mardi 16 février 2016

Coup d'état à la CDA de Saintes :
les 15 vice-présidents désavouent
leur président Jean-Philippe Machon
en présentant leur démission

Vue de l'extérieur, la décision des vice-présidents de la CDA de démissionner collectivement ressemble assez bien à un putsch, voire à un coup d'état sauf qu'en la circonstance, il n'y a pas l'assistance des militaires. Depuis son élection à la tête de cette collectivité, Jean-Philippe Machon semble s'être fait pas mal d'ennemis. D'où la situation actuelle qui devrait déboucher sur une assemblée extraordinaire puisque la Communauté d'Agglomération n'a plus de bureau pour voter le budget.
 

Jean-Philippe Machon : « Je n'ai pas senti le coup venir »

Quand il a été élu président de la CDA de Saintes en 2014, comme avant lui Jean Rouger (fondateur de la Communauté d'Agglomération) ou bien Bernadette Schmitt à l'époque de la CDC du Pays Santon, Jean-Philippe Machon était loin d'imaginer les épreuves qu'il allait traverser. « Je n'ai pas senti le coup venir. J'ai bien compris qu'il y avait des difficultés, c'est pourquoi j'ai toujours essayé de composer. Toutefois, la déstabilisation a été permanente avec des campagnes de dénigrement à mon sujet et des caricatures » avoue-t-il. Elles étaient visibles sur le terrain, non pas à la mairie de Saintes où les choses se sont arrangées après l'affaire du 4 x 4, mais à la CDA, territoire plus large où l'opposition a bientôt été rejointe par des dissidents se trouvant initialement dans la mouvance de Jean-Philippe Machon.
D'où le dernier vote, mercredi dernier à Thénac, où le président a été désavoué quand il a voulu ouvrir la gouvernance de la CDA à l'ensemble des maires. « Je ne comprends pas ce qu'on me reproche. Depuis mon élection, nous avons fait des efforts pour dégager des marges de manœuvre favorables à l'investissement ».
Quelles sont les raisons de ce coup d'état qui a entraîné, lundi soir, la démission des quinze vice-présidents, un acte symbolique remarqué jusqu'au Ministère de l'Intérieur, dit-on ? Pour le président en exercice, il ne peut s'agir que d'un acte politique et d'un délit de faciès. « Pourquoi je n'ai pas donné ma démission ? Parce que je dépense beaucoup d'énergie à travailler sur des projets. Je n'ai pas d'ambitions personnelles et j'aimerais bien qu'on me laisse aller jusqu'au bout de mon mandat afin de prouver aux habitants que ce territoire est porteur et dynamique ».
Ne sortant pas des apparatchiks, n'ayant jamais mis un pion sur l'échiquier politique charentais-maritime, Jean-Philippe Machon serait-il pris dans une toile d'araignée ? Ou bien certains voudraient-ils le pousser vers la sortie afin de ne pas avoir à passer par les urnes pour occuper ses fonctions ? Toutes les rumeurs courent et ce n'est jamais bon pour l'ambiance générale…

Election de Jean-Philippe Machon à la présidence de la CDA en 2014 : 
à ce moment-là, tout va bien !

Frédéric Neveu : « si le budget n'est pas voté le 15 avril, 
la CDA sera mise sous tutelle de l'Etat »

Chez les vice-présidents, on a une autre version du dossier secret "CDA". D'une part, le départ d'agents territoriaux démontrerait que l'entente avec le "chef" n'était pas au beau fixe ; d'autre part, certains lui reprochent d'avoir été absent durant un an et demi pour raisons professionnelles et surtout de ne pas avoir su instaurer une confiance réciproque. « J'ai soutenu Jean-Philippe Machon longtemps, un peu trop peut-être » déclare l'un des membres de sa garde rapprochée… 
Que faire dans une situation aussi délétère ?  Concrètement, il n'y a plus de bureau à la CDA alors que l'examen du budget 2016 approche. Jean-Philippe Machon a déclaré ne pas vouloir démissionner  car « il a été élu démocratiquement ». « C'est vrai à Saintes et ce l'est moins à la CDA où il a été désigné par les 70 maires et conseillers qui la composent. Si ces derniers contestent son autorité, en découlent un désavœu et un arrêt sur image. Si Jean-Philippe Machon compose un autre bureau, il y aura tout de suite un barrage s'il n'existe pas de consensus » explique un élu. Quel sera l'avenir de la mutualisation des services engagée par la CDA avec la ville de Saintes ? Doit-elle se poursuivre ? Risque-t-elle d'être stoppée dans son envol ?

Jean-Philippe Machon : « je n'ai pas senti le coup venir »
Le climat est si tendu que des vice-présidents auraient envoyé une lettre recommandée à leur président pour lui demander de rendre ses délégations. Tous attendent une réunion extraordinaire où chacun exprimera son point de vue.  
« Le bureau est d'accord sur un point, proposer à Jean-Philippe Machon la vice-présidence chargée de l'économie. C'est un beau poste. Nous ne voyons pas pourquoi il ne donne pas suite. Ainsi le calme reviendrait » explique Frédéric Neveu qui craint la mise sous tutelle de la CDA par l'Etat le 15 avril si le budget est en panne sèche. Un autre édile ajoute que « Jean-Philippe Machon n'en fait qu'à sa tête, ce blocage ne valorisant pas l'image du territoire de Saintes ». La gauche, quant à elle, applaudit : elle n'en attendait pas tant de la droite. Et que dire de Jean Rouger !!!

Bref, le contexte est délicat et compliqué. Quelle que soit l'issue, le conseil municipal de Saintes risque d'en pâtir puisque manifestement, le dialogue est de plus en plus difficile à établir entre plusieurs adjoints et Jean-Philippe Machon. Reste à savoir si la CDA de Gémozac et celle de Saint-Porchaire rejoindront rapidement la CDA de Saintes : dans ce cas, un nouveau bureau serait constitué et les mésententes gommées. Si le président sorti des urnes était Loïc Girard par exemple, les querelles devraient cesser : la droite conserverait les rênes de la CDA dont la population dépasserait allègrement les 60.000 habitants.
Si la CDA de Saintes reste en l'état, le nom de Jean-Claude Classique, maire de Fontcouverte, est cité comme futur président. Ayant de la bouteille, habitué à la gauche comme à la droite, il devrait recueillir l'unanimité…

Jean-Claude Classique, maire de Fontcouverte

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