lundi 22 mai 2017

Raphaël Gérard, candidat aux élections législatives : « Avant Emmanuel Macron, je ne m’étais jamais engagé dans un courant politique car aucun ne me convenait totalement »

Raphaël Gérard est candidat de la République en Marche aux Législatives sur la quatrième circonscription Jonzac/Royan. Habitant Lonzac (dans l’ex-canton d’Archiac), ce Lorrain d’origine est chargé de la valorisation du patrimoine de la Maison Hennessy à Cognac. Il appartient à cette génération qui croît, comme Emmanuel Macron, que la modernisation du pays est liée à la conjugaison des talents et des synergies et non à la désignation d’hommes et de femmes politiques par les apparatchiks. Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice à condition d’y contribuer dans un esprit constructif et collectif, et non dans l’intention de renforcer les rangs d’un parti. 
Les résultats de cette Législative 2017 seront intéressants en ce sens où l’on saura si les Français souhaitent changer d’oxygène. Oseront-ils rompre avec le passé en cautionnant un Gouvernement qui possède à sa tête un Président de 39 ans ? Lui donneront-ils une majorité parlementaire ? Question ! Dans ce cas-là, les deux grands blocs gauche/droite (PS et LR), qui alternent depuis des lustres selon le balancier électoral, seront fort embarrassés…
Rencontre avec Raphaël Gérard partant sur un territoire tenu jusqu’alors par Dominique Bussereau (Les Républicains) qui n’a pas souhaité se représenter pour se consacrer à la présidence du Conseil départemental.


Raphaël Gérard au milieu de lycéens samedi matin place du château à Jonzac
• Raphaël Gérard, les habitants de la quatrième circonscription de Jonzac/Royan où vous êtes candidat à la députation vous connaissent peu. Pouvez-vous vous présenter ?

Je vis dans la circonscription, à Lonzac, depuis quelques années. Je suis natif d’un petit village de la Lorraine du Sud, plutôt agricole. J'ai fait mes études à Paris, à l’Ecole du Louvre.  J’ai débuté ma vie professionnelle dans une collectivité territoriale où j’étais responsable d’un musée de la région parisienne, sur un statut d’attaché de conservation du patrimoine, avant de prendre la direction du musée de Montmartre. Ensuite, j’ai fait le choix de travailler dans le secteur privé pour Louis Vuitton pendant six ans. J'étais chargé des grands projets d’exposition patrimoniaux à l’international. Une tâche passionnante ! J’ai eu la chance de faire le tour du monde, de la Chine aux Etats-Unis en passant par l’Argentine. En matière d’expérience professionnelle, c’est très formateur. Quel est le regard porté sur la France à l'étranger ; quel est le rapport au travail d’un pays à un autre ? Cet éclairage est intéressant.
Depuis 2012, je travaille à Cognac pour la Maison Hennessy qui m’a confié un projet ambitieux de valorisation du patrimoine dans le cadre de ses 250 ans. Organisation des archives, gestion des documents, univers de la viticulture, débats de fond qui ont animé le monde du cognac. S’y ajoute l’action culturelle qui comprend à la fois le circuit de visites et des spectacles qui mettent en scène différentes disciplines. La programmation attire un nombreux public.

• Quand avez-vous rejoint Emmanuel Macron et le Mouvement En Marche ?

J’ai une forte conscience politique et j'ai toujours eu des débats passionnés avec ma famille ! Quand j’étais étudiant, j’ai mené une action militante associative dans la lutte contre le sida avec Sol En Si qui s’adressait aux familles victimes ou touchées par le sida.
Jusqu’à présent, je ne m’étais jamais engagé auprès d’un parti politique car aucun ne me convenait totalement. J’ai rejoint le mouvement En Marche après la déclaration de rassemblement d’Emmanuel Macron. Je me suis alors beaucoup impliqué sur les réseaux sociaux et auprès de mes amis.
Quand j’ai déposé ma demande d’investiture aux Législatives auprès des équipes d’En Marche à Paris, j’ignorais quelle en serait l’issue car je n’étais pas le seul postulant !
Désigné officiellement, je suis en campagne. Des réunions sont programmées ainsi que des rencontres avec les élus et les acteurs de terrain pour me présenter et échanger. Mes premiers contacts sont avec le maire de Jonzac, Claude Belot, et les élus du secteur d'Archiac. La dynamique d’En Marche étant ascendante, il sera question d’aménagement du territoire, d'économie, tourisme, viticulture.
Notre objectif est de donner une majorité parlementaire à Emmanuel Macron pour qu’il puisse mener à bien ses projets. Aux grands chantiers, développement, amélioration du pouvoir d’achat, s’ajoutent les préoccupations des habitants de la quatrième circonscription qu’il est important d’aborder. Le rôle du parlementaire est d’être un lien entre le terrain - élus, associations, professionnels - et le Gouvernement.
Le projet de gare à Neuvicq, par exemple, est un vrai challenge. Pour avoir suivi le même débat dans la région d’Angoulême, je constate que les efforts déployés en Haute-Saintonge sont constants. Quand Emmanuel Macron dit « qu’il faut encourager la mobilité », une gare qui desservira un creuset de population de plus de 300.000 habitants est un véritable enjeu. Nous devons également œuvrer avec les départements limitrophes, Gironde, Dordogne, Charente en élaborant des dynamiques communes.

• La campagne sera brève puisque les élections auront lieu les 11 et 18 juin. Qui est votre suppléante ?

La campagne sera effectivement courte. D’où l’importance d’une bonne organisation et mobilisation. Ma suppléante est Evelyne Delaunay, l’épouse du maire de Chenac Saint-Seurin d’Uzet. C’est une femme dynamique et engagée qui porte un projet de musée du caviar. C’est une bonne idée qui entre dans le cadre de l’attractivité du territoire. Nous avons de nombreux points en commun.

Evelyne Delaunay a été distinguée par l'Académie de Saintonge 
pour son projet de musée du caviar à Saint-Seurin d'Uzet
• Vous travaillez pour un groupe puissant dans le cognac. Si vous êtes élu, ne risquez-vous pas d’être "partagé" entre les intérêts de votre créneau professionnel et ceux de la collectivité ?

Un aspect du programme d'En Marche est la moralisation de la vie politique. Pour moi, il est clair qu’il n’y aura pas concomitance entre l'activité de mon employeur et celle de député. Je pense qu’un député doit être sur le terrain et à l’Assemblée Nationale. C’est pourquoi, si je suis élu, je mettrai en marge mon activité professionnelle. J’ai averti mon DHR la semaine dernière, l’informant que je menais une campagne électorale. Quand j’ai soumis ma candidature au comité d’En Marche, j'ai agi avec de vraies convictions. Ce n’est pas une fantaisie de ma part ! Ma carrière, atypique, m’a donné un certain nombre d’atouts. Il y a des moments dans la vie où il faut avancer. J’aime la région et j’ai envie de m’investir.

• A vos yeux, quelles sont les qualités du nouveau Président Emmanuel Macron ?


Il est brillant, cultivé, possède une vraie vision et une capacité à casser les codes. Je suis convaincu que les Français attendent un homme comme lui, même si le discours est un peu brouillé actuellement par de vieux réflexes d’opposition. Les Français veulent que les élus travaillent ensemble. Les programmes des uns et des autres ne comportent pas de divergences colossales quant aux grandes questions gouvernementales. La véritable opposition se joue aujourd’hui entre les progressistes et les conservateurs. A droite, à gauche, au centre, des gens sont prêts à prendre le risque de sortir d’un appareil pour travailler dans le même sens, comme le démontre la composition du nouveau Gouvernement.
Travaille-t-on pour un appareil politique ou pour les citoyens ? C’est la question qui est posée. Emmanuel Macron l’a dit dès le départ : l’étiquette politique n’est pas très importante à partir du moment où il faut dynamiser l’économie, créer des emplois, favoriser l’égalité des chances.

• Vous êtes sur une circonscription où les « richesses » sont réparties d’inégale façon, du florissant tourisme royannais aux secteurs ruraux qui rencontrent des difficultés ?...

Les choses bougent. Il ne faut pas opposer le tourisme de Royan à l’agriculture et la viticulture en Saintonge. La nature de l’économie est différente, mais il y a certainement des passerelles à créer. Pour avoir travaillé le sujet, l’œnotourisme est un réalité. Prenez par exemple le succès remporté par la cité du vin à Bordeaux. Il faut créer des synergies entre les régions viticoles qui ont des points en commun.
La ville de Bordeaux draine un tourisme fluvial qui remonte l’estuaire de la Gironde. Il y a des spécificités à développer. Nous avons un nombre important de croisiéristes américains qui viennent pour découvrir le vin : on leur montre le Bordelais, un peu la région de Cognac, mais on peut aussi leur présenter des expériences en biodynamie sur les bords de l’estuaire. Tout cela doit s’organiser en  dehors des frontières administratives. La philosophie d’En Marche est de dire « on a des intérêts communs. Ne travaillons pas les uns contre les autres, mais ensemble pour tirer partie de nos atouts ». L’estuaire, c’est à la fois la Charente-Maritime et la Gironde avec une vraie logique de bassin à la fois culturelle, naturelle et économique.

• Vous estimez que ce manque de passerelles et de dialogue nuit à l’essor des territoires ?

En effet. Revenons à la Petite Champagne. Aujourd’hui, la question des droits de plantation est un sujet sensible entre la positon du négoce et celle de la viticulture. La balle est dans le camp de l’interprofession en partenariat avec les décideurs locaux. En bon "macroniste", il y a sans doute une position intermédiaire à trouver.
On est sur un produit naturel, la vigne mettant cinq ans avant de produire. Des mesures sont à prendre parce que les ambitions du négoce sont fortes. Dans les années à venir, le risque serait que la région ne soit pas en mesure de répondre à la demande et que le marché soit déstabilisé.
Pour la première fois dans leur histoire, les viticulteurs sont dans une position de force, les prix montent tout seuls ! Pour cette raison, il faut se projeter dans l’avenir. Tout le discours que j’entends porter est « regardons devant ! On discute pour voir jusqu’à quel point on peut produire, sans que ce soit un risque, et jusqu’à quel point ceux qui sont en face s’engagent. Tout en tenant compte de la solidité des marchés ». Il n’est pas question de placer les viticulteurs dans les situations du passé où la surproduction avait entraîné des arrachages.
Par ailleurs, les ventes à l’export peuvent être fluctuantes en raison des règlementations des pays. La Chine en particulier est très stricte en matière de santé publique. La transition écologique est au cœur du sujet viticole.

• On parle beaucoup de pesticides…

En Charente, on est encore dans un système où ce sont les distributeurs de produits phytosanitaires qui font eux-mêmes le diagnostic des vignes de nos viticulteurs. D’autres régions ont su mettre en place des agences indépendantes avec des scientifiques qui donnent leurs points de vue sur l’opportunité des traitements et conseillent les producteurs. Ce type d’outil permet aux viticulteurs de « raisonner » leurs productions dans une recherche de qualité.

• Votre premier baptême du feu a eu lieu vendredi dernier sur France 3 à l’occasion d’un débat télévisé avec trois de vos concurrents, Loïc Girard (LR), Fabienne Dugas Raveneau (PS) et Lucie Kirchner (FI). Tout le monde n’était pas sur le plateau…

La rencontre a été courtoise. Ces trois candidats sont sérieux et engagés, certains étant sur le terrain depuis longtemps. Avec Lucie Kirchner, professeur de philosophe au lycée représentant la France Insoumise, nous sommes issus de la société civile et incarnons le renouvellement du "casting" politique. L’émission ne durait que 28 minutes et pouvait être suivie sur le net.
Sur les grands sujets fédérateurs, nous nous retrouvons sur la fracture numérique par exemple. Dans ce domaine, les territoires sont inégaux. Habitant Lonzac, j’ai du attendre deux ans et demi pour avoir une connexion à peu près fiable ! J’imagine la difficulté du viticulteur qui doit envoyer ses déclarations par internet… Ce sont des sujets qui nous préoccupent tous ; ensuite chacun a sa méthode pour être efficace. Si je suis élu, ma logique sera de travailler avec les forces vives de la région.

• Manquait Benoît Biteau, candidat PRG bien connu pour ses engagements en faveur d’une agriculture respectueuse de l’environnement ? 

J’ai eu un échange avec son équipe sur l’agriculture biologique, le bio dans les écoles. Je suis forcément pour et confidence, je cultive moi-même mes salades ! On m’a également demandé si Hennessy envisageait de faire du cognac bio. Je ne vois pas comment c’est possible en raison du modèle de production et des assemblages. Ce serait forcément de petites séries.
En revanche, le créneau économique du bio est réel, c’est un boulevard pour les petits producteurs. On est sur une tendance mondiale baptisée "craft" qui valorise ces productions. Accompagner les agriculteurs, les viticulteurs dans leurs démarches, encourager leurs filières est un créneau que les élus doivent soutenir. Je me souviens d’un retour de Pékin où dans l’avion, j’avais rencontré Dominique Bussereau et des chefs d’entreprise de Charente-Maritime dans le cadre d’un partenariat qu’ils avaient entrepris avec la Chine : de tels échanges sont à poursuivre.

• Quel est votre slogan de campagne ?

En Marche ! Il correspond à une logique de rassemblement, on a assez perdu de temps à ergoter ! Ma volonté est de faire avancer le territoire en invitant tous ceux, de droite, de gauche et du centre, qui sont prêts à entrer dans une logique de coopération. Qu’ils nous rejoignent !

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