mercredi 8 mars 2017

Eddy Norton au cœur des manipulations de la CIA : Bloody Words, la nouvelle BD d’Alain Paillou

A Saintes, au pied de l’église Saint-Europe, vit l’illustrateur Alain Paillou. En ce mois de mars, annonciateur du printemps, il présente « Bloody words », la dernière-née de ses BD réalisée avec Marquinet et Djian.

Il a le trait fin et précis. Ses croquis, vous les avez forcément vus et appréciés dans des albums de bandes dessinées, au fameux salon d’Angoulême ou ailleurs. Les thèmes en sont variés, de l’histoire du SAC (le fameux Service d’Action Civique) à Parabellum (inspiré de la Cagoule), Normandie 44 en passant par l’Arbre qui ne se cantonne pas à l’écologie. L’histoire, durant la Seconde Guerre mondiale, est forte entre Fleurette, une petite Juive et un jeune garçon, sourd à la suite d’un bombardement. Un vieux chêne réunit les deux enfants souffrant de solitude au cœur d’un village du Jura. Il est rare qu’Alain Paillou apporte sa contribution à des scénarios futiles ! Au contraire, il incite le lecteur à la réflexion en mêlant action, histoire et poésie. Parce que le monde n’est pas fait que de belles images !

Le voici, le voilà !
Le dernier album en date s’intitule Bloody Words (mots sanglants). Le tome 1 « cauchemars » fait apparaître en couverture une Chevrolet en bien fâcheuse posture. Qui se cache derrière ce traquenard ? Il s’agit d’une fiction, basée toutefois sur des faits réels : les expériences menées sur des êtres humains tant par la CIA que le KGB  afin de leur donner des pouvoirs parapsychiques. Le jeune Eddy Norton a fait l’objet de cette manipulation. Il vit dans l'État du Wyoming aux États-Unis.
Le scénario a été écrit par Frédéric Marniquet et Jean Blaise Djian, deux « pros » qu’on ne présente plus. « Ils m’ont demandé si le projet m’intéressait » souligne Alain qui a aussitôt répondu présent. D’autant qu’il s’agissait d’un défi avec une toute nouvelle maison d’édition « Cerises et coquelicots » d'Aix-en-Provence
Bloody Words gravite donc autour d’un adolescent de 16 ans dont les parents ne sont pas les vrais, mais des agents de la CIA. On baigne en pleine intrigue ! ». « Immortaliser » les années 60, Alain Paillou adore ! Les grosses voitures américaines, les silhouettes, les portraits. Comme dans un polar avec des espions, des policiers, un écrivain, un journaliste et des intrigues ! Il a beaucoup travaillé pour reproduire des lieux comme Jackson Hole à partir de cartes postales, de scènes repérées sur internet : nature sauvage, maisons en rondins, fermes, montagnes, parc du Grand Téton. « Savez-vous que c’est là qu’ils ont tourné "Rencontres du troisième type" ? » dit-il en espérant s’y rendre un jour, « ces recherches m’ont donné envie d’y aller » !

Les planches sont colorisées avec finesse par Catherine Moreau
Bloody Words sera présenté au salon du livre de Thénac les 18 et 19 mars prochains. Alain Paillou y fera des dédicaces. Le 25, il sera à la librairie La bulle en cavale (boulevard de la République) à Rochefort ; le 5 avril à l’espace média du Centre Leclerc de Saintes.
Dans les semaine qui viennent, deux autres albums sortiront, l’un sera consacré à Jeanne d’Arc et l’autre aura pour point de mire la Saintes gallo-romaine (commande de la municipalité). Ce volume fait suite à « Santonus et le légionnaire perdu », album réalisé avec sa femme Catherine Moreau (c’est elle qui met en couleurs les planches) et l’incontournable Henri Texier. Pour rendre son histoire encore plus vraie ou, tout au moins, y camper un décor qui se rapproche de l’ancienne Mediolanum Santonum, Alain Paillou, avec sa méthodologie habituelle, avait rencontré des archéologues pour identifier les édifices existant aux premiers siècles de notre ère. Enthousiaste, il avait alors élaboré un plan de Saintes à l’époque antique. La suite devrait être tout aussi passionnante. Bien sûr, nous en reparlerons !

« Le monde de la BD se porte bien. Pas pour les auteurs qui continuent à "trimer", mais pour les éditeurs et les distributeurs » confie Alain Paillou. « Il est rare qu’un illustrateur puisse faire passer des projets personnels »...

Alain Paillou, son épouse Catherine, artiste, et Didier Catineau en pleine discussion !
• D’origine saintaise, Alain Paillou dessine depuis son plus jeune âge. Il a fréquenté l’École Supérieure des Arts Appliqués de Paris dont il est ressorti avec un beau diplôme en poche. « Je suis devenu maquettiste de presse et j’ai travaillé pour "La vie du rail" qui vendait à l’époque à 300.000 exemplaires par semaine  ». Un tirage qui laisse rêveur en cette période où les journaux rencontrent souvent des difficultés.
«  J’ai d’abord habité Paris parce que cette ville est bouillonnante d’activités  ». La capitale l’a inspiré. Il y publie son premier livre ‘‘Les contes nigérians’’ chez Hatier. « J’avais 20 ans et je me suis lancé dans l’aventure ! » se souvient-il. En 1983, il retrouve la cité santone. Depuis, il consacre sa vie professionnelle à l’illustration et travaille pour de nombreuses maisons d’édition.

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