Les électeurs viennent de dire clairement non à un parti, à un gouvernement, à une façon de concevoir la société si différente en paroles et en actes. Le parti socialiste, tel qu'il existe, est moribond. C'est à lui de prendre le chemin de la renaissance. Mais il ne faut pas que la victoire annonçée de la droite soit une fois de plus une victoire par défaut ! Le chemin va être laborieux. En effet, le Front National l'encombre déjà. Certes, il n' a pas atteint les sommets électoraux promis, mais il mobilise, autour de thèmes improbables et simples, une grande partie de la population française en difficulté ou laissée pour compte qui se moque comme d'une guigne du rôle de l'euro, de la construction européenne ou de la situation en Afrique et au Moyen Orient qui entraîne une immigration massive et un choc de civilisations...
Le rôle d'un dirigeant, c'est d'abord que ces problèmes disparaîssent, que le niveau de vie devienne décent et que l'ascenseur social fonctionne dans un pays sécurisé. Or, la matière première dont disposent les responsables politiques français est relativement faible. C'est l'intelligence, la formation, le goût de l'initiative et le sens de la recherche de ses concitoyens et puis aussi un goût partagé de l'aventure et de l'improvisation.
Il faut laisser créer ceux qui créent, laisser inventer ceux qui inventent, laisser trouver ceux qui cherchent et former aux disciplines efficaces les plus jeunes pour leur donner des perspectives, les laisser imaginer ce qu'ils pourront faire de leur vie. Nous avons tous été éduqués dans le mythe cent fois répété de l'égalité, de la société des égaux : cela fait partie de la culture française, de la fondation même de la société républicaine française et donc de la structure de nos institutions.
Il faut donc changer ces structures pour inventer autre chose : à la fois plus de liberté d'entreprendre et de créer, mais en même temps des relais de répartition des richesses qui pourraient prendre des voies "non capitalistes" comme le recours à la coopération, aux circuits courts de production et d'échange, à la mise en valeur de la proximité.
Ce sont ces nouvelles articulations qu'il faut inventer. Beaucoup existent déjà. On pourrait rêver que nos grandes banques coopératives s'intéressent davantage au développement des PME qui sont leurs adhérents plutôt qu'à la vente de produits dérivés aux épargnants retraités. Seule une génération nouvelle et pressée pourra changer la donne. Mais il est absolument nécessaire que le vainqueur de ces élections locales propose déjà un message d'espoir car la proximité au service de tous, ça peut être efficace !
Xavier de Roux
1 commentaire:
Intéressante analyse.
On pourrait ajouter quelques éléments de réflexion.
« Laisser trouver ceux qui cherchent » : effectivement la recherche, et notamment la recherche publique, est déterminante pour l'avenir du pays. Malheureusement, actuellement, par exemple au CNRS,nos chercheurs à bac+8 sont très souvent rémunérés à 2 fois le SMIC, et gratifiés de CDD à répétition,souvent non renouvelés par manque de financements.
A comparer avec d'autres beaucoup plus généreusement pourvus par l'Etat et la République...et dont le service rendu au pays est, et de loin, beaucoup moins évident !
Par ailleurs, en dépit de la tonitruante déclaration d'un récent président de la république («Les paradis fiscaux, c'est terminé !»), nous sommes tous soumis au scandaleux régime de l'optimisation fiscale et de la fuite des capitaux, sous prétexte que certains de ces messieurs ne peuvent plus soit-disant manger du caviar à la louche à chaque repas,ou changer 10 fois par jour de smoking ou de limousine …
(Ceci est une image, évidemment)!
Il est exact que, faute de finances publiques, quelle que soit la couleur politique d'un gouvernement ou d'un conseil régional ou général ou d'une commune , il est très difficile d'assumer pleinement les charges publiques sans faire «trinquer» encore et toujours les classes moyennes qui n'en peuvent plus.
Jean-Paul Négrel
Tribune citoyenne libre:
http://www.la-cagouille-libre.fr
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