une simple éruption cutanée. Elle s'accompagne d'une forte fièvre et dans certains cas (très rares) peut provoquer pneumonie et autres pathologies respiratoires sévères.
Les oreillons : C'est une maladie le plus souvent bénigne, mais les complications, si elles sont rares, peuvent être lourdes de conséquences. Ainsi, dans certains cas très sérieux, des atteintes de la sphère génitale, survenant après la puberté, peuvent entraîner des problèmes de stérilité. D'autre part, quand une femme enceinte est infectée, il existe un risque d’avortement spontané si la contamination survient durant le premier trimestre de grossesse.
La rubéole : C'est une infection virale qui est le plus souvent sans gravité. Toutefois si elle est contractée chez la femme enceinte elle peut entraîner des décès in utero ou de graves malformations fœtales. C'est pourquoi il est important que les petites filles se fassent vacciner.
► Le BCG
C'est le vaccin qu'on utilise en France pour prévenir les cas de tuberculose. Depuis 2007, il n'est plus obligatoire. Là aussi, la plupart d'entre nous considèrent que c'est une maladie ancienne et sans gravité. Il n'en est rien.
La tuberculose : C'est une pathologie respiratoire transmissible à partir d'un malade contagieux. Les principaux symptômes sont une forte toux persistante, une fièvre importante et des sueurs nocturnes, des émissions de sang lors de la toux, ainsi qu'une perte de poids. Il faut rester vigilant car la maladie est loin d'être éradiquée en France. Ainsi dans des zones de grande précarité, une recrudescence de la maladie a pu être observée ces dernières années. Grâce aux antibiotiques, on peut aujourd'hui guérir la tuberculose, mais c'est un traitement long (6 mois) et conséquent.
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