Un fabuleux destin pour les canons de l’Hermione ? Incontestablement et pour plusieurs raisons, mêlant géopolitique et ingénierie de pointe. Devant les lourdes défaites de la flotte française face à l’anglaise lors de la guerre de Sept Ans (1756-1763), le ministre Choiseul lance un plan de modernisation de l’artillerie de marine (1762). Bien en cour et possédant plusieurs forges en Angoumois et au Périgord, le marquis de Montalembert obtient d’importantes commandes officielles. Malheureusement, il se montre techniquement incapable de les honorer pour cause de forages défaillants, si bien que la Marine lui refuse jusqu’à 90% de ses canons, puis le dessaisit pour confier leur exploitation à un ingénieur suisse, Jean Maritz, dont la machine à forer représente une révolution dans l’art de la métallurgie. En 1766 et 1767, les canons de la future Hermione sont fondus à Forgeneuve (Dordogne) et forés à Ruelle (Charente), puis acceptés par le parc d’artillerie de Rochefort.
Envoyés à Toulon, ils arment la frégate l’Engageante qui se couvre de gloire en Méditerranée contre les Barbaresques (1768-1777) avant de brillamment participer en 1778 à la victoire de Newport en Amérique, sous les ordres de Suffren. Elle regagne alors Rochefort où vient d’être construite l’Hermione (1779). Sur ordre de Versailles, on désarme l’Engageante pour armer l’Hermione. En 1780, celle-ci se voir confier la haute mission diplomatique de conduire La Fayette aux États-Unis afin d’annoncer l’arrivée de renforts français au gouvernement américain. Puis, sous le commandement de Latouche-Tréville, les canons de l’Hermione font merveille lors de plusieurs victoires sur la flotte anglaise (1780-1781). L’autre guerre navale contre l’Anglais a pour théâtre l’océan Indien. L’Hermione rejoint la flotte commandée par Suffren (1782-1783) avant de se voir confier, là encore, une haute mission diplomatique, celle d’apporter à Rochefort le traité de paix conclu entre les deux flottes épuisées par de multiples batailles indécises (1784).
Plus de deux siècles après, prendre la décision de reconstruire à l’identique l’Hermione était un pari fou. Comment retrouver les techniques et les savoir-faire ? Comment concilier le travail d’antan et les exigences de sécurité d’aujourd’hui ? Et à quels compagnons recourir pour mener à bien un pareil chantier ? Rien que pour la charpente, la voilure, la mâture, les cordages, c’était tout un monde à réinventer. Sans parler de l’essentiel, ce qui fait la raison d’être d’une frégate : l’artillerie...
Finalement, l'idée folle de reconstruire à l'identique l'illustre frégate l'Hermione se réalise. Et ses nouveaux canons retrouvent leurs lieux de naissance : l’Angoumois avec la fonderie de L’Isle-d’Espagnac et le Périgord avec le renouveau de Forgeneuve.
L'histoire des canons de l'Hermione prend en effet corps autour du bassin versant de la Charente. Elle est celle des procédés et des techniques d’extraction du minerai de fer, de l’abattage des arbres pour le charbon de bois et le combustible, du savoir-faire de l’eau et des moulins pour l’énergie, de la maîtrise du haut fourneau, du traitement du métal et de son usinage. C’est aussi celle des ingénieurs, des industriels, maîtres du feu de la forge. Loin du pouvoir central mais sous l’emprise des soubresauts de la grande histoire du siècle des Lumières, ces hommes courageux et tenaces perfectionnent l’art de transformer le minerai de fer en bouches à feu. Sortis de ce véritable enfer, certains fûts deviendront, sur leurs affûts, les fameux canons de 12 de type Maritz 1766. Ces canons, on les installe sur des frégates virevoltantes conçues par des constructeurs brillants, dans les chantiers navals devenus les plus performants du monde. Puis c’est l’odyssée d’une longue vie de batailles sur presque toutes les mers de l’Ancien et du Nouveau Monde.
La guerre d’Indépendance américaine (1775-1782) fournit l’occasion rêvée à prouver la renaissance de la flotte française à l’aide de ses canons. Grâce à quelques hommes parfois troubles, parfois lumineux, s’écrit une des plus belles pages de l’histoire de France. Avec son héros, un jeune homme enthousiaste du nom de La Fayette et une frégate de légende, l’Hermione et ses canons qui, des côtes américaines à celles des Indes, vont faire trembler la flotte anglaise.
Une véritable épopée où se croisent les destins du marquis de La Fayette, de George Washington et de ces glorieux marins que sont Latouche-Tréville à Rochefort ou Suffren à Toulon. C'est avec fougue que le livre raconte une prodigieuse aventure humaine où son lecteur devient le compagnon de ces hommes de haute race ou d'humble condition qui tous participent à une vaste entreprise : redonner son rang à la marine française et par là-même, grâce à ses «canons de la Liberté », participer à la première victoire des Droits de l'Homme.
Dans quelques semaines, l'Hermione partira pour les Etats-Unis |
• Livre publié avec les soutiens de la région Poitou-Charentes, les départements de Charente et de Charente-Maritime, la communauté d’agglomération du Grand-Angoulême, la communauté de communes Seuil Charente-Périgord, les villes de Ruelle-sur-Touvre, Gond-Pontouvre et Javerlhac-La-Chapelle-Saint-Robert, la Chambre des métiers et de l’artisanat de la Charente, le groupe Lacroix-Ruggieri, les sociétés DCNS Ruelle, Graphipub et SAFEM, l’Université populaire de Ruelle, l’Université de pays d’Horte et Tardoire, le comité d’entreprise de DCNS Ruelle, les associations Hermione-La Fayette, Saint-Simon village gabarrier, 3F 3M Étouars et CPIE Périgord-Limousin.
• Le Croît vif – collection documentaires Format 21x21 cm – 320 pages – 142 illustrations – 19 € – catégorie beaux livres, version bilingue : chapitres résumés en anglais
Pour tous renseignements : Hélène Chardronnet, 05 46 97 46 52, helenechardronnet@croitvif.com Christelle Massonnet, 05 45 90 67 23, christellemassonnet@croitvif.com
Site internet des éditions : http://www.croitvif.com
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