mardi 8 août 2017

Cérémonie en hommage aux deux aviateurs anglais morts à Jonzac le 6 août 1944


 Le 6 août 1944, durant la Seconde Guerre Mondiale, Robert Fletcher et Donald John Mac Rae, partis d’un aérodrome de Cornouailles, avaient pour mission de bombarder les forces ennemies en ciblant les voies ferrées françaises et plus précisément les convois y circulant. A bord de leur Mosquito, ils ignoraient que cette mission serait la dernière. Après avoir percuté la tête d’un ormeau près de la gare de Jonzac, leur avion tomba dans un fracas épouvantable, les tuant sur le coup.

Un monument a été érigé en souvenir de ces jeunes héros qui sont honorés chaque année par les autorités militaires et civiles. Aux côtés des anciens combattants, une importante délégation de la Royal Air Forces Association participe à la cérémonie. Dimanche dernier, la ville de Jonzac a honoré le sacrifice et le courage des deux soldats.


Cérémonie en présence de Claude Belot, du nouveau député Raphaël Gérard et Christophe Cabri

Discours de Bernard Lafarge, organisateur de la cérémonie : 

Le 6 août 1944, il y a maintenant 73 ans, dans l’inexorable temps qui passe depuis ce jour tragique, nous sommes à nouveau réunis ici, fidèle au rendez-vous de la mémoire, ne cédant rien à l’oubli pour rendre hommage à l’équipage de la Royale Air Force qui a perdu la vie à quelques pas de ce monument lors de l’attaque d’un train de munitions allemand. Le pilote Donald John Mac Crae avait 22 ans et son navigateur Clément Fletcher 24 ans.

 A 15 h 30, ce 6 août 1944 , sur la base aérienne de la 151éme escadre de la RAF de Predannack en Cornouailles, deux avions Mosquito, bimoteur à long rayon d’action, furent envoyés par le stratégique Air Command en mission dans le Sud Ouest de la France. Leur mission : l’attaque de tous les renforts allemands en route pour le front de Normandie. Les secteurs désignés étaient les axes routiers et ferroviaires de Dax, Tarbes, Agen, libourne et Saintes.
Vers 18 h, les deux avions, qui arrivaient de Montendre en suivant les voies ferrées, aperçurent un train à l’arrêt dans la cour de la gare. Les deux appareils, aprés identification de ce train, l‘attaquèrent à la mitrailleuse et au canon. Lors de la passe de mitraillage, le second Mosquito, « le sneezy 36 » qui volait à environ 200 kms /h accrocha les branches de deux grands arbres au dessus du pont de pierre. Hors de contrôle, l’appareil s’écrasa sur un transformateur électrique 150 mètres après la gare. L’avion s’embrasa immédiatement. Le premier mosquito « le sneezy 44 » refit un passage à base altitude et regagna sa base où il se posa à 20 h 50.

Quelques temoins donc Jean Simmonet et Maurice Quantin tentèrent d’extraire les pilotes malgré le feu et le risque d’explosion mais en vain. Les harnais des parachutes et les cables électriques du transformateur emmêlés dans les corps des aviateurs rendirent impossible cette tentative. Le train de munition continua d’exploser toute la nuit. Des éclats cassèrent beaucoup de vitres et percèrent les toitures dans le quartier des Carmes et tout autour de la gare. Toute la végétation des arbres disparut dans les incendies des wagons. L’âcre odeur de la poudre et des différentes matières carbonisées resta pendant plusieurs semaines dans le secteur de la gare.

Les Allemands enterrèrent les deux aviateurs à la hâte et ils n’eurent aucune sépulture pendant des années. Michel Nassif, bien connu des Jonzaçais, figure historique locale, effectua de nombreuses démarches auprès des autorités britanniques et françaises afin que soit donnée par la ville de Jonzac une digne sépulture à ces deux hommes courageux. Ils reposent désormais au cimetiére de Jonzac, où une pierre tombale nominative les signalent aux visiteurs. Ce lieu de repos a été concédé à perpétuité aux autorités britanniques du Commonwealth War Graves. Ayons donc une pensée profonde et respectueuse pour Donald John Mac Rae et Clément Flétcher fauchés en pleine jeunesse ; saluons leur courage et leur détermination pour être venus combattre loin de chez eux sur notre terre de France le régime totalitaire hitlérien.
Il est bien difficile d’admettre que leur vie se soit arrêtée à 22 et 24 ans. Ils connaissaient les risques et les ont acceptés. Imaginons aussi ce qu’a pu ressentir l’équipage survivant lors de son retour, une atroce torture sans doute…. et un sentiment d’anéantissement. N’oublions pas que nous leur devons comme à tant d’autres notre liberté, liberté qu’il faut et faudra défendre toujours et encore, car rien n’est acquis. Leur combat d’hier est malheureusement toujours le combat d’aujourd’hui, la paix si durement acquise est continuellement menacée, ici et ailleurs et comme le rappelait le Président de la République lors de son éloge funèbre à Simone Veil : «  Ici en Europe, au cœur de nos sociétés, restent des braises ardentes prêtes à rallumer les pires embrassements ». Subir n’est pas une fatalité collective, mais agir ; pour un monde meilleur, tolérant et humain est le devoir de chacun d’entre nous.

Dans quelques minutes, un avion va nous survoler pour cet hommage solennel, cet hommage va aussi à la Royale air Force et à tous ses équipages. En 2015, une réplique de l’avion Mosquito avait survolé la cérémonie. Cet avion, accidenté à son retour à l’aérodrome de Fontenay le Comte est en restauration. Le fuselage est cours d’achèvement, les ailes, moteurs, trains d’atterrissages et hélices seront bientôt remontés. Les travaux prendront cependant encore quelques années. Honneur sera un jour rendu à Donald John Mac Rae et Clément Flétcher par la renaissance de cet avion et le survol de ce lieu de mémoire.

Le quilt à l'honneur !

Sur un air de cornemuse
• Propriété d'une association rochelaise, un North American T-6 Texan aux couleurs de l'US Navy a survolé la cérémonie. Cet avion emblématique a été offert par les USA à l'Angleterre en 1943. Il a ensuite volé en Afrique du Sud avant de revenir en Angleterre, puis d'être acheté par un collectionneur français.



© Nicole Bertin
• Des nouvelles du Mosquito : après son crash à Fontenay le Comte, tout le monde était inquiet. Aujourd'hui, grâce à des souscriptions (qui ont d'ailleurs mieux fonctionné en Angleterre qu'en France), il est en bonne voie de réparation. On attend son retour avec impatience !

Manifestation britannique et française

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