• Article publié en octobre 2014
L’île chère au cœur des Parisiens a un ennemi visible. L’envahisseur s’appelle algues vertes, comme en Bretagne. Le maire de La Flotte, Léon Gendre, tire la sonnette d’alarme.
Les algues vertes s'invitent sur la plage de la Flotte en Ré |
La Flotte n’est pas la seule commune concernée dans l’Ile de Ré par cet intrus. A Saint-Martin de Ré, Gilbert Andrieu dresse le même constat : « sur la plage de Vert Clos, j’ai remarqué d’année en année l’accumulation de ces algues qui pourrissent calmement à l’abri des remparts. J’ai aussi senti l’épouvantable odeur, je dirais même puanteur, que dégage ce coin qui pollue tout le quartier du Bastion par brise Ouest/Nord-Ouest. Rien ne semble entrepris pour remédier à ce dégagement super toxique d’hydrogène sulfuré et autres dérivés sulfurés ou soufrés. Certains jours, l’odeur couvre tout Saint-Martin ». A Ars en Ré, la situation n’est guère plus réjouissante sur la plage de La Marielle et Foirouse.
Inquiétudes
En défenseur de l’environnement (bien que n’appartenant pas aux Verts), Léon Gendre a lancé un signal d’alarme lundi dernier au Conseil général de Charente-Maritime. Les mauvaises nouvelles ont commencé avec la mortalité subite des moules « dont on ignore toujours la cause exacte ». Certains pointent du doigt les produits phytosanitaires (nitrates, engrais, pesticides, etc) utilisés en agriculture, lesquels se retrouvent dans les rivières. « Face à cette catastrophe qui concerne une soixantaine d’entreprises dans la région, des études ont eu lieu. Les agriculteurs ont réfuté toute implication. Le président de la Chambre d’Agriculture s’est mis en colère, aucun rapport n’ayant établi que les modes de culture étaient à l’origine de la pollution. De nombreuses voix se sont exprimées dont Serge Dallet, ancien mytiliculteur. Il estime que la surmortalité des moules n’est pas naturelle. Pour lui, les pesticides stagnant dans les fossés d’année en année ont pu se répandre et avoir des conséquences sur la qualité des eaux du Pertuis. Les eaux de la Sèvre Niortaise et du Lay sont-elles de bonne qualité ? Comme par hasard, elles aboutissent dans les périmètres où meurent les moules. Pour les spécialistes, la Sèvre Niortaise, tout comme la Charente, seraient parmi les cours d’eau les plus pollués de France ».
D’autant qu’aux moules, s’ajoutent les huîtres juvéniles et récemment les coquilles Saint-Jacques. Outre la mauvaise qualité des eaux, l’exploitation intensive de ces coquillages pourrait-elle expliquer une situation aussi critique ?
Léon Gendre, maire de La Flotte en Ré |
Lionel Quillet, maire de Loix |
Le réchauffement climatique peut-il à lui seul expliquer la prolifération des algues vertes ? |
Pour mieux comprendre et agir en conséquence, la CDA a demandé une étude au cabinet Ceva. Il sera chargé de déterminer les raisons de cette « invasion » qui concerne également la partie ouest de l’Ile d’Oléron. Le rapport devrait être disponible début 2015. On saura alors si les produits de l’agriculture intensive pourraient avoir leur part de responsabilité.
A ce sujet, comme en 2013, la Cour européenne de justice vient de condamner la France pour non respect de la directive sur les nitrates et les pollutions d’origine agricole…
Nicole Bertin
Extrait du Canard Enchaîné |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire