samedi 11 octobre 2014

L'église de Chaniers a un trésor !

Dans le cadre de ses études à l’Ecole du Louvre, Odile Papapietro a choisi de contribuer à la restauration d’une œuvre en Charente-Maritime. La Pietà de Chaniers, sculpture du XIXe siècle réalisée par Justin Chrysostome Sanson, a retenu son attention.  


Cette étudiante, qui prépare une licence, participe au « Plus grand Musée de France », une action mise en place par la Junior Entreprise. Elle consiste à « éclairer » des œuvres qui, bien que n’étant pas majeures, appartiennent au grand patrimoine national.
Odile fait partie des volontaires qui se sont engagés spontanément malgré la charge de travail. Elle est heureuse de participer à cette vaste initiative qui permettra de sauvegarder des témoignages de l’art français. « Notre but est de redécouvrir des objets qui sont en péril ou peu valorisés » explique-t-elle. Motivée, elle a donc parcouru la région en quête d’œuvres correspondant aux critères. « J’ai arpenté la campagne » avoue-t-elle en riant.

Odile Papapietro a donné une conférence pour les Journées du Patrimoine
Son choix s’est porté sur la Pietà de Chaniers qu’un œil, même averti, ne remarque pas forcément. Abîmée par les déménagements d’un curé qui voulait modifier son emplacement, cette belle et imposante sculpture a subi des dégradations, c’est pourquoi elle a été placée dans un angle de la chapelle latérale, à l’abri des regards. Et pourtant, elle est digne d’intérêt : « une sincère émotion s’en dégage et ses dimensions lui confèrent une grande solennité » souligne Odile qui a eu un coup de cœur.
D’autant qu’elle suscite le mystère : en effet, on ignore par qui cette sculpture de Sanson - ou plutôt de Justin Chrysostome Sanson - qui fréquenta l’Ecole des Beaux-Arts de Pari, a été offerte à la paroisse de Chaniers. L'artiste est célèbre : il séjourna à la Villa Médicis et obtient le Grand Prix de Rome en 1861 pour son bas-relief « Ulysse ramenant Chyséis à son père ». Sa création la plus remarquée est incontestablement la fameuse Pietà réalisée en bronze et en marbre. Les deux exemplaires furent médaillés au Salon de 1869 et à l’Exposition universelle de Paris en 1878. Des copies furent réalisées dont l’une, en plâtre, se trouve à Chaniers. C’est un privilège pour la commune… même si cette présence est source d’interrogation !

Serge Lhoumeau, l'historien de Chaniers
Qui est donc le généreux donateur ?  

La question reste posée. La restauration de la Pietà est indispensable. Le socle est brisé à plusieurs endroits, la jambe gauche du Christ est fêlée et son pied gauche n’est pas mieux loti. « Si rien n’est fait, le pied de Jésus risque de s’émietter » remarque Odile.
Importante, la mission de sauvetage compte plusieurs volets, du repérage au montage financier qui permettra d’honorer les frais occasionnés par la rénovation. L’étudiante doit sensibiliser des mécènes, des entreprises et organiser des manifestations qui lui permettront de dégager une trésorerie. Elle s’appuie également sur le père Monnard et la mairie de Chaniers.

La soprano Hélène Bertrand et Arnaud Oreb
Pour obtenir des deniers sonnants et trébuchants, Odile a donc proposé un premier concert en avril avec le chœur d’Emmanuelle Piaud, suivi d'un second lors des Journées du Patrimoine, en septembre, où la prestation d’Hélène Bertrand et du pianiste Arnaud Oreb a été unanimement appréciée. Les sommes recueillies serviront à financer la restauration de l’œuvre qui s’élève à 7000 euros.
 « Cette Pietà a suscité ma curiosité. Pour mieux connaître ses origines, je me suis rendue au château-musée de Nemours qui est consacré à Sanson. Les responsables m’ont donné des informations. Surpris, ils ignoraient qu’une copie se trouvait en Saintonge » confie Odile soutenue dans sa démarche par la municipalité et le père Monnard : « elle a su nous sensibiliser »...

Reportage/photos Nicole Bertin 

• La Pietà de Chaniers, scène douloureuse où Marie enserre Jésus dans ses bras. La beauté des lignes et des formes est à souligner. La signature de Sanson se trouve dans la couronne d’épines du Christ.

 • Si vous souhaitez participer à la restauration de la Pietà de Chaniers, n’hésitez pas à contacter le père Monnard à la paroisse ou la mairie de Chaniers (05 46 90 12 70).

Le public lors des Journées du Patrimoine
• Cette campagne nationale est menée par les étudiants de l’École du Louvre en partenariat avec la Sauvegarde de l'Art Français, premier mécène des églises de France. L’objectif est d’attirer les regards sur les œuvres et susciter un mécénat local. Dans chaque commune, il existe une église, un château ou une mairie renfermant de véritables trésors, dignes des plus grands musées. Certains sont dus à de grands artistes : Ribera, Watteau, Stella, Mignard, Delacroix ou encore Germain Pilon. Imaginez cette richesse à l’échelle de nos 36 000 communes ! 

• L'église de Chaniers est l'une des rares à posséder une sculpture d'Aliénor d'Aquitaine (sur ce chapiteau). Lorsqu'elle venait à Chaniers, la Reine se rendait à l'Abbaye de Dorion, aujourd'hui disparue.

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