mercredi 8 novembre 2017

Les ralentisseurs de Jonzac, bêtes noires des curistes ? A quand la gratuité des navettes ?

Cures thermales en danger ? Dominique Berthelot, présidente de l’Unatherm dénonce « les mesures assassines du Ministère de la Santé » 

En cure à Jonzac !
Dominique Berthelot, présidente de l’Unatherm (Union Nationale de Défense des Assurés et du Thermalisme médicalisé) est une femme active qui se bat depuis des lustres pour les « droits » des curistes. Et quand quelque chose ne va plus, elle le dit haut et fort. Fidèle de la station thermale de Jonzac, elle y tient l’assemblée générale annuelle en septembre au camping des Castors. Dans l’entretien qui suit, elle dénonce la façon dont les curistes, dont les revenus annuels dépassent 14664,38 euros, sont désormais privés du remboursement des frais de déplacement et d’hébergement.


• Dominique Berthelot, tout d’abord comment se porte votre association et quelles mesures prises par l’ancienne ministre, Marisol Touraine, dénoncez-vous ?

L’association se porte bien. Heureusement pour elle car elle a du travail face aux mesures assassines prises par le précédent Ministère de la Santé envers la crénothérapie, traitement thérapeutique par les eaux thermales.
Qu’en est-il ? Jusqu’en mars 2017, les patients qui effectuaient une cure en rapport avec une affection longue durée avaient automatiquement l’obtention du fameux volet 3. Explication : lorsqu’un curiste remplit ses documents, il y a trois volets : le premier concerne le forfait thermal ; le second les honoraires médicaux ; le troisième les frais de transport et le forfait hébergement. Jusqu’à présent, la Sécurité sociale allouait 150 euros pour l’hébergement et le transport était au bon vouloir des Caisses, la réglementation étant un remboursement sur la base d’un billet de train 2ème classe, moins les 25% octroyés par la SNCF pour les congés payés. Or, depuis avril dernier, le système a changé. Les personnes en affection de longue durée (hors accidents du travail) sont soumises à un questionnaire et selon leur avis d’imposition, elles ne peuvent prétendre à ces prestations que si leurs ressources annuelles sont inférieures à 14664,38 euros pour une personne.
Pour mémoire, rappelons qu’en 2016, la France a compté 588000 curistes et sur ce nombre, au moins 35% d’entre eux étaient en affection longue durée. Le nouveau système s’est donc mis en place dans la plus grande illégalité car aucun arrêté et surtout aucune loi ne précisent ces mesures décidées par Marisol Touraine. A ce sujet, je ne comprends pas le silence du Conseil National des Exploitants Thermaux. Aujourd’hui, pour se justifier, le Ministère de la Santé fait référence à un arrêté de la Cour de Cassation de décembre 2016 qui, à mon sens, n’a rien à voir avec la situation qui nous concerne.

Assemblée générale de l'Unatherm 2017
• Si je vous comprends bien, les curistes dépassant 14664,38 euros annuels ne seront plus remboursés en transport et hébergement ?

Exactement. Actuellement, nous recueillons des témoignages et allons lancer une pétition nationale. l’Unatherm regroupe toutes les personnes qui souhaitent que l’association intervienne pour déposer un recours. Je suis en train de lire le PLFSS (Projet de loi de financement de la Sécurité Sociale) et sur les cures thermales, je n’ai pas trouvé le paragraphe qui entérine cette mesure. Quelles en seront les conséquences ? Si ces frais ne sont plus remboursés, le nombre de curistes baissera dans les stations. En 2018, la plupart d’entre eux subiront la situation car ils ont coutume de réserver d’une année sur l’autre. Ils l’effectueront leur cure malgré les nouvelles dispositions. Par contre, à partir de 2019, ils seront avertis et cela risque fort de leur déplaire. Je suis sidérée que les établissements thermaux ne réagissent pas davantage contre cette mesure. 150 euros, « ce n‘est pas le Pérou » diront certains, mais c’est important pour des revenus modestes, d’autant que les mutuelles participent à partir du moment où la SS est présente. Si cette dernière se désengage, elles en feront autant. Si l’on cumule tout, le manque à gagner dépassera les 550 euros pour les curistes qui déclarent au-delà de 14664,38 euros annuels.

De nouvelles dispositions attendent les curistes
• Autre problème, on va imposer le choix de leur station thermale aux curistes…

Effectivement, on s’est battu pendant deux ans pour que les cures correspondent aux thérapies. Il faut savoir que la qualité des eaux et les indications varient d’une station à l’autre. Nous avons eu gain de cause en 2016 avec la possibilité pour le médecin de prescrire le lieu de cure de son patient. En mars 2017, Marisol Touraine a rendu caduque notre accord puisque désormais, tout est basé sur les ressources. Les malades sont invités à fréquenter l’établissement le plus proche de leur domicile. Si je prends mon cas personnel, je devrais aller désormais à Saint-Amand les Eaux plutôt qu’à Jonzac.

• Etes-vous inquiète pour l’avenir des cures thermales ?


Oui. On assiste à un thermalisme à deux vitesses avec ceux qui peuvent encore suivre financièrement une cure thermale et les autres. Malgré des remboursements moindres, certains continueront à aller en cure car ils en ont besoin et ils se priveront sur autre chose. Par ailleurs, les stations évoluent avec le développement de la remise en forme qui n’est pas remboursée par la SS et s’adresse généralement à des personnes aisées. Je crois que désormais, les stations ont pour objectif d’accueillir une autre catégorie de clientèle…
L’Unatherm se bat pour la survie du thermalisme qui apporte du bien-être, c’est prouvé : moins d’arrêts de maladie, moins de séances de kiné, moins de médicaments. Le curiste doit pouvoir suivre sa cure là où elle est la plus bénéfique pour lui. Ce n’est pas à l’Administration d’en décider à sa place ! Les cures médicalisées restent notre priorité et nous espérons le soutien des directeurs d’établissements thermaux et du Conseil National des Exploitants.

• Venons-en maintenant à la ville de Jonzac. En tant que curiste, y-a-t-il des améliorations à apporter et un message à faire passer au maire Claude Belot ?

C’est une ville intéressante. En 20 ans, elle a changé ! Toutefois, je constate que l’extérieur de la ville s’est beaucoup développé, avec les Antilles par exemple, au détriment du centre ville. Je voudrais attirer l’attention du maire Claude Belot sur les navettes qui sont proposées aux curistes (entre 80 et 90 euros les trois semaines) : alors que d’autres stations proposent leur gratuité, pourquoi Jonzac nous a-t-elle opposé trois refus successifs ?
Autre problème qui va peut-être faire sourire, mais est bien réel : les nombreux ralentisseurs implantés dans les rues de la ville, à croire que le maire a eu un prix de gros de la part du fournisseur. Claude Belot a-t-il réalisé que dans les navettes, les curistes souffrant de rhumatismes sont « à l’épreuve » à chaque franchissement d’un ralentisseur ? Lui a sans doute de bons amortisseurs à sa voiture pour ne pas en souffrir ! Certains curistes ne veulent plus prendre la navette en raison des douleurs que provoquent les ralentisseurs. La ville aurait dû opter pour des ralentisseurs longs qui sont moins contraignants. Je prends un exemple tout simple : mon mari, qui a été opéré sept fois du dos, se rend désormais à la cure en vélo en évitant les « obstacles » !

Les nombreux ralentisseurs installés dans Jonzac amoindrissent effectivement la vitesse. Toutefois, ils sont la bête noire de curistes et des automobilistes dont les voitures souffrent à chaque franchissement. Curieusement, il n'y en a pour se rendre aux Antilles et au Centre des Congrès, ni devant l'hôpital...
• Au sujet des commerces, devraient-ils être ouverts le dimanche  ?

Etant pour la liberté individuelle, le fait que des commerces soient fermés le dimanche ne me dérange pas. Je défends la vie de famille ! Si l’on s’y prend bien, le dimanche matin, la boucherie Haut est ouverte, la boulangerie de la Porte de Ville l’est toute la journée et vous avez des producteurs autour du marché et en différents lieux de la ville. Sans compter les grandes surfaces. Vous pouvez donc approvisionner votre réfrigérateur sans problème. Côté restaurant, nous allons déjeuner à Pons, au Français, et au Coq d’or à Jonzac quand il est ouvert.
De nombreux commerçants de Jonzac soutiennent les actions de l’Unatherm et je les en remercie. Côté visites, nous allons à Royan, La Rochelle et Saintes est ma ville de prédilection. Au fil des années, Jonzac a amélioré son réseau routier extérieur, les rocades par exemple. Par contre, le centre ville pourrait être plus accueillant : on remarque des saletés dans les rues et les deux roues qui pétaradent peuvent être incommodants pour l’environnement !
Jonzac pourrait être beaucoup plus agréable pour les curistes qui essuient parfois des réflexions. Pour preuve, celles dont j’ai été victime et qui m’ont peinée, je dois l’avouer. En ville, une personne devant ma plaque d’immatriculation en 14, a lancé « encore une connasse de curiste ! Vous prenez les places, on ne peut plus se garer. Sans vous, on est dix fois plus heureux », ce à quoi j’ai rétorqué « Madame, avant de dire du mal des curistes, pensez que votre ville a évolué grâce à eux ! ». Une autre fois au Centre Leclerc où une personne était exaspérée de faire la queue à la caisse et accusait les curistes d’en être la cause. Tout cela a eu lieu en 2017. Il est choquant de recevoir des remarques aussi désobligeantes…

Réunion d'information à Jonzac au Camping des Castors
• Finissons par une note optimiste !

Je voudrais saluer les employées des Thermes de Jonzac pour leur gentillesse et leur patience. Elles ont toujours le sourire malgré le nombre croissant de curistes, près de 16000 cette année. Le directeur Serge Espin fait ce qu’il peut, mais il a une hiérarchie au dessus de lui…

Dominique Berthelot et Serge Espin
• Dominique Berthelot : « A Jonzac, les personnes qui avaient la carte d’invalidité ne payaient pas le taxe de séjour, ce n’est plus le cas désormais et je le déplore. Pour valoriser son image, la ville devrait instituer la gratuité des navettes. Les commerçants étaient prêts à y participer pour un tiers, La Chaîne Thermale pour un autre tiers et la ville était sollicitée pour le troisième. Malheureusement, elle a refusé ».

• Coût de la taxe de séjour à Jonzac pour deux personnes 42 euros, de la navette 80/90 euros pour les trois semaines, de la taxe thermale selon les orientations 32 euros.

• Le budget 2018 de la SS vient d’être voté : « C’est une copie conforme de celui de Marisol Touraine ». A noter que les médicaments traitant l’arthrose ne sont plus remboursés en France, y compris les génériques.

•  UNATHERM (association reconnue d'intérêt général) - unatherm@wanadoo.fr 
Contact : 0231965059 ou 0685352291
L'association défend le thermalisme ainsi que les citoyens dans tous les domaines ayant trait à la santé, de manière collective ou individuelle, dans tout l'hexagone. C'est ainsi qu'en 2008, sous le gouvernement Sarkozy, elle a obtenu la revalorisation des pensions minimum vieillesse de 25% sur 5 ans. Idem pour les bénéficiaires de l'allocation adulte handicapé.
Ses actions ont également permis l'instauration de la loi n°2014-459 du 09/05/2014 afin que tout salarié puisse désormais donner tout ou partie de ses RTT ou congés payés à un collègue, afin que ce dernier puisse rester au chevet de son enfant atteint d'une grave maladie, d'un handicap ou d'un accident rendant indispensable une présence soutenue et des soins contraignants (cette loi a été appelée "loi Mathis"). En 2015, elle a été élargie aux fonctionnaires. À ce jour, des démarches ont lieu avec le Ministère du Travail pour étendre cette mesure aux conjoint(es) qui se trouvent dans cette même douleur.
Individuellement, l'Unatherm aide les personnes à constituer des dossiers de demandes de retraites, de pensions de réversion (revoir aussi avec les administrations concernées des montants de pensions erronés), instruire des demandes d'AAH, aider les patients faces aux MDPH (et à leurs complexités administratives), etc..
L'Unatherm est en relation avec les ARS, la DGCCRF, le Ministère de la Santé, la CNAMTS, etc.

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