Il a, sur le nez, de petites lunettes rondes qui lui donnent l’air d’un étudiant sage. Mais ne vous fiez pas aux apparences, cet homme-là nargue les vieux clichés de la politique. Il joue du violon de l’automne sans bercer le cœur des Français d’une langueur monotone. Briguant avec trois autres postulants la présidence de l’UDI, Jean-Christophe Fromantin était à Saintes invité par les locaux de l’étape, Xavier de Roux, Gérard Desrente et Bruno Drapron.
Jean Christophe Fromentin aux côtés de Gérard Desrente et Xavier de Roux |
La ville de Saintes, il la connaît bien pour y avoir vécu quelques années et fréquenté le collège René Caillié. Avec l’Aunisien qui fut le premier à pénétrer dans la cité interdite de Tombouctou, il a un point commun, celui d’avoir bravé la difficulté. Lui s’est frotté à Nicolas Sarkozy et aux cerbères « balkaniques » de l’UMP pour entrer à la mairie de Neuilly. Il s’en souvient encore et aurait capitulé face aux pressions sans le soutien d’une équipe motivée.
Son goût pour la chose publique est le fruit d’une succession d’évènements. Entrepreneur dans le secteur du commerce international, à la tête de plusieurs sociétés, qu’est-il venu faire dans cette galère ? Il raconte que sa première tentative, infructueuse, était liée à une réaction épidermique : « J’étais en voyage d’affaires à l’étranger quand ma fille, jeune électrice, m’a demandé pour qui elle devait voter. J’ai regardé sur le net quels étaient les candidats et l’un d’eux avait des problèmes avec la justice. Il y a eu comme un déclic. C’est la première fois que j’ai brigué un mandat alors que je n’y avais pas pensé auparavant ».
Participer à une élection, Jean-Christophe Fromantin en a pris l’habitude puisqu’il est maire et député des Hauts-de-Seine. Il est l’un des rares chefs d'entreprise à siéger à l’Assemblée nationale et c’est pourquoi son langage et son approche sont différents. Aujourd’hui, il brigue la présidence de l’UDI qu’occupait Jean-Louis Borloo. La concurrence est rude, qu’importe. Quand on a tenu tête à l’ex-président de la République, on n’est pas complètement normal ! Cette particularité apparaît à travers son discours. « Notre mouvement doit inventer la force politique du XXIe siècle, plus ouverte à la société civile et riche de la diversité des talents de chacun. Je ne crois pas un centriste ambigu situé entre la droite et la gauche. Je crois en un positionnement de centre-droit inspiré par un principe de confiance et de subsidiarité ».
« L’UDI n’est pas polluée par les scories des affaires »
Pourquoi Jean-Christophe Fromantin a-t-il décidé de briguer la présidence de l’UDI ? « Quand j’ai lu que 92% des Français ne faisaient plus confiance aux hommes politiques, j’ai jugé que l’heure était grave. D’où mon engagement. Ça ne m’intéresse pas d’être le président d’un parti comme les autres ». Et d’argumenter : « Résignés, la moitié des Français disent qu’ils n’iront plus voter. Nous devons réengager les citoyens dans un vrai projet. L‘UDI est jeune et elle n’est pas polluée par les scories des affaires ». Clin d’œil sulfureux à l’UMP et au PS.
Il n’a pas oublié qu’à Neuilly, Nicolas Sarkozy avait purement et simplement parachuté un énarque talentueux, mais inconnu de la population, David Martinon, pour lui succéder : « on appelé ça de la renaissance, de la gratification. Or, Martinon ne connaissait pas le terrain. J’ai aussitôt dénoncé ce non sens. Je me suis présenté en traitant de sujets qui concernaient directement les habitants. Au final et après bien des péripéties, j’ai été élu avec 62% des voix ».
Il estime que les trois axes principaux du débat national sont le territoire, l’entreprise et l’Europe. S’il cautionne les futures grandes régions, de nombreux points restent à peaufiner. Réduire les strates, le fameux mille-feuille, devient urgent sans que personne ne s’attèle réellement à la tâche : « La France ressemble à un athlète qui partirait obèse aux Jeux olympiques »…
Il est également attaché à la construction européenne : « laissons tomber les sujets franchouillards pour prendre de la hauteur. Dans un monde en perpétuelle évolution, nous ne pouvons pas vivre replier sur nous-mêmes en ratant l’ère des nanotechnologies qui succède à celle du numérique. De nombreux pays sont en avance sur nous dans ce domaine ». De même, la donne internationale est en train de changer. En effet, les Etats-Unis n’importeront plus de gaz et de pétrole à l’horizon 2020 : « ils seront à leur tour exportateurs pour la première fois. Quel sera l’impact sur les Européens lorsque cette grande puissance n’aura plus d’intérêt au Moyen Orient ? Quel sera alors le poids de la France alors qu’elle rencontre des problèmes avec les Russes ? ». Autant de questions géopolitiques qui méritent d’être approfondies.
Discussion après la réunion (photo N. Bertin) |
Comment la France, championne des déficits, peut-elle devenir un état moderne ? « Les choses ne sont pas simples car nous n’avons pas de baguette magique. Il faut baisser les dépenses publiques (la dette a grimpé de 1000 milliards en dix ans ), rationaliser les collectivités locales et bien sûr redonner des marges aux entreprise qui pourront à nouveau favoriser l’emploi. Les Français peuvent entendre la vérité sur la situation exacte du pays » explique-t-il à l’heure où le Front National devient, aux yeux de certains électeurs, un parti tout à fait crédible. « Il ne faut pas rêver, le vote Hollande était le rejet de Sarkozy aux présidentielles. L’UDI a un rôle à jouer pour redonner du souffle à l’économie, réinventer un modèle social et réaffirmer son attachement au développement durable ». Le projet est ambitieux ! Pour lui, le centre n’est pas une zone d’ajustement qui se plie au bon vouloir du parti dominant. « Je crois à un parti qui réunira des gens soucieux de développer leur territoire et y contribueront en intégrant des groupes de travail. Le système des adhérents, qui paient une cotisation et font de la figuration, est d’une autre époque ».
Les interrogations des citoyens |
Nicole Bertin
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