mardi 2 mai 2017

Futurs médecins, le département de Charente-Maritime vous propose une bourse d’études

Le coup de pouce du Conseil Départemental aux généralistes

Avec Loïc Denat qui a signé jeudi dernier à Saintes une convention le liant au Conseil départemental, ils sont désormais treize étudiants en médecine (internes) à avoir choisi d’exercer au moins durant quatre ans dans un secteur de Charente-Maritime où l’absence de médecins généralistes est préoccupante. Une démarche ambitieuse que Corinne Imbert, vice-présidente chargée des affaires sociales, a présentée. Elle symbolise l’engagement de la collectivité face aux problèmes que pose la désertification médicale dans certains endroits, l’Est et le Sud Saintonge en particulier.

Loïc Denat, 25 ans, interne en médecine aux côtés de Corinne Imbert, vice-présidente du Conseil départemental et Marie-Christine Bureau, conseillère départementale du canton de Pons/Saint-Genis de Saintonge
 Jeudi matin, à l’annexe du Conseil départemental de Saintes, avait lieu la signature de la treizième convention liant le Département à un futur médecin généraliste désireux de s’installer dans une zone de désertification médicale de Charente-Maritime. Il s’agissait en l’occurrence de Loïc Denat, natif de Saint-Sever, près de Pons. En septième année de médecine, cet interne s’apprêtait, le lundi suivant, à rejoindre les urgences de Bressuire dans le cadre de son second stage. L’internat en comporte six jusqu'à la soutenance de thèse.

Corinne Imbert, chargée des affaires sociales au Département, a décrit le dispositif qui n’est pas propre à la Charente-Maritime puisque le premier département à avoir réagi est l’Allier. Cette démarche part d’un constat : « seuls 31% des médecins partis en retraite ont été remplacés en 2009 et cette tendance s’est confirmée en 2010 avec des disparités plus ou moins fortes selon les cantons, les zones les plus fragiles se trouvant à l’Est et au Sud ». Fini l’époque où les médecins vendaient leur clientèle et où les successeurs se bousculaient au portillon. Non seulement, les généralistes se font plus rares, mais pour pallier la situation, les communes n’hésitent pas à construire des maisons de santé pluridisciplinaires - c’est le cas de Mirambeau par exemple - pour regrouper différents professionnels. Le Département, comme l’a rappelé Corinne Imbert, n’intervient pas dans l’immobilier laissé à la charge des praticiens ou des décideurs locaux, elle aide directement les étudiants à poursuivre leurs études via une bourse allouée sur trois ans, jusqu’à leur installation. Le « pacte » comporte une clause : rester pendant quatre ans dans la zone choisie une fois leur thèse soutenue (sinon, ils doivent rembourser !).

Le lancement du dispositif a été assorti d’une campagne menée auprès des facultés de médecine de Poitiers, Bordeaux et Limoges ; des infos sont également disponibles sur le site internet du Conseil départemental. A Jonzac, dernièrement, la Communauté de Communes a invité des internes de Poitiers à découvrir la ville afin de susciter des vocations en Haute-Saintonge. Et pour cause, les médecins généralistes de Jonzac, dans leur grande majorité, sont appelés à prendre leur retraite dans les années qui viennent. 
« La lutte contre la désertification médicale est une priorité. En effet, l’offre médicale est satisfaisante sur le littoral atlantique et les grandes villes, ce qui n’est pas le cas dans certaines zones rurales. Il était de notre responsabilité d’agir. En 2015, selon les statistiques, les fins d’activités ont été supérieures aux installations. Notre démarche auprès des étudiants, en partenariat avec l’ARS et l’Ordre des médecins, a commencé en 2011 ». A noter que les zones sensibles définies par le Conseil départemental peuvent évoluer en fonction de l'état des lieux.

Loïc Denat a donc signé officiellement la convention d’engagement réciproque. Natif de Saint-Sever, il a toujours voulu être médecin et envisage de s’installer vers Saintes ou Pons. Après avoir effectué son premier stage de six mois chez les dr Pierre-Louis Guillet à Pisany, Isabelle Nau à Montpellier de Médillan et Christian Vignaud à Corme-Royal, il poursuit son internat aux urgences de Bressuire dans les Deux-Sèvres. Ce premier stage en cabinet (une nouveauté cette année) lui a permis d’entrer de plain pied dans la médecine générale. A son départ, certains patients lui ont demandé s’il allait revenir une fois ses études terminées. Preuve que le courant passait bien ! « Notre action n’est pas seulement d’attribuer une bourse, elle est également faite pour inciter les jeunes médecins à choisir les territoires ruraux qui disposent de nombreux atouts. Notre but est qu’ils s’y sentent bien et qu'ils veuillent y rester ! » conclut Corinne Imbert.


Corinne Imbert : « La Charente-Maritime compte 770 médecins généralistes, 48% d’entre eux ont plus de 55 ans. Il nous faut donc anticiper ».

• Le Département a débloqué une enveloppe de 100.000 euros. La bourse est de 800 euros/mois la première année, 1100 la seconde et 1600 la troisième (soit un total de 42.000 euros). Suivra ensuite la soutenance de la thèse et l’installation. A noter que l’aide attribuée par la Charente-Maritime est supérieure à celle d’autres départements. Une deuxième aide peut être obtenue auprès du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.
Cette bourse ne concerne que les médecins généralistes et non les internes ayant choisi une spécialité.

• Pourquoi manque-ton de médecins généralistes ?
Tout est lié au « numerus clausus », nombre de places offertes aux étudiants lors du concours d’entrée en médecine (205 à Poitiers). La pénurie en médecins généralistes est devenue criante dans les années 2000. Le numerus clausus a alors été relevé. Il était malheureusement trop tard du fait des 10 ans nécessaires pour « fabriquer » un médecin libéral opérationnel. L’énorme creux des années 1985-2005, qui aurait dû être corrigé dix ans plus tôt, est impossible à rattraper. D’où la situation actuelle. Par ailleurs, de nombreux étudiants en médecine optent pour la médecine hospitalière.

Cette bourse constitue un plus financier qui aidera le futur médecin à installer son cabinet
• Ils se sont installés : Quentin M. à Matha depuis 2014, Gabriel H. à Archiac, Elrick K. à Archiac depuis janvier 2016, Anne-Claire P. à Matha depuis février 2016, Elsa M. à Jarnac Champagne avec le dr Bravin dans l’attente de l’obtention de sa thèse.
Patrick C., Nicolas C., Isaura D., Aurélie L, Vinessen P., Loïc D., Rudel B.R. et Christelle B. termineront leur troisième cycle entre 2017 et 2019. Ils projettent de s’installer dans le Sud Saintonge (Montguyon, Saint-Aigulin, Jonzac, Montendre) et dans l’Est.

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