mercredi 22 octobre 2014

Dominique Bussereau :
« Si on nous mène en bateau, on va sortir les bonnets verts et bleus »...

Après les bonnets rouges bretons, Dominique Bussereau se verrait bien coiffé d’un bonnet aux couleurs de la Charente-Maritime. Sa façon d’entrer en rébellion contre le gouvernement Hollande. Les sujets qui l’irritent sont aussi nombreux que les feuilles de l’automne qu’on ramasse à la pelle. Parmi eux, le projet d’autoroute A 831…


• Conseil général de Charente-Maritime, lundi 20 octobre, ouverture de la session. 

Béatrice Abollivier, préfète de Charente-Maritime, s’y attendait-elle ? Il est permis d’en douter et pourtant, elle est habituée aux salves des hommes politiques. Ainsi Claude Belot, irrité par la lenteur du Ministère de l’intérieur à débloquer les fonds des réserves parlementaires, l’avait-il apostrophée publiquement devant les élus de la Communauté de communes réunis aux Antilles de Jonzac.
Cette fois, il s’agit de l’autoroute A 831. Après un arrêt sur image, le dossier pourrait revenir sur le devant de la scène. Selon le Premier ministre, Manuel Valls : « Le gouvernement n'a pas d'objection à ce que la procédure de consultation soit lancée afin de connaître le coût de cet ouvrage ».
Pour mémoire, rappelons que cette nouvelle autoroute reliera Rochefort à Fontenay le Comte dans le cadre de l’autoroute des estuaires Dunkerque, Rouen, Nantes, Bordeaux et Bayonne.
Tout était bien parti, si l’on peut dire, jusqu’en juin 2013 quand le rapport Duron « pour un schéma national de mobilité durable » classa le projet non prioritaire. En juillet dernier, Ségolène Royal lui porta l’estocade en affichant sa préférence pour la déviation de Marans. Déviation attendue de longue date.
Dominique Bussereau n’apprécie pas du tout. Il devrait exprimer sa position lors d’une prochaine conférence de presse qui sera celle « de la dernière chance ». Il estime en effet que cette liaison rapide est indispensable à l’activité économique et au développement du port de La Rochelle, lequel s’inscrira bientôt dans la région Aquitaine.
 Se tournant vers la préfète, il  ne mâcha pas ses mots : « Si on nous mène en bateau, on va mettre les bateaux au milieu des routes et sortir les bonnets verts et bleus qui remplaceront les bonnets rouges ». La représentante de l’Etat prit acte.

Dominique Bussereau en faveur de l'autoroute A 831, contrairement à Ségolène Royal
« C’est le grand frisson de la manifestation » répliqua le patron du PS Mickaël Vallet.  Pour Jean-Louis Frot, conseiller général de Rochefort, cette route est indispensable à l’essor de la façade atlantique européenne : « Nous avons besoin de voies de communication performantes, ce n’est pas le moment de lever le pied ». Position que partage le président : « Le port d’avenir de Bordeaux, c’est La Rochelle. Il faut que ce petit bout d’autoroute, qui manque actuellement, soit réalisé ».
Il n’en reste pas moins que le dossier sera traité par le Ministère de l’Environnement… et Ségolène Royal.

Dominique Bussereau reporte l’examen du budget au printemps 2015…

Parmi les sujets de mécontentement de Dominique Bussereau, figurent les réformes annoncées par le gouvernement Hollande, à l’exception des nouvelles Régions où l’entrée de la Charente-Maritime dans la grande Aquitaine lui donne satisfaction (après la grand messe de Ruffec). Où en est-on actuellement ?
 • Les 22 et 29 mars prochains, les élections départementales et non plus cantonales désigneront un homme et une femme (le fameux binôme) pour représenter les nouveaux cantons (exemple Jonzac et Archiac regroupés, idem pour Montendre, Montlieu, Montguyon). De 51, le nombre de cantons sera réduit à 27. Toutefois, le nombre d’élus progresse, passant de 51 à 54. Les femmes y seront à égale représentation avec leurs collègues masculins. « Le conseil d’Etat a traité plus de 2100 recours. Des modifications devraient intervenir dans le Gers et en Corse du sud » précise Dominique Bussereau.
• Du côté des Régions, leurs périmètres définitifs ne seront validés que prochainement par le Sénat et l’Assemblée Nationale.
• On parle également de supprimer les départements. Les grandes collectivités seraient alors les Régions et les intercommunalités. Les Radicaux de Gauche, en la personne de leur président Jean-Michel Baylet, ont obtenu une avancée : les départements seraient maintenus dans les zones rurales. Toutefois, la moitié d’entre eux disparaîtra, mais on ignore qui sera touché. Ces changements engagés par le Gouvernement n’ont qu’un seul but : alléger le mille-feuille actuel, donc économiser l’argent public, et éviter aux différentes collectivités de faire des « doublons » qui entraînent des gaspillages. Mis au placard, le rapport Balladur allait dans ce sens.
Dans ce contexte qui bouleverse l’organisation actuelle, quelles seront les compétences des collectivités ? Jusqu’à présent, le Département avait en charge les routes, les collèges et l’important domaine de la solidarité (APA, RSA, handicap, etc). Quelles instances s’en chargeront à l’avenir ? La Région, les CDA ou les CDC ? De plus, les personnels du Conseil général sont légitimement en droit de s’interroger sur leur futur employeur, conditions et lieux de travail.


• Contrat de plan Etat/Région : l’Etat devrait diminuer sa participation. On peut également regretter la baisse des crédits consacrés à la recherche à l’université de la Rochelle.
• Baisse des dotations aux chambres de Commerce et d’Industrie de la Rochelle et Rochefort/Saintes : globalement, elle serait de 500 millions d’euros en 2015. Ce manque à gagner devrait avoir des conséquences graves en Charente-Maritime, soit 250 suppressions de postes en Poitou-Charentes, la fin de l’apprentissage au CFA de Saintes, la disparition de nombreuses activités, des difficultés à Sup de Co et des retombées sur l’exploitation de l’aéroport de La Rochelle/Ile de Ré. « On ne peut pas avoir un développement touristique sans aéroport » constate Dominique Bussereau qui propose la signature d‘une motion à ses collègues (motion qui comportera des amendements apportés par la gauche). Et d’ajouter : « Quand j’ai évoqué la situation avec Michel Sapin et Emmanuel Macron, ils ont pris un air goguenard que je n’ai pas aimé, sous entendant que les CCI avaient de réserves cachées. Il s’agit tout de même de préserver des emplois et des services en Charente-Maritime ». Tant que les ministres n’ont pas dodeliné de la tête…

Enfin, le président annonça qu’il n’y aurait aucun débat d’orientation budgétaire : « La future assemblée votera le budget l’année prochaine. Nous ne connaissons pas nos recettes, ni les fonds de péréquation et encore moins quelles seront nos compétences ». De ce fait, il ne souhaite pas investir sans savoir où il va. Exemple, les travaux au port de la Cotinière dans l’île d’Oléron : « Ce port sera-t-il encore au Département ou dépendra-t-il de la nouvelle Région ? C’est bien là la question » s’interroge-t-il. Les réactions ne se firent pas attendre…

Elisabeth Diez remplace Bernard Lalande sur le canton de Montendre (photo N.B.)
« Pas la peine de pousser des cris d’orfraie » ! 

 Pour Mickaël Vallet, chef de file du parti socialiste, rien ne sert « de pousser des cris d’orfraie », de nombreux départements ruraux devant survivre aux réformes en cours. Par contre, il attendait la présentation d’un budget. « Vous souhaitez en repousser l’examen en raison des élections départementales. Je trouve que la ficelle est un peu grosse. Outre le fait que les contribuables n’échapperont pas à une augmentation de la fiscalité - depuis votre arrivée, vous avez tout de même majoré la part départementale de 23% - votre prudence, votre frilosité vont impacter les travaux et les entreprises du BTP en particulier. Personnellement, quand j’ai annoncé à la direction de l’hôpital de Marennes votre volonté de ne pas présenter le budget à la date habituelle, elle a pâli. Les associations ont également des inquiétudes quant à leurs subventions. A quoi devons-nous nous attendre ? Il serait plus normal de voter un budget qu’il serait possible d’amender par la suite ». Dominique Bussereau persiste et signe : « Je n’ai pas envie d’élaborer un budget à la place des futurs conseillers départementaux. Le prochain hémicycle comptera 27 hommes et 27 femmes. La moitié d’entre eux seront de nouveaux visages. Il s’agit donc d’un renouvellement complet avec des changements de compétences. Je ne m’autorise pas à décider à leur place ».
Au passage, il rassure ceux qui craignent des retards dans le versement des subventions. Il ne devrait y avoir aucune « perturbation ». Quant à l’augmentation de la fiscalité, Dominique Bussereau rappelle à Mickaël Vallet que le gouvernement Hollande a montré le chemin dans ce domaine…

Pascal Ferchaud, au nom des Radicaux de gauche, éprouve les mêmes inquiétudes face à un budget qui ne sera débattu qu’en avril 2015 : « Les entreprises ont besoin de visibilité ». Le président se veut rassurant : « Nous préparons des emprunts avec la Caisse des dépôts pour les grands investissements ». Et d’ajouter : « … en 2004, l’Etat compensait les 2/3 des dépenses des départements. Aujourd’hui, l’aide est à hauteur de 50%. Devant le manque de visibilité, je préfère avoir une gestion de père de famille et pas de gribouille ». Michel Doublet acquiesce : « Les communes recevront des dotations inférieures alors que leurs dépenses sont plus importantes avec les rythmes scolaires, etc ». Par ailleurs, le président de l’association des maires est indigné par les attaques que subissent les hommes politiques qu’on accuse de tous les maux…

• Saintes : menace sur la Base de Paban
52 formateurs partiront dans le Sud de la France 

La loi de programmation militaire 2014-2019 touche la Base aérienne de Paban. En effet, comme le rappelle Isabelle Pichard, elle va perdre 52 postes de formateurs et quelque 600 techniciens de l‘air qui venaient approfondir chaque année leurs connaissances à Saintes. « Il y aura des retombées sur l’économie locale » souligne l’élue qui s’interroge sur les compensations prévues par le gouvernement.
D’ici 2020, 150 millions d’euros seront affectés aux territoires touchés par ces départs : comment seront-ils répartis ? La conseillère générale de Saintes estime la situation grave. Le tableau n’est pas optimiste : 52 formateurs de l’Armée de l’air partiront à Orange dans le sud de la France ; 270 salariés du Crédit Agricole s’en iront à Lagord ; trente emplois du Technicentre à Périgueux et 40 fonctionnaires de la Maison d’arrêt de Saintes seront dirigés vers Fontenet si la nouvelle prison est réalisée. « Bientôt, nous pleurerons sur des friches désertes » avoue Isabelle Pichard.
Face à ces pertes d’emplois, Dominique Bussereau ne peut que compatir : « Paban a un excellent taux de réussite au bac. Récemment, j’ai reçu le colonel de la base de Rochefort. Cette base pourrait accueillir des drones compte-tenu de l’espace dont elle dispose ».
A Saintes, Isabelle Pichard continuera le combat puisqu’elle devrait être candidate aux élections départementales sur le nouveau canton de Thénac.

• Champagne pour les Sénatoriales : 
Mais où était donc Daniel Laurent ?

Bernard Lalande et Corinne Imbert (photo N.B.)
 Nombreux l’ont cherché lors du déjeuner du Conseil général où Bernard Lalande et Corinne Imbert ont « fêté » leur victoire aux Sénatoriales. Enthousiaste, Bernard Lalande a souligné qu’il était heureux de participer à la vie parlementaire du pays.
 Le trio élu le 28 septembre dernier était incomplet. Mais où était donc Daniel Laurent, l’héritier spirituel des deux ex-sénateurs UMP Claude Belot et Michel Doublet ? Son absence était liée à un problème de communication : « On m’avait parlé de ce déjeuner où les sénateurs seraient appelés à dire un mot, mais les services ne me l’avaient pas confirmé. En conséquence, j’avais des rendez-vous et je ne me suis pas déplacé à La Rochelle » explique l’intéressé. Et d’ajouter : « Il n’y a aucune anguille sous roche ! ».
Jean-Pierre Tallieu, candidat (malheureux) aux Sénatoriales, manquait lui aussi à l’appel en raison « d’un conseil communautaire de la CDA de Royan et d’un conseil municipal dans la foulée ». Idem pour Claude Belot, maire de Jonzac qui présida le Conseil général et fut sénateur durant des décennies. Pourtant, il a tout lieu d’être satisfait, lui qui attendait « deux sénateurs en Haute-Saintonge, Lalande et Laurent » disait-il publiquement. Il les a ! De quoi lui donner deux « L » !

Les conseillers généraux ont applaudi les trois sénateurs élus (photo N.B)
• Crédit Agricole : c’est un scandale ! 

Pour Dominique Bussereau, le départ du Crédit Agricole de Saintes vers Lagord est « un scandale » (toute ressemblance avec la célèbre phrase de Georges Marchais serait purement fortuite). Les raisons ? « Ce départ découle des convenances personnelles d’un certain nombre de dirigeants. Nous devons combattre cette décision et étudierons les documents du permis de construire avec attention. Il ne devra pas y manquer une virgule ».


• Aide aux mytiliculteurs

Le Conseil général versera aux mytiliculteurs 135000 euros pour le financement des pieux et des cordes. Une aide à cette profession, qui traverse une crise grave, sera également apportée par l’Etat. Pourquoi les moules meurent-elles ? Voilà bien la question. Selon Béatrice Abollivier qui se base sur une étude de l’Ifremer, la mortalité des coquillages résulte des conditions climatiques (80%) et de facteurs bactériologiques (20%).

• L'info en plus

• Elisabeth Diez succède à Bernard Lalande : atteint par le cumul des mandats, Bernard Lalande a laissé son poste de conseiller général à sa suppléante Elisabeth Diez. Elle représente désormais le canton de Montendre. Elle y défendra les valeurs de laïcité, de fraternité ainsi que les services publics.

 • Aux élections départementales des 22 et 29 mars 2015, l’attachée parlementaire de Bernard Lalande, Fabienne Dugas Raveneau (qui affronta Daniel Laurent aux Municipales de Pons) pourra être candidate sur le nouveau canton de Montendre/Montlieu/Montguyon face à Francis Savin, membre de l’actuelle majorité départementale. On ignore pour l’instant quelle sera la composition exacte des binômes.

 • Christophe Dourthe, conseiller général de Saintes, a fait une proposition : que le muséum d’histoire naturelle de La Rochelle soit inclus dans les sorties scolaires des collégiens (déplacement en bus). On y trouve d’intéressantes collections (dont le fameux cabinet de curiosités Lafaille) et actuellement, on peut même y voir la météorite de Jonzac dans le cadre de l’exposition consacrée à Fleuriau de Bellevue. « Les seuls élèves à véritablement profiter du muséum sont les Rochelais » a souligné l’élu à juste titre.

• Carnet : Absent à cette session, Jean-Claude Beaulieu, conseiller général de Jonzac, se trouve actuellement en Chine où le département entretient de relations avec plusieurs provinces. Jean-Louis Frot, l’ex-maire de Rochefort, vient de recevoir la Marianne d’or pour son implication dans la construction de l’Hermione. Dominique Bussereau a salué la présence du nouveau sous-préfet de Jonzac Frédéric Poissot. Il succède à Philippe Aurignac nommé à la préfecture de Périgueux : « Nous avons eu plaisir à travailler avec lui », souligna le président. Enfin, des félicitions furent adressées aux sénateurs fraîchement élus, Daniel Laurent, Corinne Imbert (UMP) et Bernard Lalande (PS). Lors du déjeuner, ce dernier a d’ailleurs offert le champagne à ses collègues.

 • Amabilité : Réflexion de Dominique Bussereau à Marc Parnaudeau qui parlait avec son collègue lors de son allocution : « Avec l’âge, il parle de plus en plus fort, ce qui n’empêche pas son talent et son humour ». No comment !

Compte-rendu/photos Nicole Bertin

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