jeudi 23 novembre 2017

Saintes : « Il nous faut un musée de la Gaule aquitaine primitive et sa capitale Mediolanum Santonum » estime Jean-Michel Méchain

Jean-Michel Méchain, président de l’association ACMSantonum, fait part de son analyse quant au développement touristique de Saintes avec un argument de poids. Dans l’antiquité, Saintes a été une ville très importante. En effet, ce sont les Romains qui la développèrent sous le nom de Mediolanum Santonum (au milieu de la plaine des Santons) dès le règne d'Auguste. Située à l'une des extrémités de la Via Agrippa qui la reliait à Lugdunum (Lyon), la ville a joué très tôt un rôle considérable puisqu'elle est devenue à la fin du Ier siècle av. J.-C. la capitale de la Civitas Santonum (la cité des Santons, subdivision administrative romaine) et de la province de Gaule Aquitaine, la plus grande province romaine de Gaule. 
Jean-Michel Méchain estime que cette puissance historique représente à elle seule un devoir de mémoire, donc de connaissance pour les générations futures

Mediolanum (illustration Alain Paillou)
« La création à Saintes du musée de la Gaule Aquitaine primitive et sa capitale Mediolanum Santonum est une exigence, un combat. Notre cité est riche d'un passé d'intérêt européen. La préservation du patrimoine antique nécessite aujourd'hui interventions d'urgence. Il est fragilisé. Notre cité réunit des collections lapidaire et céramique exceptionnelles. Des motifs conjoncturels s'ajoutent à leur dispersion et imposent leur mise en réserve interdisant de façon durable, si rien n'est entrepris rapidement, leur exposition et présentation au public.

Au-delà de la ville, l'agglomération de Saintes et sa proche région présentent des éléments  archéologiques (aqueduc, villas, théâtre, fanum, cité du Fâ à Barzan) qui innervent la cité et permettent une appréhension globale de l'espace gallo-romain dans ses structures de pouvoirs civils et militaires, son organisation sociale, ses activités cultuelles et culturelles, son urbanité, sa vie économique. Notre cité, en déclin économique, gravement touchée par la polarisation excessive de l'attention portée au seul littoral depuis de trop nombreuses années, doit exploiter le potentiel que représente ce patrimoine en matière de développement et de rayonnement. Saintes doit s'affirmer comme la cité de référence culturelle la plus occidentale au sein d'un véritable réseau européen du monde gallo- romain.

Des réalisations d'ampleur ont été effectuées dans les départements proches (tumulus de Bougon, musée de la villa  à Périgueux) qui ont pu rassembler des moyens considérables et des talents d'exception. Plus proche et sans vouloir juger de l'opportunité du processus décisionnel qui a pu conduire à sa construction, un édifice interpelle : le centre des congrès de Jonzac. Près de 18 millions d'euros ont pu être mobilisés sur cet ensemble. C'est sans doute une belle réalisation. Elle devrait, on l'espère, connaître une activité d'ampleur si l'on en croit ses concepteurs. Pourtant Saintes l'endormie, après Saint-Jean d'Angely morte ville, recèle "simplement" le deuxième monument le plus emblématique de la Gaule Chevelue. C'est l'ancienne capitale de la Gaule Aquitaine. Elle présente des vestiges majeurs et offre un passé antique qui se révèle chaque jour un peu plus au moment où la ville s'étend retrouvant progressivement son aire initiale. Tous les spécialistes s'accordent à reconnaître l'intérêt de la ville sur le plan archéologique, laquelle est souvent mieux connue pour sa richesse archéologique et monumentale en pays d'Arles ou à Lyon, Trèves qu'à Saintes ou Jonzac !

Comment a-t-on pu en arriver là ? Comprenons la leçon et sortons de l'incantation pour l'action.
Nous devons dans ce cadre accorder une vigilante attention au projet de musée esquissé par la municipalité. Il ne peut s'agir d'un sujet « croupion ». Ce projet pose, en effet à lui seul, le statut culturel de la ville. Il engage durablement son image. Sa réussite, dépend d'abord de l'ambition qui l'anime. Alliant expertise scientifique, médiation culturelle, modernité des présentations et une accessibilité adaptée aux différents visiteurs, il doit être conçu comme un pôle d'excellence ouvert au plus grand nombre. Ce projet doit pouvoir mobiliser des acteurs européens, l'Etat et les collectivités locales. Il doit aussi être une opportunité pour que les grandes entreprises qui sont présentes en Aquitaine s'impliquent et contribuent activement à sa réalisation. C'est une priorité dans la priorité même de tout projet de préservation du patrimoine antique. Il doit être le capteur par lequel seront perçues l'importance, la pertinence et la sensibilité du projet. Il est en réalité le seul à même d'attirer des partenaires de qualité et en nombre pour envisager l'ensemble des aménagements souhaités. Saintes et sa région méritent notre mobilisation et s'il le faut notre indignation pour que soit enfin restitué à notre cité un statut digne de son passé et préservé notre bien commun ».

• Gaule Aquitaine (Gallia Aquitania ou Aquitania en latin). La Gaule aquitaine était une province impériale. Sa capitale fut successivement : Mediolanum Santonum (Saintes), de la création de la province à la fin du Ier siècle ; Burdiglia (Bordeaux), à partir du IIIe siècle.On ignore quelle ville fut capitale de la Gaule Aquitaine au IIe siècle : ce fut peut-être d'abord Saintes, puis Bordeaux. Il est également possible que Lemonum (Poitiers) l'ait été à cette époque. Cependant, au vu de l'historiographie récente, l'hypothèse de Lemonum comme capitale est peu probable.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Cette article est realiste et merite d etre diffuse pour aboutir. Je suis entierement d accord