lundi 8 mai 2017

Macron et les vengeurs masqués

Même si tout lui réussit, Emmanuel Macron ne devrait pas tarder à rencontrer l’adversité. Dérangeant les apparatchiks et autres « arrangements »,  il en cristallise des jalousies, le jeune et nouveau président ! 


Une première élection et le voici au poste suprême quand d’autres en rêveront toute leur vie ! Un premier mouvement et voici que ce courant made in France passe auprès des électeurs ! De quoi dégoûter tous ceux qui vivent accrochés à leurs partis comme des moules à leur rocher.

Depuis dimanche soir, Emmanuel Macron est devenu le patron. Il y a toutefois un bémol. Pour gouverner, il a besoin d’une majorité au Palais Bourbon. Et c’est alors qu’entrent en scène les prétendants, dagues cachées dans leurs chausses. Depuis que la politique est devenue un job lucratif, le poste de député est envié. C’est lui qui procure le gîte et le couvert financier. Avec ou sans attaché(e)s.

En compliquant la vie politique, En Marche est un vrai casse-tête pour les parlementaires sortants : tu fais comment pour être réélu si tu es PS ou Républicain, ces deux partis ayant été évincés au premier tour de la Présidentielle ? Il existe plusieurs solutions : soit tu plaques ton ancien parti pour vivre de nouvelles et passionnantes aventures (de la stratégie politique !) ; soit tu pactises en secret avec le nouvel arrivant pour qu’il t’accorde sa bienveillance et tu aviseras par la suite (pas de candidat en face) ; soit tu restes avec tes anciens héros et fais courageusement ta campagne. Après tout, les électeurs te connaissent sur le terrain ! Les autres sans doute un peu moins. Dernière possibilité : tu ne te représentes pas.

Actuellement, la nature humaine et ses multiples facettes transpirent l’incertitude. Prenez Jean-Pierre Raffarin, l’ancien Premier Ministre de Jacques Chirac, il serait en pleine love affair avec Macron (« la droite doit l’aider à réussir » clame-t-il) tandis qu’Alain Juppé doit rigoler intérieurement : l’heure de la revanche aurait-elle sonné pour lui qui fut écarté sans ménagement par la primaire de la droite et du centre ? A droite précisément, Baroin veille à l’hémorragie. Si Sarkozy veut restaurer le parti des Républicains, il doit conserver des représentants et des militants. Sinon, à quoi bon qu'il se décarcasse ? Le Front National, quant à lui, prépare sa nouvelle collection printemps-été.

A gauche, c’est un peu différent. Les vierges sont nettement moins effarouchées et les Insoumis ont pris la poudre d’escampette pour rejoindre leur Jean-Luc préféré. Apaisé, Hollande ne cache même plus ses sentiments. Il a montré, en ce 8 mai, la satisfaction d’avoir son Emmanuel à ses côtés. Emmanuel, dans son sens littéral, veut dire « Dieu est avec nous ». On comprend que l’ex-président de la République soit aux anges. L’avènement du divin enfant lui rend plus douce la sortie du palais. Qu’importe les sans-dents et bientôt les sans circonscription, lui n’a pas à craindre les lendemains.

A la veille des Législatives, l’effet Macron risque de provoquer dans la sphère politique des réactions inattendues, des tensions, des rapprochements et des ruptures. Attention aux vengeurs masqués ! Depuis sa création, direz-vous, la turbulente Assemblée Nationale en a vu d’autres.

Pour l’instant, les Français attendent la composition du prochain Gouvernement. De nouveaux visages sur l’échiquier sont annoncés. Du vieux avec du neuf ; du neuf avec du vieux ? Suspense…

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