Commencée en 1781, la construction de l’hôpital royal de Versailles s’est étalée sur près de 80 ans. Les plans initiaux étaient de Ange-Jacques Gabriel et furent respectés avec une grande fidélité, ce qui est rare sur une telle période. Dès l’origine, le site de Richaud s’est vu affecter une destination hospitalière et l’hôpital n’a cessé d’accueillir des malades chaque année plus nombreux jusqu’aux années 1960. Avec l’accroissement des besoins de l’hôpital, de nouveaux bâtiments ont été construits mais sans aucun plan d’ensemble imposé ou cohérent. D’où une grande hétérogénéité des constructions. Néanmoins, malgré des transformations très dommageables, les structures architecturales n’ont pas été dénaturées de manière irréversible. Après le transfert des activités hospitalières en 1981, le site de Richaud allait connaître de longues années d’abandon aboutissant à des dégradations rapides et même à des destructions provoquées par trois incendies successifs dont le dernier en 2009.
Une aventure patrimoniale exceptionnelle
Lorsque Francois de Mazières entre en campagne en 2008, il fait la promesse de réhabiliter le site ; les travaux vont s’étaler sur six ans avec l’idée de requalifier une zone urbaine majeure de Versailles. C’est chose faite. Hormis les dégâts provoqués par l’abandon total d’entretien et par les incendies, le bâtiment se trouve dans un état presque idéal ; l’état des charpentes restait sain.
La réhabilitation de l’ancien hôpital royal est une aventure extraordinaire. Elle a pu être menée à bien par la volonté du maire mais aussi par des concours de circonstances peu habituelles et par la rencontre d’un mécène qui a su prendre tous les risques, la société Dentressangle.
Puis, le cabinet d’architectes Wilmotte et Associés prend aussi la mesure des travaux à accomplir et le projet débute qui rend aux deux façades principales Nord et Sud leur rôle primordial d’ouvertures sur la ville.
De part et d’autres du fameux bâtiment en « H », des jardins et deux ilôts de logements. L’ancien hôpital devient ainsi l’élément central d’un projet de grande échelle qui permet à la ville de proposer une nouvelle offre de logements et de services dans un cadre exceptionnel et préservé. Le programme comprend la réalisation de quatre opérations majeures : réhabilitation et réaménagement complet de l’édifice de l’ancien hôpital royal avec des appartements haut de gamme mais aussi une crèche, un espace culturel dans l’ancienne chapelle, quelques bureaux. Puis un programme mixte logements et espaces commerciaux et encore l’aménagement d’espaces extérieurs et de trois jardins très contemporains bien qu’inspirés des traditionnels jardins « à la française ».
En ce qui concerne les façades, l’intention a été de retrouver l’unité et l’harmonie générale avec interventions mineures, intermédiaires et majeures pour les zones en très mauvais état. Les façades de la chapelle, par exemple ont été complètement restaurées avec des reprises en pierre. Les sculptures et les menuiseries ont été l’objet de toutes les attentions.
Quant aux toitures qui avaient tant souffert, il y a eu réfection à neuf à l’exception du dôme de la chapelle.
Parmi les espaces intérieurs remarquables, l’ancien oratoire des Sœurs qui était antérieurement dans un triste état a été très bien restauré en assurant donc sa sauvegarde. Voici donc, avec 28000 mètres carrés de surface, une opération qui constitue aujourd’hui l’un des plus importants projets français de réhabilitation en cœur de ville.
C’est la requalification d’un îlot urbain complet, ce qui justifiait la présence de beaucoup de monde ce 16 avril 2015 : élus, architectes, services de la ville, mécènes, personnalités diverses dont Valérie Pécresse et Mme Giscard d’Estaing ainsi que la presse du patrimoine bien entendu. Le discours de François de Mazières été pour le moins explicite : « Versailles ne doit pas vivre que grâce à son château ; « le temps des carrosses est fini » dit-il. Versailles se doit d’être moderne, en accord avec la nature et avec son temps et s’il fallait une preuve, il suffit de considérer toutes les autres réalisations urbaines menées depuis 2008.
Exemplaire lorsque l’on voit l’état de certaines villes qui n’ont ni les moyens ou pas la volonté d’entretenir leur patrimoine.
Georges Levet
Association des journalistes du patrimoine
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