Au sujet de l'accueil des réfugiés qui demandent l'asile en France (© Libération) |
Nous espérons que vous allez bien ainsi que toute votre équipe. Nous avons une pensée émue pour le Secrétaire Général de votre préfecture et pour les fonctionnaires agissant en votre nom, dans le domaine du droit de séjour des étrangers, ou plus exactement, dans le domaine du refus et de l’obligation de quitter le territoire. Nous nous doutons bien que par ces temps estivaux, de coupe du monde de football, de tour de France, et d’autres événements mondiaux d’une grande importance, vous avez des soucis bien plus importants que l’accueil, l’hospitalité, la fraternité et le respect des textes internationaux ratifiés par la France ce « grand pays ». France, qui est quand même championne du monde de football, nous direz-vous, ce qui si l’on en croit les commentaires enthousiastes, est formidable et significatif de fraternité, de mixité sociale, etc !
Cependant comment ne pas s’inquiéter et s’alarmer de la tournure que prend ce grand pays et donc le département pour lequel vous êtes le représentant de l’État ? Nous évoquons ici l’accueil, dans son sens le plus large, des personnes qui cherchent un refuge et qui demandent l’asile ou un titre de séjour. Il ressort clairement à l'examen de vos dernières décisions une tendance à soupçonner tout demandeur ou demandeuse d'asile de détourner la loi ou de ne venir en France que dans le but dissimulé d’abuser de la grandeur du pays des « Droits de l’Homme » et de ses aides sociales.
À propos de Droits de l’Homme, nous observons depuis pas mal de temps que plus ceux-ci sont évoqués plus ils disparaissent derrière une loi actuelle et future que nous ne qualifierons pas ici pour ne pas vous gâcher vos vacances. Multiplier les obligations de quitter le territoire français comme réponse à toute demande de titre de séjour est devenu aujourd'hui la seule façon de gérer la situation de gens qui souffrent, qui ont traversé la Méditerranée pour certains, qui ont fui les guerres ou tout simplement voudraient vivre dignement. Entre nous, Monsieur le Préfet, chaque OQTF reçue est précédée d’une litanie juridique disant en gros que l’État et son représentant ont pris cette décision avec un grand respect des Conventions Européennes, de Genève de 1951, signées par la France. Mais vous comme nous ne sommes pas dupes, parce que si c’était le cas, vous étudieriez avec plus d’attention et d’humanité chaque situation et répondriez beaucoup plus souvent favorablement en octroyant des titres de séjour.
Comme l’écrit le GISTI dans sa lettre n°27 « À quand l’enfermement préventif des réfugiés ? ».
Monsieur le Préfet, nous devons vous informer que cette prochaine loi, aussi « légale » soit-elle à vos yeux et aux yeux de ceux qui la mettront en marche, ne sera jamais légitime pour nous et que désormais nous lutterons dignement, concrètement et avec force créativité contre. Nous allons sortir du juridique comme « valeur au dessus de tout » et vivre la fraternité dans son sens le plus noble avec nos « frères Humains ».
« Les poètes déclarent que le racisme, la xénophobie, l'indifférence à l'Autre qui vient qui passe qui souffre et qui appelle sont des indécences qui dans l'histoire des hommes n'ont ouvert la voie qu'aux exterminations, et donc que ne pas accueillir, même pour de bonnes raisons, celui qui vient qui passe qui souffre et qui appelle est un acte criminel. » (« Frères Migrants » de Patrick Chamoiseau Seuil 2017).
Monsieur le Préfet, si mêmes les poètes s’en mêlent, c’est que l’heure est grave...
Les membres du comité anti-expulsion de Saintes
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