Document ancien montrant la chapelle templière d'Angles |
Et la voici aujourd'hui ! |
Conférence en présence de Daniel Bernardin, Philippe Moreau et du maire Robert Guilloton |
La chapelle de Salles d'Angles est modeste, assez dénudée. De prime abord, on ne distingue pas clairement les graffiti : « ils sont en majorité à l'intérieur et pas forcément dans les hauteurs » avoue le chercheur qui mentionne également des traces de peinture. Un inventaire a été réalisé où l'on aperçoit moult détails (évidemment, ce n'est pas la superbe fresque de Cressac !) dont un nœud de Salomon, des croix, des écus, des oiseaux emplumés et crêtés, le blason de la famille de Pressigny, une main de pèlerin onglée, la nativité de Jésus dans son berceau, un archer, une fleur de lys, un évêque, des symboles divers et variés, etc.
« Tout reposait sur ces messages gravés dans la pierre par les Compagnons. Certains graffiti leur étaient destinés, les autres s'adressaient aux pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques » souligne Daniel Bernardin. A une époque où bien peu savaient lire et écrire le latin, le dessin, la fresque et la sculpture offraient un livre ouvert aux croyants. Les graffiti appartenaient à un univers plus hermétique. La main, par exemple, était destinée au pénitent en route vers Compostelle qui devait la toucher jusqu'à faire couler le sang pour absoudre ses fautes. De par le monde, on la remarque en de nombreux sites sur le chemin des croisés (dont la chapelle des chrétiens au temple de Philae en Egypte). A Salles d'Angles, il s'agit d'une simple main de pèlerin qui rappelle la vocation première de l'édifice placé sous la responsabilité des Templiers, puis des Hospitaliers.
La main du pèlerin |
Le travail du GRAHT se poursuit : en effet, la région regorge de graffiti dont une "abondance" à l'hôpital des pèlerins de Pons…
• Un peu d'histoire (Les commanderies des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem par Anne-Marie Legras aux Editions du CNRS)
L'origine templière de cette maison est mise en lumière par un document de septembre 1295 où est mentionnée la vente du moulin de Beaulieu, situé sur la rive du Né, au Templier Hugues de Narzac (Hugo de Nargat) alors commandeur de Châteaubernard et d'Angles. Outre qu'il permet d'attribuer de façon certaine la fondation de la commanderie au Temple, ce document montre que, dès la fin du XIIIe siècle, la maison d'Angles était rattachée à Châteaubernard, comme elle le sera pendant la période hospitalière, probablement parce que ses revenus étaient trop modestes pour suffire à l'entretien d'un commandeur et de ses compagnons.
La chapelle est dédiée à saint Jean-Baptiste. On peut proposer, pour le gros œuvre, une date de construction se situant, comme pour Châteaubernard, vers 1150-1160. En 1655, les commissaires remarquent « joignant ladite chapelle y a un petit cimetière ou l'on a accoustumé d'enterrer les habittans dudit bourg d'Angles ». La desserte de la chapelle était effectuée par un prêtre séculier qui recevait, en 1655, 36 livres par an pour venir y célébrer l'office le dimanche et lors des quatre principales fêtes de l'année. Au XVIIIe siècle, la chapelle demeure solide et bien couverte. Lors de leur passage en 1776, les visiteurs remarquent cependant « qu'en plusieurs endroits qui manque des pierres et qu'elle a besoin d'estre grifonnée dans tout le dehors à chaux et à sable ».
De nos jours, la chapelle de Salles d'Angles a fait l'objet d'une restauration et se prête volontiers à la visite. Les graffiti sont bien là, mais il faut avoir l'œil averti pour les repérer ! Préférez l'été ou les beaux jours afin de visiter les alentours qui sont agréables et verdoyants. Surtout ne manquez le pont qui porte le blason de Georges de Regnier-Guerchy, grand prieur d'Aquitaine.
Le blason du prieur d'Aquitaine est au centre |
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