Il avait 21 ans. En partageant cette nature qui l’entourait, en la faisant découvrir, Rémi Fraisse montrait son amour pour l’environnement. Sa façon à lui de dire « arrêtez de tout gâcher, de violer les paysages et de les agresser quand ce n’est pas nécessaire ». Comme lui, nous avons tous été un jour indignés devant la déforestation et les pollutions au nom du profit.
Dimanche dernier, Rémi s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Sa mort est tombée comme un couperet, inattendue, à peine croyable. Il est venu parce que la cause lui semblait juste et qu’il était solidaire des voix qui s’insurgent contre le barrage de Sivens. Et pour cause, cette construction pourrait avoir des conséquence sur le milieu ambiant.
La disparition brutale de Rémi doit nous faire réfléchir. La présence des forces de l’ordre était-elle nécessaire pour assurer la paix publique lors du rassemblement sur le site ? Le président du Conseil général, maître d’ouvrage du projet, a-t-il demandé au préfet de les faire intervenir ? Quelle a été l’attitude des manifestants ? Y a-t-il eu des violences et que s’est-il passé réellement dans la nuit ? Quelle est l'origine de la plaie importante qui apparaît en haut du dos de Remi Fraisse ? Autant de questions qui se posent, mais n’expliquent pas le silence prolongé du Ministre de l’intérieur et l’indifférence apparente du Président de la République.
En effet, est-il « normal » que deux jours après le décès, François Hollande appelle enfin le père de la victime alors que dans n’importe quelle famille frappée par un tel drame, la main tendue est spontanée tant la douleur des proches est grande ?
Nous vivons dans une drôle de France qui a oublié la plus élémentaire des éducations.
Rémi est mort d'une « explosion » selon l'enquête. Il convient aujourd’hui d’en établir les causes exactes en dehors de toute polémique politicienne… même si les réactions de Cécile Duflot, de Noël Mamère ou encore de José Bové sont légitimes.
Il est habituel que des bandes de casseurs se mêlent aux manifestations pacifiques. Celle de dimanche n’a pas échappé à cette malheureuse règle. François Hollande a déclaré qu’il veillerait personnellement à rechercher la cause du dramatique accident. Nous attendons la suite, sinon la réponse viendra-t-elle du Canard Enchaîné qui, une fois encore, dévoilera les dessous de l’affaire dans ses dossiers ?
Rémi mérite la vérité parce qu’on ne meurt pas à 21 ans, même s’il arrive parfois aux gens de cet âge « de ne pas être sérieux » comme l’écrivait Arthur Rimbaud.
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