Drôle d'époque ! Le temps du progrès est mort. Le ciel va nous tomber sur la tête parce que la nature est bonne et que l'homme incarne le mal.
Les théories naturalistes d'avant-guerre d'un Charles Maurras s'incarnent à nouveau chez les Verts. Alors, on se mobilise contre la création d'un aéroport, pour la fermeture des centrales nucléaires, contre les éoliennes, contre l'extension des voies ferrées, des autoroutes, des automobiles, des fermes, des retenues d'eau, contre l'irrigation, contre l'agriculture productiviste : la mobilisation, c'est la guerre ! Il faut occuper le terrain, arrêter les chantiers, détruire les cultures, désobéir aux lois iniques qui ignorent celles de la nature. C'est urgent parce qu'on lutte contre la fin du monde, contre une nouvelle extinction.
Les derniers dinosaures défendent leur planète et cette guerre fait des victimes parce que les ploutocrates - comme disait Maurras - se défendent bec et ongles. Ils veulent produire des bagnoles, de l'électricité, des avions, des tas de choses qui ne servent à rien qu'à faire du profit, le numérique, le téléphone portable, la malbouffe qu'on cuit au micro-ondes et ils font des lois pour protéger leur modèle économique intenable. Alors, il faut braver la loi pour imposer celle de la nature, désobéir, affronter les forces de l'ordre et ça se termine une nuit, à deux heures du matin, par la mort d'un jeune homme qui livrait un dernier combat pour reprendre aux gardes mobiles le contrôle d'un terrain déboisé.
La République s'épouvante. C'est fragile après tout un homme et tellement fragile le destin…
Xavier de Roux
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