Départ d'Alain Debetz, directeur du centre hospitalier de Saintonge « les hôpitaux de Saintes et de Saint-Jean d'Angely ne s'en sortiront qu'ensemble par une offre de qualité » estime Françoise Mesnard

Chargé d'administrer les centres hospitaliers de Saintes et de Saint-Jean d'Angély, Alain Debetz a souvent été confronté au problème du choix. Si les langues se sont déliées lors de la cérémonie organisée jeudi dernier pour son départ, il peut être satisfait de sa mission en terre saintongeaise : son travail a été souligné et c'est Philippe Marchand, ancien ministre, qui lui a adressé le plus joli compliment : « quand vous étiez chargé des finances de l'hôpital, tout était clair. J'ai senti en vous l'étoffe d'un grand administrateur ». Plusieurs services saintais, dont la cardiologie, ont été renforcés grâce à lui. Reste l'hôpital de Saint-Jean qui rencontre de réelles difficultés financières. Une situation délicate dont hérite temporairement Bruno Faulconnier, directeur de l'hôpital de Niort chargé de l'intérim… en attendant la nomination du successeur d'Alain Debetz. 

Alain Debetz, Philippe Marchand, Françoise Mesnard

Le directeur du centre hospitalier de Saintonge vient de quitter ses fonctions en Charente-Maritime pour occuper le poste de directeur général au CGOS (Comité de Gestion des œuvres sociales) à Paris.
Jeudi dernier, au CH de Saintes, personnalités, praticiens et personnel étaient réunis à l'occasion de son départ. En présence de François Fraysse et Edwige Delheure de l'ARS, du dr Marie-Pascale Bienvenu, présidente de la commission médicale d’établissement, Philippe Marchand, ancien ministre de l'Intérieur, du dr Borde, Jean-Philippe Machon, maire de Saintes et d'une nombreuse assistance, il a exprimé son émotion : « je tourne une page de ma vie. Je suis arrivé à Saintes en décembre 2010. Diriger un hôpital public a été pour moi un choix délibéré ».
Sa carrière compte sept affectations en centres hospitaliers. A chaque fois, il a apporté sa pierre à l'édifice et l'un de ses souvenirs les plus poignants se situe à Pau quand deux infirmières ont été sauvagement agressées et tuées par un détraqué.
Alain Debetz a été directeur financier de l'hôpital de Saintes en 1989 pour en devenir responsable en 2010. Il évoqua les actions menées dans le secteur (dont le regroupement des pôles), détaillées lors de la cérémonie des vœux la semaine dernière. « J'ai eu plaisir à œuvrer aux côtés d'une équipe de qualité » dit-il. Et de souhaiter pour l'hôpital de Saint-Jean « un redressement rapide » (son déficit, en effet, a doublé en deux ans, soit 4 millions d'euros sur un budget de 43  millions d'euros).

Jean-Philippe Machon, Edwige Delheure, Alain Debetz, Marie-Pascale Bienvenu

« Passer sans dommage le cap du changement de direction » ?

Le docteur Marie-Pascale Bienvenu, présidente de la commission médicale d’établissement, souligna l'implication d'Alain Debetz : « Après un premier passage à Saintes, votre retour il y a cinq ans a été un bouleversement pour notre centre hospitalier. Votre nomination en tant que directeur des centres hospitaliers de Saintes et de St-Jean d’Angély, alors que nous essayions d’asseoir notre position en tant qu’hôpital de recours, nous laissait espérer un éclaircissement du rôle de chacun dans l’organisation territoriale. Votre implication, dans plusieurs projets phares pour notre hôpital, l’a effectivement renforcé dans ce rôle ».
La position de site de recours a ainsi été établie avec l’unité de coronarographie et l’USINV (unité de soins intensifs neuro-vasculaires) : « Ces projets étaient une réelle prise de risque que vous avez acceptée en faisant confiance aux équipes et en redonnant de l’élan à notre hôpital. Ils ont été une réelle avancée pour les malades du secteur ». Alain Debetz a également validé la redistribution de lits entre médecine et chirurgie avec le rapprochement de la gastro-entérologie et de la chirurgie viscérale, de la néphrologie et de l’urologie, décision soutenue par l’ARS.
Après une certaine distance "initiale" (on se souvient de la démission de trois cardiologues en 2010), un dialogue s'est établi avec les médecins, favorisé en autorisant l’ensemble des responsables de pôles à participer au directoire : « Nous avons ainsi mieux compris les problèmes que vous pouviez rencontrer dans le difficile exercice d’être responsable des deux sites ! ».

Alain Debetz et Bruno Faulconnier qui assurera l'intérim 
en l'attente du nouveau directeur du Centre hospitalier de Saintonge

 En ce qui concerne la direction commune Saintes /Saint-Jean, le dr Bienvenu parla en toute franchise : « les médecins de Saintes se sont sentis pénalisés par le temps passé par l’ensemble de l’équipe d’administration à Saint-Jean d’Angély, avec l’impression que cela se faisait au détriment de la gestion et de la défense de Saintes ». Pas de langue de bois en l'occurrence et des murmures dans la salle...
Pour le dr Bienvenu, la situation reste difficile : « sans réelle organisation inter-hospitalière, l’effort de coopération semble essentiellement porté par Saintes. Les problèmes de coopération pour la maternité, la diabétologie et la gastro-entérologie ne sont pas réglés. Nous sommes également en position difficile avec le plan ONDAM et notamment les contraintes qui pèsent sur le budget ».
En période de restrictions budgétaires, comment jouer pleinement le rôle de site de recours sans augmenter l’offre de soins interne et celle apportée aux sites partenaires ? Il faudra donc faire preuve d'imagination et ne pas hésiter à composer, charge qui incombera au nouveau directeur : « Nous osons espérer que votre départ est le signe que notre hôpital est suffisamment solide pour que nous puissions passer sans dommage le cap du changement de direction » conclut le dr Bienvenu.

Le déficit budgétaire de l'hôpital de Saint-Jean d'Angély...

Le dr Borde

Le dr Borde, prédécesseur du dr Bienvenu à la Commission médicale d'établissement, salua l'attitude d'Alain Debetz « fiabilité, transparence, circulation de l'informations et refus de laisser traîner les dossiers en cours ». Prises de position et choix ont montré sa pugnacité : « j'ai apprécié d'être à vos côtés ». Jean-Philippe Machon, maire de Saintes, abonda dans son sens.

Françoise Mesnard, maire de Saint-Jean d'Angély

Le discours de Françoise Mesnard, maire de Saint-Jean d'Angély, fut plus nuancé. Elle rappela que « si Saintes pensait qu'Alain Debetz passait trop de temps à Saint-Jean, la réciproque était également vraie ». Et d'insister sur un point : « Les deux hôpitaux ne s'en sortiront qu'ensemble en proposant une offre de qualité. Vous pouvez compter sur moi ». Le message était clair ! Elle sera donc attentive à la suite des événements. Malgré le départ d'Alain Debetz « en cours de route », elle croit au redressement du CH de Saint-Jean d'Angély, « quelques années seront nécessaires »…

Philippe Marchand : il n'a rien perdu de son art oratoire !

L'allocution de François Fraysse, directeur de l'ARS

 Philippe Marchand, qui fut président du conseil d'administration de CH de Saintes, ouvrit la séquence nostalgie en évoquant des souvenirs du temps d'avant : « un hôpital n'est rien sans un bon directeur. J'ai la chance de participer deux fois à votre départ puisque vous avez d'abord été directeur financier avant d'occuper le poste actuel. J'ai tout de suite senti en vous l'étoffe d'un grand administrateur  ». Au fil des années, le CH de Saintes a beaucoup progressé. Philippe Marchand a suivi de près la construction du nouvel hôpital qui a renforcé la position de Saintes au cœur du département. Les mutualisations faites avec d'autres établissements sont à souligner.
Le mot de la fin est laissé à François Fraysse, directeur général de l'ARS. Il félicita Alain Debetz pour « son implication, sa grande probité et son sens de l'écoute ».

Cette manifestation se termina par le verre de l'amitié et l'arrivée amusante de Malika, comédien clown hospitalier dont l'association Etoil'Clown intervient dans les cinq services pédiatriques du Poitou-Charentes, Rochefort  La Rochelle, Saintes, Niort et Angoulême.

Malika, clown hospitalier

Le verre de l'amitié : Alain Debetz aux côtés du Dr Lauribe 
et de son épouse Renée Lauribe Benchimol

• Alain Debetz a rappelé le rôle important de son épouse à ses côtés tandis que Jean-Philippe Machon a dévoilé l'une de ses passions, la musique.

Archives : quand Philippe Marchand présidait le conseil d'administration 
de l'hôpital aux côtés de Denis Guirand , directeur

Photos © Nicole Bertin