mercredi 15 novembre 2017

Comment voyez-vous l’avenir du territoire de la Communauté de Communes de Haute Saintonge à l’horizon 2030/2040 ?

En dynamisant un territoire rural victime de désertification dans les années 80, Claude Belot - via deux instances, le Contrat le Pays et la CDCHS - a donné un souffle nouveau au Sud Saintonge, élan indispensable quand d’autres secteurs se sont étiolés ou stagnent malgré des atouts évidents. Le schéma de cohérence territoriale, le fameux SCOT en cours d’élaboration, permettra de dresser les grandes orientations pour les vingt ans qui viennent.

Réunion publique au centre des congrès de Jonzac
Les représentantes du cabinet EAU, Claude Belot, Jean-Michel Rapiteau, Bernard Louis Joseph, Chantal Guimberteau, Jacky Quesson
Entendre parler d’horizon 2030/2040 par Claude Belot, président de la CDC de Haute Saintonge, restera un grand moment pour le public présent à la réunion organisée au centre des congrès lundi dernier. Aux côtés des conseils départementaux et du cabinet parisien EAU, cet élu en poste depuis près d’un demi-siècle (il été élu conseiller général en 1970), n’a pas vu le temps passer et l’avenir, il en parle avec cette conviction que constitue l’expérience.
Comme Louis XIV, il a toujours gouverné par lui-même et les "lieutenants" qui l’entourent et dont il a favorisé l‘élection tant au Sénat (Bernard Lalande, Daniel Laurent) qu’à l’Assemblée Nationale (Raphaël Gérard) ou encore au Conseil départemental (Christophe Cabri) ont une ligne directrice : l’aider à faire avancer ses projets !
Contrairement à d’autres villes, les successeurs de Claude Belot seront chanceux en ce sens où il aura été l’initiateur des structures qui permettent aujourd’hui à Jonzac de tirer son épingle du jeu. En effet, cette sous-préfecture ronronnante et un peu vieillissante a prospéré quand la station thermale a vu le jour en partenariat avec la Chaîne Thermale du Soleil.16000 curistes actuellement : les retombées économiques sont réelles. C’est là que réside l’activité principale de Jonzac, sans oublier des entreprises dont Radoux, Delpierre ou des établissements publics (hôpital, lycée, etc). Se sont ajoutées des réalisations financées par la CDCHS, complexe aquatique des Antilles, nouveau centre des congrès. Sur la ZAC du Val de Seugne, un nouveau quartier est né, qui bénéficie de toutes les largesses, à mettre en réseau avec le centre ville, lequel connaît des hauts et de bas. Bien entendu, il n’y a pas que Jonzac en Haute Saintonge ! Lors de leur exposé, les représentantes du cabinet EAU, chargé d’élaborer le SCOT, l’ont rappelé.

Etat des lieux
Le SCOT définira les grandes orientations pour les 20 prochaines années en répondant à ces questions : quel développement économique ? Quels impacts la révolution numérique va-t-elle apporter avec le e-services, le télétravail, les espaces de coworking ? Qu’en sera-t-il de la transition écologique ? Comment anticiper et accompagner le territoire face aux mutations et évolutions des modes de vie, de consommation et quels sont les enjeux d’attractivité pour les actifs et les séniors ?

Claude Belot : « Cohésion, ça veut dire partage »

Si sa ville est relativement privilégiée (malgré sa petite taille, moins grande que Saint-Germain de Lusignan), Claude Belot a bien conscience de la prise en compte du territoire dans son intégralité. « A Jonzac, nous avons choisi de classer les coteaux en zone non constructible afin de ne pas pénaliser les agriculteurs. Mais nous avons perdu ainsi des parcelles qui auraient pu accueillir des habitations. C’est un choix » dit-il. « Il s'agit de trouver le juste milieu en conservant de l’ambition. Le territoire de la Haute Saintonge a la forme d’une corne d’abondance, disons d’un cornet de glace. Des vignobles de la région d’Archiac où la moindre parcelle vaut un prix exorbitant à la pointe Sud, nous devons imaginer des développements générant des richesses ». Les opportunités varient selon qu’on soit près de Cognac ou de la Genétouze !
La Double Saintongeaise, comme on l’appelle, possède quelques belles entreprises liées au bois et à l’exploitation de la terre blanche. Côté tourisme, le futur labyrinthe de Montendre ouvrira au public en 2018. Il devrait attirer des visiteurs venant s’amuser et se perdre dans les pinèdes de cette ville qui n’a pas su tirer partie de sa richesse patrimoniale (le site historique de la célèbre Tour Carrée est totalement sous-exploité depuis des décennies).


L'attractivité du territoire
Le SCOT nécessitera deux ans de travail : « Qui voulons-nous être demain tout en partant d’un territoire déjà organisé où la solidarité est forte ? » précise Claude Belot. Riche de 129 communes, la CDCHS compte 67357 habitants (progression de 0,6% par an), la densité au km2 est de 39 habitants. Le nombre de logements est de 37881 avec une progression de 449 par an ; le pourcentage de résidences secondaires atteint 9,3% et le nombre de logements vacants 11,2%. On compte environ 100 actifs pour 88 emplois (70% des personnes travaillent) : « on vit et on travaille sur ce territoire, nous avons une ossature économique réelle. C’est exceptionnel pour une zone rurale » remarque le cabinet EAU. Le tourisme vert contribue également à valoriser la région.
En ce qui concerne les sources d’énergie, Jonzac a montré l’exemple très tôt avec le réseau géothermique. Sont venus ensuite les panneaux photovoltaïques, le bois, la biomasse, le biogaz. Le but recherché est de donner une autonomie grandissante dans ce domaine.
Et l’attractivité ? La CDCHS ne se positionne pas comme la couronne périurbaine de Bordeaux, mais semble au contraire multiplier les influences, tant locales que régionales ou franciliennes. A noter l’installation importante de seniors et retraités qui ont craqué pour les attraits locaux.
Le SCOT a un triple contenu : établir un diagnostic et un état initial de l’environnement qui mettent en évidence comment fonctionne le territoire, les tendances à l’œuvre, les besoins, les enjeux et les opportunités ; un projet d’aménagement et de développement durables (PADD) traduit par les choix opérés ainsi qu’un document d’orientations et d’objectifs (DOO) qui précisera les actions à concrétiser et donner corps à la stratégie.

Quels défis à relever ? Numérique, formation des jeunes…


Tout d’abord, il y a le maillage numérique (question d’un élu de Boisredon), essentiel pour les entreprises et les ménages. Dans ce domaine, le Département s’est engagé pour les années qui viennent. « Le réseau n’est pas catastrophique partout. Le problème, c’est le maillage fin. Le Département va dépenser 300 millions d’euros, la desserte complète FTTH (Fibre optique jusqu'au domicile) sera terminée en 2022 » répond Claude Belot. L’autre grand point est la formation des jeunes, de nombreuses entreprises ne trouvant pas de personnel qualifié. Il faudrait donc faire correspondre l’offre à la demande.


• Deux poids, deux mesures ? Question d’un conseiller municipal de Chevanceaux : « en Gironde, on peut construire à 30 mètres d’un axe routier, chez nous à 75 ». Conseil : le PLU de Chevanceaux devra intégrer une étude justificative à ce sujet et le SCOT peut effectivement préconiser de nouvelles dispositions.
• Le responsable d’une association de Semoussac souligne l’importance de réduire les éclairages nocturnes en raison de la pollution lumineuse : « j’ai écrit quatre pages sur le registre de concertation » dit-il. L’arrêté d’extinction ne serait pas respecté sur le territoire : « Pourtant, il s’agit de politique publique. La consommation exponentielle a des effets négatifs sur l’environnement ».
• A la Clotte, on s’interroge sur la possibilité de produire de l’énergie hydraulique à partir des cours d’eau, dans le cadre de la transition écologique. Claude Belot n’est pas contre à condition que le débit des rivières soit suffisant (comme le Lary). Et d’ajouter : « prochainement, 20% de l’électricité de Haute Saintonge viendront du soleil à partir des panneaux photovoltaïques à Bedenac, Le Fouilloux, Montguyon, etc. Nous aiderons tous les projets qui peuvent être intéressants ». A noter que des ambassadeurs de l’énergie, mandatés par la CDCHS, peuvent se rendre chez les particuliers pour leur donner des informations sur les réductions énergétiques, les nouveaux procédés. N’hésitez pas à les contacter (CDCHS).
• Le maire d’Archiac se demande, quant à lui, quelle sera la souplesse du SCOT. Des adaptations pourront être faites puisqu’il faut faire vivre le document qui comportera des objectifs chiffrés.

Bref, cette réunion était la première étape d’une aventure collective. En se séparant, Claude Belot souhaita aux représentantes du cabinet EAU « d’être toujours aussi pimpantes dans deux ans ». Ce qui provoqua les rires de l’assistance. Il y a du boulot sur la planche, en effet…


• Un registre de concertation est ouvert aux habitants de la CDCHS qui peuvent y exprimer leurs idées (4 rue Taillefer à Jonzac), de même des documents explicatifs sont téléchargeables sur le site internet de la CDCHS.

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