Marine Le Pen n'a pas de chance. Son papa a ressorti du placard le vieux Pétain dans les colonnes d'un journal momifié où survivent les derniers collaborateurs. Jean Marie Le Pen a toujours eu un penchant pour les chants nazis ; il les a d'ailleurs produits lorsqu'il dirigeait une maison de disques, la Serp dans les années 1960. Il a de façon répétitive tenu des propos provocateurs sur l'extermination des Juifs et voilà que sur le tard, il veut réhabiliter Pétain dont il fait une baudruche insubmersible. En 1918, Clémenceau disait déjà de ce général : « Pétain n'a pas d'idées, il n'a pas de cœur ; il est toujours sombre sur les événements, sévère dans les jugements sur ses subordonnés et sa valeur militaire est loin d'être exceptionnelle ». Ce sera donc Foch le général en chef ! et Pétain en 1940 se complaira dans la défaite...
Pourquoi ressortir aujourd'hui des pages si peu glorieuses qui appartiennent désormais à l'histoire ? En réalité, Jean Marie le Pen, en dépit de ses airs de Matamore, est d'abord un imprécateur qui n'a jamais voulu le pouvoir, mais qui a vécu, avec sa tribu, de sa singularité politique. Or, il découvre avec stupeur que sa fille, elle, a pris goût au pouvoir et qu'elle invente même un parcours gagnant en s'appuyant sur les dégâts sociaux causés en France et en Europe par un mercantilisme triomphant, qu'aucun Gouvernement n'a su maîtriser et qui dicte sa loi. Elle puise des idées dans le stock "mélanchonien" s'entoure de gourous économistes dont on constate déjà la limite électorale lorsqu'ils veulent abolir l'euro. Elle prospère enfin sur les questions réelles de l'immigration. Le patriarche déteste ce succès. Il faut lui tordre le cou le plus vite possible ; il met donc les bouchées doubles pour que le FN ne soit pas le premier parti de France, ni même le troisième puisqu'il n'a jamais voulu faire un parti pour gouverner. Il sort donc les vieux fantômes de cette horrible époque où les Français ne s'aimaient pas.
Notre République n'a pas besoin de ces radotages et Marine ferait bien de couper définitivement le cordon œdipien avec son père.
Xavier de Roux
Père et fille (photo Huffington Post) |
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