lundi 3 décembre 2018

Gilets Jaunes : les réactions de Dominique Bussereau, président du conseil départemental, Daniel Laurent, sénateur, Jack Ros, conseiller municipal à Jonzac

Après le deuxième samedi "noir" de Paris où l'Arc de Triomphe a été pris pour cible par les casseurs, de nombreuses questions se posent quant à la suite des actions des gilets jaunes si le Gouvernement ne propose pas d'actions concrètes. Un manque de communication et surtout "l'entêtement" du Gouvernement à ne pas établir un dialogue constructif peuvent-il entraîner une situation insurrectionnelle dans le pays à quelques semaines de Noël ? Nous avons posé la question à Dominique Bussereau, président du conseil départemental, Daniel Laurent sénateur, et Jack Ros, conseiller municipal à Jonzac


Véhicules incendiés à Paris samedi dernier (capture image)
Casseurs ou gilets jaunes ?
• Dominique Bussereau, président du Conseil départemental

Le Gouvernement doit établir un moratoire sur l'augmentation des taxes sur les carburants et surtout ouvrir un grand dialogue. La situation peut encore s’envenimer si les gilets jaunes n’obtiennent pas de réponse à leurs questions, d’autant qu’un nouveau rassemblement devrait avoir lieu à Paris samedi prochain. Il faut être attentif à l’évolution du mouvement, né sur les réseaux sociaux, car les lendemains pourraient s’avérer difficiles.

• Daniel Laurent, sénateur (Pons) : 

Comme de nombreux Français, je condamne les excès de violence et la casse qui ont lieu à Paris et dans d’autres villes de France. Etant un élu du monde rural, je comprends la détresse des gilets jaunes et leurs difficultés liées à la baisse du pouvoir d’achat. C’est un mouvement que je respecte et je vais d’ailleurs les rencontrer cet après-midi à Saintes. Ils étaient présents samedi dernier à Chermignac lors de l’inauguration du citystade. Bernard Lalande, Corinne Imbert et moi-même, en l’absence du député et de la sous-préfète de Saintes, avons dialogué avec eux. La discussion a été intéressante et leurs requêtes sont compréhensibles face à un contexte qui devient de plus en plus compliqué. Il faut absolument que le Premier Ministre, Edouard Philippe, bouge, sinon c’est la révolution. Le mal est profond. En ne répondant pas aux questions des gilets jaunes, le gouvernement commet une faute grave. Dès le début du mouvement, il aurait du faire preuve d’écoute, supprimer les taxes sur les carburants et étudier des solutions. En restant droit dans ses bottes, en disant qu’il garde le cap, il n’a fait qu’exaspérer les gilets jaunes et amplifier leur mécontentement. Il n’y a pas de honte à reconnaître qu’on a pris une mauvaise direction.
Au Sénat, dans le cadre du projet de loi de finances, nous avons voté contre l’augmentation de la taxe sur les carburants au 1er janvier 2019. Nous espérons que les députés nous suivront. Nous avons également voté un budget constant en faisant des économies. Signe que nous tenons compte de la vraie vie ! Si le gouvernement doit en effet réformer le pays - nous avons entre autres une dette abyssale - il faut qu’il tape au bon endroit. S’il laisse pourrir la situation, Emmanuel Macron sera confronté à l’une des contestations les plus graves du début du XXIe siècle…

Graves incendies à Paris samedi dernier (capture image)
Des commerçants obligés de fermer leurs boutiques (capture image)
Gilet jaune blessé (capture image)
• Jack Ros, chef de file de l’opposition au conseil municipal de Jonzac : 

Soit le président Macron se contente de dire « je vous ai entendu, je vous ai compris » sans prendre d’actions concrètes, soit la situation va s’aggraver. Je suis solidaire du mouvement des gilets jaunes dans leurs revendications premières. Par contre, je condamne l’action des casseurs à Paris, notamment à l’arc de triomphe.
Il est très regrettable qu’on en soit arrivé là. Il aurait été plus simple dès le départ d’ouvrir des négociations et de ne pas mettre des écrans de fumée par rapport à des demandes légitimes. Aujourd’hui, le panier se remplit : des taxes sur les carburants, nous en sommes arrivés au pouvoir d’achat et certains veulent la dissolution de l’Assemblée nationale, la fin du Sénat et la démission d’Emmanuel Macron.
Samedi à Paris, la police et les CRS ont eu du mal à contenir les casseurs. Le pouvoir est intransigeant et souhaite le pourrissement de la situation pour que l’opinion, favorable aux gilets jaunes pour l’instant, se mette à douter d’eux. Le principe est connu : il s’agit de mettre en avant l’aspect casseur des gilets jaunes plutôt que leurs revendications initiales.
Le gouvernement se doit donc de réagir rapidement, d’autant que les lycéens ont rejoint le mouvement. L’idée d’Emmanuel Macron de lancer des débats dans les territoires n’est pas satisfaisante. Il faut faire un moratoire qui permettra une prise de conscience et suspendre les taxes sur les carburants. Les citoyens sont lassés. Le président de la République est arrivé d’Argentine et la seule proposition qu’il a faite est de demander au Premier ministre de recevoir les responsables des partis et une délégation de gilets jaunes. Où sont les perspectives de déblocage de la situation ?
Emmanuel Macron trompe les Français. Non seulement, il ne propose pas une société moderne, mais il agit comme les décideurs de l’ancien monde en déclarant « je sais tout, vous n’arrivez pas à comprendre, attendez encore un peu ». Je suis conscient qu’une gestion nationale n’est pas simple, mais pourquoi retirer une grande partie de l’ISF et ne faire aucun geste envers les autres ? Gel du SMIC et des pensions, CGS sur les retraites à partir de 1300 euros, etc. C’est ainsi qu’on en arrive au mouvement des gilets jaunes…

Dégradations des casseurs à l'arc de triomphe : inadmissible
Les forces de l'ordre sont à saluer, elles font ce qu'elles peuvent et samedi, elles on eu bien du mal à contenir les assauts des casseurs (capture image)
Un casseur cagoulé... rien à voir avec le mouvement premier des gilets jaunes

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