Il a une bonne tête, l'ancêtre de Jean-Claude Arrivé. Le regard clair, les pieds bien campés sur le sol comme tout paysan qui se respecte. Il est né en 1892 à Rouffignac, une commune proche de Montendre où ses parents avaient une exploitation agricole. Comme l'ensemble de cette génération, il a connu la guerre 1914-1918. C’est elle qui va le conduire jusqu'en Orient où il ne serait sans doute jamais allé en "temps normal".
C’est en consultant les archives familiales, dans une malle précisément, que Jean-Claude Arrivé a découvert plus étroitement Gabriel Guerry. Des photos, des médailles, des cartes postales et des lettres échangées avec ses proches et ses camarades. « Dans un premier temps, je n'avais pas pensé faire une conférence à son sujet, d’autant que les commémorations de la Première Guerre sont nombreuses. Puis j'ai changé d’avis quand j'ai mieux cerné le personnage dont il me restait de vagues souvenirs. Je l'avais connu dans ma jeunesse. Il me semblait alors taciturne et pas très sociable ». Il devait y avoir une explication qu'a recherchée le conférencier.
Il va alors reconstituer son parcours à partir du carnet de bord écrit par l’intéressé : « il y explique ce qu’il fait jusqu'à son retour en 1919. Je me suis aperçu qu'il me manquait 15 mois de sa vie militaire. J’ai alors fait des recherches dans l'historique du régiment auquel il appartenait ».
Jean-Claude Arrivé, descendant de Gabriel Guerry |
Sa jeunesse défile sans difficulté majeure et il compte de bons amis dans la région. Pourtant, il s'engage à l'âge de 20 ans - à la suite d'une déception amoureuse, semble-t-il - dans le 10e Régiment des Hussards à Tarbes. Il monte à cheval : c'est mieux que l'infanterie !
Au départ, il ne voit pas le drame qui se dessine, même si la reprise de l’Alsace et la Lorraine apparaît en toile de fond. La France est alors une nation guerrière et les enfants, dans les écoles, sont éduqués dans l'amour et la défense du pays. Les jeunes ont d'ailleurs des fusils en bois pour se préparer.
Les premières lettres qu'il adresse à sa mère sont classiques : il pense aux récoltes et se demande si le cerisier pousse.
Quand la guerre est déclarée, Gabriel part avec son régiment. Personne n'est traumatisé : « dans trois semaines, nous serons à Berlin » annoncent les Généraux. La France fait partie de la Triple Entente avec l’Angleterre et la Russie contre l'Allemagne.
Gabriel suit les convois sans être aux premières lignes : en effet, chargé de la cuisine, il fait partie de l'intendance. C'est ainsi qu’il assiste à toutes les grandes batailles : la Lorraine, la Belgique, l'Aisne, Verdun, l’Argonne, la Somme. En septembre 1914, il perd son chemin avec d’autres hommes : tout le monde le croit mort.
Au fil des mois, le mal du pays commence à se faire ressentir et le pire arrive : comme on manque de soldats, le père de Gabriel est mobilisé à son tour. A chaque combat, le nombre de morts est terrible. Ce sont de véritables hécatombes. Gabriel est forcément marqué par ce qu’il voit…
Un long périple dans les Balkans |
La cuisine roulante |
Des masques à gaz pour les hommes et les chevaux... |
Il est rentré, s’est marié mais son caractère, qui devait être enjoué, s’est modifié. Plusieurs amis sont tombés au champ d’honneur. Pour lui, rien ne sera plus comme avant. Au total, les pertes humaines (militaires et civils) de la Première Guerre Mondiale s'élèvent à environ 18,6 millions de morts.
Jean-Claude Arrivé ne voulant pas achever cette conférence sur une note triste, il dédia à toutes ces victimes innocentes une chanson qu’on fredonne toujours et encore : la Madelon !
• Cette rencontre se termina par les questions du public et des commentaires autour des vitrines qui contenaient des témoignages de Gabriel Guerry, courriers, médailles, photos.
Un public attentif réuni au Temple (en attendant que les Archives rouvrent leurs portes) |
Au premier rang, Daniel Salmon, spécialiste des médailles militaires |
Des vitrines contenant les souvenirs militaires de Gabriel Guerry |
• Le nom de Bessarabie a désigné successivement :
La principauté de Valachie au début du XIVe siècle, du nom de sa dynastie fondatrice, les Basarab (nom qui vient soit de Bassar-ata, père sévère en couman (hypothèse de Mihnea Berindei), soit de Bessarion-ban, duc Bessarion (hypothèse de Pierre Nasturel). Les Basarab émergent comme bans (ducs vassaux de la couronne de Hongrie) avant de s’émanciper en 1330, et de chasser les Tatars des bouches du Danube en plusieurs campagnes entre 1328 et 1342 ; la bande de terre le long du Danube et de la mer Noire, entre la confluence du Prut et l’embouchure du Dniestr, libérée des Tatars par les Basarab, en plusieurs campagnes entre 1328 et 1342, puis cédée en 1418 à la Moldavie, qui la perd en 1484 (ports danubiens et maritimes) et en 1536 (citadelle de Tighina) au profit de l’Empire ottoman, au sein duquel cette région est appelée Boudjak (turc : Bucak) ; la partie orientale de la principauté de Moldavie, avec le Boudjak, annexée par les Russes en 1812, rattachée à la Roumanie de 1918 à 1940 et de 1941 à 1944, et à l’URSS de 1940 à 1941 et de 1944 à 1991. Au sein de la Roumanie unie des années 1918-1940, le nom de Bessarabie était employé pour désigner l'ancienne goubernia russe dans ses limites de 1812, considérée comme une province historique, mais ne constituait pas une entité administrative.
• En attendant que les Archives puissent rouvrir leurs portes au public (début 2016 logiquement), les conférences ont lieu au Temple. Victimes d'une "contamination", les documents ont été envoyés dans un laboratoire spécialisé à Paris pour être traités.
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