lundi 7 août 2017

« Trop, c'est trop » : Jean-François Moinet démissionne du conseil municipal de Chaniers

« Vous avez manqué à votre devoir de discrétion » rétorque le maire Eric Pannaud

Les réseaux sociaux occupant une place importante dans la communication, il est courant que des élus y fassent part de leurs réflexions sur des sujets donnés. Ainsi Jean-François Moinet, conseiller municipal de Chaniers et responsable d’un atelier en horlogerie, utilise ce vecteur pour y exprimer ses opinions, sur le fonctionnement communal en particulier. Impasse ? Il vient de démissionner de ses fonctions. Eric Pannaud, premier magistrat, aurait aimé plus de discrétion de la part d’un membre de son équipe…

Jean-François Moinet est spécialiste en horlogerie ancienne, un métier qui se fait de plus en plus rare. Il possède par ailleurs des compétences techniques 
dans le domaine de la distribution électrique
Le numérique a changé la donne de l’information. A une époque, pour se faire entendre, il fallait impérativement passer par la presse écrite ou les radios quand celles-ci trouvaient le sujet suffisamment intéressant pour le traiter. Quant à la télé, un scoop était vraiment nécessaire ! De nos jours, chaque internaute peut, via les réseaux sociaux, dire ce qu’il a sur le cœur et ce flux non "contrôlé" peut surprendre les édiles, voire les mécontenter…

Ainsi, cette histoire qui anime la commune de Chaniers dont Xavier de Roux a longtemps été maire. Jean-François Moinet, il le connaissait bien et pour cause, c’est un horloger spécialisé qui a pignon sur rue. Les montres de poche et la pendulerie ancienne du XVIIe siècle à nos jours n’ont aucun secret pour lui !
En 2014, il s’est présenté aux élections municipales sur la liste du successeur de XdR, Eric Pannaud. Victoire de ce dernier devant la liste conduite par Mme Quéré-Jélineau.
Jean-François Moinet est simple conseiller, mais il n’entend pas faire de la figuration : il s’intéresse à la vie de la cité et à sa gestion. Pour preuve, il n’hésitait pas à écrire à l’ancien magistrat quand quelque chose attirait son attention. Il en est de même avec Eric Pannaud qu’il alerte sur des affaires dignes d'intérêt. Jusqu’à ces jours derniers où il a annoncé publiquement sa démission en raison « d’une accumulation de dysfonctionnements ». Evidemment, tout le monde a été surpris et a cherché à en savoir davantage. En toile de fond, apparaît (entre autres) une « incompréhension » avec le directeur des services techniques, Sébastien Pardies.

« Avoir du bon sens »

Contacté, l’intéressé énumère plusieurs événements qui l’ont poussé à s’investir et à s’interroger : la lumière le soir à la mairie alors que logiquement, il n’y a plus personne à ce moment-là (explication, la DGS Caroline Birot travaille tard et ne compte pas son temps) ; la galopante consommation énergétique dans les bâtiments municipaux (mairie mal isolée, gymnase, écoles, etc) qui a conduit à un audit de 14000 euros et puis plus rien ; l’éclairage public resté allumé dans la journée ; les feux tricolores qu’on a voulu réactualiser pour un devis de 50.000 euros « alors qu’il convenait de changer les ampoules et de demander à une société de revoir la programmation en supprimant des boucles magnétiques. Bilan, la réparation a été inférieure à 1000 euros » ; les toilettes de l‘école Pasteur dont le devis se serait envolé ; une panne d’électricité, toujours à l’école qui aurait duré plusieurs heures handicapant les élèves : « il suffisait de relever le disjoncteur » ; l’accès « handicapés » de la Poste qui serait « raté » ; la mairie qui servirait de "garderie" le mercredi et enfin les arbres du Communal où plus de 300 peupliers ont été abattus, mais dont les souches n’ont pas été enlevées. Conséquence, la nature a repris ses droits. Des rameaux sont apparus faisant de la concurrence aux nouvelles plantations, charmes et hêtres, dont 10% des « effectifs » n’auraient pas survécu à la sécheresse. Cerise sur le gâteau, on a demandé à des bénévoles de couper les fameuses pousses, « ce qui ne résoudra pas le problème tant que les racines seront présentes »…
A chaque fois, ces questions ont généré des frictions et des tensions. Lassé, Jean-François Moinet a préféré rendre son tablier : « personnellement, je pense aux contribuables et quand je vois des devis s’affoler, je fais appel au bon sens et à l’efficacité. Je m’interroge aussi sur certaines compétences ».


Eric Pannaud : « j’ai l’obligation de protection des agents municipaux »

Le maire de Chaniers, Eric Pannaud
Cette situation, rendue publique par Facebook en particulier, n’est pas du goût du maire Eric Pannaud qui regrette le manque de concertation : « J’aimerais bien rencontrer J.F. Moinet pour en parler en tête à tête. Avoir une bonne concertation est essentiel. Je suis peiné par son attitude car c’est un ami. Lui a un devoir de réserve et moi, j’ai l’obligation de protection des agents municipaux ». En l’occurrence de Sébastien Pardies qui est en première ligne de tir.
Dans un courrier adressé à J.F. Moinet, le maire constate « ses manquements depuis plusieurs mois à son devoir de discrétion en tant que conseiller municipal. Vous abordez des dossiers traités en commission, des sujets ou travaux réalisés par les services techniques de la commune. Vos propos, diffusés sur les réseaux sociaux, sont ainsi rendus publics alors même qu’ils ne sont pas fondés, parfois erronés ou blessants à l’encontre de certains agents et élus. Je vous demande de cesser ces agissements et ces publications intempestives de propos diffamants. Je compte sur une prise de conscience de votre part ».

Jean-François Moinet a moyennement apprécié ce courrier. Il estime ne pas tenir de propos diffamants : « il s’agit uniquement de débats d’idées. Je ne comprends pas pourquoi on veut m’interdire de m’exprimer ». Au conseil municipal, il sera remplacé par Michel Naud, agriculteur en 23e position sur la liste. A ce jour, quatre personnes ont démissionné de l'équipe municipale dont Brigitte Beck-Boileau. Souhaitons que Chaniers saura raison garder…

• Ces tensions ne simplifient pas la vie de Jean-François Moinet et de Sébastien Pardies qui ont d’ailleurs un arrêt de travail de 15 jours…

5 commentaires:

Unknown a dit…

Pas toujours facile de se faire entendre quand on a des intérêts en face de soit. Comme dirait l'autre "il n'y a pas beaucoup de Jean Moulin"... Mais heureusement il y en a encore quelques uns et qui méritent d'être salués.

NRJ a dit…

Bonjour. Merci de ces informations bien nécessaires à de nombreux égards.
Toujours est-il que SUD OUEST a restreint l'article sur ces affaires à l'édition abonnés dès le lendemain de sa parution initialement en consultation libre, supprimant également les commentaires des citoyens. Personne n'est dupe.
Si s'exprimer devient un risque, (un élu aurait-il un devoir de réserve ???), s'il y a interférence entre presse et collectivités, alors la démocratie que certains semblent méconnaître est en danger.

NRJ a dit…

Bonjour.
Merci de ces informations bien nécessaires à de nombreux égards.
Toujours est-il que SUD OUEST a restreint l'article sur ces affaires à l'édition abonnés dès le lendemain de sa parution initialement en consultation libre, supprimant également les commentaires des citoyens. Personne n'est dupe.
Si s'exprimer devient un risque, (un élu aurait-il un devoir de réserve ???), s'il y a interférence entre presse et collectivités, alors la démocratie que certains semblent méconnaître est en danger.
Nathalie Raïssac-Jarrard

jeff a dit…

Ce sont nos collectivités en règle général qui sont défaillantes. L'élu, représentant du peuple, qui devrait être l'autorité est souvent un simple spectateur d'une technocratie pitoyable où l'on travail pour un système normatif et réglementaire, et de plus en plus éloigné des besoins. A cela s'ajoute les besoins purements personnels des citoyens, on en sort pas. Quand à la super collectivité locale nommée CDA , elle a installée une machine à reunionnite d'une totale inutilité. On éloigne de plus en plus le citoyen de l'administration, qui est de plus en plus pesante et couteuse.

Philippe a dit…

J'ai testé l'accès handicapé de la poste de Chaniers.

Est ce une blague pour camera cachée ou un délire personnel ?

Difficile à comprendre !